Les Hautes Montagnes/1

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(p. 3-4).

1. Les trois feux.

Le jour s’en va. Une flamme vient d’apparaître sur la montagne, et comme elle brille !

Phanis l’a vue le premier. Lui le premier, il a vu la beauté de la terre et du ciel, il la montre aux autres : le soleil se couche, les nuages courent sur le ciel, la lune se reflète dans le petit ruisseau.

— Regardez, dit-il, il y a une flamme là-haut ! la montrant aux deux enfants qui l’accompagnent, Mathieu et Costakis.

Ils étaient alors assis tous les trois sur le seuil de l’église, fatigués d’avoir beaucoup joué. C’est les vacances.

— Ça alors, un feu ! disent les deux autres.

— Vous avez vu comme il brille, comme de l’or ! dit Phanis.


Les enfants le regardaient en se demandant l’un l’autre : qui donc l’a allumé ? Peut-être les bergers qui gardent leurs troupeaux ? Peut-être les bûcherons, qui coupent les arbres à la hache ? Ou peut-être quelqu’un qui est allé prier à Saint-Élie ? C’est par là que se trouve le monastère.

Il n’a peut-être pas été allumé par un homme, dit Costakis.

— Alors qui ?

— Peut-être que le Maure l’a allumé.

— Et c’est quoi ce Maure ? demandèrent les deux autres.

— C’est un grand Maure, il a sa grotte là-haut dans un rocher. Les montagnards disent que c’est ce rocher là.

— Tais-toi, mon pauvre Costakis, dit Mathieu. Tu y crois, toi ? Moi je n’y crois pas. Qui l’a vu ?

— Ma mamie le dit.

— Et comment elle sait ça ?

— Elle est très vieille, ma mamie.

Plus la nuit tombait, plus la flamme était brillante ; Et plus elle brillait, plus Costakis croyait sa mamie.

Mathieu ne croyait rien. Pour lui le feu avait été allumé par un berger.

Phanis ne parlait pas.

C’est alors qu’on entendit crier deux enfants qui accouraient vers Phanis.


— Phanis ! Phanis ! Trois feux, trois feux !

Au même instant Phanis les avait découverts. Près de cette flamme, deux autres s’étaient allumées. Trois feux dorés alignés brillaient sur la montagne, qui n’était plus qu’une ombre immense et bleue sur le ciel.

La nature sensible de Phanis le laissait en extase devant ce spectacle.

— Qui les a allumés ? demande à nouveau Mathieu. Phanis, qu’est-ce que tu en dis, toi ?

Il répondit :

— Si seulement on y était, là-haut !