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Les Hautes Montagnes/2

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(p. 5-7).

2. La lettre d’Andréas.

Et pourquoi ne pourraient-ils pas être là-haut eux aussi ?

Souvent l’instituteur leur avait dit en classe que les enfants en dernière année du collège peuvent aller seuls en montagne. À condition d’avoir du courage et de la discipline, ils peuvent habiter là-haut, seuls, un mois ou deux. Il suffit qu’ils aient l’autorisation de leurs parents, un toit et de quoi manger.

« Vous apprendrez tant de choses quand vous serez là-haut ! leur disait-il. Tout ça ne se trouve pas dans les livres, et je ne peux pas l’expliquer moi-même. » C’était clair qu’ils pouvaient, à condition de le vouloir.


Les enfants demandèrent à leurs parents de les laisser partir. Ceux-ci s’y opposèrent dans un premier temps.

« Qui sait ce que vous allez faire si loin ? disaient-ils. Trouverez-vous au moins ce dont vous avez besoin ? Veillerez-vous les uns sur les autres ? Serez-vous inséparables ? »

Ils promirent que les vingt-cinq enfants seraient comme un seul. Mais ensuite leurs parents ont demandé : « Où trouverez-vous les cabanes pour vous installer ? »

C’était la première difficulté. Ensuite ils leur ont demandé : « Comment trouverez-vous à manger pour survivre si loin ? »

Devant ces deux difficultés, les enfants ont flanché ; ils ont laissé le voyage pour une autre fois.

Et ce qu’on laisse pour une autre fois, on le réalise rarement.


Cependant un élève, Andréas, essaya de faire tout seul ce dont les autres n'étaient pas capables.

C’était l’enfant qui osait. Andréas était plus attiré par la difficulté que par la facilité. On n’avait pas souvenir de l’avoir vu hésiter un jour. Et il était plus brave encore si ça profitait aux autres.


Son père, M. Stéphane, était exploitant forestier au Verdoyant, la forêt où l’instituteur leur disait d’aller. Il employait là beaucoup de bûcherons.

Donc Andréas le pria de donner gratis le bois pour les cabanes dont avaient besoin les enfants. Et pour que ça aboutisse, un jour il a suivi son père dans la forêt alors qu’il était allé surveiller le travail.

En deux jours, les bûcherons ont construit huit cabanes : huit cabanes robustes et charmantes ; un petit village. Le gîte était prêt.


Les bûcherons ont également informé Andréas que les Valaques allaient s’installer aux Trois-Pics — comme on appelle cette montagne là — pour faire paître leurs troupeaux ; parce que cette année l’herbe a bien poussé dans ce coin.

Le plus important était donc trouvé : la nourriture. Le troupeau fournirait la viande et les laitages.


Andréas resta dans la forêt et patienta jusqu’à l’arrivée des Valaques. C'est alors qu'il envoya aux deux enfants en ville ce message :

Les amis,

Le 29 vers le soir, de l’église des Saints-Apôtres, tous les deux, regardez vers la montagne, dans notre direction, du côté du Verdoyant. Si vous voyez trois feux alignés, sachez que c’est un message pour vous de ma part ; Ça voudra dire que tout est prêt, la nourriture et les cabanes et tout ce qu’il faut. Vous préviendrez Phanis et les autres enfants.

Faites tout votre possible pour venir. Ne perdez pas de temps. C’est tellement beau là-haut !

Le 29… des Saints-Apôtres… ce soir… Voilà, les feux !


Les deux enfants venaient apporter le message à Phanis, à Mathieu et à Costakis.

Joie inespérée ! Jamais ils ne s’étaient mis d’accord de si loin. Est-ce qu’ils vont y aller ? Et quand ? Comment ?

Ils courent à la maison en gardant un œil sur les trois feux.

« Ils nous font signe ! » s’écrie Costakis.

Effectivement c’était comme si les trois feux les invitaient.