Les Hautes Montagnes/23

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(p. 50-52).

23. Les patrons apprennent la nouvelle.

« Il en manque quatre ! » dit Georges qui été chargé de s’occuper des poules le lendemain. Alors qu’elles picoraient dans les arbres, il les a comptées et n’en a trouvé que sept. Où sont passées les autres ? Il est allé par en bas, il a cherché dans les buissons, y a jeté quelques pierres, mais aucune n’en est sortie.

« Par ici Georges ! cria Dimos qui se tenait près du petit poulailler. Regarde ! ».

Georges a vu quelques plumes par terre, et les planches où perchent les poules étaient éparpillées.

Quand les autres enfants dans les parages ont entendu que des poules avaient disparu, ils ont accouru vers Dimos et Georges. Ils ont vu le poulailler, se sont regardés l’un l’autre et ont eu la même pensée : « C’est un coup du renard ! ».

Mais à qui la faute ? Maintenant ils comprenaient leur erreur. Dans une forêt où vivent des renards et des fouines, ils ont laissé leurs poules percher dans un poulailler grand-ouvert.

— Il faut en construire un autre tout de suite, disaient-ils maintenant. Avec du bois et une porte solide.

— Ça ne suffira pas les gars, nous sommes venus nous installer au milieu de nulle part et sans chien, dit Andréas. Maintenant qu’on l’a payé cher, on comprenons bien qu’on a besoin d’un compagnon.

— Trouvons-en un ! s’écrièrent les enfants, et ils étaient ravis, subitement.

Ils imaginaient un chien qui jouerait avec eux, qui veillerait et qui serait le gardien. Ils ont commencé sur le champ à lui donner un nom, à l’appeler Pisto, Skopo, Flox, comme s’il était là devant eux.

— Si nous l’avions eu hier, les trois poules et le pauvre coq du village auraient survécu !

Mais tandis qu’ils disaient cela, l’autre coq qu’ils avaient amené avec eux a surgi des buissons.

Il semblait dire « Mais vous avez un de coq ! Vous ne me voyez pas ? » Et il se pavanait comme aucun autre. Tout le Verdoyant, le monde tout entier semblait lui appartenir.

— Là, là ! dit Christos. Voilà le nôtre. Il a été épargné.

Le coq s’immobilisa un instant, et tête haute, fit un léger « cot-cot-cot ». Il devait causer de lui-même, naturellement.

Christos et Dimos ont alors commencé à dire la « chanson du coq et du faucon », si bien qu’il s’est arrêté pour l’écouter, comme si ça parlait de lui :


Un coq complètement blanc,
avec un cou haut
se gonfle, fait le fier
il porte bijoux
prétend que le poulailler
ne lui suffit pas

Tiens, il trouve quelque graine
au milieu de la cour
Sa tête se soulève et
il l’annonce partout
qu’on le sache à l’est
qu’on le sache l’ouest

Comme il se retourne
le pas lent
« Jamais vu, disent les poules
un tel général… »
Et lui-même se considère :
« ma poule, m’as-tu vu ? »

Soudain il voit un faucon…
Ah ! Sur le champ
sa démarche solennelle
s’embrouille,
Tel une flèche, au poulailler
il court se cacher.