Les Historiettes/Tome 1/36
LE CONNÉTABLE DE LUYNES[1], M. ET MADAME DE CHEVREUSE ET M. DE LUYNES.
M. le connétable de Luynes étoit d’une naissance fort médiocre. Voici ce qu’on disoit de son temps[2]. En une petite ville du Comtat d’Avignon, il y avoit un chanoine nommé Aubert[3]. Ce chanoine eut un bâtard qui porta les armes durant les troubles. On l’appeloit le capitaine Luynes, à cause peut-être de quelque chaumière qui se nommoit ainsi. Ce capitaine Luynes étoit homme de service. Il eut le gouvernement du Pont-Saint-Esprit, puis de Beaucaire, et mena deux mille hommes des Cévennes à M. d’Alençon en Flandre. Au lieu de Aubert, il signa d’Albert. Il fit amitié avec un gentilhomme de ces pays-là nommé Contade, qui connoissoit M. le comte Du Lude[4], grand-père de celui d’aujourd’hui, fit en sorte que le fils aîné de ce capitaine Luynes fut reçu page de la chambre, sous M. de Bellegarde. Après avoir quitté la livrée, ce jeune garçon fut ordinaire[5] chez le Roi. C’était quelque chose de plus alors que ce n’est à cette heure. Il aimoit les oiseaux et s’y entendoit. Il s’attachoit fort au Roi, et commença à lui plaire en dressant des pies-grièches.
La Reine-mère et le maréchal d’Ancre, qui avoient éloigné le grand prieur de Vendôme, et ensuite le commandeur de Souvré[6] d’aujourd’hui, puis Montpouillun, fils du maréchal de La Force, parce que le Roi leur avoit témoigné de la bonne volonté, ne se défièrent point de ce jeune homme qui n’étoit point de naissance.
Il avoit deux frères avec lui. L’un se nommoit Brante, et l’autre Cadenet. Ils étoient tous trois beaux garçons. Cadenet, depuis duc de Chaulnes et maréchal de France, avoit la tête belle et portoit une moustache que l’on a depuis appelée une cadenette. On disoit qu’à tous trois ils n’avoient qu’un bel habit qu’ils prenoient tour à tour pour aller au Louvre, et qu’ils n’avoient aussi qu’un bidet. Leur union cependant a fort servi à leur fortune.
M. de Luynes fit entreprendre au Roi de se défaire du maréchal d’Ancre, afin de l’engager à pousser la Reine sa mère ; mais le Roi avoit si peur, et peut-être son favori aussi, car on ne l’accusoit pas d’être trop vaillant, ni ses frères non plus, qu’on fit tenir des chevaux prêts pour s’enfuir à Soissons, en cas qu’on manquât le coup.
On chantoit entre autres couplets celui-ci contre eux :
D’enfer le chien à trois têtes
Garde l’huis avec effroi,
En France trois grosses bêtes
Gardent d’approcher le Roi.
De Luynes, tout puissant, épouse mademoiselle de Montbazon, depuis madame de Chevreuse[7]. Le vidame d’Amiens, qui pouvoit faire épouser à sa fille, héritière de Pequigny, M. le duc de Fronsac, fils du comte de Saint-Paul, aima mieux, par une ridicule ambition, la donner à Cadenet, et le prince de Tingry donna sa fille à Brante, qu’on appela depuis cela M. de Luxembourg. Il mourut jeune.
On dit que le connétable disoit, allant faire la guerre aux Huguenots, qu’au retour il apprendroit l’art militaire de la guerre. M. de Chaulnes, à Saint-Jean-d’Angeli, s’arma d’armes si pesantes qu’on disoit qu’il lui avoit fallu donner des potences pour marcher.
Le connétable logeoit au Louvre, et sa femme aussi. Le Roi étoit fort familier avec elle, et ils badinoient assez ensemble ; mais il n’eut jamais l’esprit de faire le connétable cocu. Il eût pourtant fait grand plaisir à toute la cour, et elle en valoit bien la peine. Elle étoit jolie, friponne, éveillée, et qui ne demandoit pas mieux. Une fois elle fit une grande malice à la Reine. Ce fut durant les guerres de la religion, à un lieu nommé Moissac, où la Reine ni elle n’avoient pu loger, à cause de la petitesse du château. Madame la connétable, qui prenoit plaisir à mettre martel en tête à madame la Reine, un jour qu’elle y étoit allée avec elle, dit qu’elle vouloit y demeurer à coucher. « Mais il n’y a point de lits, dit la Reine. — Hé ! le Roi n’en a-t-il pas un, répondit-elle, et M. le connétable un autre ? » En effet, elle y demeura, et la Reine non. Et quand la Reine passa sous les fenêtres du château, en s’en allant, car on faisoit un grand tour autour de la montagne où ce château est situé, elle lui cria : « Adieu, madame, adieu, pour moi je me trouve fort bien ici[8]. »
Le connétable avoit fait venir de son pays un jeune homme, fils d’un je ne sais qui, nommé d’Esplan, qui servoit à porter l’arbalète au Roi. Enfin il fit si bien qu’il devint marquis de Grimault. C’est une terre de considération du domaine du Roi en Provence. Il épousa mademoiselle de Mauran de La Baulme, dont il n’eut point d’enfants. Il étoit quasi aussi bien que les Luynes avec le Roi. Ils firent aussi venir Modène et Des Hagens. Le connétable eut deux enfants, M. de Luynes d’aujourd’hui, et une fille qui est fort avant dans la dévotion[9].
Au bout d’un an et demi, madame la connétable se maria avec M. de Chevreuse[10]. C’étoit le second de messieurs de Guise et le mieux fait de tous les quatre. Le cardinal étoit plus beau, mais M. de Chevreuse étoit l’homme de la meilleure mine qu’on pouvoit voir ; il avoit de l’esprit passablement, et on dit que pour la valeur on n’en a jamais vu une plus de sang-froid. Il ne cherchoit point le péril, mais, quand il y étoit, il y faisoit tout ce qu’on y pouvoit faire. Au siége d’Amiens, comme il n’étoit encore que prince de Joinville, son gouverneur ayant été tué dans la tranchée, il se mit sur le lieu à le fouiller, et prit ce qu’il avoit dans ses pochettes.
Il gagna bien plus avec la maréchale de Fervaques[11]. Cette dame étoit veuve, sans enfants, et riche de deux cent mille écus. M. de Chevreuse fit semblant de la vouloir épouser ; elle en devint amoureuse sur cette espérance, car c’étoit une honnête femme, et s’en laissa tellement empaulmer, qu’elle lui donnoit tantôt une chose, tantôt une autre, et enfin elle le fit son héritier. Il envoya son corps par le messager au lieu de sa sépulture.
Quand on fit le mariage de la reine d’Angleterre[12], on choisit M. de Chevreuse pour représenter le roi de la Grande-Bretagne, parce qu’il étoit son parent fort proche, qu’il avoit, comme j’ai dit, fort bonne mine, et que madame de Chevreuse avoit toutes les pierreries de la maréchale d’Ancre. Elle accompagna la Reine en Angleterre. Milord Rich, depuis comte Holland, l’avoit cajolée ici en traitant du mariage. C’étoit un fort bel homme, mais sa beauté avoit je ne sais quoi de fade. Elle disoit des douceurs de son galant et de celles de Buckingham pour la Reine, que ce n’étoit pas qu’ils parlassent d’amour, et qu’on parloit ainsi en leur pays à toutes sortes de personnes. Quand elle fut de retour d’Angleterre, le cardinal de Richelieu s’adressa à elle dans le dessein qu’il avoit d’en conter à la Reine ; mais elle s’en divertissoit. J’ai ouï dire qu’une fois elle lui dit que la Reine seroit ravie de le voir vêtu de toile d’argent gris de lin[13]. Il l’éloigna, voyant qu’elle se moquoit de lui. Après elle revint, et Monsieur disoit qu’on l’avoit fait venir pour donner plus de moyens à la Reine de faire un enfant.
Elle se mit aussi à cabaler avec M. de Châteauneuf, qui étoit amoureux d’elle. C’étoit un homme tout confit en galanterie. Il avoit bien fait des folies avec madame de Pisieux. Il devoit beaucoup. Il n’en fit pas moins pour madame de Chevreuse. En voyage, on le voyoit à la portière du carrosse de la Reine, où elle étoit, à cheval, en robe de satin, et faisant manége. Il n’y avoit rien de plus ridicule. Le cardinal en avoit des jalousies étranges, car il le soupçonnoit d’en vouloir aussi à la Reine, et ce fut cela plutôt qu’autre chose, qui le fit mener prisonnier à Angoulême, où il ne fut guère mieux traité que son prédécesseur, le garde-des-sceaux de Marillac. Madame de Chevreuse fut reléguée à Dampierre, d’où elle venoit déguisée, comme une demoiselle crottée, chez la Reine, entre chien et loup. La Reine se retiroit dans son oratoire ; je pense qu’elles en contoient bien du cardinal et de ses galanteries. Enfin elle en fit tant que M. le cardinal l’envoya à Tours, où le vieil archevêque, Bertrand de Chaux, devint amoureux d’elle. Il étoit d’une maison de Basque. Ce bon homme disoit toujours ainsin comme cela. Il n’étoit pas ignorant. Il aimoit fort le jeu. Son anagramme étoit chaud brelandier[14]. Madame de Chevreuse dit qu’un jour, à la représentation de la Marianne de Tristan, elle lui dit : « Mais, monseigneur, il me semble que nous ne sommes point touchés de la Passion comme de cette comédie. — Je crois bien, madame, répondit-il ; c’est histoire ceci, c’est histoire. Je l’ai lu dans Josèphe. »
Elle souffroit qu’il lui donnât sa chemise quand il se trouvoit à son lever. Un jour qu’elle avoit à lui demander quelque chose : « Vous verrez qu’il fera tout ce que je voudrai, je n’ai, disoit-elle, qu’à lui laisser toucher ma cuisse à table. » Il avoit près de quatre-vingts ans. Il dit quand elle fut partie, car il parloit fort mal : « Voilà où elle s’assisa en me disant adieu, et où elle me dit quatre paroles qui m’assommèrent. » On trouva après sa mort dans ses papiers un billet déchiré de madame de Chevreuse, de vingt-cinq mille livres qu’il lui avoit prêtées.
Ce bon homme pensa être cardinal ; mais le cardinal de Richelieu l’empêcha. Il disoit : « Si le Roi eût été en faveur, j’étois cardinal. »
Comme madame de Chevreuse étoit à Tours, quelqu’un, en la regardant, dit : « Oh ! la belle femme ! je voudrois bien l’avoir...... ! » Elle se mit à rire, et dit : « Voilà de ces gens qui aiment besogne faite. » Un jour, environ vers ce temps-là, elle étoit sur son lit en goguettes, et elle demanda à un honnête homme de la ville : « Or çà, en conscience, n’avez-vous jamais fait faux-bond à votre femme ? — Madame, lui dit cet homme, quand vous m’aurez dit si vous ne l’avez point fait à monsieur votre mari, je verrai ce que j’aurai à vous répondre. » Elle se mit à jouer du tambour sur le dossier de son lit, et n’eut pas le mot à dire. J’ai ouï conter, mais je ne voudrois pas l’assurer, que par gaillardise elle se déguisa un jour de fête en paysanne, et s’alla promener toute seule dans les prairies. Je ne sais quel ouvrier en soie la rencontra. Pour rire elle s’arrête à lui parler, faisant semblant de le trouver fort à son goût ; mais ce rustre, qui n’entendoit point de finesse, la culbuta fort bien, et on dit qu’elle passa le pas, sans qu’il en soit arrivé jamais autre chose.
Le cardinal de Richelieu demanda à M. de Chevreuse s’il répondoit de sa femme : « Non, dit-il, tandis qu’elle sera entre les mains du lieutenant criminel de Tours, Saint-Julien. » C’étoit celui qui l’avoit portée à se séparer de biens d’avec son mari ; car M. de Chevreuse faisoit tant de dépenses qu’il a fait faire une fois jusqu’à quinze carrosses pour voir celui qui seroit le plus doux.
Le cardinal envoya donc un exempt pour la mener dans la tour de Loches. Elle le reçut fort bien, lui fit bonne chère, et lui dit qu’ils partiroient le lendemain. Cependant la nuit elle eut des habits d’homme pour elle et pour une demoiselle, et se sauva avant jour à cheval. Le prince de Marsillac, aujourd’hui M. de La Rochefoucauld, fut mis dans la Bastille pour l’avoir reçue une nuit chez lui. M. d’Épernon lui donna un vieux gentilhomme pour la conduire jusqu’à la frontière d’Espagne[15]. Dans les informations qu’en fit faire le président Vigner, il y a, entre autres choses, que les femmes de Gascogne devenoient amoureuses de madame de Chevreuse[16]. Une fois dans une hôtellerie, la servante la surprit sans perruque. Cela la fit partir avant jour. Ses drogues lui prirent un jour, on fit accroire que c’étoit un gentilhomme blessé en duel. Un Anglois nommé Craft, qu’elle avoit toujours eu avec elle depuis le voyage d’Angleterre, parut quelques jours après son évasion à Tours. On croyoit qu’il l’avoit accompagnée, car cet homme avoit de grandes privautés avec elle, et on ne comprenoit pas quels charmes elle y trouvoit. Elle passa ainsi en Espagne. On fit un couplet de chanson où on la faisoit parler à son écuyer[17] :
La Boissière, dis-moi,
Vas-je pas bien en homme ?
Vous chevauchez, ma foi,
Mieux que tant que nous sommes.
Elle est
Au régiment des gardes,
Comme un cadet.
Avant ce voyage d’Espagne, elle en avoit fait un en Lorraine. En moins de rien elle brouilla toute la cour, et ce fut elle qui donna commencement au mauvais ménage du duc Charles[18] et de la duchesse sa femme, car le duc étant devenu amoureux d’elle, et lui ayant donné un diamant qui venoit de sa femme, et que sa femme connoissoit fort bien, elle l’envoya le lendemain à la duchesse.
Revenons à M. de Chevreuse. Quoique endetté, sa table, son écurie, ses gens ont toujours été en bon état. Il a toujours été propre. Il étoit devenu fort sourd et pétoit à table, même sans s’en apercevoir. Quand il fit ce grand parc à Dampierre, il le fit à la manière du bonhomme d’Angoulême ; il enferma les terres du tiers et du quart : il est vrai que ce ne sont pas trop bonnes terres ; et, pour apaiser les propriétaires, il leur promit qu’il leur en donneroit à chacun une clef, qu’il est encore à leur donner.
Il avoit là un petit sérail ; à Pâques, quand il falloit se confesser, le même carrosse qui alloit quérir le confesseur, emmenoit les mignonnes et les reprenoit en ramenant le confesseur. Il avoit je ne sais quel brasselet où il avoit, je pense, dedans quelque petite toison. Il le montroit à tout le monde, et disoit : « J’ai si bien fait à ces pâques, que j’ai conservé mon brasselet. » Il avoit soixante-dix ans quand il faisoit cette jolie petite vie, qu’il a continuée jusqu’à la mort.
Je ne sais quel homme d’affaires d’auprès Saint-Thomas-du-Louvre ayant été rencontré par des voleurs, leur promit, parce qu’il n’avoit point d’argent sur lui, de leur donner vingt pistoles. Ils y envoyèrent, mais il leur donna plus d’or faux que de bon. Or, M. de Chevreuse, dont l’hôtel est dans la rue Saint-Thomas, un soir, après souper, allant seul à pied avec un page chez je ne sais quelle créature, là auprès, où il avoit accoutumé d’aller, prit, sans y songer, une porte pour l’autre, et heurta chez cet homme, qui, craignant que ce ne fussent ses filoux, se mit à crier : Aux voleurs ! Le bourgeois sort ; on alloit charger M. de Chevreuse, s’il n’eût eu son ordre. Quelques-uns pourtant veulent qu’à la chaude il ait eu quelque horion. Pour moi, je doute fort de ce conte.
Comme il se portoit fort bien, quoiqu’il eût quatre-vingts ans, il disoit toujours qu’il vivroit cent ans pour le moins. Il eut pourtant une grande maladie bientôt après, dans laquelle il fut attaqué d’apoplexie. Au sortir de ce mal, il disoit qu’il en étoit revenu aussi gaillard qu’à vingt-cinq ans. Il traita en ce temps-là avec M. de Luynes, fils de sa femme, et lui céda tout son bien, à condition qu’il lui donneroit tant de pension par an, de lui fournir tant pour payer ses dettes, et il voulut avoir une somme de dix mille livres tous les ans pour ses mignonnes. Il aimoit plus la bonne chère que jamais. Sa fille de Jouarre ayant envoyé savoir de ses nouvelles, il lui manda que sur toutes choses il lui recommandoit de faire bonne chère et de la faire faire aussi à ses religieuses[19]. Il n’attendoit, disoit-il, que le bout de l’an pour traiter ses médecins qui l’avoient menacé d’une rechute, en ce temps-là, comme c’est l’ordinaire. Mais il ne fut pas en peine de les convier, car il mourut comme on le lui avoit prédit.
- ↑ Charles d’Albert, duc de Luynes, né le 5 août 1578, mort le 14 décembre 1621.
- ↑ On lit des détails analogues à ceux que donne Tallemant, dans les Mémoires du cardinal de Richelieu, sous l’année 1614. (V. ces Mémoires, t. 10, pag. 354 et tom. 21 bis, pag. 212, de la 2e série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France.) Cette partie de Mémoires, sous le titre de l’Histoire de la mère et du fils, a été publiée à Amsterdam, comme l’ouvrage de Mézerai. M. Monmerqué possède un manuscrit de ce dernier ouvrage en 2 vol. in-4o, qui porte de nombreuses corrections de la main du cardinal. Il est intitulé : l’Histoire de la mère et du fils, c’est-à-dire de Marie de Médicis, femme du grand Henri et mère de Louis XIII. La maison de Luynes a la prétention de descendre d’une famille Alberti de Florence. On peut voir dans le Moreri tout l’échafaudage généalogique qui a été dressé pour établir les temps fabuleux de cette maison. L’opinion commune, conforme à celle des contemporains, est que le connétable de Luynes étoit un fort petit gentilhomme. On peut voir aussi, sur les commencements de sa fortune, les Mémoires de Fontenay-Mareuil, tom. 50, p. 131, de la 1re série des Mémoires relatifs à l’histoire de France.
- ↑ Suivant le cardinal Richelieu, ce chanoine s’appeloit Guillaume Ségur, et Aubert ou Albert étoit le nom de la concubine.
- ↑ C’est ce qui fut cause que le comte Du Lude, après M. de Brèves, fut gouverneur de M. d’Orléans ; puis le maréchal d’Ornano le fut, et ensuite M. de Bellegarde eut soin de sa conduite, sans qualité de gouverneur. (T.)
- ↑ Ordinaire, c’est-à-dire gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi.
- ↑ Jacques de Souvré, fils de Gilles de Souvré, maréchal de France. Il devint grand-prieur de France, en 1667. C’est lui qui a fait bâtir le palais du Temple. Le nom de cette maison s’écrivoit Souvré, nous avons sous les yeux une quittance signée par le maréchal ; mais il est souvent écrit Souvray dans les Mémoires du temps.
- ↑ Marie de Rohan, morte le 12 août 1679.
- ↑ Marie de Rohan, duchesse de Luynes, étoit surintendante de la maison de la Reine ; devenue veuve en 1621, elle se remaria avec le duc de Chevreuse, sous le nom duquel elle est célèbre par ses intrigues, et surtout par l’amitié dont Anne d’Autriche l’honora. Celle-ci pouvoit bien avoir ses motifs de ne concevoir aucune inquiétude des empressements du Roi pour la belle connétable. Nous lisons, t. 13, p. 633, du Recueil manuscrit de Conrart (Bibliothèque de l’Arsenal, 902, in-fol.), que Louis XIII disant à madame de Chevreuse qu’il aimoit ses maîtresses de la ceinture en haut, elle lui répondit : « Sire, elles se ceindront donc comme Gros Guillaume : au milieu des cuisses. »
- ↑ Anne-Marie de Luynes, morte sans alliance.
- ↑ Claude de Lorraine, né le 5 juin 1578, mort le 24 janvier 1657.
- ↑ Le mari de cette dame, pour guérir une religieuse possédée, lui fit donner un lavement d’eau-bénite. Elle étoit d’Allègre. (T.)
- ↑ Henriette-Marie de France, fille de Henri IV, qui épousa Charles Ier.
- ↑ Suivant le comte de Brienne, les caprices de la Reine allèrent plus loin que de vouloir voir le cardinal vêtu de toile d’argent gris de lin. « La princesse, dit-il, et sa confidente (madame de Chevreuse sans aucun doute) avoient en ce temps l’esprit tourné à la joie pour le moins autant qu’à l’intrigue. Un jour qu’elles causoient ensemble et qu’elles ne pensoient qu’à rire aux dépens de l’amoureux cardinal : « Il est passionnément épris, madame, dit la confidente, je ne sache rien qu’il ne fît pour plaire à Votre Majesté. Voulez-vous que je vous l’envoie un soir, dans votre chambre, vêtu en baladin ; que je l’oblige à danser ainsi une sarabande ; le voulez-vous ? il y viendra. — Quelle folie ! » dit la princesse. Elle étoit jeune, elle étoit femme, elle étoit vive et gaie ; l’idée d’un pareil spectacle lui parut divertissante. Elle prit au mot sa confidente, qui fut, du même pas, trouver le cardinal. Ce grand ministre, quoiqu’il eût dans la tête toutes les affaires de l’Europe, ne laissoit pas en même temps de livrer son cœur à l’amour. Il accepta ce singulier rendez-vous : il se croyoit déjà maître de sa conquête ; mais il en arriva autrement. Boccau, qui étoit le Baptiste d’alors, et jouoit admirablement du violon, fut appelé. On lui recommanda le secret : de tels secrets se gardent-ils ? c’est donc de lui qu’on a tout su. Richelieu étoit vêtu d’un pantalon de velours vert : il avoit à ses jarretières des sonnettes d’argent ; il tenoit en mains des castagnettes, et dansa la sarabande que joua Boccau. Les spectatrices et le violon étoient cachés, avec Vautier et Beringhen, derrière un paravent d’où l’on voyoit les gestes du danseur. On rioit à gorge déployée ; et qui pourroit s’en empêcher, puisqu’après cinquante ans, j’en ris encore moi-même ? » (Mémoires de Brienne, 1828, t. 1, p. 274-6.)
- ↑ C’est un sobriquet jouant sur le nom de l’archevêque ; mais comme anagramme, il seroit inexact.
- ↑ Ceci se passoit en 1637, époque à laquelle La Porte, porte-manteau de la Reine, soupçonné d’avoir servi d’intermédiaire aux correspondances de cette princesse, fut mis à la Bastille. (Voyez les Mémoires de La Porte, tom. 59 de la deuxième série des Mémoires relatifs à l’histoire de France.)
- ↑ Nous lisons l’épisode suivant de la fuite de la duchesse dans le Recueil précité de Conrart : « Étant arrivée un soir proche des Pyrénées, en un lieu où il n’y avoit de logement que chez le curé, qui encore n’avoit que son lit, elle lui dit qu’elle étoit si lasse qu’il falloit qu’elle se couchât pour se reposer : parlant néanmoins comme si elle eût été un cavalier ; et le curé contestant et disant qu’il ne quitteroit point son lit ; enfin ils convinrent qu’ils s’y coucheroient tous trois ensemble, ce qui se fit en effet. Le matin les deux cavaliers remontèrent à cheval, et la duchesse de Chevreuse, en partant, donna au curé un billet par lequel elle l’avertissoit qu’il avoit couché la nuit avec la duchesse de Chevreuse et sa fille, et qu’il se souvînt que s’il n’avoit pas usé de son avantage, ce n’étoit pas à elles qu’il avoit tenu. »
- ↑ Sur l’air de la belle Piémontaise dont la reprise est :
Elle est
Au régiment des gardes
Comme un cadet. (T.) - ↑ Charles de Lorraine, duc de Guise.
- ↑ Henriette de Lorraine-Chevreuse, abbesse de Jouarre, née en 1631, morte en 1694. Elle avoit servi d’intermédiaire à Anne d’Autriche pour les correspondances que cette Reine entretenoit avec la maison de Lorraine. (Voyez les Mémoires de La Porte, tom. 59, pag. 335 de la deuxième série de la Collection des Mémoires relatifs à l’histoire de France.)