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Les Martyrs/Remarques sur le livre XVIII

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Garnier frères (Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 4p. 515-524).

LIVRE DIX-HUITIÈME.


1re Remarquepage 242.

Auguste vient de se priver, etc.

Ce projet d’Hiéroclès, mis en avant dès le début de l’ouvrage, pour favoriser l’ambition de Galérius, a été constamment rappelé et poursuivi : le voilà exécuté ; on en va voir les suites.


2e. — page 242.

Représentez au vieillard, etc.

C’est en effet le motif apparent que Galérius employa pour engager Dioclétien à abdiquer. Je suppose ici que c’est Hiéroclès qui inspire Galérius.


3e. — page 242.

Publius, qui, rival de la faveur de l’apostat, etc.

Publius commence à revenir plus souvent en scène ; il ne tardera pas à jouer un rôle important pour la punition d’Hiéroclès.


4e. — page 242.

Tout à coup on annonce Galérius.

Je n’ai pas suivi fidèlement l’histoire pour l’entrevue de Galérius et de Diociétien. Dans cette fameuse discussion, Dioclétien se montre pusillanime : il pleure, il ne veut pas abdiquer, il supplie, il cède par peur. Alors Dioclétien cesse d’avoir le caractère propre à l’épopée ; car il est avili aux yeux du lecteur. Ainsi, au lieu de m’attacher scrupuleusement à la vérité, je n’ai fait obéir Dioclétien qu’à la volonté du ciel, et à une voix fatale qui s’élève au fond de sa conscience. Cette idée est, je pense, plus conforme à la nature de mon ouvrage ; mais j’avoue que j’ai eu quelque peine à faire le persécuteur des chrétiens plus grand que l’histoire ne le représente.


5e. — page 242.

Toujours César !

Galérius, selon l’histoire, fit cette exclamation en recevant une lettre de Dioclétien, avec la suscription : Cæsari.


6e. — page 242.

Et les chrétiens ont eu l’insolence de le déchirer.

En effet, un chrétien arracha l’édit de persécution affiché à Nicomédie, et souffrit le martyre pour cette action. Tous les évêques, en louant son courage, blâmèrent l’indiscrétion de son zèle.


7e. — page 243.

Je rétablirai les frumentaires.

Sorte de délateurs ou d’espions publics que Dioclétien avoit supprimés.


8e. — page 243.

Ainsi, repartit Dioclétien.

On disoit à Dioclétien que Carinus avoit donné de belles fêtes au peuple : il fit la réponse que l’on voit ici.


9e. — page 244.

Vous ne mourrez point sans être la victime, etc.

Maximin Daïa et Maxence, l’un neveu, et l’autre gendre de Galérius, se révoltèrent contre lui.


10e. — page 244.

L’édit, publié, etc.

Il étoit tel qu’on le rapporte dans le texte. (Voyez Lactance et Eusèbe.)


11e. — page 244.

Laurent, de l’Église romaine, etc.

On a déjà parlé de saint Laurent. Saint Vincent étoit de Saragosse. Après avoir subi plusieurs tourments, il fut replongé dans les cachots, où les anges vinrent l’entretenir et guérir ses plaies. Il fut ensuite décapité. Eulalie, vierge et martyre, de Merida, en Portugal ; lorsqu’elle rendit le dernier soupir, on vit une colombe blanche sortir de sa bouche. Pélagie d’Antioche étoit d’une grande beauté, ainsi que sa mère et ses sœurs. Arrêtées par des soldats, et craignant qu’on n’attentât à leur pudeur, elles se retirèrent à l’écart, sous quelque prétexte, et se jetèrent dans l’Oronte, où elles se noyèrent en se tenant embrassées. On attribue ce martyre volontaire à une inspiration particulière du Saint-Esprit. Félicité et Perpétue ont déjà été nommées dans le livre du Ciel ; elles reparaîtront à la fin de l’ouvrage. Quant à Théodore et aux sept vierges d’Ancyre, la tragédie de Corneille les a fait connoître à ceux qui ne lisent point la vie de nos saints. L’histoire charmante de deux jeunes époux qui se trouvèrent dans le même tombeau est postérieure à l’époque de mon action ; j’ai cru pouvoir la rappeler. On la trouve dans Sidoine Apollinaire.


12e. — page 245.

Les prêtres renfermoient le viatique, etc.

On voit encore quelques-unes de ces boîtes au musée Clémentin, à Rome, avec les instruments qui servoient à tourmenter les martyrs : les poids pour les pieds, les ongles de fer, les martinets, etc.


13e. — page 245.

On nommoit les diacres, etc.

Ces préparations à la persécution sont conformes à la vérité historique. La charité de l’Église a toujours surabondé où les maux surabondent ; la grâce de Jésus-Christ défie toutes les douleurs humaines.


14e. — page 245.

Ce prince habitoit, etc.

Il n’y a guère de lieux célèbres dans la Grèce et dans l’Italie qui ne soient peints dans Les Martyrs. Je renvoie pour Tivoli à ma lettre à M. de Fontanes, déjà citée dans ces notes.


15e. — page 245.

Vous ne serez point appelé au partage, etc.

Eudore s’étoit fait mieux instruire, et sans doute il avoit appris la résolution de Dioclétien par des voies certaines : le palais de l’empereur étoit rempli de chrétiens, Valérie et Prisca même, fille et femme de Dioclétien, étoient chrétiennes.


16e. — page 246.

Vous aurez soin, à chaque mansion, de faire mutiler, etc.

J’ai dit, dans une note sur la carte de Peutinger (liv. vi), que les mansions étoient les relais des postes. Lorsque Constantin s’échappa de la cour de Galérius, il fit couper les jarrets des chevaux qu’il laissoit derrière lui, afin de n’être pas poursuivi.


17e. — page 246.

Tel, dans les déserts de l’Arabie, etc.

J’ai mis ici en comparaison la description du cheval arabe que l’on a vue dans mon Itinéraire. Le dernier trait : « Il écume, etc., » est du passage de Job sur le cheval.


18e. — page 247.

Les tombes de Symphorose, etc.

On sait qu’Horace vécut, et mourut peut-être, à Tibur ; mais peu de personnes savent que ce riant Tibur fut immortalisé par les cendres d’une martyre chrétienne. Symphorose, de Tibur, avoit sept enfants. Sous le règne d’Adrien, elle refusa, ainsi que ses sept fils, de sacrifier aux faux dieux. Ces nouveaux Machabées subirent le martyre ; ils furent enterrés au bord de l’Anio, près du temple d’Hercule.


19e. — page 248.

S’élevoit un tribunal de gazon, etc.

L’appareil de cette scène est tel dans l’histoire, mais la scène est placée à Nicomédie.


20e. — page 249.

Force ce nouveau David, etc.

David, contraint de se retirer devant Saül, se cacha dans le désert de Zéila. (Écriture.)


21e. — page 249.

Constantin disparoît.

L’ordre des temps n’est pas tout à fait suivi : Constantin ne s’échappa de la cour de Galérius que longtemps après l’abdication de Dioclétien.


22e. — page 249.

Des dragons semblables, etc.

Si l’on en croit Plutarque et Lucain, Caton d’Utique trouva sur les bords de la Bagrada, en Afrique, un serpent si monstrueux, que l’on fut obligé d’employer pour le tuer les machines de guerre.


23e. — page 249.

Des monstres inconnus, etc.

Les anciens disoient que l’Afrique enfantoit tous les ans un monstre nouveau.


24e. — page 250.

La persécution s’étend dans un moment, etc.

Tout ce qui suit dans le texte est un abrégé exact et fidèle des passages que je vais citer. La vérité est ici bien au-dessus de la fiction. Je me servirai des traductions connues, afin que tous les lecteurs puissent voir que je n’ai pas inventé un seul mot.

Extrait d’Eusèbe. « Un grand nombre (de chrétiens) furent condamnés à mourir, les uns par le feu et les autres par le fer. On dit que cet arrêt n’eut pas été sitôt prononcé, qu’on vit une quantité incroyable d’hommes et de femmes se jeter dans le bûcher avec une joie et une promptitude non pareilles. Il y eut aussi une multitude presque innombrable de chrétiens qui furent liés dans les barques et jetés au fond de la mer… Les prisons, qui ne servoient autrefois qu’à renfermer ceux qui avoient commis des meurtres ou violé la sainteté des tombeaux, furent remplies d’une multitude incroyable de personnes innocentes, d’évêques, de prêtres, de diacres, de lecteurs, d’exorcistes ; de sorte qu’il n’y restoit plus de place où l’on put mettre les coupables… Quelqu’un peut-il voir sans admiration la constance invincible avec laquelle ces généreux défenseurs de la religion chrétienne souffrirent les coups de fouet, la rage des bêtes accoutumées à sucer le sang humain, l’impétuosité des léopards, des ours, des sangliers et des taureaux, que les païens irritoient contre eux avec des fers chauds ?… Une quantité presque innombrable d’hommes, de femmes et d’enfants, méprisèrent cette vie mortelle pour la défense de la doctrine du Sauveur. Les uns furent brûlés vifs et les autres jetés dans la mer, après avoir été déchirés avec des ongles de fer et avoir souffert toutes sortes d’autres supplices. D’autres présentèrent avec joie leur tête aux bourreaux pour être coupée ; quelques-uns moururent au milieu des tourments ; quelques-uns furent consumés par la faim ; quelques-uns furent attachés en croix, soit en la posture où l’on y attache d’ordinaire les criminels, ou la tête en bas, et percés avec des clous, et y demeurèrent jusqu’à ce qu’ils mourussent de faim… Les historiens n’ont point de paroles qui puissent exprimer la violence des douleurs et la cruauté des supplices que les martyrs souffrirent dans la Thébaïde. Quelques-uns furent déchirés jusqu’à la mort par tout le corps avec des têts de pots cassés, au lieu d’ongles de fer. Des femmes furent attachées par un pied, élevées en l’air avec des machines, la tête en bas, et exposées alors avec autant d’inhumanité que d’infamie. Des hommes furent attachés par les jambes à des branches d’arbres que l’on avoit courbées avec des machines, et écartelés lorsque ces branches, étant lâchées, reprirent leur situation naturelle. Ces violences-là furent exercées l’espace de plusieurs années, durant lesquelles on faisoit mourir chaque jour, par divers supplices, tantôt dix personnes, tant hommes que femmes et enfants, tantôt vingt, tantôt trente, tantôt soixante, et quelquefois même jusqu’à cent. Étant sur les lieux, j’en ai vu exécuter à mort un grand nombre dans un même jour, dont les uns avoient la tête tranchée, les autres étoient brûlés vifs. La pointe des épées étoit émoussée à force de tuer, et les bourreaux, las de tourmenter les martyrs, se relevoient tour à tour. J’ai été témoin de la généreuse ardeur et de la noble impatience de ces fidèles… Il n’y a point de discours qui soit capable d’exprimer la générosité et la constance qu’ils ont fait paroître au milieu des supplices. Comme il n’y avoit personne à qui il ne fût permis de les outrager, les uns les battoient avec des bâtons, les autres avec des baguettes, les autres avec des fouets, les autres avec des lanières de cuir, et les autres avec des cordes, chacun choisissant, selon ce qu’il avoit de malice, un instrument particulier pour les tourmenter. On en attacha quelques-uns à des colonnes, les mains liées derrière le dos, et ensuite on leur étendit les membres avec des machines. On les déchira après cela avec des ongles de fer, non-seulement par les côtés, comme l’on a accoutumé de déchirer ceux qui ont commis un meurtre, mais aussi par le ventre, par les cuisses et par le visage. On en suspendoit quelques-uns par la main, au haut d’une galerie, de sorte que la violence avec laquelle leurs nerfs étoient tendus leur étoit plus sensible qu’aucun autre supplice n’auroit pu être. On les attachoit quelquefois à des colonnes, vis-à-vis les uns des autres, sans que leurs pieds touchassent à terre ; tellement que la pesanteur de leur corps serroit extrêmement les liens par où ils étoient attachés. Ils étoient dans cette posture contrainte non-seulement pendant que le juge leur parloit ou qu’il les interrogeoit, mais presque durant tout le jour.

« … Les uns eurent les membres coupés avec des haches, comme en Arabie ; les autres eurent les cuisses coupées, comme en Cappadoce ; les autres furent pendus par les pieds et étouffés à petit feu, comme en Mésopotamie ; les autres eurent le nez, les oreilles, les mains et les autres parties du corps coupés, comme à Alexandrie. » (Voyez Eusèbe, chap. VI, VII, VIII, IX, X, XI et XII, liv. VIII.)

Extrait de Lactance, de la Mort des Persécuteurs. — « Parlerai-je des jeux et des divertissements de Galère ? Il avoit fait venir de toutes parts des ours d’une grandeur prodigieuse et d’une férocité pareille à la sienne. Lorsqu’il vouloit s’amuser, il faisoit apporter quelques-uns de ces animaux, qui avoient chacun leur nom, et leur donnoit des hommes plutôt à engloutir qu’à dévorer ; et quand il voyoit déchirer les membres de ces malheureux, il se mettoit à rire. Sa table étoit toujours abreuvée de sang humain. Le feu étoit le supplice de ceux qui n’étoient pas constitués en dignité. Non-seulement il y avoit condamné les chrétiens, il avoit de plus ordonné qu’ils seroient brûlés lentement. Lorsqu’ils étoient au poteau, on leur mettoit un feu modéré sous la plante des pieds, et on l’y laissoit jusqu’à ce qu’elle fût détachée des os. On appliquoit ensuite des torches ardentes sur tous leurs membres, afin qu’il n’y eût aucune partie de leur corps qui n’eût son supplice particulier. Durant cette effroyable torture, on leur jetoit de l’eau sur le visage et on leur en faisoit boire, de peur que l’ardeur de la fièvre ne hâtât leur mort, qui pourtant ne pouvoit être différée longtemps, car quand le feu avoit consumé toute leur chair, il pénétroit jusqu’au fond de leurs entrailles. Alors on les jetoit dans un grand brasier, pour achever de brûler ce qui restoit encore de leur corps. Enfin, on réduisoit leurs os en poudre et on les jetoit dans la rivière ou dans la mer.

« Mais le cens qu’on exigea des provinces et des villes causa une désolation générale[1]. Les commis, répandus partout, faisoient les recherches les plus rigoureuses ; c’étoit l’image affreuse de la guerre et de la captivité. On mesuroit les terres, on comptoit les vignes et les arbres, on tenoit registre des animaux de toutes espèces, on prenoit les noms de chaque individu : on ne faisoit nulle distinction des bourgeois et des paysans. Chacun accouroit avec ses enfants et ses esclaves ; on entendoit résonner les coups de fouet ; on forçoit, par la violence des supplices, les enfants à déposer contre leur père, les esclaves contre leur maître, les femmes contre leur mari. Si les preuves manquoient, on donnoit la question aux pères, aux maris, aux maîtres, pour les faire déposer contre eux-mêmes ; et quand la douleur avoit arraché quelque aveu de leur bouche, cet aveu étoit réputé contenir la vérité. Ni l’âge ni la maladie ne servoient d’excuse : on faisoit apporter les infirmes et les malades ; on fixoit l’âge de tout le monde ; on donnoit des années aux enfants, on en ôtoit aux vieillards : ce n’étoit partout que gémissements, que larmes. Le joug que le droit de la guerre avoit fait imposer aux peuples vaincus par les Romains, Galère voulut l’imposer aux Romains mêmes ; peut-être fut-ce parce que Trajan avoit puni par l’imposition du cens les révoltes fréquentes des Daces, dont Galère étoit descendu. On payoit de plus une taxe par tête, et la liberté de respirer s’achetoit à prix d’argent. Mais on ne se fioit pas toujours aux mêmes commissaires : on en envoyoit d’autres, dans l’espérance qu’ils feroient de nouvelles découvertes. Au reste, qu’ils en eussent fait ou non, ils doubloient toujours les taxes, pour montrer qu’on avoit eu raison de les employer. Cependant les animaux périssoient, les hommes mouroient : le fisc n’y perdoit rien, on payoit pour ce qui ne vivoit plus, en sorte qu’on ne pouvoit ni vivre ni mourir gratuitement. Les mendiants étoient les seuls que le malheur de leur condition mît à l’abri de ces violences : ce monstre parut en avoir pitié et vouloir remédier à leur misère : il les faisoit embarquer, avec ordre, quand ils seroient en pleine mer, de les y jeter. Voilà le bel expédient qu’il imagina pour bannir la pauvreté de son empire ; et de peur que sous prétexte de pauvreté quelqu’un ne s’exemptât du cens, il eut la barbarie de faire périr une infinité de misérables. »


25e. — page 251.

Le disciple des sages publia, etc.

Voyez la Préface, à l’article d’Hiéroclès.


26e. — page 251.

J’emploierai, disoit-il en lui-même, etc.

Je ne me suis point complu à inventer des crimes inconnus, pour les prêter à Hiéroclès. J’en suis fâché pour la nature humaine, mais Hiéroclès ne dit et ne fait rien qui n’ait été dit et fait, même de nos jours. Au reste, ce moyen affreux que veut employer Hiéroclès lui fait différer le supplice d’Eudore : sans cela, il n’eût pas été naturel que le fils de Lasthénès fût resté si longtemps dans les cachots avant d’être jugé.


27e. — page 252.

Cet impie qui renioit l’Éternel.

Ceci est bien humiliant pour l’orgueil humain ; mais c’est une vérité dont on n’a que trop d’exemples, et je l’ai déjà remarqué dans le Génie du Christianisme.


28e. — page 252.

Il y avoit à Rome un Hébreu, etc.

Cette machine est justifiée par l’usage que tous les poëtes chrétiens ont fait de la magie. Ainsi Armide enlève Renaud ; ainsi le démon du fanatisme arme Clément d’un poignard. Il ne s’agit ici que de porter une nouvelle : Hiéroclès ne voit point lui-même l’Hébreu ; il l’envoie consulter par un esclave superstitieux et timide : rien ne choque donc la vraisemblance des mœurs dans la peinture de la scène ; et quant à la scène elle-même, elle est du ressort de mon sujet : elle sert à avancer l’action et à lier les personnages de Rome a ceux de Jérusalem.


29e. — page 252.

Il découvre l’urne sanglante.

Hiéroclès est le ministre d’un tyran, persécuteur des chrétiens : il est donc naturel qu’on évoque le démon de la tyrannie, et que l’évocation se fasse par les cendres du plus célèbre des tyrans et du premier persécuteur des chrétiens.

Selon une tradition populaire qui court à Rome, il y avoit autrefois à la Porta del Popolo un grand arbre sur lequel venoit constamment se percher un corbeau. On creusa la terre au pied de cet arbre, et l’on trouva une urne avec une inscription qui disoit que cette urne renfermoit les cendres de Néron. On jeta les cendres au vent, et l’on bâtit sur le lieu où l’on avoit trouvé l’urne l’église connue aujourd’hui sous le nom de Sainte-Marie-du-Peuple. Le monument appelé le tombeau de Néron, que l’on voit à deux lieues de Rome, sur la route de la Toscane, n’est point le tombeau de Néron.


30e. — page 252.

La frayeur pénètre jusqu’aux os.

« Pavor tenuit me et tremor, et omnia ossa mea perterrita sunt.

« Et cum spiritus, me præsente, transiret, inhorruerunt pili carnis meæ.

« Stetit quidam cujus non agnoscebam vultum… et vocem quasi auræ lenis audivi. » (Job, cap. IV.)


31e. — page 253.

C’étoit l’heure où le sommeil fermoit les yeux, etc.

Tempus erat quo prima quies mortalibus ægris
Incipit.

(Æneid., II, 268.)


32e. — page 253.

Sa barbe étoit négligée.

In somnis ecce ante oculos mœstissimus Hector
Visus adesse mihi, largosque effudere fletus.
................
Squalentem barbam..........
Sed graviter gemitus imo de pectore ducens.

(Æneid., II, 270 et seq.)


33e. — page 253.

Fuis, ma fille, etc.

Heu ! fuge.......eripe flammis.
(Æneid., II, 289.)


34e. — page 254.

Déjà les galeries étoient désertes.

Apparet domus intus, et atria longa patescunt.
................
Ædibus in mediis, nudoque sub ætheris axe,
Ingens ara fuit
, etc.
(Æneid., II, 483.)


35e. — page 254.

Euryméduse, votre sort, etc.

Ce personnage disparoît avant la fin de l’action ; il s’évanouit comme Créuse ; il étoit de peu d’importance. Il entroit dans mon plan de montrer Cymodocée isolée, tandis qu’Eudore est environné des compagnons de sa gloire ; autrement les scènes de la prison de Cymodocée et celles des cachots d’Eudore eussent été semblables.


36e. — page 255.

Il aperçoit un homme, etc.

Tout le monde connoît la retraite de saint Jérôme dans la grotte de Bethléem ; tout le monde a vu les tableaux du Dominiquin, d’Augustin Carrache ; tout le monde sait que saint Jérôme se plaint, dans ses lettres, d’être tourmenté au milieu de sa solitude par les souvenirs de Rome. Ce grand personnage, que l’on a quitté au tombeau de Scipion et que l’on retrouve à Bethléem pour donner le baptême à Cymodocée, a du moins l’avantage de ne rappeler que des lieux célèbres, de grands noms et d’illustres souvenirs.

  1. Le cens étoit une imposition sur les personnes, sur les bêtes, sur les terres labourables, sur les vignes et les arbres fruitiers.