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Les Martyrs/Remarques sur le livre XXII

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Garnier frères (Œuvres complètes de Chateaubriand, tome 4p. 540-542).

LIVRE VINGT-DEUXIÈME.


1re Remarquepage 296.

D’une main il prend une des sept coupes d’or pleines de la colère de Dieu.

On ne me contestera pas cet ange, les coupes d’or, etc., fors qu’on n’ait pris encore tout cela pour mes vaines imaginations. N’est-il pas honteux que des hommes qui se mêlent de critique ignorent pourtant la religion au point de ne pas connoître les choses les plus communes ? Qu’ils imitent Voltaire ; et s’ils ne lisent pas la Bible comme chrétiens, qu’ils l’étudient du moins comme littérateurs.

« Et unum de quatuor animalibus dedit septem angelis septem phialas aureas plenas iracundiæ Dei. » (Apocal., cap. xv, v. 7.)


2e. — page 296.

De l’autre, il saisit le glaive, etc.

« Factum est autem in noctis medio : percussit Dominus omne primogenitum in terra Ægypti…

« Et ortus est clamor magnus in Ægypto. » (Exod., cap. XII, v. 29 et 30.)

« … Venit Angelus Domini et percussit in castris Assyriorum centum octoginta quinque millia. » (Reg., lib. IV, cap. XIX, v. 35.)


3e. — page 296.

La faux qui vendange et la faux qui moissonne.

« Et alius angelus exivit de templo, clamans voce magna ad sedentem super nubem : Mitte falcem tuam, et mete, quia venit hora ut metatur, quoniam aruit messis terræ.

« Et alius angelus exivit de altari, et clamavit…

« Mitte falcem tuam acutam, et vindemia botros vineæ terræ… » (Apocal., cap. xiv, v. 15 et 18.)


4e. — page 297.

L’édit te permet de la livrer aux lieux infâmes…

On sait trop que l’effroyable perversité des païens les porta jusqu’à faire déshonorer des vierges chrétiennes, dont la première vertu étoit la chasteté. Cette espèce de martyre fut employée plusieurs fois, comme on le voit dans l’Histoire ecclésiastique. Nous avons une tragédie entière de Corneille fondée sur ce sujet. Je ne me suis servi de ce moyen que pour jeter Eudore dans la plus grande tentation et dans le plus grand malheur qu’un homme puisse éprouver.


5e. — page 297.

Rendit compte en ces mots de son entrevue avec Dioclétien, etc.

Ce fut Maximien qui engagea Dioclétien à reprendre l’empire, et ce fut aux députés de Maximien que Dioclétien fit la belle réponse que tout le monde connoît : « Plût aux dieux que ceux qui vous envoient vissent les légumes que je cultive ! etc. »


6e. — page 298.

Le jardinier sidonien, etc.

Abdolonyme : les beaux vers de M. Delille, connus de tout le monde, rendent tous les détails superflus.

Dans cette entrevue de Dioclétien et du messager d’Eudore, il n’y a d’historique que la réponse : « Plût aux dieux, etc. »


7e. — page 298.

Les évêques craignoient que vous n’eussiez réussi.

Telle est la résignation et la fidélité chrétiennes.


8e. — page 300.

Le repas libre.

« Or, le soir qui précède immédiatement le jour des spectacles, la coutume est de faire à ceux qui sont condamnés aux bêtes un souper qu’on nomme le souper libre. Nos saints martyrs changèrent, autant qu’il leur fut possible, ce dernier souper en un repas de charité. La salle où ils mangeoient étoit pleine de peuple ; les martyrs lui adressoient la parole de temps en temps… Ces paroles… jetèrent de l’étonnement et de la frayeur dans l’âme de la plupart… Plusieurs restèrent pour se faire instruire, et crurent en Jésus-Christ. » (Act. Mart., in sancta Perpetua.)


9e. — page 302.

Au milieu de cette scène touchante, on voit accourir un esclave, etc.

J’ai tâché de tracer mon tableau de manière qu’il put être transporté sur la toile sans confusion, sans désordre, et sans changer une seule des attitudes : le peuple romain à genoux ; les soldats présentant les aigles ; les vieux évêques assis, la tête couverte d’un pan de leur robe ; Eudore debout, soutenu par les centurions, et laissant tomber la coupe au moment où il prononce ce mot « Je suis chrétien ! » ; la diversité des costumes ; l’agape servie sous le vestibule de la prison, etc. : tout cela pourroit peut-être s’animer sous le pinceau d’un plus grand peintre que moi.