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Les Muses françaises/Marie de Sormiou

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Les Muses françaisesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 300-309).




MARIE DE SORMIOU




Marie de Sormiou est le pseudonyme de Mme Alfred de Ferry, née Marie-Thérèse-Charlotte-Rose Buret. Mme de Ferry naquit à Paris, mais elle est méridionale dans l’âme et dans le sang. Elle vit d’ailleurs en Provence, où elle se plaît uniquement, sept mois de l’année. — Ses débuts ne sont pas très lointains et ils furent infiniment heureux. Ce fut en 1906, en effet, que Mme Marie de Sormiou publia son premier recueil, ces Chants de Soleil qui rencontrèrent un unanime succès. C’était l’âme sonore, éblouissante de la Provence, épanouie en clarté.

« En ces vers, parfois un peu heurtés et rudes, écrit M. Dorchain, tout n’est qu’éblouissement et chaleur ; ni tiédeurs ni demi-teintes. Qu’elle chante l’eau de la Calanque, les bois d’oliviers, les cigales, la bastide, c’est toujours un paysage à la Montenard qui nous apparaît, avec sa mer indigo, ses rochers rouges, ses chemins d’un blanc cru, ses violettes… > M. Henri Bidou ne se montre pas moins élogieux : < Les Chants de Soleil sont ainsi que de l’air provençal, vibrants de bruits, de rythmes et de grésillements. Un soleil flamboyant fait craquer la terre gorgée d’azur. Un bruissement continu de cigales frémit comme le toucher même de la lumière… »

Et il conclut ; « Ce livre si étroitement mêlé et parfumé à l’air du ciel et au changement des saisons, est un cadeau de la nature… »

La qualité et le ton de ces éloges paraissent traduire exactement le talent admirablement méridional, sonore, descriptif, visuel et lyrique de Mme de Sormiou. Ses vers sont en vérité pétris de lumière et d’azur. Elle aime la terre provençale, la salue et la comprend :

« Quand je m’en vais de ma Provence
Mon cœur s’arrache et reste là.. »

Et encore :

« Voici cette nature où mon rêve demeure
Quand le corps est dans les pays aux pâles verts.
^e cirque de colline où la claire demeure
De mon enfance gît, point d’or de l’univers. »

Nous retrouvons la même frémissante joie, la même profusion lyrique dans la Vie Triomphante qui semble être le prolongement et comme le rayonnement des Chants de Soleil. Mais ici Mme de Sormiou atteint à de plus hauts sommet ». Elle a de plus larges coups d’ailes. Ce n’est plus seulement la terre qu’elle célèbre. Elle évoque la vie, la force d’Eros. la douleur ou l’allégresse de l’amour et, haussant sa pensée en plein ciel, cherche la vérité. Interroge la mort pour s’évader toujours vers plus de lumière.

Et ce à dire que Mme de Sormiou, emportée par son » inspiration imp/^tiKiise, se meut toujours avec une sécurité parfaite au travers des hautes idées philosophiques ? On voudrait en être convaincu. Mais une emphase redondante, une certaine verbosité un peu creuse, dispensent Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/307 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/308 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/309 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/310 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/311 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/312 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/313 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/314 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/315