Les Mystères de Londres/2/12

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Au Comptoir des imprimeurs unis (5p. 3-32).


XII


CORAH.


Bien des fois, depuis ce jour, reprit Susannah, j’ai interrogé Tempérance. Quand elle n’était pas ivre, elle m’écoutait en tremblant et ne voulait point me répondre… Quand elle était ivre, elle me regardait avec son rire stupide et chantait.

On ne me laissa plus dormir dans le parloir.

Vous dont l’enfance a été sans doute bien heureuse, milord, vous dont le père fut bon, et noble, et vertueux, vous qui fûtes rassasié des baisers de votre mère, vous ne comprendrez pas cela, peut-être : un de mes plus passionnés désirs en ce monde est de revoir Tempérance, la pauvre créature avilie, — et si je désire la revoir, c’est pour lui faire encore une fois cette question jadis si souvent répétée :

— Était-ce un rêve ?

— Non, ce n’était pas un rêve, interrompit ici Brian de Lancester. Croyez-moi, Susannah, pendant que vous parliez, je réfléchissais, et le plus simple bon sens uni à l’expérience la plus commune suffit pour reconnaître qu’il y a en tout ceci autre chose qu’un vain songe. Cet homme, — votre père, madame, avait à vous tromper un intérêt dont je ne puis me rendre compte. Il avait gagné Tempérance à l’aide de la passion de cette malheureuse, et il l’avait domptée par la crainte de ses corrections brutales. Elle s’est tue parce qu’elle avait peur. Je jurerais sur mon salut, milady, que cette dame dont votre mémoire a gardé si énergiquement l’image était votre mère.

— Merci, milord, merci ! dit tout bas Susannah.

Puis elle ajouta, en se parlant à elle-même :

— Ma mère serait venue vers moi… pour ne jamais revenir ensuite ! Ah ! lequel vaut mieux de croire cela ou de s’en tenir au rêve ?… Hélas ! milord, reprit-elle, Ismaïl me l’a dit bien souvent : c’est ma mère elle-même qui s’est enfuie loin de mon berceau…

Les jours s’écoulèrent, puis les mois, puis les années. Je grandissais. Mon père disait que je devenais belle.

Nul changement, cependant, ne s’opérait dans ma vie. Je demeurais toujours confinée dans la maison de Goodman’s-Fields, n’ayant d’autre société que le muet Roboam, Tempérance et ma biche. Les absences de mon père devenaient de plus en plus fréquentes. Je ne le voyais presque plus.

J’ai su depuis ce qu’il faisait durant ces absences. Il jouait sa vie contre de l’or. En commençant, il gagna beaucoup d’or ; quand la chance tourna, il perdit la vie.

Que j’ai pleuré, milord, vers cette époque dont je vous parle ! Il y avait près de deux ans que la pauvre Corah et moi nous nous aimions… Si vous saviez comme était belle, Corah, et bonne et douce ! Comme elle comprenait, attentive, chaque mot qui sortait de ma bouche ! Comme elle devinait mon silence ! C’était mon unique amie et ma seule joie. Quand je venais à sourire, elle bondissait follement sur le gazon autour de moi : c’était du transport, du délire ! Quand j’étais triste, — et c’était bien souvent comme cela, milord, — elle venait se coucher à mes pieds, fixait sur moi ses grands yeux fauves, et gémissait doucement… J’ai vu plus d’une fois une larme se balancer aux cils rougeâtres de sa paupière… Pauvre Corah !… Quand elle fut morte, il s’écoula bien du temps avant que je trouvasse une autre créature vivante pour compatir à ma tristesse.

Car elle mourut, milord. — Corah n’était pas comme moi fille du malheur. Elle avait connu la liberté. Les nerfs souples et puissants de ses jarrets si frêles en apparence avaient dévoré l’espace autrefois. C’était au fond des grands bois qu’on était allé la chercher pour l’emprisonner ensuite dans cet étroit jardin, qui n’avait pas assez d’air pour sa libre poitrine.

Elle dépérissait, la pauvre sauvage, parce qu’il y avait un mur entre elle et l’horizon ; parce que ses narines grand-ouvertes ne pouvaient plus humer la brise savoureuse qui court par les hautes herbes ; parce que tout lui manquait, la fatigue, le mouvement, le soleil.

Le soir, à l’heure où l’atmosphère humide et froide fait retomber jusqu’au sol l’étouffante haleine des quatre cent mille cheminées de Londres, Corah se prenait à respirer péniblement ; elle haletait, puis elle perdait le souffle. Le matin, les premiers rayons du soleil lui redonnaient un peu de vie. Mais le soleil est bien rare à Londres, et quand il fait défaut, quel manteau de deuil sur la ville !…

Vous le dirai-je, milord, j’étais un peu comme Corah. L’air pesant de ma prison oppressait de plus en plus ma poitrine. Mais il y avait dans ce mal nouveau une sombre joie : j’espérais mourir. — J’étais trop forte. La mort ne vint pas…

Un matin, en descendant au jardin, je trouvai ma pauvre Corah étendue sur le gazon ; elle respirait péniblement et sa poitrine se soulevait par soubresauts convulsifs. — Mes jambes défaillirent sous moi : je devinai… Je me mis à genou auprès de Corah. De grosses larmes coulaient silencieusement sur ma joue… Elle leva sur moi son œil mourant et tâcha de se redresser sur ses pieds pour me porter sa caresse accoutumée.

Elle retomba, milord, — et ce fut fini. Corah ne se releva plus…

Brian prit le mouchoir brodé de la belle fille et essuya une larme qui roulait lentement le long de sa joue. Elle essaya de sourire.

— C’est là une douleur bien frivole, n’est-ce pas, milord ? reprit-elle. — Mais c’est que, après cette mort, il me faut franchir un espace de sept années pour retrouver dans ma vie un instant d’épanchement, un mouvement de tendresse, un regard ami, une caresse sincère… Sept ans, milord ! et je suis bien jeune… Depuis huit jours, Dieu m’a comblée. Il a envoyé vers moi celui que j’aime et une angélique femme qui m’appelle sa sœur. Aussi, quoi qu’il arrive, je ne me plaindrai plus, Brian. Vous m’avez aimée huit jours et lady Ophelia m’a donné une place dans son cœur…

Je restai toute la journée auprès de Corah morte. Ce fut en vain qu’on voulut m’arracher de là. J’y voulais mourir.

Le soir, oh ! ce fut une chose affreuse, milord ! Tempérance introduisit un homme dans le jardin. Cet homme était hideux à voir ; il portait, sur son corps difforme, de misérables haillons ; lorsqu’il marchait, tous ses membres se disloquaient en d’ignobles contorsions.

Tempérance me dit :

— Miss Susannah, voici le joli mendiant Bob qui vient chercher la biche. Il faut monter à votre chambre, ou vous serez malade.

Je ne bougeai pas. Mais l’horrible mendiant s’avança tortueusement vers moi, et, saisie d’un invincible dégoût, je m’élançai dans le parloir.

Le mendiant Bob et Tempérance restèrent seuls auprès de ma pauvre Corah.

— Allons, mon joli Bob, dit Tempérance, chargez-moi ça sur vos épaules.

Bob se mit à genoux à la place même où j’étais un instant auparavant et passa ses mains sur le corps de ma biche.

— Elle est durement maigre, cette petite bête, grommela-t-il ; mais si elle était morte d’un bon coup de couteau, on en tirerait bien trente shellings.

J’entendais et j’avais le frisson.

— Je vous la donne telle quelle pour un pot de gin, reprit Tempérance ; — mais dépêchez, mon joli Bob !

— Du gin ! gronda Bob, — toujours du gin !… une femme de cinq pieds six pouces !… Écoutez, Tempérance, je vous apporterai une pinte de ginger-beer… la petite bête ne vaut pas davantage.

— Va pour le ginger-beer ! dit Tempérance, mais dépêchez !

Bot mit sa main dans son sein et en retira un long couteau dont la lame brilla aux dernières lueurs du crépuscule.

— Après ou avant, dit-il, peu importe !… Ce serait péché de perdre tant de livres de bonne viande : je vais l’arranger si bien que le marchand croira que je l’ai tuée avant sa mort…

Je l’entendis pousser un aigre éclat de rire, puis la lame de son couteau disparut dans la gorge de Corah…

Un cri d’horreur m’échappa. Je tombai à la renverse.

Quand je repris connaissance, mon père était au chevet de mon lit, avec un médecin.

— Il faut soigner cette enfant, monsieur, disait ce dernier ; elle est malade, fort malade ! Il lui faut de l’air, de la liberté, les joies de son âge, ou bien…

Il n’acheva point, mais je compris, et j’eus un mouvement d’espoir.

— Pensez-vous que nous en soyons là déjà, docteur ? répliqua Ismaïl. Elle est forte et belle, voyez… C’est l’effet d’une douleur passagère… Je lui donnerai une autre biche, et il n’y paraîtra plus.

Le médecin secoua la tête et s’en fut prendre, sur la tablette de la cheminée, un géranium dont les fleurs étiolées se penchaient, affaissées, sur leurs tiges.

— Les fleurs et les enfants ont besoin de soleil, dit-il ; voici une pauvre plante qui sera morte demain… croyez-moi, monsieur, donnez de l’air pur aux poumons lassés de votre fille, ou elle fera comme la fleur…

Le médecin salua et sortit. — J’avais fait semblant de dormir pendant toute la durée de cet entretien. Quand mon père fut seul, il s’assit auprès de moi et me tâta le pouls.

— Ces coquins de physicians deviennent poètes ! murmura-t-il avec mauvaise humeur ; — les fleurs et les enfants !… Le fait est que Susannah est malade..... Par Jacob ! j’aime mieux faire un sacrifice que de la perdre ! Cette enfant-là est ma fortune. De manière ou d’autre, elle me vaudra une bonne rente, et cela sans danger…

Le lendemain, milord, on me fit monter dans une voiture fermée qui roula un jour entier sans s’arrêter. Lorsque j’en descendis, il faisait nuit, et, le lendemain encore, je m’éveillai dans une grande chambre où s’épandaient à flots les rayons du soleil levant.

Je sautai hors de mon lit et m’élançai vers la fenêtre. Des larmes me vinrent aux yeux, milord. J’avais devant moi un vaste horizon, des bois, un lac, des montagnes. — Sur tout cela, les rayons obliques du soleil glissaient, jetant çà et là leur poussière d’or. C’était bien beau ; c’était si beau que j’oubliais ma pauvre Corah. — Mais son image revint bientôt solliciter ma mémoire. Je la vis courant sous les grands arbres, côtoyant les vertes rives du lac ou couchée dans les herbes de la plaine. Et je pleurai encore, mais ce n’était plus de joie.

Mais j’étais une enfant, après tout. Toutes ces choses, si belles et si nouvelles pour moi, furent fortes contre mes regrets. Je me souvins de Corah, je m’en souviens encore, comme du seul être qui ait jeté quelque douceur dans la triste solitude où s’écoula mon enfance, et cependant, alors comme maintenant, ce souvenir dépouilla son amertume première. Je me représentais toujours Corah couchée à mes pieds, et léchant ma main qui lui portait du pain ou une caresse ; je ne la voyais jamais mourante, et j’éloignais de ma mémoire le couteau de l’horrible mendiant Bob.

L’endroit où l’on m’avait ainsi conduite était bien loin de Londres. C’est tout ce que je puis dire, n’ayant jamais su ni son nom, ni sa position sur la carte. On me laissait sortir tant que je voulais, mais je n’avais point permission de parler aux étrangers, et Tempérance était toujours ma seule compagnie, Tempérance et Roboam le muet, qui m’accompagnait dans toutes mes courses à travers champs et se mettait comme un mur de pierre entre moi et les bons villageois qui me saluaient en passant.

Mon père était resté à Londres.

Lady Ophelia et vous, milord, m’avez parlé de Dieu depuis huit jours, et lady Ophelia m’a prêté un livre où sont écrites de hautes et consolantes paroles. Alors je ne connaissais point Dieu, et son nom ne m’était jamais venu à l’oreille que dans un blasphème d’Ismaïl ou dans les plaintes de Tempérance quand mon père la frappait. — J’ignorais tout ce qui a rapport à la religion. Hélas ! j’ignore encore sur cela bien des choses !… et pourtant, dès ce temps, où mon intelligence d’enfant était plongée dans de complètes ténèbres, je sentais en moi quelque chose qui me portait invinciblement vers une adoration mystérieuse, vers un espoir qui n’était point de ce monde, et dont le but brillait au delà de la mort. C’était une aspiration vague et plus douloureuse que consolante, milord, parce qu’elle était environnée de pénibles efforts pour comprendre, efforts qui jamais ne pouvaient aboutir.

J’interrogeais parfois Tempérance, mais Tempérance ne m’entendait pas ou feignait de ne me point entendre. — En cette occasion, elle entonnait un stupide refrain, ou bien elle me disait qu’Ismaïl viendrait bientôt me chercher, et qu’alors j’aurais des robes de soie et de velours, des perles dans mes cheveux et des bagues de pierres précieuses à chacun de mes doigts.

Je comprenais cela. Pour tout ce qui était mauvais ou seulement frivole, je n’étais pas entièrement ignorante. Ismaïl m’avait répété jusqu’à satiété que j’étais belle, et, souvent, il m’avait revêtue d’atours brillants, comme pour exalter ma coquetterie naissante.

J’avais quitté Londres au commencement du printemps. On me laissa dans cette maison de campagne pendant toute la belle saison. Ces huit mois de liberté comparative produisirent sur moi un effet extraordinaire. J’étais forte avant de partir, et il avait fallu, pour me courber, toute l’écrasante pression de ma solitude au milieu de l’atmosphère impure de Londres. Aux champs, je me développai tout à coup. Mon corps devint robuste ; mon cœur prit de la force, et mon intelligence, quoique toujours inculte, jeta quelques hardis regards, par dessus les barrières imposées, sur ce monde qu’il ne m’était point permis de connaître.

J’appris à monter à cheval, j’appris à nager dans le lac, et le muet s’émerveilla souvent de mon adresse à manier le fusil de chasse qu’Ismaïl avait mis parmi mes bagages.

Hélas ! milord, ce ne sont point ces choses qu’une femme doit savoir. J’ai appris depuis huit jours que ces pauvres talents vont mal à une jeune fille. Je les oublierai, parce que je veux vous plaire, Brian.

Lancester s’inclina en souriant.

— N’oubliez rien, Susannah, dit-il, je vous aime comme vous êtes… J’aime tout ce qui est en vous : votre ignorance, et jusqu’à cette tyrannie qui pesa sur vos jeunes années et qui vous fit si différente des autres femmes… Oh ! si vous m’aimez, nous serons bien heureux !

— Si je vous aime ! répéta Susannah, dont l’œil alangui par ses souvenirs lança tout-àc-oup un jet de flamme. — Dieu sait que depuis long-temps ma vie est à vous, milord… Mais je vous dirai bientôt ce que je souffrais sans vous et pour vous, qui ne me connaissiez pas… Je vous dirai comment, sans le savoir, vous avez changé mon apathique résignation en agonie, ma morne indifférence en martyre… Et je vous dirai aussi combien j’aimais ma souffrance, Brian, et quel étrange bonheur se mêlait à l’amertume de ma torture…

Vers l’automne, une lettre d’Ismaïl me rappela. Nous montâmes encore dans une voiture fermée qui entra dans Londres à la nuit. — Je suis une étrange créature, ou peut-être sommes-nous tous ainsi faits. J’eus du plaisir à revoir cette maison où l’ennui avait pesé si lourdement sur moi ; j’eus du plaisir à m’asseoir auprès de la cabane vide de la pauvre Corah. Les grands arbres me parurent de vieux amis, et ma chambrette me sembla moins triste.

Je n’enviais plus les jeunes filles qui jouaient sur le gazon du Square. Et, d’ailleurs, ce n’étaient plus les mêmes : elles avaient grandi comme moi, celles dont je jalousais autrefois les bruyants plaisirs. — Maintenant, que faisaient-elles, puisqu’on ne les voyait plus sur le Square ?… Peut-être étaient-elles recluses à leur tour ?… Pauvres filles !

Je m’apitoyais sûr leur sort, et je me disais qu’elles feraient comme ma biche Corah, parce qu’elles étaient prisonnières après avoir été libres.

En me revoyant, mon père sembla étonné.

— Comme vous voilà belle et grande Susannah ! dit-il avec une véritable admiration ; ce diable de docteur avait raison, avec sa fleur et son enfant… Allons, Susannah, ma fille, vous voilà une grande dame, et il va falloir vous traiter en conséquence. Aimez-vous les belles robes ?

Je rougis de plaisir à cette question.

— Vous aurez de belles robes, reprit mon père, qui mit de la raillerie dans son sourire, — et des parures et des dentelles… Et puis, ma fille, vous verrez bientôt des figures nouvelles… Oh ! vous allez vous divertir comme une reine, Susannah.

Je demeurai pensive après le départ d’Ismaïl. Ma curiosité s’était changée en crainte sauvage. L’idée de voir quelqu’un, de parler à quelqu’un qui ne serait ni mon père, ni Tempérance, ni Roboam, me faisait peur. — Mais, d’un autre côté, les belles robes, les bijoux, les dentelles me tournaient la tête. Je pense que j’avais alors onze ans ou un peu plus. Il y a six ans de cela.

Le soir même de ce jour, il arriva une sorte d’événement.

Tempérance était occupée à démêler mes cheveux pour faire ma toilette de nuit. Comme d’habitude, la malheureuse fille sentait le gin à soulever le cœur. Néanmoins, elle n’était point ivre tout à fait, mais seulement gaie de cette gaîté communicative et exaltée, si repoussante chez les créatures adonnées à son vice favori.

— Miss Susannah, me dit-elle tout à coup en éclatant de rire, je suis chargée de vous embrasser… de vous embrasser sur les deux joues, pardieu ! miss Susannah !… Je viens de pécher, ma foi, ma chère demoiselle ! Le livre dit : Tu ne prendras point en vain le nom de Dieu… Mais c’est mon joli Bob qui m’apprend à jurer ainsi… Que disais-je donc, miss Susannah, s’il vous plaît ?

— Vous disiez que boire toujours est un vilain défaut, Tempérance, répliquai-je avec ma malice d’enfant.

— Disais-je cela ? s’écria-t-elle ; — oh ! diable ! il faut que je sois ivre ; alors… Mais non, méchante enfant… Je disais qu’on m’avait chargée de vous embrasser et de mettre à votre cou ce brimborion que voici.

Avant que j’eusse le temps de répondre, elle planta un gros baiser sur chacune de mes joues, et me passa au cou un cordon de soie auquel pendait le médaillon où est notre fleur, Brian.

— Qu’est cela, m’écriai-je, et qui vous a chargée ?…

— Chut !… interrompit Tempérance ; — c’est un grand secret…

— Je vous en prie, ma bonne Tempérance, dites-moi qui m’envoie cette jolie boîte.

— C’est…

Elle s’arrêta pour éclater de rire.

— C’est une fée reprit-elle avec sa grosse gaîté, — une fée qui rôde dans Goodman’s-Fields tous les soirs et qui me donne de quoi acheter du gin quand… quand cela lui plaît, pardieu ! miss Susannah !