Les Pierres qui tombent du ciel/01

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LES PIERRES QUI TOMBENT DU CIEL

Pour qui regarde les choses d’un peu haut, les progrès importants dans les sciences naturelles se font tous à peu près de la même manière. Ils traversent trois phases bien distinctes qui se succèdent régulièrement.

Les faits nouveaux d’où ces progrès sortiront sont, d’habitude, annoncés d’abord soit par des observateurs que n’ont pas préparés leurs études antérieures, comme sont les paysans, si bien placés d’ailleurs pour assister aux phénomènes naturels ; — soit par des savants hardis, que l’on est porté, en attendant vérification, à croire victimes de quelque illusion.

Dans l’un et l’autre cas, les faits en question sont niés purement et simplement sous le prétexte qu’ils ne rentrent pas dans les cadres alors tracés par la science, si même (ce qui arrive souvent) ils ne sont pas en contradiction formelle avec les lois découvertes et regardées comme plus générales qu’elles ne le sont réellement.

Plus tard, l’observation des mêmes phénomènes se reproduisant et se répétant, on est conduit peu à peu, d’une manière invincible à reconnaître leur réalité ; mais on s’empresse, croyant en être quitte à ce prix avec eux, de les qualifier de faits exceptionnels : à ce titre, et contrairement à ce que l’intérêt de la science exigerait si impérieusement, on ne leur accorde qu’une attention secondaire. Un peu plus et l’on dirait que par leur caractère inattendu, ils ne font que confirmer les lois auxquelles ils contredisent.

Enfin, il vient un moment où ces faits mieux étudiés, malgré les entraves que leur opposent les préjugés et les idées préconçues, révèlent de nouvelles lois tout aussi générales que celles précédemment établies et dont la connaissance devient l’origine de découvertes capitales.

Ces trois phases : négation pure et simple, tolérance à titre de fait exceptionnel, admission définitive comme notion importante, se retrouvent dans l’histoire de presque tous les grands progrès des sciences naturelles. Nous pourrions citer la génération alternante, la régénération des parties amputées des animaux, la nidification des poissons, l’anesthésie, l’état sphéroïdal, etc. ; aucun de ces progrès ne fournit un exemple plus net à l’appui de notre assertion que ce grand fait naturel qu’il tombe des pierres du ciel.

Le phénomène de la chute des pierres se manifeste fréquemment depuis la plus haute antiquité, et les populations primitives frappées de son imposant cortège d’éclairs et de détonations n’ont pas manqué d’en faire entrer la description dans leurs légendes et dans leurs chants.

Il joue même, dans les traditions, un rôle si grand qu’on lui a rattaché parfois des phénomènes qui n’ont rien de commun avec lui : par exemple, la dispersion à la surface de la Crau des innombrables galets qui la recouvrent. On connait ce passage d’un des courts fragments du Prométhée délivré :

« Te faire une arme des pierres du chemin, il n’y faut pas compter ; tout le pays n’est que terre molle. Mais, en voyant ta perplexité, Zeus te prendra en pitié et, grâce à lui, de la nuée entr’ouverte, ce sera une grêle de galets à couvrir la terre. Avec eux, sans peine, tu accableras l’armée des Ligures. »

Certains épisodes des grandes épopées scandinaves (de la Volospâ et de l’Edda junior) sont ainsi résumées par M. Moreau de Jonnès :

« Le chemin de la Lune gronde sous le char de Thor, le dieu du tonnerre … les régions aériennes s’enflamment, le ciel brûle au-dessus des hommes … des yeux ronds, semblables à des lunes, sont formés par les flammes dans les cieux, la terre se déchire, les roches se détachent et le sol est couvert d’une grêle. »

Et, quoique le savant auteur oublie d’en faire la remarque, il est impossible de ne pas voir dans ce récit une description de chutes météoritiques auxquelles rien n’a manqué de leur cortège habituel de phénomènes lumineux et de manifestations sonores.

« Ailleurs, ajoute M. Moreau de Jonnès, les poëmes runiques comparent la foudre lancée par Thor à une masse de fer brûlante. » Et cela achève de compléter la ressemblance.

D’ailleurs, non-seulement les anciens ont décrit des chutes de météorites, mais ils ont de plus utilisé souvent les produits de ces chutes.

En effet, c’est sans doute donner une interprétation plausible de l’anecdote mythologique qui nous montre le maître des dieux envoyant un secours de flèches aux combattants qu’il veut favoriser, que d’y voir l’indication de ce fait que des masses métalliques tombées des nues, avec accompagnement d’éclairs et de tonnerre, ont été employées à faire des flèches. La fable qui représente les cyclopes forgeant la foudre témoigne également de l’emploi primitif du fer météorique ; par cela seul en effet que le métal céleste, si inévitablement identifié avec la foudre, est considéré comme un produit de la forge, il est évident qu’on savait qu’il pouvait être forgé : des forgerons mettant en œuvre des fers tombés d’en haut auront donné lieu à cette fable, et l’origine céleste des premiers matériaux de leur industrie peut n’être pas étrangère au caractère sacré que les traditions nous montrent avoir appartenu, à l’origine, aux ouvriers qui travaillent le fer.

À des époques moins antiques, les historiens grecs romains et autres ont enregistré avec beaucoup de soin, d’innombrables chutes de météorites : Pindare, Plutarque, Tite Live, Pline, Valère Maxime, Julius Obsequens, César, Ammien Marcellin, Photius, Mézeray, Avicenne, Sauval, etc., etc., en mentionnent des exemples.

Même, plusieurs pierres météoriques furent élevées à la dignité de divinités. Témoin celle qui était adorée sous le nom d’Elagabale, chez les Phéniciens ; de Cybèle ou Mère des Dieux, chez les Phrygiens ; de Jupiter Ammon dans la Libye, et qui, 104 ans avant notre ère, fut transportée à Rome, où elle devint l’objet d’un culte particulier.

Une autre pierre, tombée près du temple de Delphes, passait pour avoir été rejetée par Saturne ; une autre tombée à Abydos, en Asie Mineure, était conservée dans le gymnase de cette ville ; une autre, tombée à Potidée, en Macédoine, étant regardée comme d’un favorable augure, y avait attiré une puissante colonie. On dit que la pierre noire de la mosquée de la Mecque est une météorite, et l’on voyait encore en 1789, dans l’église même de la petite ville d’Ensishein, en Alsace, une grosse pierre tombée au quinzième siècle, devant l’empereur d’Allemagne.

Et cependant, malgré ces témoignages innombrables, contre-signés souvent des noms les plus illustres, nous voyons les savants, jusqu’à la fin du dix-huitième siècle, rejeter ce phénomène sans seulement l’examiner, et ne voir dans tous ces récits (chose à peine croyable) qu’une preuve de plus de la crédulité du bas peuple.

Nous n’inventons rien ; voici comment, en 1768, s’exprimait l’immortel Lavoisier, au sujet d’une chute observée tout récemment dans le Maine, avec la plus vive émotion, par la population tout entière de Lucé : « L’opinion qui nous paraît la plus probable, celle qui cadre le mieux avec les principes reçus en physique, avec les faits rapportés par les témoins et avec nos propres expériences, c’est que cette pierre (un échantillon de la météorite) qui peut-être était couverte d’un peu de terre et de gazon, aura été frappée par la foudre et qu’elle aura été mise en évidence. » Convenons qu’il fallait avoir une bien grande confiance en soi et dans les principes reçus en physique, et bien peu de considération pour « les particuliers qui travaillaient à la récolte » (c’est ainsi que Lavoisier appelle les témoins du phénomène), pour s’arrêter à une telle conclusion.

Quoi qu’il en soit, l’Académie des sciences rejeta solennellement, comme absolument fausse, l’idée que des pierres pouvaient tomber du ciel, et son intolérance à cet égard devint telle, que Pictet, convaincu de la réalité du phénomène, eut besoin d’un véritable courage pour en parler en novembre 1802 devant le « premier corps savant du monde. »

Le verdict de l’Académie n’empêcha cependant pas les pierres de tomber et l’époque paraît même avoir été particulièrement fertile en chutes. Celles-ci se renouvelèrent si souvent que les savants allemands et anglais, grâce surtout aux travaux de Chladni et de Howard, s’étaient complètement convertis, alors que les académiciens français se renfermaient toujours dans une négation absolue.

Chute d’un bolide à Quenngouck (Indes).

Enfin, la chute observée en 1803 dans l’Orne, presque aux portes de Paris, contraignit pour ainsi dire, les savants à se mettre à l’école de simples paysans et l’on vit un membre de l’Institut, le jeune Biot, aller demander aux villageois des environs de Laigle de faire son éducation et celle de l’Académie sur un des chapitres les plus importants de la physique du monde.

Depuis cette époque, on admit généralement que des pierres et des masses de fer, étrangères à notre planète, peuvent tomber à la surface de la terre. Mais, conformément à ce que nous disions plus haut, on s’empressa de faire de la notion nouvelle un fait d’exception n’ajoutant et ne retranchant rien au système de lois naturelles que l’on regardait comme connues.

Selon certains savants, comme la Place et Poisson, les météorites seraient les produits d’éjection de volcans lunaires qui, sortis fortuitement de la sphère d’attraction de notre satellite, viendraient par un second hasard tomber sur notre sol ; — d’après d’autres physiciens, tels que Chladni, ce sont de simples résidus de la fabrication des mondes ; comme une manière de copeaux oubliés par le divin ouvrier qui n’a pas trouvé à s’en servir ; — selon d’autres enfin, parmi lesquels on peut citer M. Lawrence Smith et M. R.-P. Greg, ce seraient les débris d’astres dévoyés accidentellement de leurs orbites et qui se seraient brisés dans leur choc mutuel.

Dans tous les cas, les météorites sont dans ces hypothèses des témoignages du désordre qui règne dans l’univers et des imperfections dont il est entaché.

Aussi, pendant longtemps a-t-on cru ne devoir accorder aux pierres qui tombent du ciel qu’un intérêt de pure curiosité ; leur examen ne devant évidemment conduire (d’après l’idée qu’on avait de leur origine) à aucune donnée générale.

Mais, dans ces dernières années, l’étude, comprise d’une manière nouvelle, des pierres extra-terrestres, a démontré l’inexactitude des hypothèses rapportées plus haut, hypothèses dont il semble qu’on eût dû se méfier à cause de leur peu d’accord avec la majestueuse harmonie qui règle toute chose.

Cette étude a montré dans ces visiteurs célestes le dernier terme de l’évolution normale dont les astres traversent les phases successives, exactement comme les êtres animés fournissent les diverses étapes de leur développement. Et, de même que la mort et la décomposition d’un animal n’a rien de fortuit, de même, comme nous le verrons plus loin, la résolution d’un astre en météorites n’a rien qui contraste avec les grandes lignes, à nous connues jusqu’ici, de l’économie du ciel.

D’un autre côté, par l’étude des météorites, une foule de grands phénomènes présentés par les divers astres se sont trouvés reliés entre eux, et elle a permis d’ébaucher, en attendant que l’on puisse faire davantage, l’histoire de chacun de ces corps célestes. La terre, qui jusqu’ici avait seule donné prise à l’examen des phases qu’un globe peut traverser, n’est plus qu’un cas particulier dans une nombreuse série, et son histoire à elle-même, spécialement en ce qui touche son avenir, s’est subitement éclairée d’une lumière aussi vive qu’inattendue.

De façon qu’à côté de la géologie descriptive, seule connue jusqu’ici, est venue se constituer une géologie comparée.

Les circonstances qui accompagnent la chute des pierres sont remarquablement uniformes. On peut décrire le phénomène d’une manière générale sans avoir de changement notable à faire à la description pour qu’elle s’applique à chaque chute prise en particulier. C’est toujours un globe de feu qui traverse rapidement l’atmosphère, éclate avec un grand fracas, et laisse tomber sur le sol un nombre plus ou moins considérable de fragments solides.

Le globe de feu, dont l’arrivée constitue la première phase du phénomène, est souvent appelé bolide. Dans certains cas, ce météore n’a pas été aperçu, mais on peut croire que sa présence était simplement dissimulée, soit par l’interposition d’une couche de nuages, soit par le voisinage du soleil qui en éteignait l’éclat. Dans les conditions favorables, c’est-à-dire par de belles nuits, l’éclat des globes de feu est souvent remarquable ; il n’est pas rare que la lumière de la lune dans son plein en soit complètement effacée. La couleur des bolides est d’ailleurs variable, tantôt rouge, tantôt blanche et tantôt changeante. Leur grosseur apparente, très-inégale pour tous, est parfois supérieure à celle de la lune, et leur hauteur, qu’on a pu mesurer quelquefois, est comparable à celle qu’on attribue à la couche atmosphérique.

Les bolides suivent une trajectoire très-inclinée et souvent sensiblement horizontale, avec une vitesse en disproportion absolue avec toutes celles que nous observons sur la terre. Les 30 à 60 kilomètres qu’ils parcourent à la seconde suffisent à montrer qu’ils appartiennent à la grande famille des corps planétaires. On sait que Mars franchit 24 kilomètres par seconde et Mercure 48.

Dans leur marche rapide, les bolides, comme font les locomotives, laissent derrière eux une traînée vaporeuse qui souvent persiste dans l’atmosphère pendant un temps considérable. La gravure ci-jointe montre, d’après un dessin exécuté avec le plus grand soin, l’aspect offert par le bolide qui précéda la chute de météorites de Quenngouck (Indes), le 27 décembre 1857, et permet d’apprécier par comparaison avec le village de Bassein figuré au-dessous, le volume du météore. Ce dessin exécuté par le lieutenant Aylesbury, témoin du phénomène, a été reproduit par l’illustre de Haidinger dans son étude sur la chute de Quenngouck.

Après avoir parcouru une trajectoire plus ou moins étendue, le globe fait explosion et on le voit tout à coup se diviser en plusieurs éclats qui se précipitent dans diverses directions. Il faut souvent, à cause de la hauteur du bolide, plusieurs minutes pour que le bruit parvienne aux spectateurs ; il est alors formidable et en général il se fait entendre sur une très-grande étendue de pays. La chute de Laigle, citée plus haut, fut précédée d’explosions entendues à 120 kilomètres à la ronde, et celle d’Orgueil (14 mai 1864) fut perçue à plus de 360 kilomètres. D’ailleurs l’explosion est rarement simple ; souvent on entend deux ou trois détonations, et à leur suite des roulements plus ou moins forts se prolongent plus ou moins longtemps.

C’est après tout cet ensemble de phénomènes lumineux et sonores que des sifflements particuliers annoncent la chute des météorites. Les Chinois, qui connaissent ces sifflements depuis un temps immémorial, les comparent au bruissement des ailes des oies sauvages ou encore à celui d’une étoffe qu’on déchire ; le bruit, entendu de loin, d’un obus qui traverse l’air est également très-analogue.

Au moment de leur chute, les météorites sont d’ordinaire beaucoup trop chaudes pour qu’on puisse les toucher avec la main. Mais cette température élevée est tout à fait localisée à la surface.

L’intérieur est au contraire remarquablement froid. Lors de la chute de Dhurmsalla, dans l’Inde (14 juillet 1860), une pierre ayant été brisée presque aussitôt après son arrivée à terre, les témoins furent extrêmement surpris du froid intense de ses parties internes. Ce froid est celui qui règne dans l’espace interplanétaire où la pierre s’en est imprégnée.

Le nombre des météorites d’une même chute est extrêmement variable et va d’une seule pierre à plusieurs milliers. On estime que la chute de Pultusk, en Pologne (30 janvier 1868), a fourni cent mille pierres, chacune complètement enveloppée de son écorce noire et par conséquent entière.

Quand les pierres sont ainsi très-nombreuses, il y a intérêt à voir comment elles se distribuent sur le terrain. M. Daubrée, à l’occasion de la chute d’Orgueil (Tarn-et-Garonne, 14 mai 1864), a publié une carte qui montre comment les échantillons recueillis étaient répartis à la surface du sol. Le bolide se mouvant sensiblement de l’ouest vers l’est, les pierres ont recouvert une sorte d’ellipse dont le grand axe avait la même orientation. Et tandis que les fragments les plus volumineux sont parvenus à l’extrémité orientale de l’ellipse, les petits sont tombés à l’ouest et les moyens ont pris des positions intermédiaires. De façon que, comme le dit l’auteur, « ce triage a été évidemment produit par l’inégale résistance que l’air opposait à ces projectiles selon leur masse, ce qui s’accorde avec la supposition qu’ils arrivaient suivant la même direction et très-rapprochés les uns des autres. »

La description des phénomènes de la chute des météorites ne serait pas complète si nous ne disions un mot de l’impression profonde qu’il laisse dans l’esprit des spectateurs.

Lors de la chute de Saint-Mesmin, Aube (30 mai 1866), le nommé Carré, poseur du chemin de fer, éprouva une grande frayeur et fut saisi d’un frisson qui dura quatre minutes et d’un bourdonnement dans les oreilles qui persista près d’une heure.

On a assuré à diverses reprises que les animaux eux-mêmes sont très-vivement affectés avant même que l’explosion se soit fait entendre.

Biot en cite plusieurs exemples à propos de l’explosion du bolide de Laigle ; des faits analogues, sinon plus intéressants encore, ont été observés à Boulogne-sur-Mer lors du bolide du 20 juin 1866.

Ainsi un témoin assure que « son chien, quelques minutes avant le phénomène, était tourmenté ; qu’il avait la tête en l’air à la porte du bureau et qu’il tremblait. » C’est en cherchant la cause de ces allures inaccoutumées que ce témoin aperçut dans le ciel la traînée lumineuse. D’un autre côté, le gardien du fanal d’Alpseck assure que, peu de temps avant le phénomène, « ses poules, ses canards et ses pigeons étaient rentrés au logis tout aussi précipitamment que s’ils eussent été poursuivis par un chien. »

D’ailleurs, on est parfaitement autorisé à n’accorder à ce phénomène grandiose qu’une admiration mêlée d’appréhension, car plus d’une fois il a été la cause de terribles accidents.

On lit dans le catalogue où M. Ed. Biot a enregistré les météores observés en Chine, qu’une pierre, tombée en l’an 616 de notre ère, fracassa un chariot et tua dix hommes.

Le capitaine hollandais Willmann rapporte qu’étant en mer, une boule de 4 kilogrammes tua deux hommes en tombant sur le pont de son navire qui voguait à pleines voiles. Le fait se passait à la fin du dix-septième siècle. Vers la même époque, un franciscain fut tué à Milan par une petite pierre. On raconte qu’en 1837, un assez grand nombre de bœufs furent tués ou blessés à Macao, au Brésil, par une pluie de pierres, et nous pourrions multiplier ces exemples.

D’un autre côté, d’après divers récits, des météorites auraient parfois déterminé des incendies. Ainsi on trouve dans les Mémoires de l’Académie de Dijon que, dans la nuit du 11 au 12 octobre 1761, une maison fut incendiée par la chute d’une météorite à Chamblan, en Bourgogne. Les comptes rendus de l’Académie des sciences rapportent de même que, le 13 novembre 1835, un brillant météore apparut vers neuf heures du soir par un ciel serein dans l’arrondissement de Belley (Ain), éclata près du château de Lauzières et incendia une grange couverte de chaume ; les remises, les écuries, les récoltes, les bestiaux, tout fut brûlé ; on ajoute qu’une météorite fut trouvée sur le théâtre de l’événement. Cependant il n’est pas certain que la pierre dont il s’agit ait été la cause de l’incendie. Arago cite de nombreux témoignages d’après lesquels des incendies auraient été allumés par des météorites ; mais il ne paraît pas qu’un seul des faits énumérés soit incontestablement constaté, et il semble certain que les météorites, quoique souvent très-chaudes, comme on l’a observé par exemple à Braunau (14 juillet 1847), n’ont pas d’ordinaire une température suffisante pour déterminer l’inflammation des corps sur lesquels elles tombent.

Stanislas Meunier.

La suite prochainement.