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Les Polonais et la commune de Paris/Chapitre 8

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VIII


LES FAUSSAIRES DANS LA GARDE NATIONALE. — RÉPONSE AU DISCOURS DU GÉNÉRAL TROCHU. — DOMBROWSKI ET GAMBETTA. — L’APPEL PYAT AUX POLONAIS. — LES CANDIDATURES POLONAISES AUX ÉLECTIONS DE PARIS.


Les faussaires polonais, sortis de prison par ordre du ministère de la Justice, furent admis dans la garde nationale de Paris. — Dans son discours du 14 juin, M. le général Trochu a dit à la Chambre que la garde nationale de Paris comptait dans ses rangs 25,000 repris de justice. Sur qui en retombe la faute ? Sur ceux qui s’appuyaient sur de tels éléments. Le parquet a fait son devoir en instruisant l’affaire des faussaires ; le jury français a fait le sien en les condamnant d’après sa conscience, et il s’est trouvé des hommes qui, de leur propre chef, ont cassé des condamnations et se sont octroyé le droit de grâce pour un crime vulgaire ! Que dire aussi des avocats des faussaires polonais qui n’ont pas craint de jeter en plein tribunal l’insulte à la face du gouvernement russe dans la personne de son honorable délégué ?

Dans un autre discours, M. le général Trochu a parlé de Dombrowski, arrêté à Paris comme espion prussien et enfermé à Mazas. L’honorable général a oublié de nous dire comment Dombrowski est sorti de Mazas, et, s’il l’ignore, nous le lui dirons : Jaroslav Dombrowski est sorti de Mazas par suite d’une dépêche envoyée de Bordeaux par M. Gambetta, annonçant que le général Garibaldi réclamait l’envoi immédiat à Dijon du général Jaroslav Dombrowski, destiné au commandement de la légion polonaise. Tous les journaux du mois de janvier 1871 publièrent cette dépêche, et le Réveil s’empressa d’ajouter que son protégé Dombrowski avait été victime de la tyrannie du gouverneur de Paris. Qui donc a autorisé Dombrowski à quitter Paris le 19 janvier 1871, alors que personne ne sortait de la place investie ? Ce Polonais a fait bien du mal à la France, mais il faut avouer que les polonophiles lui en ont fourni l’occasion.

Que penser aussi de l’envoi par ballon de la traduction polonaise de l’appel du Combat aux Polonais de l’armée prussienne ? — Il était certainement de bonne guerre de pousser les Polonais servant dans les rangs des ennemis de la France à déposer les armes ; mais on a oublié que l’appel en question était, avant tout, l’œuvre de Félix Pyat, qui criait sur tous les tons : « La Commune ou la mort ! Vive la Sociale ! » Ce manifeste était une arme à deux tranchants, une véritable instruction donnée par les meneurs du mouvement communiste de Paris aux démagogues de tous les pays, pour aider à la révolution parisienne, à quelque nouveau 31 octobre, par l’expression de leurs sympathies et l’organisation de mouvements révolutionnaires analogues.

Cette proclamation n’est pas seulement arrivée en Allemagne, elle est allée plus loin encore. On en a saisi de nombreux exemplaires à Vienne, à Saint-Pétersbourg, à Bruxelles. — Pourquoi donc a-t-on toléré ces envois ?

Et on s’étonne encore que la Russie et l’Autriche se soient montrées froides et réservées pour la République française de 1870, qui, moins sage que celle de 1848, laissait leurs ennemis souffler le feu de la guerre civile dans les clubs et former des clubs plus violents que les clubs français !

Voici ce que nous lisons dans Lamartine :

« En 1848, les agitateurs polonais reprenaient à Paris la langue et les traditions de 1793 ; quelques-uns abusaient de l’hospitalité pour mettre le feu à l’asile que la France leur prêtait. Ils se servaient des subsides de la France pour l’agiter et l’entraîner à des émeutes et à des anarchies. Le nom de Lamartine surtout y était voué toutes les nuits à l’exécration et à la justice des sicaires, comme celui de l’homme qui résistait le plus inflexiblement aux trames des démagogues étrangers contre la nouvelle République. On voyait poindre, dès ces premières semaines, le plan et le crime du 15 mai suivant. »

On pourrait caractériser de toute autre façon l’attitude des Polonais en 1870-71. Lamartine, en disant qu’ils abusaient de l’hospitalité pour mettre le feu à l’asile que la France leur prêtait, ne parlait que par métaphore.

En 1871, ils ont mis réellement le feu à cet asile en servant avec les incendiaires de Paris. Les noms de MM. Jules Favre et Trochu étaient voués aussi à l’exécration des sectaires par les Dombrowski et les Matuszewicz. Dès les premières semaines de septembre 1870, on voyait poindre le plan et le crime du 18 mars 1871.

Citons pour mémoire les candidatures de Berezowski et de Matuszewicz à la députation de Paris sur les listes radicales, et celle de M. de Serres, le terrible ingénieur, dont le nom véritable est Wieczflinski, et qui a été l’organisateur civil des désastres de la France et le fidèle Achate de M. Gambetta à Tours et à Bordeaux. On sait que de Serres, le commissaire civil imposé au général Bourbaki pour régler et ordonner souverainement les merveilles stratégiques de la campagne de l’Est, a ordonné par mégarde l’exécution du malheureux Arbinet, épicier de Dijon, arrêté comme espion et fusillé sans jugement. — La veuve Arbinet a présenté une pétition au ministre de la justice pour demander « qu’on fasse le procès de son mari ou qu’il soit réhabilité, et en tout cas que celui qui a donné l’ordre de l’exécuter soit poursuivi conformément à la loi ».