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Les Présences invisibles/22

La bibliothèque libre.
Librairie académique Perrin (p. 145-151).

XXII

LA FRATERNITÉ DES ÉLUS ET DES ANGES

« Leurs compagnons de service » ; ce terme qui désigne es martyrs futurs, se retrouve à la fin de la Révélation. L’apôtre le met dans la bouche de l’ange chargé de l’instruire. À deux reprises, saint Jean veut s’agenouiller et l’adorer et chaque fois, le messager divin lui répond : « Garde-toi de le faire ! Je suis ton compagnon de service et celui de tes frères qui gardent le témoignage de Jésus. » (Apoc., xix, 10 et xxii, 9.)

La fraternité des élus et des anges, indiquée ici comme dans beaucoup d’autres passages du Nouveau Testament, ne nous est-elle pas précieuse et consolante ? « À la résurrection, les hommes seront comme les anges de Dieu dans le Ciel. Ils seront semblables aux anges », nous déclare Jésus. (Math., xxiie siècle, 30. Luc, xx, 96.)

En effet, les anges sont des esprits au service de Dieu, des envoyés des Cieux sur la terre. Toute la Bible en est pleine, et nous aimons à le penser, les élus que l’on avait connus sous une humble figure humaine, ont pu quelquefois, par la volonté divine, remplir auprès de ceux qu’ils avaient laissés ici-bas, des missions analogues à quelques égards à celles des anges.

Dans î’Ancien Testament, ils apparaissent parfois comme une représentation de Dieu, parfois comme un de ses attributs, comme des rayons de sa gloire ou des exécuteurs de ses desseins.

Émanation directe de Dieu, l’ange de miséricorde qui mène Agar près de la source, qui se laisse implorer par Abraham pour Sodome, qui retient le patriarche prêt à immoler Isaac. (Gen., xviii, xxi, xxii.)

Justice divine, les chérubins dont l’épée flamboyante interdit à l’homme déchu le retour au paradis (Gen., iii, 24), l’ange qui frappe les Assyriens assiégeant Jérusalem. (Isaïe, xxxvii.) Gloire et puissances divines, les millions d’anges qui entourent le trône du Très-Haut. (Daniel, vii.)

Les psalmistes nous montrent l’ange de l’Éternel campant autour de ceux qui le craignent pour les arracher au danger (Ps. xxxiv, 8), et Dieu ordonnant à ses anges de garder le fidèle dans toutes ses voies et de le porter sur leurs mains de peur que son pied ne heurte contre une pierre. (Ps., xci, 11, 12.)

Dans le Nouveau Testament, les anges jouent un grand rôle. L’ange Gabriel annonce à Zacharie la naissance du Précurseur et à Marie celle du Sauveur. Une multitude d’anges apparaît dans le ciel de Bethléem pour louer Dieu la nuit de Noël. Un ange avertit Joseph de soustraire Jésus à la fureur d’HIérode. Dans un touchant tableau où la fuite en Égypte est représentée, l’artiste s’est inspiré de ce passage ; on voit planer autour de Marie et de son Fils, un essaim d’angelots dont les corps célestes portent des blessures toutes fraîches ; ce sont les innocents massacrés par le roi cruel à la place du Christ et qui, déjà transformés en chérubins, font une garde d’honneur au Messie enfant.

Des anges viennent dans le désert auprès de Jésus après la tentation. (Marc, i, 13.) À Gethsémané, un ange descend du ciel pour le fortifier (Luc, xxiii, 43.) et lorsque Pierre tire l’épée au Mont des Oliviers pour défendre son Maître, celui-ci lui adresse cette parole : « Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » (Matth., xxvi, 27.)

Ce sont des anges aussi qui, après la mort du Christ, roulent la pierre du sépulcre, viennent s’y asseoir à la place même où reposait le corps divin, et apprennent la résurrection aux disciples et aux saintes femmes.

Jésus nous peint dans la parabole du mauvais riche, le pauvre Lazare porté au ciel par les anges (Luc, {sc|xvi}}, 22), et nous recommande de ne pas mépriser un seul petit enfant parce que : « leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père ». (Matth., xviii, 10.)

Consolation, jugement, glorification, intercession, assistance continuelle, voilà donc le service des anges, compagnons de service des élus. Ils se réjouissent ensemble au ciel lorsqu’un seul pécheur se convertit ; ensemble ils y habitent et rendent gloire à Dieu.

Dans l’Apocalypse, l’archange saint Michel nous est montré combattant et vainquant le diable et ses milices. Mais il ne triomphe pas seul des formidables puissances du mal ; il a d’humbles collaborateurs, ceux pour lesquels l’armée céleste livrait bataille et qui ont lutté et remporté la victoire avec elle, les confesseurs et les martyrs, frères des anges, comme le proclame dans le ciel même une voix puissante qui déclare : « Ils l’ont vaincu à cause du sang de l’Agneau et à cause de la parole de leur témoignage, et ils n’ont pas aimé leur vie jusqu’à craindre la mort. C’est pourquoi réjouissez-vous, cieux, et vous, habitants des cieux ! » (Apoc., xiie siècle, 11, 12.)

Chose émouvante, exaltante que cette joie partagée ! Chaque nouveau triomphe obtenu sur les forces malfaisantes qui cherchent à nous asservir ici-bas, a donc son écho dans les royaumes célestes ! Nous qui, pauvres et misérables, livrons dans l’obscurité, l’angoisse, la peine, des combats ingrats, terribles, désespérés même en apparence, nous avons des témoins invisibles dont les yeux pleins d’amour nous contemplent, dont les prières, les gestes nous viennent en aide ; nous, faibles et pécheurs, nous pouvons rendre plus parfaite la joie des élus et des anges !

Saint Paul va jusqu’à dire que nous (les saints), nous jugerons les anges (Cor., vi, 33) et saint Jean donne le titre d’anges aux évêques, chefs spirituels des sept églises d’Ephèse, Smyrne, Pergame, Thyatîre, Sardes, Philadelphie et Laodicée. La distance n’est donc pas grande entre les premières créations de Dieu, celles qui ignorent les souillures et les dégradations du péché, et les rachetés par le Fils de l’homme d’entre les enfants des hommes, ceux qui lavés et réhabilités ont retrouvé, à travers le sang du sacrifice, la pureté primitive.


ENSEMBLE

Parle-moi ; nous allons ensemble
Vers un avenir plus joyeux,
Je ne sais pas pourquoi je tremble :
J’ai la lumière de tes yeux.

Ensemble, sur la même route,
Nous causerons comme autrefois ;
Je ne sais pas pourquoi je doute :
Si tendre et si ferme est ta voix.

Dans la paternelle Demeure,
Nous serons ensemble ce soir ;
Je ne sais pas pourquoi je pleure :
Ton sourire est rempli d’espoir.

Je t’entends encore me dire
Des mots d’amour et de douceur ;
Je ne sais pourquoi je soupire ;
N’es-tu pas près de moi, ma sœur ?