Les Protocoles des Sages de Sion/Boutmi/Texte/11

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, Gueorgui Boutmi
Protocols des Sages de Sion
Texte établi par Ernest Jouin, Revue internationale des sociétés secrètes (p. 71-77).
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Onzième séance


01 Le plan du gouvernement doit résider dans un seul cerveau ; si l’on admettait son fractionnement dans divers esprits, on ne parviendrait pas à le consolider. Seul le souverain doit le connaître, ses administrateurs doivent, sans les discuter, exécuter les parties qui leur en sont communiquées quand il est besoin, ceci afin de ne pas le détruire ou de ne pas nuire à sa conception géniale et à l’harmonie de son ensemble, surtout, enfin, à la force pratique de l’importance secrète de chacun de ses points. Si une telle œuvre devait être discutée ou transformée par des opinions multiples en étant soumise au vote de voix nombreuses, elle porterait l’empreinte de toutes les conceptions erronées qui n’auraient pas pénétré toute la profondeur et l’harmonie de ses desseins. Il faut que nos plans soient puissamment et logiquement conçus ; c’est pourquoi nous ne pouvons pas les rendre publics et livrer cette Œuvre géniale de notre chef à la foule ou à de nombreux groupes qui les disloqueraient.

Tant que l’époque de notre avènement à un règne manifeste et reconnu par tous n’est pas arrivée, nous n’entreprendrons pas de fond en comble la transformation des institutions existantes ; nous modifierons seulement leur base économique, et, par conséquent, tout l’ensemble de leur fonctionnement, en l’orientant vers la voie tracée dans nos plans.

02 A peu de chose près, les mêmes institutions existent dans tous les pays, sous des noms différents : les corps représentatifs, les ministères, le sénat, le conseil d’État, le corps législatif et exécutif. Je n’ai pas à vous expliquer le mécanisme des relations de ces institutions entre elles, puisque vous le connaissez fort bien vous-mêmes, mais je vous ferai remarquer que chacune d’elles remplit une fonction gouvernementale importante ; notez que j’applique le mot « importante » non pas à l’institution, mais bien à la fonction ; dès lors, ce ne sont plus les institutions qui sont importantes, les institutions se sont partagé toutes les fonctions gouvernementales : les pouvoirs administratif, exécutif, législatif, judiciaire et le pouvoir de contrôle. C’est pourquoi ces fonctions de l’organisme gouvernemental sont devenues semblables aux organes du corps humain ; il en résulte que si l’on détériore un de ces organes de la machine gouvernementale, l’État tombe malade, comme le fait un corps humain, et il meurt.

03 Quand nous eûmes contaminé l’organisme gouvernemental par le libéralisme, ce poison mortel, tout l’ensemble de la vie politique des États fut modifié ; tous furent atteints d’une maladie mortelle : la décomposition du sang. Il ne reste plus qu’à attendre la fin de leur agonie.

04 Le libéralisme engendra des gouvernements constitutionnels qui remplacèrent les autocraties. Une constitution n’est guère autre chose qu’une école de discordes, de querelles, de mésintelligence, de dissentiments, d’agitations stériles, de tendances de partis, de tout ce qui sert à affaiblir l’activité des États.

La tribune, comme la presse, a condamné les gouvernements à l’inaction et à l’impuissance ; par là même, ils devinrent inutiles ; c’est ce qui, dans beaucoup de pays, détermina leur chute. Il devint alors possible d’inaugurer l’ère républicaine ; nous remplaçâmes le représentant de la nation par sa propre caricature : un président de la République, pris dans la foule, au milieu de nos créatures, de nos esclaves. Telle fut la première mine posée par nous sous les États des peuples goyim.

05 Dans un avenir prochain, nous instituerons la responsabilité des présidents ; alors, nous n’aurons plus à nous gêner pour appliquer notre plan ; les présidents en auront toute la responsabilité. Le fait de cette responsabilité va éclaircir les rangs des assoiffés du pouvoir, et ainsi naîtront la confusion et la désorganisation du pays qui ne pourra pas trouver de président. C’est alors que nous entrerons de plain-pied dans les rangs du gouvernement.

06 Mais, auparavant, nous machinerons l’élection de présidents ayant dans leur vie un Panama quelconque. Avec ces tares dans leur passé, ils seront de fidèles exécuteurs de nos ordres, redoutant la révélation des dites tares et intéressés à conserver les avantages et les privilèges du poste de président.

La Chambre des députés aura à élire, à protéger et à défendre les présidents, mais nous la priverons du droit de proposer des lois et de les modifier, car ce droit sera la prérogative du président responsable, dont le pouvoir deviendra, bien entendu, la cible de toutes les attaques ; mais nous lui accorderons, pour se défendre, le droit d’en appeler directement à la décision du peuple, c’est-à-dire d’avoir recours à un plébiscite, sans passer par l’intermédiaire de ses représentants, car le peuple, c’est-à-dire la majorité de la foule, est notre serviteur aveugle.

Nous accorderons au président le droit de proclamer la loi martiale ; nous motiverons ce droit par le fait que le président, en tant que chef de toutes les armées du pays, en peut disposer pour défendre la constitution républicaine, dont la protection lui incombe, puisqu’il en est le représentant responsable.

07 Il est évident que sous un pareil régime, la clef du saint des saints sera entre nos mains ; sauf nous-mêmes, personne ne pourra diriger le pouvoir législatif.

08 De plus, on retirera à la Chambre le droit d’interpellation sur les mesures gouvernementales à prendre, sous prétexte de sauvegarder le secret politique, secret dont le président aura la responsabilité. Le nombre des représentants du peuple sera réduit, par la nouvelle constitution, au plus strict minimum, ce qui réduira du même coup l’expansion des passions politiques ; mais si, malgré tout, celles-ci venaient à s’enflammer même dans une Chambre ainsi réduite au minimum, nous en aurions toujours raison en faisant appel à la majorité du peuple.

Le président de la République aura la prérogative de nommer les présidents et vice-présidents de la Chambre et du Sénat. Nous obligerons de réduire à quelques mois la durée des sessions parlementaires permanentes. En outre, le président de la République, en sa qualité de chef du pouvoir exécutif, aura le droit de convoquer ou de dissoudre les assemblées parlementaires, et, en cas de dissolution, d’ajourner la convocation d’un nouveau parlement. Afin de ne pas trop surcharger la responsabilité du président, nous insinuerons à ceux qui l’entourent — ses ministres et ses hauts fonctionnaires — de passer outre les ordres du président et d’y substituer leurs propres mesures personnelles. Ils assumeront aussi parfois la responsabilité à sa place. Nous recommanderons tout particulièrement ce rôle au sénat, au Conseil d’État et aux Cabinets des ministres.

Le président de la République interprétera à notre gré celles des lois existantes qui peuvent être interprétées de différentes façons. Il pourra aussi les annuler en cas de nécessité. Il proposera des lois provisoires et des modifications de la constitution, pourvu qu’il motive ces mesures en disant qu’elles sont exigées pour le plus grand bien de l’État.

09 Par ces moyens, nous annulerons, petit à petit, tout ce que nous avons été contraints d’instituer jusqu’à présent, et nous procéderons, lorsque sonnera l’heure de remplacer les gouvernements par notre pouvoir autocrate, à l’abrogation imperceptible de toute constitution.

10 Il est possible que notre Souverain autocrate soit reconnu Souverain de l’Univers — même avant l’abrogation des constitutions. Cette reconnaissance peut avoir lieu au moment où les peuples, exaspérés par les désordres et la faillite morale de leurs gouvernements quels qu’ils soient, s’écrieront : « Déposez-les tous, et donnez-nous un seul chef, un Roi de l’Univers, fût-il du sang de Sion, qui saura nous unir et abolira les causes de nos discordes, à savoir : les frontières, les nationalités, les religions et les dettes nationales ; un roi, enfin, qui nous ramènera le calme et la paix que nous ne pouvons obtenir avec nos gouvernants et nos représentants, qui nous sacrifient toujours à leurs intérêts personnels.

11 Vous vous rendez bien compte qu’afin de pouvoir exprimer de tels désirs, il faut troubler sans cesse les rapports des peuples entre eux et avec leurs autorités gouvernementales. Tout le monde sera ainsi épuisé par les discordes, l’hostilité réciproque, les luttes, les rivalités et même par le martyre et par l’extermination des peuples connus par leur longanimité (par exemple les Russes, les Indiens et autres), par la famine, par l’inoculation de maladies contagieuses, dont le contrepoison n’est connu que de nos savants, par la misère, afin que les goyim n’entrevoyant pas d’autre issue, se rendent à notre domination financière et à celle de nos monopoles. Il ne faut pas leur laisser de répit, car, autrement, le résultat de tout notre travail préalable se ferait attendre, ce qui n’est pas à souhaiter.