Les Romans de la Table ronde (Paulin Paris)/Lancelot du lac/83

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LXXXIII[1].



Morgain n’avait pas même attendu la fin du jour pour insister de nouveau près de son prisonnier. Elle était revenue à sa geôle. « Ne voudrez-vous donc pas, lui dit-elle, entendre à votre rançon ? — Bien au contraire, dame : rien de ce que je puis faire ou donner ne me coûterait pour sortir d’ici. — Je ne puis pourtant demander moins qu’un simple anneau. — Cet anneau est la seule chose que je ne puisse donner : vous ne l’aurez pas sans emporter le doigt qui le garde. — Ainsi, vous laisserez à d’autres l’honneur de conquérir la Tour douloureuse. — Si messire Gauvain ne me doit pas sa délivrance, vous serez à jamais blâmée d’avoir causé ma mort.

« — Mais enfin, si je vous laisse aller à la tour douloureuse, vous engagerez-vous à me revenir, une fois la besogne achevée ; et pour gage, me laisserez-vous cet anneau ? — Je ferai serment de revenir, et vous n’aurez pas besoin d’autre gage. »

Morgain ne douta plus que l’anneau ne fût un don de la reine. Elle l’eût même pu reconnaître, si Lancelot lui eût permis de le regarder de près. Il était petit ! et les deux figures étaient taillées sur une pierre noire.

Quand elle n’espéra plus de l’obtenir de plein gré : « Je vous laisserai donc aller, dit-elle, sans autre gage que votre parole : une fois messire Gauvain délivré, vous me reviendrez, et dès que vous en serez sommé. »

Elle fit ouvrir aussitôt la geôle, et le conduisit devant une table bien servie. Les nappes levées, il trouva son cheval ensellé. Quand il voulut prendre congé : « Beau sire, lui dit-elle, je mets sous votre garde une de mes pucelles ; elle connaît bien les meilleurs et les plus courts chemins. Vous n’avez pas à perdre un instant pour arriver à la Tour douloureuse. — Grands mercis, dame ! je conduirai la demoiselle aussi loin qu’elle voudra. »

Morgain parle alors à voix basse à la plus belle de ses demoiselles, et lui fait monter un palefroi ; quatre valets les accompagnent, chargés d’un petit pavillon qu’ils doivent tendre quand ils auront besoin d’arrêter.

Les voilà chevauchant du même pas, Lancelot et la demoiselle, elle l’entretient et cherche par son enjouement à lui faire oublier les heures. Elle rit, conte, et çà et là glisse des pensées de plaisir et d’amour. Souvent elle baisse sa guimpe ou détache un nœud de sa robe, pour laisser voir tantôt son gracieux visage, tantôt la blancheur de son cou. Elle chante des lais bretons, des rotruenges aux gais refrains ; sa voix était haute et claire, elle parlait breton aussi bien que français. Comme ils traversaient de riants ombrages : « Voyez, dit-elle, l’agréable verdure : sire chevalier, ne trouvez-vous pas qu’il y aurait honte à qui passerait seul avec une belle dame, sans faire quelque pause ici ? » Lancelot répondait à peine et sans la regarder, mal satisfait de telles paroles. Et comme elle continuait : « Demoiselle, dit-il, parlez-vous sérieusement ? — Oui. — En vérité, je ne croyais pas qu’une pucelle eût osé jamais dire à chevalier inconnu ce que lui-même eût rougi de lui dire. — Il peut cependant arriver qu’un chevalier beau, sage et craintif, voyageant seul avec une belle dame, n’ose la prier d’amour : alors la dame, qui devine sa pensée, peut fort bien le prévenir et lui dire ce qu’il craindrait d’avouer. S’il n’y veut entendre, j’estime que pour ce défaut de courtoisie il mérite d’être blâmé dans toutes les cours du monde. Et comme je sais que vous êtes preux et loyal autant que je suis jeune et belle, il semble à propos de nous arrêter dans ce beau lieu et de saisir l’occasion que nous offre la solitude. Si vous refusez, c’est que vous renoncez à ma compagnie, et vous me donnez le droit de dire que vous êtes un recréant[2].

« — Demoiselle, vous me suivrez tant qu’il vous plaira ; mais vous n’aurez de moi rien de ce que vous demandez. Vous parlez apparemment ainsi pour m’éprouver, et je ne demande pas mieux que de continuer à vous conduire, si vous consentez à changer d’entretien. — Soit ! Je resterai avec vous et je ne parlerai plus. » Et sous sa guimpe elle laisse éclater un rire moqueur de la réserve du chevalier. Après un silence assez long, elle reprend : « Dites-moi, chevalier, est-il vrai qu’au royaume de Logres la coutume soit d’accorder à toute demoiselle le service qu’elle vient à demander ? — Assurément, demoiselle ; mais s’il n’est pas en son pouvoir de le rendre, il n’a pas à craindre d’être blâmé. — Ne pouvez-vous donc accorder ce que je réclame de vous ? — Je n’en ai le désir ni la force. — Ni la force ! Ainsi vous vous avouez battu par une demoiselle. » Ces derniers mots mettent la patience de Lancelot à une rude épreuve : « Demoiselle, dit-il, je montre pour vous plus de courtoisie que vous n’en avez pour moi : toutes vos paroles me déplaisent. Pour en finir, je vous donne le choix de deux partis : vous viendrez avec moi et vous ne direz plus rien de pareil ou vous irez seule et me laisserez suivre mon chemin. — Fort bien ! mais je ne vous tiens pas quitte ; vous avez promis de me conduire. Si vous ne le voulez, dites-le moi ; je retournerai vers ma dame et lui annoncerai que vous avez failli à votre engagement en refusant de m’accompagner jusqu’à la fin. » Lancelot hésite un instant : les propos de la demoiselle lui causaient un mortel ennui, mais il s’était engagé à la garder. Il lui répond : « Si vous êtes vilaine envers moi, je ne vous imiterai pas. Dites ce qu’il vous plaira, je continuerai à vous conduire. »

Ainsi chevauchent-ils jusqu’aux heures de vêpres sans ouvrir la bouche, si ce n’est pour demander la voie. La demoiselle rompt encore le silence la première : « Chevalier, vous paraissez oublier qu’il serait temps de gagner un gîte. — Cela vous regarde, demoiselle, je m’en remets sur vous : c’est pour m’indiquer le meilleur chemin et pourvoir aux incidents du voyage que votre dame vous a confiée à moi ; en revanche, je dois vous garder envers et contre tous. — Eh bien j’entends vous disposer un gîte que le plus grand roi du monde trouverait à son gré. »

La nuit tombait, la lune brillait de tout son éclat. Ils traversent une grande et belle lande pour arriver dans un lieu ombragé. La demoiselle avertit les valets de déployer et tendre le pavillon qu’ils avaient emporté. Après avoir descendu la demoiselle, ils vont désarmer Lancelot ; ils sortent de leurs valises des mets abondants et les posent sur la pelouse. Après avoir fait honneur au souper, Lancelot rentre dans le pavillon avec la demoiselle ; il arrête ses yeux sur le lit que les valets ont dressé ; il admire la richesse de la couverture et de la courte-pointe : au chevet, deux oreillers dont les taies étaient de samit richement ouvré, les franges semées de pierreries de grande vertu. À chacune des attaches de la taie brillait un bouton d’or rempli de baume délicieux, et sous les deux apparents oreillers s’en trouvaient deux autres à taies blanches ; enfin, à quelque distance, un autre lit bas et peu orné.

La demoiselle s’approche de Lancelot et se dispose à le dévêtir et coucher. « Et vous, demoiselle, demande-t-il, ou reposerez-vous ? — Ne vous souciez de mon lit ni de mon repos ; je n’en suis pas en peine. » Il se couche donc mais comme il est inquiet de ce que peut méditer la demoiselle, il garde ses braies et sa chemise. Quand la demoiselle eut conduit les valets à l’endroit extérieur où ils doivent passer la nuit, elle revient au pavillon de Lancelot et pose à terre les deux cierges, pour que la couche de Lancelot n’en fût plus éclairée. Il ne dormait pas ; il la voit ôter sa robe, ne garder que sa chemise, venir à son lit, lever les draps et se placer à ses côtés : « Eh quoi ! s’écrie-t-il, a-t-on jamais vu demoiselle ou dame prendre ainsi de force un chevalier ? » Et il saute hors du lit. « Ô le plus recréant des chevaliers ! fait-elle ; sur ma vie, vous n’eûtes jamais grain de loyauté : honteuse l’heure où vous vous êtes vanté de délivrer messire Gauvain, puisqu’il suffit d’une simple demoiselle pour vous faire quitter la place. — Dites tout ce que vous voudrez ; le chevalier qui aurait droit d’accuser ma loyauté n’est pas encore né.

« — Nous verrons bien. » Elle essaie de le prendre par le nez et le manque, sa main descend sur le col de la chemise. Lancelot la saisit, pose à terre la demoiselle et l’avertit qu’il se lèvera si elle ne va reposer tranquillement dans un autre lit. « Je veux bien vous promettre une chose. — Laquelle ? — Je vais vous le dire à l’oreille, peut-être on nous écoute ; et si vous me refusiez, vous en auriez grande honte. » Lancelot approche alors l’oreille de sa bouche. « Mon Dieu ! » dit-elle, en poussant un grand soupir, « je me sens malade ; » et elle s’étend comme pâmée. Il tourne la tête pour la regarder ; elle prend son temps et le baise à la bouche. Il se rejette aussitôt en arrière ; peu s’en faut qu’il ne devienne furieux ; il sort du pavillon, il va frotter, laver, essuyer ses lèvres, et cracher à plusieurs reprises.

Et quand il la voit revenir à lui, il saisit son épée suspendue au poteau du pavillon et jure de l’en frapper si elle ne le laisse en repos. Elle sait n’avoir rien à craindre, elle approche les bras tendus. Il s’éloigne à grands pas : « Revenez, dit-elle, chevalier couart : je renonce à vous donner la chasse. Ah ! le plus déloyal des champions ! Quelle honte d’avoir quitté votre lit pour moi, et d’avoir refusé le don que je vous demandais ! — Dieu me garde d’une loyauté qui ferait de moi un parjure ! — Ne suis-je donc pas assez belle ? — Jamais assez, pour celui dont la foi est engagée. »

Alors elle se met à rire : « C’est assez, chevalier, dit-elle, vous n’avez plus à vous garder de moi. Retournez à votre lit, je ne vous y suivrai pas. Apprenez que tous les ennuis que je vous ai causés n’ont été que pour éprouver votre cœur. Je devais obéir à ma dame, et j’en ai grand deuil, car je crains que vous ne vouliez pas me pardonner. » Elle tombe alors aux pieds de Lancelot qui la relève et la rassure de son mieux[3].

Il revint à son lit, la demoiselle au sien, et ils dormirent tranquillement le reste de la nuit. Le lendemain, quand il fut levé, la demoiselle propose de le conduire à un ermitage voisin pour y entendre une messe du Saint-Esprit ; ils s’y rendent : l’ermite offre de partager avec eux son frugal repas. Ils montent ensuite et arrivent dans une vaste lande ; un agneau n’y eût pas trouvé sa pitance. La voie était coupée par une rivière transparente, rapide et profonde. « Veuillez, dit la demoiselle, regarder sous les eaux : y voyez-vous le corps d’un chevalier armé de toutes armes, et debout devant une dame ? — Oui ; qu’est-ce là ? — Je vous le dirai :

« Ce chevalier avait tendrement aimé la dame qui est encore là près de lui et qu’on avait mariée à un baron félon et jaloux. Bien que son amour pour le chevalier eût toujours été exempt de blâme, car rien n’eût pu lui faire oublier ses devoirs de femme épousée, l’époux en prit de l’ombrage. Il épia le chevalier, le tua en trahison et le précipita dans l’eau tout armé. Cela fait, il vint en instruire la dame qui, courant aussitôt à l’endroit où le chevalier avait été jeté, se mit à genoux, pria Notre-Seigneur de lui pardonner et lui demanda, comme récompense de la foi conjugale qu’elle avait toujours gardée, de la réunir à celui qu’elle n’avait cessé d’aimer. Alors elle se précipita, plongea jusqu’au corps du chevalier, et demeura les bras enlacés dans les siens au fond de cette eau transparente. Depuis ce jour, la terre qui appartenait au criminel époux cessa de rien produire, elle se dessécha complétement. Approchez de cette croix de pierre dressée à votre gauche. » Lancelot avance et lit : Le chevalier et son amie seront tirés de là par celui qui doit mettre à fin les aventures de la Tour douloureuse. « Bien des chevaliers errants, dit la demoiselle, ont tenté de ramener à la rive les deux amants ; au lieu d’y parvenir, ils sont demeurés engloutis sous les flots. Gardez-vous de les imiter. »

Lancelot ne répond pas, mais descend de cheval, s’élance dans le courant, saisit entre ses bras le chevalier et revient le déposer sur la rive ; puis il retourne dans l’eau, va prendre la dame et la ramène auprès du corps de son amant. « En vérité, s’écrie la demoiselle émerveillée, vous n’êtes pas un homme. — Et que suis-je à vos yeux, demoiselle ? — Un fantôme ! » Lancelot rit et demande ce qu’ils peuvent encore faire pour ces deux corps. « Nous allons passer devant leur ancien château ; nous donnerons la nouvelle ; on viendra les prendre et on leur accordera la sépulture chrétienne. »

Ce que la demoiselle avait prévu ne manqua pas d’arriver. Lancelot ne s’arrêta pas à recevoir les remercîments des gens du château, il poursuivit son chemin ; et quand ils furent assez près de la Tour douloureuse, ils retrouvèrent le duc de Clarence, messire Yvain et tous les chevaliers nouvellement sortis du Val sans retour. Le valet de Blancastel avait rejoint le duc et venait de leur apprendre que Karadoc était sorti de son château avec deux cents chevaliers et dix mille sergents, pour attendre le roi Artus dans une gorge de la forêt qu’on appelait le Pas félon. « La Tour, ajouta le valet, ne contenait plus qu’un petit nombre de défenseurs et pouvait être aisément conquise. » Les voilà dans l’incertitude de ce qu’ils avaient de mieux à faire. Suivront-ils les traces de Karadoc, ou profiteront-ils de son éloignement pour attaquer la Tour douloureuse ? Messire Yvain et Galeschin se décidèrent à tenter la prise du château, d’autant mieux qu’ils auraient cru se parjurer en s’écartant volontairement de la quête entreprise. Mais Lancelot pensa qu’en l’absence de Karadoc il y aurait trop peu d’honneur, à surprendre sa maison. « Messire Gauvain, ajouta-t-il, qui a tant de prouesse, ne voudrait pas devoir sa délivrance aux moyens que Karadoc emploie contre ses victimes. Mieux vaut tenter de joindre le ravisseur, puisque nous porterons en même temps secours à monseigneur le roi. » Le duc d’Estrans, Aiglin des Vaux et leurs compagnons suivirent Lancelot et laissèrent Galeschin et messire Yvain tenter l’attaque de la Tour douloureuse. Disons d’abord quel fut le succès de leur entreprise.

Quand ils arrivèrent devant le premier bail[4] en avant de la porte principale, ils y trouvèrent un nain qui tenait en main une épée sanglante. « Seigneurs, leur dit-il, voulez-vous entrer ici ? — Oui. — Ne vous pressez pas : vous ne pouvez passer ensemble, mais pendant que l’un avancera, l’autre attendra pour le rejoindre des nouvelles de son compagnon. La coutume oblige le premier à combattre seul dix chevaliers ; qui de vous tentera l’épreuve ? » Les deux amis commencent à regretter de ne pas avoir suivi Lancelot ; toutefois : « Advienne que pourra ! dit le duc, je ne reculerai pas.

« — Nous avons, reprit le nain, une autre entrée peut-être moins dangereuse. » Messire Yvain, dans la crainte de passer pour timide aux yeux de son compagnon, s’en tient à celle-ci ; Galeschin tentera l’autre passage. Pendant que le duc s’éloigne, mess. Yvain dit au nain d’aller faire ouvrir la grande porte. On lève la barre, il passe le bail, et il entend corner du haut de la grande porte. Dix chevaliers armés en gardaient l’entrée, cinq d’un côté, cinq de l’autre ; tous montés sur grands chevaux, le glaive au poing, l’épée ceinte. « Seigneurs chevaliers, leur dit messire Yvain, que doit perdre celui qui resterait en votre pouvoir ? — Rien que la tête. — Et s’il s’ouvre un passage ? — Sire, répond un des dix, le fief que nous tenons nous oblige à garder cette porte ; mais Dieu veuille que nul n’essaye plus de la franchir, comme tant d’autres qui y ont laissé la vie. Si nous vous prenons, vous aurez la tête tranchée ; si vous nous outrez et, après nous, le gardien de la grande tour, le château vous sera rendu avec tous les honneurs qui en dépendent. L’épreuve est, comme vous voyez, assez rude à tenter, plus rude encore à achever.

« — Chevalier, répond messire Yvain, je ne suis pas venu jusqu’ici pour refuser de tenter l’aventure. »

Pendant que les chevaliers se disposent à le bien recevoir, il recule de quelques pas et, les yeux levés au ciel, prie Notre-Seigneur d’avoir merci de son âme ; car pour le corps, il en a fait le sacrifice. Il recommande à Dieu le roi, la reine et messire Gauvain qu’il ne compte plus revoir. Puis, le glaive sous l’aisselle, il broche des éperons vers les dix chevaliers. Tous font tomber sur lui leurs glaives et l’obligent à ployer l’échine en arrière : alors ils détachent l’écu de son cou ; mais le bon cheval qu’il avait conquis en délivrant Sagremor passe outre et l’emporte jusqu’au milieu de la cour, sans qu’il ait quitté les arçons.

Tout surpris de n’être pas tué, mess. Yvain reprend espoir, met la main à l’épée, revient sur les chevaliers et fait de merveilleuses armes. Mais la lutte était trop inégale : à force de le cribler de coups, les dix chevaliers l’abattent, le lient et le ramènent au milieu de la place ou l’on immolait les vaincus. Alors parut la demoiselle qui avait si bien adouci les ennuis de messire Gauvain : elle fait entendre aux chevaliers que mieux valait retenir prisonnier ce chevalier qu’elle savait de la maison d’Artus. Ils écoutent ce qu’elle dit et conduisent messire Yvain dans un souterrain pour y attendre ce que Karadoc en décidera.

Pendant ce temps, le duc de Clarence était à la poterne du château et passait la planche étroite jetée sur le fossé. Au delà de la poterne, deux chevaliers fondent sur lui ; il se défend vaillamment, navre le premier et, tenant le second en respect, avance jusqu’au second mur, passe la seconde poterne, non sans quelque inquiétude en l’entendant refermer derrière lui. Quatre chevaliers l’assaillent en même temps et son écu est bientôt percé de part en part. Les glaives le frappent devant et derrière, et pourtant il se défend encore. Enfin il fléchit et tombe de lassitude. On le prend, on le lie il est traîné dans le même souterrain que messire Yvain. Nous pouvons comprendre la douleur des deux amis réduits à n’attendre plus que le moment où le géant viendra leur trancher la tête.

Mais Lancelot nous réclame : nous devons laisser Galeschin et messire Yvain dans la Tour douloureuse pour retourner à lui.

  1. Les détails de cette laisse diffèrent presque entièrement dans le ms. 1430 et dans les Imprimés. J’ai préféré la leçon du ms. 339, fos 91-93.
  2. Le recréant est le champion qui s’avoue vaincu et renie ce qu’il avait soutenu avant de combattre.
  3. On trouve à plusieurs reprises l’imitation de cette jolie scène dans les Amadis, mais avec de nouveaux détails suffisamment accentués ici.
  4. Clôture de palissades.