Les Ruines/Lebigre, 1836/Chap22 12

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§. XII. Boudhisme, ou systèmes mystiques.


« Tels enfin ont été les réformateurs moralistes révérés depuis Mênou, sous les noms de Boudah, Gaspa, Chekia, Goutama, etc., qui des principes de la métempsycose, diversement modifiés, ont déduit des doctrines mystiques d’abord utiles en ce qu’elles inspiraient à leurs sectateurs l’horreur du meurtre, la compassion pour tout être sensible, la crainte des peines et l’espoir des récompenses destinées à la vertu et au vice, dans une autre vie, sous une forme nouvelle ; mais ensuite devenues pernicieuses par l’abus d’une métaphysique visionnaire, qui, prenant à tâche de contrarier l’ordre naturel, voulut que le monde palpable et matériel fût une illusion fantastique ; que l’existence de l’homme fût un rêve dont la mort était le vrai réveil ; que son corps fût une prison impure dont il devait se hâter de sortir, ou une enveloppe grossière que, pour rendre perméable à la lumière interne, il devait atténuer, diaphaniser, par le jeûne, les macérations, les contemplations, et par une foule de pratiques anachorétiques si étranges, que le vulgaire étonné ne put s’expliquer le caractère de leurs auteurs qu’en les considérant comme des êtres surnaturels, avec cette difficulté de savoir s’ils furent dieu devenu homme, ou l’homme devenu dieu.

« Voilà les matériaux qui, depuis des siècles nombreux, existaient épars dans l’Asie, quand un concours fortuit d’événements et de circonstances vint, sur les bords de l’Euphrate et de la Méditerranée, en former de nouvelles combinaisons.