Les Ruines/Lebigre, 1836/Chap22 9

La bibliothèque libre.
§. IX. Religion de Moïse, ou culte de l’ame du monde. (You-piter).


« Tel fut le législateur des Hébreux, qui, voulant séparer sa nation de toute autre, et se former un empire isolé et distinct, conçut le dessein d’en asseoir les bases sur les préjugés religieux, et d’élever autour de lui un rempart sacré d’opinions et de rites. Mais vainement proscrit-il le culte des symboles régnant dans la Basse-Égypte et la Phénicie ; son dieu n’en fut pas moins un dieu égyptien de l’invention de ces prêtres dont Moïse avait été le disciple ; et Yahouh, décelé par son propre nom, l’essence (des êtres), et par son symbole, le buisson de feu, n’est que l’ame du monde, le principe moteur, que, peu après, la Grèce adopta sous la même dénomination dans son You-piter, être générateur, et sous celle d’Êi, l’existence, que les Thébains consacraient sous le nom de Kneph ; que Saïs adorait sous l’emblème d’Isis voilée avec cette inscription : Je suis tout ce qui a été, tout ce qui est, tout ce qui sera, et nul mortel n’a levé mon voile ; que Pythagore honorait sous le nom de Vesta, et que la philosophie stoïcienne définissait avec précision en l’appelant le principe du feu. Moïse voulut en vain effacer de sa religion tout ce qui rappelait le culte des astres : et une foule de traits restèrent malgré lui pour le retracer ; et les sept lumières ou planètes du grand chandelier, les douze pierres ou signes de l’urim du grand-prêtre, la fête des deux équinoxes, ouvertures et portes de deux hémisphères, la cérémonie de l’agneau ou bélier céleste ; enfin, le nom d’Osiris même conservé dans son cantique, et l’arche ou coffre imité du tombeau où ce dieu fut enfermé, demeurent pour servir de témoins à la filiation de ses idées et à leur extraction de la source commune.