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Les Singularitez de la France antarctique/Notice

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Texte établi par Paul GaffarelMaisonneuve (p. v-xxxiii).


NOTICE BIOGRAPHIQUE.


André Thevet, l’auteur de l’ouvrage dont nous publions une nouvelle édition, n’est pas un de ces écrivains de premier ordre qui, par la sûreté de leur critique, le charme de leur style, ou l’intérêt de leurs écrits commandent l’admiration à leurs contemporains et s’imposent à la postérité. Il passait au contraire, même de son temps, pour ne pas avoir un jugement très sûr, et, à une époque où le Français était manié par tant d’auteurs avec une grâce naïve qui nous enchante encore, il n’écrivait que lourdement, parfois même avec pédantisme. Ses ennemis, et il en eut beaucoup, ne l’épargnèrent pas. Ils mirent en relief ses erreurs, et l’attaquèrent avec une vivacité que ne justifiaient pas les livres de l’infortuné Cordelier. Malheureux pendant sa vie, il fut encore malheureux après sa mort, car le silence se fit autour de son nom, et, même de nos jours, le plus consciencieux des bibliographes américains, M. Harrisse, a oublié ou négligé de le citer parmi les auteurs qui ont écrit sur la Nouvelle France[1]. Pourtant les Singularitez de la France antarctique commencent à être fort recherchées, non seulement par les bibliophiles et par les Américanistes, qui se disputent à des prix presque fabuleux les rares exemplaires de cet ouvrage, mais aussi par tous ceux qui s’occupent du XVIe siècle. Il nous a donc paru utile d’éditer de nouveau, en l’accompagnant de notes qui éclaircissent ou corrigent le texte, ce précieux recueil, où se trouvent consignés tant de renseignements curieux non-seulement sur l’essai de colonisation tenté par la France au Brésil, mais aussi sur les origines Canadiennes et les premières années de la prise de possession de l’Amérique par les Européens. Nous n’avons pas, contrairement à tant d’éditeurs, la prétention d’avoir remis en lumière un chef-d’œuvre : nous n’avons cherché qu’à faire connaître une œuvre secondaire, mais utile et surtout intéressante.

André Thevet naquit à Angoulême en 1502. Nos recherches, dans sa ville natale, sur sa famille et ses premières années n’ont pas abouti. Il est probable néanmoins qu’il était d’origine modeste et qu’il ne reçut qu’assez tard une éducation fort superficielle : car il porta toute sa vie le fardeau de son ignorance native, et, malgré ses efforts pour se donner les apparences de l’érudition, le bonnet, dont le coiffa si libéralement le malin Rabelais, laissa toujours passer le bout de l’oreille[2]. A défaut de la science qui lui manquait, Thevet avait une extrême curiosité, une véritable passion de connaître, qui s’étendait à tout, aux livres, aux médailles, aux monuments, aux plantes et aux animaux. Il aimait les Singularités, pour employer son langage, non pas seulement les objets extraordinaires, mais plus encore les objets rares ou peu connus. Ce fut un collectionneur de haute volée. S’il eut vécu de nos jours, il aurait été possédé de la manie du bric-à-brac. On peut lui refuser le discernement, mais non ce goût des recherches patientes, cette admiration naïve pour les œuvres artistiques de toutes les époques, cet enthousiasme de bon aloi pour les savants et pour la science, qui font d’André Thevet un personnage, dont on pourra médire, mais qu’on n’aura pas le droit de dédaigner.

Thevet prit de bonne heure l’habit de Cordelier et étudia la théologie. Il ne paraît pas que la scholastique et les argumentations de l’école aient eu pour lui beaucoup d’attraits, ni même qu’il ait toujours fidèlement observé les règles de l’ordre ; car il lui arriva certain jour, en Espagne, une mésaventure, qu’il nous racontera lui-même[3] : « Quant à ces inquisiteurs de la foi, ils sont (côme semble) un peu trop speculatifs en premiere instance, sans ouyr le plus souuent les défenses d’aucun. Et ne dy ceci sans cause : attendu que estant à Seville, certains imposteurs, soubs pretexte que lon me trouua à dix heures du matin au lict, iour de Sainct Thomas, me menerent lié et bagué deuant un d’iceux, crians que i’estois Lutherien, et que ce iour ie n’auois esté à la messe, sans auoir esgard que i’estois arriué le soir auparauant en ladicte ville, fasché et rompu de la tempeste et ondes marines. Vray est que, comme estant prest à partir, pour estre conduit en la prison obscure, i’eusse deuant la compaignie tiré un agnus Dei, enchassé en or, et une petite croix de bois rouge, faite à la grecque que i’auois apportée de Hierusalem, cela fut occasion de ma delivrance, moyennant aussi ledit agnus Dei, que me print ce gentil inquisiteur, qui me commanda de vuider bientost la ville, sur peine d’estre attaint du crime, dôt lon m’accusoit. » Thevet ne fut donc jamais un théologien de profession. Lorsque le vice-amiral de Bretagne, Villegaignon, l’emmena avec lui au Brésil pour essayer d’y fonder une France américaine, notre Cordelier eut grand soin de ne jamais se mêler aux discussions religieuses, qui compromirent si rapidement les destinées de notre colonie, et même, dès qu’il comprît qu’il allait être forcé de se prononcer, il demanda à regagner la France.

Ce n’était pas en effet aux tournois théologiques que se complaisait Thevet : non pas qu’il ait jamais jeté le froc aux orties, ou qu’il ait témoigné pour la religion une indifférence, que ne comportaient ni sa robe, ni son caractère, mais les voyages l’intéressaient bien autrement. A vrai dire, il ne pouvait tenir en place. Il avait hâte de connaître par lui-même les villes et les pays dont il lisait la description. Ses supérieurs eurent le bon sens d’utiliser cette humeur voyageuse. Au lieu de le confiner dans un de leurs cloîtres, ils lui enjoignirent de courir le monde pour la plus grande gloire de l’ordre : seulement, comme ils n’étaient pas riches, ils l’avertirent qu’ils le soutiendraient de leur influence, mais non de leur bourse.

Thevet ne demandait rien autre chose : Il se mit aussitôt en marche et partit pour l’Italie. Il eut l’heureuse chance d’être présenté à Plaisance au cardinal Jean de Lorraine, et sut lui plaire par sa naïve curiosité. Le cardinal était libéral et généreux. Il résolut de faire un heureux, et fournit à Thevet les moyens de visiter l’Orient. Ce dernier s’embarqua à Venise, et commença une longue série de pérégrinations, qu’il a racontées dans le premier de ses ouvrages, la Cosmographie du Levant, et sur lesquelles il est revenu plus tard dans sa Cosmographie universelle. Nous n’essaierons pas de le suivre dans ses marches et contre-marches. Aussi bien ses aventures ne furent jamais bien dramatiques. Nous préférons céder la parole à un de ses amis, au poète A. de Baif, qui nous a tracé en quelque sorte son itinéraire[4].

Aux ans plus forts de ta jeunesse
Volant à l’ancienne Grece
Et la terre des vieux Hébrieux,
T’embarquas au port de Venise,
Et commenças ta belle emprise
De veoir les hommes et les lieux.

Tu vis l’isle où de Diomède
Les compagnons malgré son ède
Furent transmuez en oyseaux.
Tu vis la terre Phéacie
Où les peuples passaient leur vie,
Faisant festins et ieux nouveaux.

De là costoyant la Morée
L’isle à Pelops jadis nommée,
Surgis au bers de Jupiter
Où seiournas neuf lunes pleines,
Puis vas par les eaux Egiènes
Dans Chio deux mois habiter.


Là tu sceus par les Caloiers
Des Grecs les chrestiennes manières.
En devis humains et plaisans,
Puis tu vis la nouvelle Rome
Qui du grand Constantin se nomme
Où fis ta retraicte deux ans

De là tu vis la cité belle
Qui du nom d’Adrian s’appelle.
Et vis la cité que fonda
Philippe de luy surnommée:
Puis à travers la mer Egée
Ta nef à Rhodes aborda :

Où fut plantée la masse grosse
De ce demesuré Colosse
Qui l’entré du Port eniamboit.
De là, la cité d’Alexandre
Te voit en Égypte descendre
Au pays que le Nil boit.

Au peril de ta chere vie
De là passas par l’Arabie
La pierreuse au mont Sinaï :
Visitas la mer Erythrée,
Isles et roches où Persée
Tua le grand monstre envahy.

Toy de là par ceste mer creuse
Tu vas en l’Arabie heureuse
Prendre terre au port de Sidem:
Par Gazer ville Sanscrinine
Tu reviens en la Palestine
Voir la saincte Hierusalem.


La lune par neuf tours emplie,
Vins à Tripoli de Surie
Voir le mont du cedreux Liban :
De là dans Cypre tu prins terre.
Et bien que la peste y fit guerre
Y seiournas le quart d’un an.

De là redesirant la France
Le cher pays de ta naissance,
T’en vins par Malte nous revoir
Et des lors tu mis en lumiere
Aux tiens celle course premiere
N’estant chiche de ton sçauoir.


On ne sait à quelle époque Thevet avait quitté la France pour visiter l’Orient. Mais, comme nous lisons dans sa Cosmographie universelle[5] que ses « lointaines nauigations furent continuées dix-sept ans ou enuiron », et comme, d’un autre côté, nous savons qu’il était revenu en 1554, puisque c’est en 1554 que parut à Lyon, chez Jean de Tournes et Guillaume Gazeau, la première édition de sa Cosmographie du Levant (petit in-4o), n’avons-nous pas le droit de conclure qu’il commença ses voyages dix-sept ans auparavant, c’est-à-dire en 1537 ? Cette absence paraîtra peut-être un peu longue : mais Thevet ne se contentait pas de passer d’un lieu à un autre. Il faisait parfois de longs séjours. A. de Baïf ne nous a-t-il pas appris qu’il demeura deux mois à Chio, deux ans à Constantinople, neuf mois à Jérusalem et trois à Chypre ?

À peine de retour en France, une magnifique occasion lui fut présentée de satisfaire encore sa curiosité en visitant le nouveau monde. Villegaignon se disposait en effet à partir pour le Brésil, et faisait appel à tous les volontaires. Lors de son séjour à Malte, Thevet avait entendu parler de ce remuant personnage, qui passait pour un des plus braves chevaliers de la milice chrétienne. On lui avait vanté son courage, son intelligence et son activité. Le cardinal Charles de Lorraine, le neveu de son premier protecteur, était un des plus chauds partisans de Villegaignon. Il crut lui rendre service, et en même temps faire plaisir à Thevet en le lui donnant comme aumônier. L’un et l’autre acceptèrent avec empressement cette proposition, qui leur convenait à tous deux, et c’est ainsi que Thevet monta sur la petite flotte qui conduisait au Brésil nos nouveaux colons.

Le spectacle grandiose qui se déroulait à ses yeux frappa Thevet d’admiration. Il ne se lassait pas de contempler l’Océan et ses merveilles encore inconnues. Les forêts vierges du Brésil, ses animaux et ses tribus barbares achevèrent de l’émerveiller. Il se mit à ramasser fiévreusement des notes, et commença une belle collection d’oiseaux, d’insectes, de plantes, d’armes et d’ustensiles, dont il se promettait bien de faire l’ornement de son cabinet, quand il retournerait en France. Cette occupation paraît l’avoir absorbé, car il ne semble pas avoir joué un rôle actif lors des premiers jours de notre occupation. Uniquement adonné à la contemplation des Singularités de la nouvelle France, il ne se mêlait pas aux discussions qui commençaient déjà et allaient bientôt entraîner la ruine de la colonie ; mais, poussé par une insatiable curiosité, il faisait partie de toutes les reconnaissances opérées dans l’intérieur du pays, ramassant ce qu’il rencontrait, interrogeant les indigènes, non seulement sur les productions du sol, mais aussi sur leurs mœurs, leur langue et leurs traditions. Il n’hésitait pas à s’aventurer fort loin dans le pays. C’est ainsi qu’il accompagna quelques matelots envoyés à la découverte par Villegaignon dans la direction de la Plata. Ce fut même dans cette expédition qu’il faillit devenir la victime des Patagons. Il était malade et attendait sur la grève le retour de ses compagnons, quand il fut assailli par les sauvages qui le dépouillèrent de ses vêtements et se disposaient à l’enterrer vivant dans le sable du rivage. Par bonheur survint un Écossais, qui l’arracha aux mains des sauvages et le transporta à bord.

Cette mésaventure, les fatigues de ses excursions, et surtout la crainte des discordes qu’il prévoyait, engagèrent Thevet à solliciter son congé. Aussi bien, il avait fait une ample moisson d’observations et de curiosités, et n’aspirait qu’à rentrer en France pour en faire part à ses amis. Villegaignon à ce moment cherchait sa voie; il hésitait entre le catholicisme et la réforme. Il venait d’écrire à Calvin pour lui demander des colons et des ministres. Il s’imagina que Thevet, protégé du cardinal de Lorraine, pourrait devenir un témoin embarrassant, et lui octroya le congé demandé.

Thevet revint sans encombre en Europe. On s’occupait alors beaucoup du Brésil. Plusieurs négociants s’apprêtaient à y envoyer leurs navires, et de nombreux colons demandaient à s’y établir. Thevet fut très-entouré, très-interrogé : On le pria même, afin de satisfaire la curiosité générale, de composer le récit de son voyage, et de décrire cette France américaine qui hantait les imaginations. Thevet s’exécuta de bonne grâce, et, tout en surveillant la double réimpression de sa Cosmographie du Levant (Jean Richard, au Soleil d’or, Anvers, 1556, petit in-8o avec figures. — Jean de Tournes, Lyon, 1556, petit in-4o avec figures sur bois), composa son nouvel ouvrage. Afin d’ajouter plus de crédit à ses descriptions, il voulut les accompagner de gravures reproduisant les scènes étranges, dont il avait été le témoin, ou les objets curieux qu’il rapportait avec lui. Jusqu’alors, on n’avait que très peu pratiqué à Paris l’imprimerie dite en taille-douce. Anvers et Lyon en avaient pour ainsi dire le monopole. Ce fut Thevet qui attira ces artistes graveurs à Paris, ou du moins il s’en vante dans la préface d’un de ses ouvrages[6] : « I’ai attiré de Flandre les meilleurs graveurs, et, par la grace de Dieu, ie me puis vanter estre le premier qui ai mis en vogue à Paris l’imprimerie en taille douce. » On ne sait trop le nom de l’artiste auquel Thevet aurait confié l’exécution des bois qui ornent ses Singularitez. D’après l’auteur des Annales Plantiniennes, il se nommerait Assuerus van Londerzeel, et l’ouvrage de Thevet, qui parut en 1558, fut un des premiers qui sortit des presses de Plantin, cet illustre imprimeur n’ayant commencé à exercer qu’en mai 1555. Qu’il nous soit néanmoins permis de soulever une objection : L’édition princeps des Singularitez parut bien en 1558, non pas à Anvers chez Plantin, mais à Paris chez les héritiers d’Ambroise de la Porte (1 vol. in-4o auec viii ff. d’introduction, 166 ff. de texte, et 2 ff. pour la table) : L’édition dont parlent les auteurs des Annales Plantiniennes n’est que la seconde (1 vol. 8°, 8 ff. d’introd., 163 ff. texte, 1 f. table). Ce qui le prouve c’est que les bois de cette seconde édition ne sont que la reproduction très diminuée et peu soignée des bois de l’édition in-quarto. Or l’auteur des bois de cette première édition nous paraît être notre illustre Jean Cousin. On sait, en effet, que Cousin a exécuté beaucoup de gravures sur bois, et sans jamais les signer. Comme l’écrit M. A. Didot[7] dans le beau livre, qu’il a consacré à la mémoire et aux travaux de ce grand artiste, « on n’a pour les reconnaître que le style, d’autre présomption qu’une similitude avec ce qu’on sait de Jean Cousin, d’autre indice que les rapports qu’il eut avec les imprimeurs de Paris qui recoururent à son talent, le tout corroboré par des traditions conservées dans la famille Papillon, et consignées par un de leurs descendants dans son traité historique et pratique de la de la gravure sur bois. » Que si nous examinons avec soin les gravures des Singularitez, elles nous rappelleront, en effet, la manière à la fois large et expressive de Cousin, sa science anatomique et son burin spirituel. De plus, on sait que, parmi les imprimeurs qui le firent travailler, on trouve Maurice de La Porte (1524-1548) et sa veuve Catherine Lhéritier (1548-15 58). Puisque les Singularitez ont été imprimées à Paris en 1558, et par les héritiers de Maurice de La Porte, il est donc probable que les gravures doivent être attribuées à notre Cousin et non pas à Assuérus Van Londerzeel. Ce dernier se serait contenté de copier, en les réduisant, pour l’édition d’Anvers, les gravures composées par Cousin pour l’édition de Paris.

Les Singularitez de la France antarctique excitèrent à leur apparition une vive curiosité. On lisait alors avec avidité tous les récits de voyage relatifs au nouveau monde, et Thevet parlait d’un pays sur lequel l’attention publique s’était portée dans ces derniers temps. Sans doute Villegaignon, Barré, Cointa et les autres chefs de l’expédition avaient donné de leurs nouvelles à leurs amis et parents, et leurs lettres passaient de main en main, mais personne encore ne s’était adressé au public pour lui décrire les merveilles de cette France nouvelle. La première édition fut si rapidement enlevée, que Thevet dut en donner presque aussitôt une seconde. Ce fut à Anvers qu’elle parut. Elle dût être composée hâtivement, car les fautes d’impression sont assez nombreuses. Il est visible que l’imprimeur était pressé par l’impatience publique, et que son travail de correction en souffrit. Le succès de Thevet ne s’arrêta pas à la frontière. Son livre fut lu à l’étranger et tellement apprécié qu’un certain Guiseppe Horologgi le traduisit en italien. Voici le titre exact de cette traduction, qui parut en 1561 : Historia della India America, detta altramente Francia Antartica di M. Andrea Thevet, tradotta di francese in lingua Italiana. Venezia, Gab. Giolito de Ferrari, in-8o. Cette traduction eut à son tour les honneurs d’une réédition. (Venetia appresso i Gioliti 1584, pet. in-8o).

Ce n’est pas à dire que les Singularitez ne prêtent le flanc à aucune critique. Il est certain que l’érudition de Thevet n’est pas toujours très solide. Bien qu’il aime à étaler sa prétendue science de l’antiquité, et à faire de fréquentes citations, ses connaissances ne sont pas très profondes ni ses citations fort exactes. Pline est son auteur favori. Il en use et en abuse, parfois même il le traduit ; or nous n’apprendrons rien à personne en rappelant ici que Pline n’a pas dit le dernier mot de la science. Quant aux auteurs grecs, Thevet paraît ne les avoir jamais connus que dans des traductions latines ou françaises, et parfois il leur a prêté, surtout à Aristote, de bien singulières théories.

Nous avouerons encore que Thevet n’est pas toujours d’une parfaite exactitude. Sans doute, tout ce qu’il a vu de ses propres yeux, tout ce qu’il a observé lui-même, il le décrit avec fidélité, et même avec minutie, mais encore a-t-il une fâcheuse tendance à l’exagération. Pour les phénomènes dont il n’a pas été le témoin, pour les événements auxquels il n’a pas pris part, il se contente trop aisément de ce qu’on veut bien lui raconter. De là des contes à dormir debout ou même des absurdités qui déparent son œuvre. On connaissait tellement sa crédulité qu’on l’exploitait. Le grave De Thou[8] ne raconte-t-il pas qu’étant un jour, « pour se divertir, allé voir Thevet avec quelques-uns de ses amis, gens habiles et d’un esprit fin, ces derniers lui firent accroire, en sa présence, des choses absurdes et ridicules, que même des enfants auraient eu de la peine à croire. »

Nous reprocherons également à Thevet la composition bizarre de son ouvrage. Son plan est bien de décrire les pays au fur et à mesure qu’il les visite, mais à peine un nom propre se présente-t-il à lui qui éveille ses souvenirs, aussitôt il se lance dans une digression qui n’est pas toujours fort heureuse, et à laquelle néanmoins il trouve tant de charmes qu’il la recommencera quelques chapitres plus loin. C’est ainsi qu’il parle à diverses reprises des Antipodes, de l’Equateur, du cap de Bonne-Espérance. A la longue, ce manque de méthode impatiente et ces digressions perpétuelles, fatiguent l’attention.

Que dire enfin de son style ? La langue du XVIe siècle est si franche d’allures, si pittoresque avec son mélange de recherche archaïque et de naïveté gauloise qu’elle plaira toujours aux lecteurs, mais, disons-le tout de suite, Thevet ne fut jamais un maître en l’art d’écrire. Il dit simplement ce qu’il pense, avec une précision très suffisante, mais sans élégance et surtout sans émotion. De plus, sa phrase est à chaque instant coupée par quelque citation qui l’allourdit et l’embarrasse. Il ne connaît pas l’usage des alinéas ; il semble croire que plus une période est longue, plus elle est majestueuse. Mais ce sont là des taches légères, plutôt celles de l’époque que celles de l’écrivain. Le livre de Thevet se lit couramment, malgré les défauts que nous venons de signaler, et, d’ailleurs, les matières traitées sont si curieuses et si neuves que le fond l’emporte toujours sur la forme. Aussi bien Thevet n’a jamais recherché la réputation d’écrivain. Il ne voulait que satisfaire la curiosité des savants, et il y a pleinement réussi. Sans les Singularitez de la France Antarctique, une foule de particularités précieuses sur l’Amérique n’auraient pas été préservées de l’oubli. Quand nous aurons fait la part de la fantaisie, nous trouverons que celle de la réalité est encore fort considérable, et nous comprendrons que des hommes éminents n’aient pas hésité à lui donner leur approbation.

Les ouvrages de Thevet, sa réputation de voyageur, et surtout la candeur et l’aménité de son caractère lui valurent des protecteurs et des amis. Le cardinal Charles de Lorraine, qui s’intéressait à lui, continua de lui témoigner une précieuse bienveillance. Un autre cardinal, l’archevêque de Sens, Jean Bertrand, garde des Sceaux depuis 1557, accepta la dédicace de son livre, et sans doute trouva le moyen de lui témoigner sa gratitude. Nous savons, en effet, que Thevet fut nommé successivement aumônier de la reine Catherine de Médicis, historiographe et cosmographe du roi. C’étaient deux sinécures qui assuraient son existence matérielle, et, tout en lui donnant un certain relief, lui permettaient de continuer ses travaux favoris. Il est probable que ce furent ses deux protecteurs qui lui valurent cette double charge. Nous le trouvons peu après pourvu d’un nouveau titre : garde des curiosités du Roi. On ne sait au juste en quoi consistaient ces fonctions, mais elles n’étaient pas purement honorifiques. Thevet parle à diverses reprises, dans ses autres ouvrages, des collections dont il avait la garde, et des visiteurs qu’il initiait à la connaissance de ses trésors. C’étaient surtout des plantes et des animaux, quelques pierres précieuses, et aussi des médailles, et ce que nous nommerions aujourd’hui des antiquités. Il avait lui-même ramassé la plus grande partie de ces curiosités, et cherchait à les augmenter avec un zèle louable[9]. Les divers rois qui se succédèrent si rapidement en France, depuis Henri II jusqu’au moment de sa mort en 1592, honorèrent Thevet de leur faveur. L’un d’entre eux, tout porte à croire que ce fut Charles IX, lui donna même une abbaye en Saintonge, celle de Masdion. Il ne semble pas y avoir beaucoup résidé, mais, ainsi que beaucoup d’autres abbés de l’époque, il en percevait régulièrement les revenus. Aussi bien, sur la fin de sa vie, Thevet semblait avoir oublié qu’il faisait partie de la milice de Saint François. Il ne portait même plus la robe de cordelier, si du moins nous en croyons le beau[10] portrait, en tête de sa Cosmographie universelle, où il est représenté en costume du temps, front découvert, barbe majestueuse, tenant une sphère qu’il mesure de son compas. Des amours, chargés des attributs de la navigation, servent d’encadrement au portrait et à l’inscription suivante:

Andreæ fuit hæc Thevetis imago,
Toto qui impiger ambulavit orbe,
Europamque, Asiam, Africamque, partes
In quas scinditur orbis universus,
Lustravit, simul et plages remotas,
Antarcto positas polo sub astro,
Ignotasque dedit videre primus.

Ces charges de cour et ces honneurs, au lieu de l’endormir, surexcitèrent l’activité de Thevet. Il se crut obligé de prouver qu’il n’était pas indigne de la bienveillance royale, et, jusqu’à la fin de sa vie, ne cessa de composer de nombreux ouvrages. Nous avons de lui un Discours de la Bataille de Dreux avec le portrait d’icelle (1563), et surtout une Cosmographie universelle illustrée des diverses figures des choses les plus remarquables veues par l’auteur, et incogneües de noz anciens et modernes. Paris, Pierre l’Huilier, 1575, 2vol. in-f°. Le premier a 18 ff. non paginés de préface, 467 ff. de texte et 12 de tables, plus 88 cartes ou figures ; le second 3 ff d’introduction, 558 de texte, 22 de tables, et 120 cartes et figures. Nous n’avons pas à nous prononcer ici sur le mérite de cet ouvrage qui souleva d’ardentes contradictions, et qui mérite en effet de nombreuses critiques, mais qui n’en constitue pas moins une source abondante de renseignements précieux. La Cosmographie n’eut jamais les honneurs une seconde édition, mais, en 1858, le prince A. Galitzin en détacha tous les fragments relatifs à la Russie, et en composa sa Cosmographie moscovite, qu’il enrichit de commentaires et de précieuses notes (1 vol. in-16, XVI pp. préface, 181 ff. texte. Paris. Techener). Nous citerons encore de Thevet plusieurs cartes dont la plus curieuse est l’Univers réduit en fleur de lys, 15 83, et enfin son grand ouvrage intitulé : Les vrais portraits et vies des hommes illustres, Grecs, Latins et payens, anciens et modernes. Paris, Ve Kernert et Guillaume Chaudière, 1584. 2 vol. en un grand in-folio, 81 portraits dans le premier tome, et 138 dans le second. Le texte fut réimprimé en 1670-1671, avec de nombreuses augmentations et corrections, sous le titre d’Histoire des plus illustres et savants hommes de leurs siècles (8 vol. in-12 avec figures, mais sans les pièces liminaires de l’édition de 1584.) L’éditeur paraît avoir été Guillaume Colletet.

Telles sont les œuvres imprimées de Thevet : Il en laissa beaucoup d’autres, manuscrites, et pour la plupart inédites. M. Galitzin écrivait, en 1858, dans la préface de sa Cosmographie moscovite, que la bibliothèque impériale possédait une quantité de pièces le concernant. Bien que les recherches ne soient pas toujours faciles dans l’énorme accumulation de documents entassés à la rue Richelieu, nous avons, en effet, constaté l’existence de divers manuscrits de Thevet. En voici l’indication exacte : 1° Le grand Insulaire et Pilotage (Saint-Germain, 932-933, Fonds français Saint-Germain, 654. — Catalogue actuel, 15452-15453); 2° Description de plusieurs isles (Saint-Germain, 934. — F. fr. 655. — Catal. 17174); 3° Histoire de Thevet ou relation de deux voyages par lui faits aux Indes australes et occidentales (Saint-Germain, 935. — F. fr. 656. — Catal. 15454); 4° Second voyage dans les mêmes pays (Saint-Germain, 936. — F. fr. 657. — Catal. 17175); 5° Quinziesme livre de la naturelle et générale description des Indes (Saint-Germain, 2299. — F. fr. 1633. — Catal. 19031); 6° Traduction de l’itinéraire de Benjamin de Tudele (ancien fonds français, 10264. — Catal. actuel 5646 ; 7° Description de tout ce qui est compris sous le nom de Gaule. — (F. fr. 9617. — Catal. 4941.)

Malgré ces labeurs incessants, Thevet trouvait le temps de ne pas oublier ses amis. Nous citerons parmi eux le président Bourdin[11], qui devint plus tard procureur général, et auquel on doit de savantes observations sur l’ordonnance de Moulins. C’était un bibliophile distingué, et Thevet, qui éprouvait pour les beaux livres la même passion que pour les autres raretés, s’estima fort heureux d’être admis dans sa bibliothèque. Deux professeurs au collège de France, Gilbert Genebrard, l’hébraïsant, et Jean Dorat, l’helléniste et le poète, furent également ses amis. Le premier lui dédia deux[12] poèmes hébraïques qu’il imprima en tête de ses ouvrages, et le second lui adressa plusieurs[13] pièces latines et grecques, qu’il eut grand soin de conserver. Ce fut encore Dorat qui le mit en rapport avec les poètes de la Pleïade. Parmi eux Joachim du Bellay[14], Etienne Jodelle[15] et Baif[16], composèrent en son honneur des odes et des épitres[17]. Guy Lefevre de la Borderie lui dédia un véritable poème avec neuf strophes, neuf antistrophes et neuf épodes. Ronsard[18] enfin, « le maître du chœur, » ne tarit pas en éloges sur son compte.

Combien Thevet auprès de luy[19]
Doit auoir en France auiourd’hy
D’honneur, de faueur et de gloire,
Qu’a veu ce grand uniuers,
Et de longueur et de trauers,
Et la gent blanche et de la gent noire.

Qui de près a veu le soleil
Aux Indes faire son reueil
Quand de son char il prend les brides,
Et l’a veu de près sommeiller
Dessous l’Occident, et bailler
Son char en garde aux Néréïdes.
Qui a pratiqué mille ports
Mille rivages, mille bords,
Tous sonnant un diuers langage,
Et mille fleuues tous bruyants
De mille parts diuers fuyants
Dans la mer d’un tortu voyage.
Qui a descrit mille façons
D’oiseaux, de serpens, de poissons,
Nouueaux à nostre cognoissance ;
Puis en ayant sauué son chef
Des dangers, a logé sa nef
Dedans le beau port de France.


Ces éloges étaient peut-être hors de proportion avec les mérites de Thevet, mais, puisque Ronsard les avait décernés, il aurait dû ne pas les renier, ou tout au moins ne pas les resservir à un autre contemporain. C’est pourtant ce qu’il n’hésita pas à faire. L’ode, dont nous avons cité quelques fragments, ne figure, avec sa dédicace, que dans les œuvres de Thevet et dans l’édition in-folio de 1584 de Ronsard. Dans les éditions suivantes on s’aperçoit avec étonnement que le nom de Thevet est remplacé par celui d’un autre voyageur, d’ailleurs illustre et méritant, Piere Belon. Cette substitution de noms peut ne pas être à l’avantage de Thevet, mais elle n’est pas non plus à l’honneur du poète Vendomois.

Aussi bien Thevet n’eût pas que des amis fidèles ou de faux amis, il eût également des ennemis acharnés. Nous citerons parmi eux Jean de Léry[20], l’auteur du Voyage au Brésil, qui ne perd pas une occasion de tourner en ridicule et même d’attaquer dans son honneur l’auteur des Singularitez. Fumée, dans son Histoire des Indes et Belleforest, dans ses Additions à la cosmographie de Munster, ne l’ont pas épargné. Ce dernier avait d’abord jugé à propos de flagorner Thevet pour lui arracher de précieuses indications. « L’an mil cinq ces soixante et quatre, raconte avec indignation notre cordelier[21], ce commingeois qui met le nez partout, me la fureta (il s’agissait d’une généalogie des rois Lombards), ensemble plusieurs autres mémoires que i’auois apportez d’Italie, et desquels auiourd’huy il en a fait parade. » Il est vrai que Belleforest se repentit plus tard de ses plagiats, et, sur son lit de mort, pria Thevet de lui pardonner. Thevet y consentit de bonne grâce, mais il prit soin de le constater dans un de ses ouvrages[22].

Léry et Fumée, par jalousie de métier, Belleforest, par ingratitude, avaient attaqué Thevet. On comprend moins l’acharnement de de Thou. A l’entendre, Thevet n’aurait eu ni talent, ni conscience : « Il s’appliqua[23], dit-il, par une ridicule vanité à écrire des livres, qu’il vendait à de misérables libraires ; après avoir compilé des extraits de différents auteurs, il y ajoutait tout ce qu’il trouvait dans les guides des chemins et autres livres semblables qui sont entre les mains du peuple. Ignorant au-delà de ce qu’on peut imaginer, il mettait dans ses livres l’incertain pour le certain et le faux pour le vrai, avec une assurance étonnante. » A part le reproche d’ignorance, ou tout au moins de fausse érudition, que nous avons déjà signalé, rien n’est moins fondé que cette virulente attaque. Au lieu d’exploiter, Thevet fut, au contraire, et cela toute sa vie, plus qu’exploité : volé. Comme il avait beaucoup voyagé, beaucoup vu et beaucoup retenu, et que, de plus, il était d’une inépuisable complaisance, les écrivains du temps faisaient volontiers appel à ses souvenirs ; mais, s’ils aimaient à se servir de lui, ils ne lui rendaient que rarement justice. Lui qui, quoique en dise de Thou, poussait jusqu’au scrupule la délicatesse littéraire[24], lui qui citait toujours avec empressement ses autorités, combien de fois fut-il indignement pillé ! De temps à autres il en riait, et se moquait de ceux qui profitaient de ses labeurs « soubs prétexte de mêdicité et repues franches[25], » mais le plus souvent il s’en indignait. Sur la fin de sa vie il était tellement habitué à ces plagiats qu’il s’étonnait naïvement quand, par hasard, on le citait : « J’en envoiay, écrit-il, à ce docte allemand Gesnerus, confesse l’auoir reçu de moy, sans user d’ingratitude comme plusieurs autres ont fait de mon temps, s’es servi de mes labeurs[26]. »

Le plus impudent et, pour Thevet, le plus regrettable de ces plagiats, fut commis par Jean Nicot de Villemain, ambassadeur de France en Portugal. Ce diplomate passe pour avoir introduit le tabac en France. Il reçut, il est vrai, d’un négociant flamand qui revenait d’Amérique, des graines de cette précieuse solanée, et les donna comme un présent de grande valeur, à la régente Catherine de Médicis, au grand prieur, et à plusieurs grands personnages. Mais Thevet, bien avant lui, avait observé et décrit le tabac. Bien avant lui, en avait apporté des plants en France : nous ne pouvons que renvoyer le lecteur au chapitre XXXII du présent ouvrage, où il trouvera la description très complète et fort exacte du tabac. Dès 1558, Thevet avait donc fait connaître le tabac à ses ingrats compatriotes : il considérait même comme un titre d’honneur pour lui d’avoir introduit cette plante en France et, dans sa Cosmographie universelle[27], il eut grand soir de protester contre les prétentions de Jean Nicot. Le passage est curieux : « le me puis vanter auoir esté le premier en France, qui a apporté la graine de cette plante, et pareillement semée, et nommé ladite plante, l’herbe Angoumoisine. Depuis un quidam, qui ne feit jamais le voyage, quelque dix ans apres que je fus de retour de ce païs, luy donna son nom. » La légitime revendication de Thevet ne fut jamais écoutée. On ne voulut pas accepter cette dénomination d’herbe angoumoisine qu’il avait pourtant le droit de lui imposer, et l’oublieuse postérité continua et continue encore à rendre grâces à Nicot d’un bienfait dont elle ne lui est pas redevable. Qu’il nous soit du moins permis de nous inscrire en faux contre cet inique jugement, et de proclamer bien haut que c’est à Thevet et rien qu’à Thevet, que le trésor public doit le plus magnifique de ses revenus, et la majorité de nos lecteurs une jouissance quotidienne.

En souvenir de ce bienfait méconnu, puissent ces mêmes lecteurs fermer les yeux sur les imperfections qui déparent l’œuvre de Thevet, et ne plus voir dans ce modeste écrivain, trop attaqué de son vivant, trop oublié après sa mort, que le premier ou du moins le plus ancien des historiens français de l’Amérique.

Paul GAFFAREL.
  1. Harrisse. Notes pour servir à l’histoire, à la bibliographie et à la cartographie de la Nouvelle France (1545-1700).
  2. Cette fine remarque est de M. Ferdinand Denis. Cf. l’intéressante notice qu’il a consacrée à Thevet. Lettre sur l’introduction du tabac en France, 1851.
  3. Thevet. Cosmographie universelle. T. II. P. 491.
  4. Ode insérée dans la préface de la Cosmographie universelle.
  5. Thevet. Cosmographie universelle. Préface.
  6. Thevet. Vrais portraits et vies des hommes illustres, etc.
  7. A. Didot. Étude sur Jean Cousin. Paris, 1872.
  8. De Thou. Histoire de France. Liv. xvi.
  9. Léry (Histoire d’un voyage fait au Bresil. § xi) raconte qu’il avait rapporté en Europe un grand nombre de plumes de perroquets, « mais un quidam de chez le Roy, auquel ie les monstray, ne cessa iamais que, par importunité, il ne les eust de moy. » Ce quidam pourrait bien être Thevet.
  10. M. Vaslet d’Angoulême nous a signalé un autre portrait, d’ailleurs fort insignifiant, de Thevet, par Léonard Gaultier.
  11. Ronsard. Odes V. xxii.
  12. Thevet. Préface de la Cosmographie universelle.
  13. Préface des Singularitez et de la Cosmographie.
  14. Id.
  15. Id.
  16. Id.
  17. Préface de la Cosmographie.
  18. Ronsard. Edit. 1584. — Ed. 1858. — Liv. V, ode xxii.
  19. Jason.
  20. Jean De Léry. Histoire d’un voyage fait au Brésil. La préface de la seconde édition est tout entière dirigée contre Thevet.
  21. Cosmographie universelle. P. 706.
  22. Eloge des hommes illustres. Êdit. 1671. T. VII. P. 292. « De ma part, quand il m’auroit plus offensé qu’il n’a, ie serois bien fasché de satyriser et mal parler d’un mort. Ioint qu’a la fin de ses jours, reconnaissant le tort qu’il sçauoit, d’auoir fait imprimer ces livres, où contre sa conscience il déchiroit la renommée des gens de bien, et de ceux qui lui auoient mis le pain en main, il me manda, et, en présence de deux docteurs de la Sorbonne, son médecin et son marchand libraire et imprimeur, Gabriel Buon, après m’auoir baisé les mains, confessa publiquement qu’il sentoit sa conscience chargée des blasmes qu’il m’auroit imposés : parquoy il me demanda pardon par plusieurs fois. »
  23. Thou. Histoire de France. Liv. XVI.
  24. Jean de Bray, échevin, lui ayant communiqué sa collection de médailles, il a grand soin de l’indiquer, et ajoute : « Et si d’aduenture il y a quelques-uns qui ayent des mémoires de l’antiquité de leurs villes on autres choses étrangères, il leur plaise m’en faire part pour insérer en ce mien œuvre à la seconde impression : ie ne seroy ingrat de le recognoistre par mes escrits. » Préface de la Cosmographie universelle.
  25. Cosmographie, I, 403.
  26. Cosmographie universelle. I, 27.
  27. Cosmographie universelle. T. II. P. 926.