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Les Souspirs amoureux de F B de Verville 1589/Si je lamente en vain pourquoy sens-je ma peine

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LX.


Si je lamente en vain pourquoy sens-je ma peine ?
Et si c'est avec fruit que n'en voy-je la fin,
Las ! Faut-il que douteux d'un plus douteux destin
Les cruelles rigueurs non coupable je traine ?

Vous qui tenez captif mon courage en la chesne
De vos perfections, rendez mon sort benin,
Faisans paix en mon cœur qui despit & mutin
Murmure dedans moy pour le mal gesne.

Ce dur eslongnement helas ! me fait douter
De vostre bon vouloir, & je me voy tanter,
De l'estrange souci qui mon ame martire.

Et puis absent de vous d'un soucy eternel,
J'ay crainte de vous perdre, aussi le ciel cruel
Fait suyvre par la peur cestuy-là qui desire.