Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Amour qui de cent coups mon pauvre cœur entame

La bibliothèque libre.

VI.



Amour qui de cent coups mon pauvre cœur entame,
Cachant dedans mes os de ses flames l’ardeur,
Me fait de vains souspirs plaindre pour la rigueur
Des yeux dont les rayons donnent vie à mon ame :

Mes poumons consumez d’une eternelle flame
Ne respirent cet air, qu’attendant le bon-heur,
Qui cruel m’abusant par un espoir trompeur,
D’un feu continel dedans le sang m’enflame.

Et lors que pour tromper le soin qui me tourmente,
Je vay cerchant l’objet qui à mon cœur presente,

Avec tant de malheurs l’esperance de mieux.

Celle dont obstiné la vie je respire,
Prend plaisir à ma peine & voyant que j’empire,
Fait ignorer le mal que me causent ses yeux.