Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville/Il me plaist de mourir s’il vous est agreable

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XV.



Il me plaist de mourir s’il vous est agreable,
Ou d’une triste vie allonger mon malheur,

Ainsi que vous voudrez je veux que ma douleur,
Ou vivant ou mourant, me rende miserable.

Je ne veux point vous voir d’un œil trop pitoyable,
Adoucir mon travail, puis que par ma langueur
Vous avez du plaisir, mais je veux qu’en mon cœur
Se loge pour vous plaire une mort effroyable.

Je veux chercher mon bien au fort de mon dommage,
Je me veux affranchir sous mon cruel servage,
Trouvant en mon malheur quelque contentement,

Puis qu’helas ! vous voyez la force qui me gesne
Et sans faire semblant de cognoistre ma peine,
Par un œil incertain vous doublez mon tourment.