Les Souspirs amoureux de François Beroalde de Verville 1589/Je sçay bien que le ciel en vous donnant la vie

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III.


Je sçay bien de que le ciel en vous donnant la vie,
Ne mist en vos beautez rien qu'amour & douceur,
Je scay bien qu'aux flambeaux qui d'une belle ardeur
M'embrasent doucement, loge la courtoisie.

Mais helas ! je cognoy que mon ame asservie
Sous les cruelles loix d'un superbe vainqueur,
Qui sous le nom d'amour se cache dans mon cœur,
J'endure le tourment d'une juste furie.

Et pourtant au plus fort de mon affection,
Par trop impatien durant ma passion,
Au lieu de mon amour, ma peine je souspire.

Pardonnez-moy madame, & en prenant pitié
De mon cœur pour loyer de ma sainte amitié
En un meilleur espoir transmuez mon martire.