Les Stances (Jean Moréas)/51
Apparence
XIII
Je me compare aux morts, à la source tarie,
À l’obscur horizon,
À la fleur effeuillée, à la feuille pourrie
Sur un pâle gazon,
À l’arbre qu’on abat dans un bois sans verdure
Pour former un cercueil,
Aux brouillards de l’hiver, à toute la nature
De tristesse et de deuil.
Mais ne suis-je plutôt à l’Océan semblable,
Qui, toujours florissant,
Laisse le vol du temps passer, et sur le sable
Écume en gémissant ?