Les Stances (Jean Moréas)/52

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Les StancesSociété du Mercure de France (p. 113-114).

XIV


Sur la plaine sans fin, dans la brise et le vent,
Se dresse l’arbre solitaire,
Pensif, et chaque jour son feuillage mouvant
Jette son ombre sur la terre.

Les oiseaux dans leur vol viennent poser sur lui :
Sont-ils corbeaux, ramiers timides ?
L’affreux lichen le ronge ; il est le sûr appui
Du faible lierre aux nœuds perfides.


Plus d’une fois la foudre et l’autan furieux
Ont fracassé sa haute cime ;
Même il reçoit les coups de l’homme industrieux
Sans s’étonner, triste et sublime.