Les Vacances/4

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Hachette (p. 75-96).


BIRIBI.


Madame de Fleurville avait un chien de garde que les enfants avaient élevé, et qui s’appelait Biribi ; ce nom lui avait été donné par Marguerite et Jacques. Le chien avait deux ans ; il était grand, fort, de la race des chiens des Pyrénées qui se battent contre les ours des montagnes ; il était très-doux avec les gens de la maison et avec les enfants, qui jouaient souvent avec lui, qui l’attelaient à une petite charrette, et le tourmentaient à force de caresses ; jamais Biribi n’avait donné un coup de dents ni un coup de griffes.

Un jour, M. de Traypi annonça aux enfants qu’il allait voir laver son chien de chasse, Milord, dans de l’eau d’aloès.

« Voulez-vous venir avec moi, mes enfants ? vous nous aiderez à laver et à essuyer Milord.

— Oui, papa ; oui, mon oncle ; oui, monsieur, répondirent ensemble tous les enfants. »

Ils abandonnèrent Biribi, qu’ils allaient atteler à une voiture de poupée, et ils coururent avec M. de Traypi à la buanderie (endroit où on fait les lessives) pour voir laver Milord. Un baquet plein d’une eau tiède et rougeâtre attendait Milord, qui n’avait pas du tout l’air satisfait de se trouver là. Quand M. de Traypi entra, le pauvre Milord voulut courir à lui mais le cocher et le garde le tenaient chacun par une oreille pour l’empêcher de se sauver, et il fut obligé de rester près du baquet, attendant le moment où on le plongerait dedans.

« Allons, Milord, dit M. de Traypi, saute là dedans, saute. »

Et il aida à sa bonne volonté en l’enlevant par la peau du cou. Le chien s’élança dans le baquet, éclaboussant tous ceux qui se trouvaient près de lui. Madeleine et Marguerite, qui étaient en avant, furent les plus mouillées ; un éclat de rire général accompagna ce premier exploit de Milord ; Monsieur de Traypi était inondé.

« Ah bah ! dit-il, nous changerons en rentrant ; profitons de ce que nous sommes déjà mouillés pour laver M. Milord bien à fond. »

Tous les enfants s’y mirent ; chacun contribua au supplice de Milord, l’un en lui plongeant le nez, l’autre en lui enfonçant la queue, le troisième en lui inondant les oreilles.

Le pauvre Milord se laissait faire il avait l’air malheureux ; de temps en temps il léchait une main qui l’avait inondé, comme pour demander grâce :

« Pauvre chien ! dit Jacques. Papa, laissez-le sortir, je vous en prie ; il me fait pitié.

M. DE TRAYPI.

Il n’est pas encore mouillé jusqu’au fond des poils ; arrose-le, au lieu de le plaindre.

MARGUERITE.

Mais pourquoi lui faites-vous prendre ce bain, Monsieur ? il était très-propre.

M. DE TRAYPI.

C’est pour faire mourir ses puces, il en est empli.

LÉON.

L’eau fait mourir les puces, mon oncle ?

M. DE TRAYPI.

L’eau mêlée de poudre d’aloès les tue tout de suite.

LÉON.

Ah ! que c’est drôle ! Je ne savais pas cela.

JEAN.

Et faut-il beaucoup de poudre, mon oncle ?

M. DE TRAYPI.

Non ; un petit paquet de cinq grammes dans chaque litre d’eau.

JACQUES.

Quand je serai grand, je ferai laver mes chevaux dans l’eau d’aloès.

Tout le monde se mit à rire.

M. DE TRAYPI, riant.

Les chevaux n’ont jamais de puces, nigaud.

JACQUES, un peu confus.

Mais s’ils n’ont pas de puces, ils ont des mouches qui les piquent, et je pense que l’aloès peut tuer les mouches comme il tue les puces.

M. DE TRAYPI, riant.

Je ne peux pas te le dire, je n’ai jamais essayé. Tu penses bien qu’il ne serait pas facile d’avoir un baquet assez grand pour baigner un cheval, et quand même on l’aurait, les mouches se sauveraient et n’auraient pas la bêtise de se faire noyer quand elles peuvent s’envoler.

LÉON.

Et puis, comment le ferait-on entrer dans le baquet ?

JEAN.

Ce ne serait pas moi qui m’en chargerais, toujours.

Pendant cette conversation, Milord avait fini son bain.

On était en train de l’essuyer. Puis on le laissa se sécher plus complétement au soleil ; on vida l’eau du baquet, et tout le monde sortit en fermant la porte de la buanderie. On ne pensa plus à Milord ; les enfants voulurent reprendre Biribi pour continuer leur jeu, mais Biribi avait profité de sa liberté pour s’en aller ; on l’appela, on le chercha, et, ne le trouvant pas, on s’en passa.

Le lendemain, le garde vint dire à Mme  de Fleurville que Biribi ne se retrouvait pas.

JACQUES.

Oh ! le pauvre Biribi ! où peut-il être ?

MADAME DE FLEURVILLE.

Il est probablement allé visiter quelques amis dans les environs. Il faudra que vous alliez le chercher, Nicaise.

NICAISE.

Oui, madame ; mais j’ai déjà fait un tour ce matin, et personne ne l’avait vu.

JEAN.

Ma tante, si vous permettez, nous irons après déjeuner au Val, à la Clémandière, à la Fourlière, à Bois-Thorel, au Sapin, dans tous les villages enfin où nous pourrions le trouver.

MADAME DE FLEURVILLE.

Certainement, allez-y, mes enfants. Nicaise vous accompagnera ; mais il faut en demander la permission à vos papas et à vos mamans, pour qu’ils ne s’inquiètent pas de votre absence.

SOPHIE

Il faudra emporter des provisions pour le goûter.

CAMILLE.

C’est inutile ; nous demanderons à manger à Mme  Harel, au débit de tabac, ou bien à M. le curé.

MADELEINE.

D’ailleurs, partout où nous irons, on nous donnera du pain et du cidre.

JACQUES.

Ce sera bien amusant ; nous causerons partout un petit peu, et nous nous reposerons.

LÉON.

Il faudra partir tout de suite après déjeuner.

JEAN.

Oui, mais demandons d’abord la permission.

Tous les enfants, excepté Camille, Madeleine et Sophie, qui avaient déjà leur permission, allèrent trouver leurs parents, et obtinrent sans peine leur consentement pour cette longue excursion.

« Papa, dit Jacques à l’oreille de M. de Traypi, venez avec nous, ce sera bien plus amusant.

— Pour toi, mon bon petit Jacques, répondit M. de Traypi en l’embrassant, mais pas pour les autres que je gênerais un peu.

JACQUES.

Oh ! papa, vous êtes si bon ! vous ne pouvez gêner personne.

M. DE TRAYPI.

Impossible, mon cher petit ; je dois aller avec ton oncle de Rugès faire une visite à trois lieues d’ici.

Jacques ne répondit pas et s’en alla en soupirant. C’est que Jacques aimait beaucoup son papa, qui était bien bon et bien complaisant pour lui. Pourtant il ne le gâtait pas. Quand Jacques avait eu des colères dans sa petite enfance, son papa le mettait dans un coin et le laissait crier, après lui avoir donné deux ou trois petites tapes. Quand Jacques avait été impoli avec un domestique ou maussade avec un camarade, son papa l’obligeait à demander pardon. Quand Jacques avait été gourmand, il était privé toute la journée de sucreries, de gâteaux et de fruits. Quand Jacques, avait désobéi, il était renvoyé dans sa chambre et son papa ni sa maman ne l’embrassaient jusqu’à ce qu’il eût demandé pardon. De cette manière, Jacques était devenu un charmant petit garçon ; toujours gai, parce qu’il n’était jamais grondé ni puni ; toujours aimable parce qu’on l’avait habitué à penser au plaisir des autres et à sacrifier le sien. Il aimait son papa et il aurait voulu toujours être avec lui, mais M. de Traypi avait des occupations qui ne lui permettaient pas de toujours avoir Jacques près de lui ; et Jacques, habitué à obéir, s’en alla cette fois encore sans humeur ni tristesse. Il rejoignit ses cousins, cousines et amies, et tous attendirent avec impatience le moment du départ.

Pourtant, avant de se mettre en route, les enfants demandèrent encore des nouvelles du pauvre Biribi ; personne ne l’avait vu. Ils partirent, accompagnés du garde Nicaise, pour Val, petit hameau à un quart de lieue du château. Ils entrèrent chez une femme Relmot ; mais ils n’y trouvèrent que le frère, qui était à moitié idiot, et qui répondait par un oui ou un non glapissant à toutes les questions qu’on lui adressait.

LÉON.

Relmot, as-tu vu notre chien Biribi ?

RELMOT.

Oui.

LÉON.

Quand cela ? aujourd’hui ?

RELMOT.

Non.

LÉON.

Où allait-il ?

Pas de réponse ; Relmot rit d’un air bête.

LÉON.

Quand l’as-tu vu ?

Pas de réponse ; Relmot tourne ses pouces.

LÉON.

Mais réponds donc ? Sais-tu où il est ?

RELMOT.

Non.

CAMILLE.

Laisse ce pauvre garçon tranquille, Léon ; allons chez les Bernard.

JEAN.

Les Bernard ! je n’aime pas ces gens-là.

LÉON.

Pourquoi ?

JEAN.

Parce que je ne les crois pas honnêtes.

CAMILLE.

Oh ! Jean, tu dis cela sans aucune preuve.

JEAN.

Hé, hé ! Je les ai vus, il y a deux ans, et il y a peu de jours encore, couper des têtes de sapin pour en faire des quenouilles.

MADELEINE.

Ce n’est pas un grand mal, cela.

NICAISE.

M. Jean a raison ; ce n’est pas bien. D’abord le sapin n’est pas à eux, et puis ils savent bien que couper la tête d’un sapin, c’est perdre l’arbre, qui pousse crochu et qui n’est plus bon qu’à brûler.

JEAN.

Et puis Nicaise ne l’a-t-il pas pris, l’année dernière et bien des fois, coupant de jeunes arbres dans le bois de ma tante, pour en faire des fourches et des râteaux à faner ?

NICAISE.

Et encore c’est qu’il allait les vendre sur la place, au marché de la ville.

MARGUERITE.

Demandons toujours s’il n’a pas vu Biribi.

JACQUES.

Certainement, puisque nous sommes sortis pour cela.

Les enfants entrèrent chez Bernard, qui dînait avec sa femme et ses enfants.

« Bonjour, Bernard, dit Léon d’un air aimable ; nous venons vous demander des nouvelles de Biribi, qui a disparu depuis ce matin.

BERNARD, d’un air bourru.

Comment que je saurais où est votre chien, moi ? Je m’en moque bien, de votre chien et de votre garde aussi !

NICAISE.

Dis donc, Bernard, ne sois pas si malhonnête avec les jeunes messieurs et les petites demoiselles. On te parle poliment, n’est-ce pas ? Pourquoi ne répondrais-tu pas de même ?

BERNARD.

Vas-tu finir ton discours, toi ! Je n’aime pas qu’on me conseille ; je fais ce que je veux, et cela ne regarde personne.

NICAISE.

Te tairas-tu, mal embouché, insolent ? Sans le respect que je dois aux jeunes maîtres, je t’aurais déjà fait rentrer les paroles dans la gorge.

Bernard se lève et avance, le poing fermé sur Nicaise, qui reste immobile et le regarde d’un air moqueur.

NICAISE.

Touche seulement, et tu verras comme je te casserai les reins de mon pied et de mon poing !

Bernard se retire en grognant ; les enfants ont peur d’une bataille et se sauvent précipitamment à l’exception de Jean, qui se pose près de Nicaise, un bâton à la main, et de Jacques, qui se met résolument de l’autre côté de Nicaise, les poings en avant, prêt à frapper.

LÉON.

Jean, Jean, viens donc ! Vas-tu pas te battre avec ce manant ?

JEAN.

Je ne laisserai pas dans l’embarras le brave Nicaise.

— Merci bien, mes braves petits messieurs ; mais je n’ai que faire de votre courage et de ma force contre ce batailleur, plus poltron encore que méchant. Il sait ce que pèse mon poing sur son dos ; il en a goûté le jour où je l’ai pris volant du bois chez mes maîtres… Bien le bon soir, ajouta Nicaise d’un air moqueur en saluant Bernard et sa famille ; bon appétit, pas de dérangement.

Et il alla rejoindre les autres enfants, après avoir affectueusement serré la main à Jean et à Jacques.

NICAISE.

C’est tout de même courageux, ce que vous avez fait, monsieur Jean et monsieur Jacques ; car, enfin, vous ne pouviez pas deviner que ce Bernard était un poltron.

JEAN.

C’est Jacques qui surtout a eu du courage, car, moi, je suis assez grand pour me défendre.

NICAISE.

C’est égal ; bien d’autres auraient filé comme a fait votre frère, M. Léon, sauf le respect que je lui dois. Mais, chut ! nous voici près d’eux.

MARGUERITE.

Eh bien ! Il n’y a rien eu ? Mon bon petit Jacques n’a pas été blessé ?

LÉON.

Blessé ! Ah ! ouiche ? Est-ce que tu as cru qu’ils allaient se battre pour tout de bon ?

MARGUERITE.

Pourquoi donc t’es-tu sauvé, si tu ne craignais pas une bataille ?

LÉON.

D’abord, je ne me suis pas sauvé ; je me suis retiré, pour protéger mes cousines, Sophie et toi.

MARGUERITE.

Jolie escorte que tu nous faisais là ! tu courais à vingt pas devant nous.

LÉON.

J’allais en avant pour vous indiquer le chemin qu’il fallait prendre.

MARGUERITE, riant.

Ha, ha, ha ! Avoue donc tout simplement que tu avais peur et que tu te sauvais.

LÉON, d’un air indigné.

Si tu étais un garçon de ma taille, tu verrais que tes plaisanteries ne me semblent pas du tout plaisantes.

MARGUERITE, riant.

Je ne verrais rien du tout que ton dos et tes talons, parce que tu es prudent, que tu fuis la guerre et que tu aimes la paix.

Jean et Jacques riaient pendant cette discussion ; Camille et Madeleine étaient inquiètes ; Sophie applaudissait des yeux et du sourire ; Nicaise paraissait enchanté. Léon était en colère ; ses yeux flamboyaient, et, s’il avait osé, il aurait assommé Marguerite de coups de poing. Camille arrêta cette dangereuse conversation en proposant de continuer les recherches. « Nous perdons notre temps, dit-elle, et nous avons encore bien des hameaux et des maisons à visiter. »

Ils continuèrent donc leur chemin. Léon fut un peu maussade, mais il finit par se dérider et par rire comme les autres. Dans aucune maison on n’avait vu Biribi, et plusieurs personnes dirent aux enfants et à Nicaise qu’il avait probablement été tué par Bernard, qui s’était plaint que Biribi venait la nuit rôder autour de ses lapins, et avait menacé de l’étrangler la première fois qu’il pourrait mettre la main sur lui. Les enfants ne rentrèrent que vers six heures, fatigués, mais enchantés de leur longue promenade ; elle avait été interrompue par un bon goûter chez M. le curé, qui leur avait fait manger du pain et du beurre, de la crème du fromage, des cerises, et boire de la liqueur de cassis.

« Eh ! bien ! mes enfants, quelles nouvelles ? leur demandèrent les papas et les mamans qui les attendaient au salon.

— Aucune, maman, répondit Camille à Mme  de Fleurville ; on nous a seulement dit que c’était probablement Bernard qui l’avait tué.

MADAME DE FLEURVILLE.

Pourquoi supposer une pareille méchanceté ?

LÉON.

Ma tante, c’est parce qu’il l’a annoncé à plusieurs personnes.

MADAME DE FLEURVILLE.

Quand on veut faire une mauvaise action, on ne l’annonce pas.

JACQUES.
Pourtant, ma tante, Nicaise croit que c’est très
Un bon goûter chez M. le curé.
Un bon goûter chez M. le curé.
possible, parce que Biribi tournait souvent autour des petites maisons de ses lapins et qu’il

avait peur qu’il ne les lui mangeât.

MADAME DE FLEURVILLE.

S’il l’a fait, je porterai plainte au juge de paix, car c’est un mauvais homme que ce Bernard, et il me joue sans cesse des tours.

Mais tout cela ne faisait pas retrouver Biribi ; on le chercha encore le lendemain, puis on n’y pensa plus.

Le troisième jour, les enfants allaient sortir de bonne heure pour prendre du lait et du pain bis à la ferme, quand ils aperçurent, à travers les arbres, du monde rassemblé autour de la buanderie.

« Allons voir ce que c’est, dit Jacques.

— Oui, courons, répondirent tous les enfants.

Ils s’approchèrent ; on s’écarta pour les laisser passer, et ils virent le pauvre Biribi, maigre, à moitié relevé, à moitié tombé, qui mangeait avec avidité une terrine de soupe.

« Biribi ! Biribi ! s’écrièrent les enfants. Qui l’a retrouvé ? Où était-il ?

— Il était dans la buanderie, répondit Martin, le régisseur. La pauvre bête est restée là enfermée depuis trois jours.

MADELEINE.

Mais comment s’est-il trouvé enfermé ?

MARTIN.

C’est probablement quand on a lavé Milord ; Biribi sera entré dans la buanderie, et on a fermé la porte sans savoir qu’il était là.

CAMILLE.

Et qui est-ce qui a eu l’idée d’y regarder ce matin ?

MARTIN.

Les femmes de lessive y sont entrées pour préparer le linge, elles ont trouvé ce pauvre chien tombé devant la porte ; il ne pouvait seulement pas se relever : on m’a appelé ; par bonheur j’étais là à côté. Les femmes n’osaient pas en approcher ; elles craignaient qu’il ne fût enragé. J’ai bien vu tout de suite que la pauvre bête était quasi morte de faim et de soif. J’ai envoyé une des femmes chercher une terrine de soupe ; en attendant, je lui ai donné à boire. Il a bu près d’un demi-seau. Et puis la soupe est arrivée, et le voilà qui mange.

— Comme il est maigri ! dit Sophie.

— Et comme il paraît faible ! dit Jacques.

MARTIN.

Sa soupe va le remonter ; il va faire un bon somme par là-dessus, et il n’y paraîtra pas.

En effet, quand Biribi eut mangé toute sa soupe, il se leva et marcha vers sa niche, qu’il gagna avec peine. Il s’y blottit et ne tarda pas à s’endormir. Quand il fut réveillé, il mangea une seconde soupe qu’on lui avait préparée, et il parut avoir retrouvé ses forces et sa gaieté. Les enfants coururent raconter à leurs mamans et à leurs papas l’aventure de Biribi ; ils en causèrent une partie de la journée : ils le soignèrent et le caressèrent, après quoi ils n’y pensèrent plus. Seulement, depuis ce jour, Mme  de Fleurville donna ordre que lorsque la buanderie aurait été ouverte, on y regardât toujours le lendemain, de peur que quelque enfant ou quelque bête ne s’y trouvât enfermé. Biribi n’osait plus en approcher, mais une fois on y trouva un chat qui s’était blotti dans un coin, un jour de savonnage, pour attraper un mulot, et qui s’y était trouvé enfermé comme Biribi. Quand on ouvrit la porte, le chat s’élança au dehors avec une telle précipitation, que Martin crut un instant voir le diable, car le chat était noir, et Martin n’avait eu le temps d’apercevoir que deux yeux flamboyants comme des charbons ardents. En se retournant, il reconnut le chat de la ferme qui s’enfuyait, et il rit avec les enfants de sa méprise.