Les anciens couvents de Lyon/39.1. Chapitre cathédral

La bibliothèque libre.
Emmanuel Vitte (p. 640-644).

CHAPITRE DE LA PRIMATIALE DE SAINT-JEAN


LE chapitre de la Primatiale avait pour premier chanoine le roi. Les autres se recrutaient parmi les cadets de grande famille ; la noblesse était requise comme condition préalable. Dans le principe, la preuve n’était exigée que pour quatre degrés paternels et maternels. Au commencement du quinzième siècle, on exigea la preuve du cinquième ; les Almanachs de Lyon disent qu’on demandait la preuve de seize quartiers tant du côté du père que du côté de la mère.

Dans l’origine, le nombre des chanoines était illimité ; au treizième siècle, il flotte entre soixante-douze et quarante-huit ; en 1321, on le fixa à trente-deux.

Des hommes de grand mérite sont sortis de ce chapitre : les papes Grégoire X, Innocent IV, Adrien V, Boniface VIII, Clément V et Jean XXII.

Les chanoines étaient répartis en trois classes. La première comprenait les dignitaires, au nombre de huit, auxquels il convient d’ajouter un neuvième, le maître de chœur ; cette dignité était un personnat. Une dotation et des revenus spéciaux étaient attachés à chacune de ces dignités, dont nous devons nous faire une idée exacte :

1° Le Doyen était nommé par le chapitre et par acclamation. S’il n’y avait pas entente parfaite, il était élu au scrutin et à la pluralité des voix. Il présidait le chapitre et agissait en son nom dans les actes administratifs. Il faisait subir des examens aux diacres ordinands ; il pouvait, dans ce cas, déléguer ses fonctions.

2° L’Archidiacre devait organiser la défense à main armée contre tous ceux qui pouvaient tenter d’empiéter violemment sur les terres et les droits de l’église ; son office n’avait rien de spirituel.

3° Le Précenteur réglait le cérémonial des offices et veillait au maintien des anciennes traditions liturgiques.

4° Le Chantre dirigeait les chants du chœur.

armes du chapitre de lyon

5° Le Chamarier était chargé des fonds affectés à la défense des terres et des droits de l’église ; il avait en outre la garde des portes et des clefs du cloître.

6° Le Sacristain réglait la sonnerie des cloches et avait douze sonneurs sous ses ordres. Une partie des garnitures de lits des chanoines défunts lui appartenait de droit.

7° Le Grand Custode pourvoyait au personnel nécessaire à la célébration des offices.

8° Le Prévôt de Fourvière administrait l’église collégiale de Fourvière au nom du chapitre qui l’avait fondée et dotée.

Le Maître de chœur était chargé de la police du chœur. Il était assisté d’un Vice-magister ou Magister puerorum, qui avait sur les clercs inférieurs et les clergeons le droit de correction manuelle.

Après les dignitaires venait la deuxième classe des chanoines, qui comprenait les hôteliers, c’est-à-dire les chanoines d’un âge mûr et possédant un revenu élevé. Ils étaient tenus de recevoir à leur table les jeunes chanoines qui formaient la troisième classe, et dont ils devaient diriger la conduite.

Les chanoines possédaient à un haut degré l’esprit de corps et professaient en outre le respect le plus profond pour les traditions léguées par leurs prédécesseurs.

Après les chanoines, mais à distance, venaient les custodes, les chevaliers de l’église et les perpétuels. Il y avait quatre custodes : les deux premiers avaient le titre de custodes de Sainte-Croix, le troisième celui de trésorier de Saint-Jean, et le quatrième celui de sacristain de Saint-Étienne. Sainte-Croix, Saint-Étienne et Saint-Jean formaient trois églises sous un même clocher. — Les chevaliers furent d’abord des défenseurs armés de la cathédrale ; en dernier lieu, c’étaient des docteurs en droit canonique. Ils constituèrent avec le théologal la partie savante du chapitre. — Les perpétuels, amovibles malgré leur titre, furent douze d’abord et vingt ensuite ; ils étaient chargés d’officier dans les chapelles et d’assurer le service des fondations.

Le costume du chœur, en été, consistait en un surplis et une aumusse d’hermine dont la fourrure était disposée par bandes et doublée de même. En hiver, ils avaient un ample manteau noir bordé par-devant d’une bande rouge. Pour se couvrir la tête, ils avaient avec l’aumusse un capuchon d’hermine, et avec le manteau un bonnet de fourrure. Custodes et chevaliers avaient un costume semblable. Les perpétuels cependant avaient une aumusse plus courte, ayant un rang d’hermine en moins et doublée de peau d’agneau. Le cardinal de Tencin modifia ce costume : il fit prendre le rochet, le camail avec une étole d’hermine large de deux doigts en été, et de quatre en hiver, et en 1745, une croix orna le camail. Suspendue à un ruban couleur de feu liseré de bleu, la croix était d’or émaillée à huit pointes terminées par quatre couronnes comtales avec quatre fleurs de lis dans les angles, sur laquelle étaient représentés d’un côté saint Étienne et de l’autre saint Jean.

Outre ce nombreux personnel, on comptait quarante prêtres habitués, vingt clercs et vingt-quatre enfants de chœur.

manécanterie

À l’origine, les chanoines vivaient de la vie commune, dans le silence de leur cloître. Ils mangeaient ensemble dans un endroit appelé la dapiférie, qui devint la manécanterie, au côté méridional de la cathédrale.

Il y avait trois cloîtres : le petit cloître, élevé à côté de la cathédrale, que les chanoines habitèrent sous des lois sévères jusqu’en 1220, méritant par leur vie exemplaire les félicitations de saint Bernard.

Le petit cloître, devenu insuffisant, fit place à un second plus vaste ; tous les deux furent détruits au douzième siècle par le comte de Forez.

Le grand cloître ou cloître extérieur renfermait dans son enceinte une partie notable du quartier de Saint-Jean. Cette vaste enceinte avait six portes, dont la porte-froc était la plus importante.

Dès le principe, aucun laïque ne logeait au cloître ; ils ne pouvaient même y entrer que pendant les offices. Le clergé devait s’y comporter avec la plus rigoureuse modestie ; les statuts de 1175 prouvent combien était grande la régularité primitive. Nul chanoine ou clerc ne devait y être vu autrement qu’en habit d’église, depuis Matines jusqu’à Sexte, et depuis Nones jusqu’à Complies. Si pourtant ils avaient à faire en ville, ils pouvaient se montrer en passant dans le cloître, aux heures indues, pourvu qu’ils fussent à cheval. La règle de l’Église de Lyon était remplie de devoirs impérieux et rigidement exécutés. Avec le temps, le relâchement peu à peu pénétra dans le cloître ; sur la fin du dix-huitième siècle, il ne restait presque plus rien des anciennes règles.