Les carrosses à cinq sols/04

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Imprimerie de Firmin Didot (p. 31-32).

III
LETTRE
DU MARQUIS DE CRENAN[1]
À ARNAULD DE POMPONNE.
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(Paris) ce 26 février (1662).


Nous avons cru que vous seriez bien aise de savoir l’essai que nous avons fait de la force des chevaux de louage. Nous en avons loué deux, deux jours de suite, qui ont parti à six heures du matin, et ont fait leurs huit routes gaillardement ; quatre le matin, et finissoient devant onze heures, n’allant qu’au pas, et ayant même rencontré des embarras : l’après-dînée, ils commençoient à deux heures et demie et finissoient à six. C’étoit un même carrosse de louage et les mêmes chevaux ont travaillé tous les deux jours, et ils n’étoient point harassés. De-là vous jugerez du reste. Nous avons fait marché à huit tours, à cent écus par mois, pour une route, laquelle serait déjà établie sans la raison principale. Nous espérons y remédier dans un peu de jours. Nous sommes persécutés de tout le monde pour l’établir, et un chacun dit qu’il ira, et notre affaire est maintenant crue aussi bonne qu’elle passoit au commencement pour ridicule, et, nous la tenons tous maintenant indubitables.

Mandez-vous, je vous supplie, des nouvelles de votre santé, et nous croyez absolument à vous.

Signé : Cn
Suscription : À monsieur de Pomponne.
On lit au dos, de la main de Pomponne : — 26 février 1662, M. le marquis de Crenan[2].
  1. Pierre de Perrien, marquis de Crenan, en Bretagne, grans echanson de France. (Voyez l Histoire généalogique des grands-officiers de la couronne, par le P. Anselme, t. VIII, p. 586)
  2. L’original autographe de cette lettre fait partie des manuscrits de Pomponne, à la Bibliothèque royale de l’Arsenal.