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Les cavaliers de Miss Pimbêche/21

La bibliothèque libre.
George E. Desbarats, éditeur (p. 77-78).


« C’EST COMM’ PAR CHEZ NOUS. »

Chanson Canadienne.

Pierre disait à son cousin
Habitant d’un canton voisin :
— Par chez vous comment vont les choses ?
Ici, ma foi, tout n’est pas roses,
Nos avocats sont des bavards,
Et tous nos marchands des vantards
De leur marchandise.
Puisqu’on en devise,[1]
Mon cousin, c’est, par chez vous,
Tout comm’ par chez nous. (Bis)

Mais Jean reprit : — Dans mon canton
Tous ceux qui prennent le haut ton
Ne sont pas toujours les moins… bêtes ;
Et le vent remplit bien des têtes
Que surchargent de gros bonnets
Et que portent de grands benêts…
J’en ris à ma guise !
— Puisqu’on en devise,
Mon cousin, c’est, par chez vous,
Tout comm’ par chez nous. (Bis)


— Le Docteur est un bon garçon
Qui sait par cœur une leçon
Pour guérir chaque maladie…
Ma femme y croit, je m’en défie ;
Au ciel même il donnera tort
Si je meurs de ma belle mort
Sans qu’il s’en avise.
— Puisqu’on en devise.
Mon cousin, c’est, par chez vous,
Tout comm’ par chez nous. (Bis)

— Pierre, combien as-tu d’enfants ?
Dix, mais, malgré mes cinquante ans,
Je trouve toujours que nos filles
Sont vives, aimantes, gentilles,
Fidèles à leurs cavaliers
Et souple comm’ des gadelliers[2]
Qu’agite la brise.
— Puisqu’on en devise,
Mon cousin, c’est, par chez vous,
Tout comm’ par chez nous. (Bis)

— Aussi, malgré mille travers,
Malgré les esprits à l’envers,
Au pays je veux toujours croire…
Si les docteurs s’en font accroire,
Si les avocats parlent trop,
Si les marchands sont sur not’ dos…
Bah !… prends une prise !
— Puisqu’on en devise,
Ailleurs c’est pis’ que chez vous :
— Et mêm’ que chez nous. (Bis)

  1. Le verbe deviser est employé ici dans son sens le plus ancien, le plus français, — qui est : causer familièrement.
  2. Nom vulgaire du groseiller.