Les cinq nièces de l’oncle Barbe-Bleue/Chapitre 09

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Charavay, Mantoux, Martin (p. 161-176).



CHAPITRE IX


COUPABLE


« Laquelle de vous a écrit ceci, mesdemoiselles ? » dit M. Maranday en entrant dans la chambre qui servait de salle d’étude aux petites cousines.

C’était le lendemain de l’excursion aux Sept Lacs. Ces demoiselles étaient en train d’écrire à leurs parents. À l’exception de Marie-Antoinette qui avait bâclé en quelques minutes son petit billet à sa mère et qui paressait sur un canapé, elles étaient toutes très affairées, le nez penché sur de nombreux feuillets de papier à lettre épars sur la table, et les doigts plus ou moins tachés ; il y avait tant à dire, tant à raconter cette semaine.

Quand je dis qu’elles étaient toutes là, je me trompe : Valentine n’avait pas paru depuis le déjeuner.

À la voix de leur oncle, les fillettes se levèrent précipitamment. M. Maranday avait repris un air énigmatique, impénétrable, il était impossible de savoir au juste s’il était très fâché, ou seulement contrarié ou préoccupé. Les fillettes, qui n’étaient pas très physionomistes, en conclurent aussitôt qu’il avait quelque grave reproche à faire à l’une d’elles, et chacune sonda sa conscience. De quelle lettre s’agissait-il ?

« Je n’ai écrit qu’à Papa depuis que je suis ici, déclara Geneviève.

— Et nous, chez nous, dit Élisabeth, parlant à la fois pour elle et pour sa sœur.

— Je n’ai pas d’amis, fit de son côté Marie-Antoinette.

— Cette lettre ne s’est pourtant pas écrite toute seule, reprit M. Maranday en leur montrant un papier rose qu’il venait de tirer de l’enveloppe.

— Nous pouvons lire ? demanda Geneviève innocemment, tandis que Mlle Favières pâlissait.

De quel méfait ses élèves s’étaient-elles rendues coupables à son insu ?

— Lorsque vous êtes arrivées ici, poursuivit M. Maranday, je ne vous ai fait qu’une défense. J’avais des raisons particulières pour vous interdire l’accès de toute cette partie du château connue sous le nom de l’aile sud, et où sont situés mes appartements personnels.

« Oh ! mon Dieu, pensa Geneviève, le nègre a parlé de notre visite au grenier, je suis perdue ! »

Et elle se mit à trembler. Celles de ses compagnes qui n’avaient sans doute rien à se reprocher se regardaient interdites, et Charlotte paya d’audace.

— Quels qu’aient pu être mes motifs pour vous défendre de pénétrer dans ce corps de logis, dit M. Maranday, vous aviez à vous conformer à mes ordres. Or, je sais pertinemment que l’une de vous les a enfreints.

— Pas moi, s’écrièrent les deux petites sœurs, ainsi que Marie-Antoinette.

Geneviève voulut parler, s’excuser. Pour la première fois de sa vie, elle avait peur, et les paroles s’étouffèrent dans sa gorge.

— Admettez-vous que cette lettre, qui prouve la désobéissance de l’une de vous, se soit écrite toute seule ? demanda M. Maranday.

Geneviève fit un pas en avant :

— J’ignore ce qu’il y a dans cette lettre, dit-elle, car je n’ai rien écrit, je vous assure, mon oncle. J’ai désobéi, c’est vrai, mais bien malgré moi. Je ne suis pas allée exprès dans l’aile sud, et sans le nègre…

— Quel nègre ? s’écrièrent tous les assistants, y compris M. Maranday.

— Le nègre ou la négresse qui nous a poursuivies.

— Ah ! Ah ! vous étiez donc plusieurs ? fit son oncle.

Geneviève avait des défauts ; elle était étourdie, désordonnée, capricieuse, souvent raisonneuse, mais elle ne connaissait pas le mensonge. Comment tout avouer sans « trahir » et Valentine absente, et cette Charlotte qui venait de mentir si effrontément ?

— Mon oncle, dit-elle enfin, permettez-moi, tout en vous faisant une confession entière, de n’accuser que moi. Je ne veux pas me disculper aux dépens des autres, mais je ne veux pas davantage les vendre.

M. Maranday fronça le sourcil.

Les aveux devenaient de plus en plus pénibles. Geneviève prit son courage à deux mains :

— Je suis bien fâchée d’avoir farfouillé au grenier sans vous en avoir demandé la permission, dit-elle.

— Qu’alliez-vous faire au grenier ? demanda M. Maranday surpris.

— Chercher de quoi nous déguiser, répondit-elle en baissant la tête.

Et revendiquant bravement sa part entière de blâme :

— C’est moi qui ai entraîné les autres, mon oncle ; elles n’y auraient jamais pensé toutes seules.

— Oh ! non, s’exclama Charlotte sans se douter qu’elle se trahissait elle-même.

— Continue, dit M. Maranday à Geneviève.

— Là-haut, nous avons été surprises par une espèce de diable.

— Un diable ? s’écria-t-on autour d’elle sur différents tons.

— Ou un nègre, ajouta Geneviève, enfin, par quelqu’un qui nous a fait une peur atroce, et, en dégringolant quatre à quatre, nous nous sommes trompées d’escalier et nous sommes arrivées dans l’aile sud.

— Qui avez-vous vu ? demanda brièvement son oncle.

— Personne.

— Bien sûr ?

— Personne autre que le singe, et le perroquet qui appelle Landa.

M. Maranday ne put s’empêcher de sourire de sa naïveté.

— Je vous jure que je n’ai pas écrit un mot de cela à qui que ce soit, conclut Geneviève avec une telle véhémence que son oncle lui dit :

— Je te crois, mon enfant, mais alors ?…

— Valentine n’est pas ici, fit une voix, celle de Marie-Antoinette.

La méchante petite fille, jalouse des succès remportés la veille par sa compagne, n’était pas fâchée d’avoir une occasion de la faire gronder. Cette absence ne prouvait-elle pas en quelque sorte la culpabilité de Valentine ?

— Au fait, dit M. Maranday, il manque une des petites cousines.

— Elle est peut-être dans sa chambre, répondit Mlle Favières.

— Qu’on me l’amène, dit M. Maranday du ton d’un juge d’instruction.

Ces demoiselles étaient très émues, surtout Charlotte qui tremblait de voir son mensonge découvert.

Au même moment, Valentine entrait toute joyeuse :

— Si vous saviez !…

Puis, s’interrompant brusquement en apercevant aux mains de son oncle le fameux papier rose.

— Pardonnez-moi, si je vous ai offensé, s’écria-t-elle, oui, c’est vrai, j’ai eu tort, je vous ai désobéi, mais il m’inspirait tant de pitié !… Pardon pour lui, pour moi !…

Les fillettes semblaient pétrifiée d’étonnement. Qui ? lui ? De qui parlait Valentine ? Et l’oncle qui avait l’air de la comprendre si bien. Qu’est-ce que cela signifiait ? Mlle Favières paraissait presque aussi intriguée.

— Est-ce ainsi que vous m’obéissez ? reprit M. Maranday. Votre curiosité pouvait avoir des conséquences que vous ne pouvez même soupçonner.

— Ce n’est pas de la curiosité, s’écria Valentine, les mains jointes, suppliante.

Et saisie d’une idée subite :

— Oh ! mon oncle, vous m’avez promis hier une discrétion, accordez-moi sa grâce.

— Sa grâce, répéta M. Maranday.

— Oui, sa grâce. Il vous a désobéi, n’est-ce pas ? et vous l’avez puni sévèrement. Oh ! sa punition a assez duré !…

— Elle n’a que trop duré, répondit M. Maranday, le front plissé par une contraction douloureuse, mais ce n’est pas moi qui la lui ai infligée et j’en ai souffert peut-être encore plus que lui.

— Punissez-moi à sa place, s’écria Valentine héroïque.

— Qu’entendez-vous par là ? lui demanda son oncle en la regardant fixement.

— Oui, rendez-lui la liberté, je serai prisonnière si vous le voulez tout le reste des vacances. Oh ! laissez-vous fléchir !…

— Parles-tu sérieusement, Valentine ? dit M. Maranday, abandonnant le vous cérémonieux qu’il avait employé jusque-là. Veux-tu dire que tu consentirais à vivre enfermée comme dans une prison, par dévouement, pour quelqu’un que tu ne connais même pas ?

— Je le ferai de grand cœur, mon oncle, dit Valentine, prête à tous les sacrifices.

— Sans le connaître… murmura M. Maranday.

— Je sais qu’il souffre, cela suffit ! s’écria Valentine, enhardie par l’attitude de son oncle.

— Tant d’abnégation rachèterait une plus grosse faute… dit M. Maranday, comme se parlant à lui-même.

— D’ailleurs, j’ai mérité une punition, ajouta la fillette, j’aurais dû m’adresser directement à vous au lieu d’écrire.

— En effet, dit Mlle Favières très scandalisée, une petite fille ne doit jamais écrire à personne sans montrer sa lettre à ses parents. Que dira votre maman ? Je m’étonne qu’une jeune fille bien élevée…

Valentine fondit en larmes. Cette seule pensée fit plus que tous les reproches qu’on eût pu lui adresser. Geneviève, voyant son désespoir, courut passer ses bras autour du cou de la pauvre éplorée et lui essuyer les yeux : « Ne pleure pas, Valentine, » lui disait-elle tout bas.

Et elle jetait des regards furibonds sur Charlotte, qui, de peur de se compromettre, n’osait bouger, tandis que les autres, terrorisées, étaient partagées entre un double sentiment. Marie-Antoinette triomphant sur son « ennemie jurée », et Élisabeth, éclipsée jusque-là par des compagnes plus brillantes, n’étant pas fâchée d’afficher son impeccabilité. Elle était d’ailleurs trop égoïste pour s’inquiéter des autres, et les punitions qui ne la menaçaient pas personnellement lui importaient peu.

M. Maranday semblait vouloir analyser les impressions de toutes ces fillettes.

« Que pensez-vous de ceci ? » demanda-t-il à Mlle Favières en lui passant le petit billet rose.

« Au petit inconnu,

« Prenez patience, pauvre petit prisonnier, je saurai vous délivrer. Je voudrais tant vous connaître. »

« Une Amie. »

« Voici ce qui a été lancé ce matin, par une fenêtre entr’ouverte dans la chambre de mon…

M. Maranday s’interrompit brusquement :

— Pour vous punir, Valentine, lui dit-il, je vous ordonne d’aller seule dans cette chambre où vous avez pénétré l’autre jour sans mon autorisation, et d’y rester jusqu’à ce que je vous permette d’en sortir.

— Moi aussi, j’ai mérité d’être punie mon oncle ! s’écria la vaillante petite Geneviève, mais Charlotte se garda bien d’en dire autant.

— Le tour de Geneviève viendra », ajouta M. Maranday de cette même voix énigmatique.

Et il sortit, suivi de Valentine, qui, épouvantée après coup de son audace, se croyait pour de bon revenue au temps de Barbe-Bleue.



Qu’allait-il lui arriver ?

Son oncle poussa la double porte qui donnait accès à l’appartement réservé.

« Va, lui dit-il en ouvrant la seconde porte, et que ton bon cœur t’inspire. »

Et il l’embrassa sur le front…

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Il serait presque impossible de dépeindre l’émoi dans lequel M. Maranday, emmenant Valentine comme une prisonnière, avait laissé la salle d’études. Mlle Favières l’avait suivi de près en recommandant à ses élèves de méditer sur les conséquences funestes de la désobéissance. Les fillettes consternées n’avaient pas besoin de la recommandation.

« Que va-t-il faire de Valentine ! » se disaient-elles effarées.

Et toutes les bizarreries de cet oncle qu’elles connaissaient si peu leur revenant à la mémoire, les voilà qui se montent la tête.

Qu’était-ce que toute cette histoire de prisonnier, à laquelle elles n’avaient pour ainsi dire rien compris ? Geneviève dut recommencer, avec toutes ses circonstances, le récit de son excursion au grenier, et Charlotte, un peu rassurée par l’absence de l’oncle, finit par avouer sa participation. Les deux autres les bombardaient de questions. Avec cette insistance particulière à l’enfance, les fillettes tournaient dans le même cercle, ressassant à satiété les détails que nous savons. Leur terreur allait toujours croissant. De déductions en déductions, l’oncle Cousu d’or leur apparaissait non plus comme un nabab, mais comme un nouveau Gille de Rais, — celui qui devint le Barbe-Bleue de la légende, — un Ogre, qui attirait chez lui les petits enfants pour les dévorer, ou tout au moins pour les torturer. Qui sait si ce vieux château ne recélait pas des oubliettes.

« Jamais plus je n’irai quelque part sans ma maman, » geignit Élisabeth toute tremblante.

— Nos parents ont été bien imprudents de nous laisser venir seules, ajouta sa sœur d’un petit air entendu.

— Je t’engage à parler, toi ! s’écria Geneviève. Tu n’as pas même le courage d’avouer tes fautes. Est-ce la présence de ta maman qui t’aurait empêchée de mentir comme tu l’as fait tout à l’heure ?

— C’est ta faute aussi ! tu n’aurais pas dû nous entraîner au grenier !…

— Allez-vous pas vous disputer, maintenant ? dit Marie-Antoinette, qui ne songeait qu’aux dangers que pouvait courir sa précieuse petite personne ; le moment est bien choisi, vraiment ! Pour moi, je vous avertis que je ne passerai pas la nuit ici. J’aurais trop peur d’être tuée pendant mon sommeil.

— Comme les enfants d’Édouard ? murmura Geneviève en haussant les épaules. Tu n’as qu’à fermer ta porte à clef, si tu as si peur que cela.

— On entrerait peut-être par le balcon. Non, vous dis-je, je ne coucherai pas dans ce château où se passent des choses si extraordinaires.

– Ni moi non plus, s’écria Charlotte, quelque peu troublée par les reproches de sa conscience.

– Je ne demanderais pas mieux que d’en faire autant, dit sa sœur, très pratique, mais comment voulez-vous que nous nous en allions sans être vues ? On nous rattraperait bien vite et ce serait pire qu’auparavant.

– Le courrier passe à six heures, suggéra Marie-Antoinette, que la peur rendait ingénieuse.

— Au fait, c’est une idée. Prenons sa voiture.

— C’est parfait, s’exclama Charlotte. Faisons un paquet des affaires auxquelles nous tenons le plus, et sortons, comme pour aller nous promener. Le courrier correspond avec le chemin de fer. Nous serons en express avant qu’on se soit aperçu de notre disparition.

— Mais… voudra-t-il nous prendre, le courrier ? demanda Geneviève hésitante.

— Et avons nous assez d’argent pour notre voyage ? ajouta Élisabeth. Pour moi, je n’ai pas même touché aux cent francs de l’oncle.

— Les miens sont un peu écornés, avoua sa sœur.

— Nous n’aurons qu’à prendre les secondes, dit Marie-Antoinette, tant était grande sa hâte de fuir Rochebrune.

— Et Valentine ? demanda Geneviève.

— Ah ! ma foi tant pis, elle n’avait qu’à ne pas se mettre dans le pétrin, s’écria Charlotte.

— Chacun pour soi, dit Élisabeth, non moins égoïstement.

— Qu’avait-elle besoin de se mêler de ce qui ne la regardait pas ? ajouta Marie-Antoinette. Admettons qu’il y ait un prisonnier dans l’aile sud, après tout, qu’est-ce que cela lui faisait ?

— Ce n’était pas son affaire, évidemment, accentua Élisabeth.

— S’il y a du danger à rester ici, je ne vois pas pourquoi nous nous y exposerions pour elle, reprit Charlotte.

— Vous n’êtes que des sans-cœur, Mesdemoiselles, s’écria Geneviève indignée. Valentine n’est pas plus coupable que moi et… (une intonation méprisante) Charlotte !… Seulement, elle n’est pas menteuse, elle, elle n’est pas hypocrite ! Elle a eu tort d’écrire une lettre en cachette, mais elle l’a fait par charité, et vous toutes, qui ne pensez qu’à vous, vous êtes dix fois plus à blâmer qu’elle.

— Nous ne voulons pas désobéir, nous, déclarèrent ses compagnes.

— Et vous échapper d’ici, c’est obéir, alors ? riposta Geneviève exaspérée. Vous n’avez en vue que votre intérêt personnel, comme dit papa, et mon papa qui est très bon, serait plus fâché de m’entendre parler comme vous, que de me voir faire mille sottises.

— Aussi tu ne t’en prives pas d’en faire, des sottises, murmura Élisabeth.

— Laissez-la donc tranquille, elle et sa Valentine, s’écria Marie-Antoinette, et venez arranger nos affaires pour nous en aller.

Charlotte voulut insister auprès de Geneviève :

— Viens donc avec nous…

— Je ne partirai d’ici qu’avec Valentine, déclara péremptoirement Geneviève.

— À ton aise, ma chère.

— Je saurai bien la délivrer… conclut Geneviève en voyant ses compagnes s’éloigner.

Délivrer Valentine, c’était facile à dire, mais moins facile à faire. Elle devait être sous clef. Il est vrai que Geneviève pouvait pénétrer dans la chambre qui lui servait de prison en prenant le chemin du grenier, mais d’une part le « diable » ne serait-il pas là pour lui barrer le passage, et de l’autre, l’Oncle, sachant qu’on pouvait entrer par là, n’aurait-il pas fermé la porte du grenier ? Non décidément, mieux valait imaginer autre chose.

Et voilà notre Geneviève dans le jardin, le nez en l’air, tournant autour de l’aile sud.

Justement, la tête rousse de Valentine se montra un instant à une certaine fenêtre, jadis hermétiquement close. C’était bien là qu’on l’avait mise. Comment arriver jusqu’à elle ? En vain son alliée essaya d’attirer son attention. Elle était de nouveau invisible.



« Pourquoi ne saute-t-elle pas par la fenêtre » se demanda Geneviève. « À sa place, c’est moi qui me serais déjà sauvée, si on m’avait laissé la fenêtre ouverte. Sauter d’un rez-de-chaussée, quoi de plus simple ?… Eh mais, je suis bien bonne de tant chercher, ce n’est pas pour rien que j’ai toujours eu les prix de gymnastique. Je n’ai qu’à me glisser le long du mur, et à me hisser à la force des poignets. Tant pis si on m’aperçoit !… Ce serait trop lâche d’abandonner Valentine… »

Geneviève n’avait pas l’habitude de réfléchir longtemps avant d’agir. Elle s’avance avec précaution, atteint la fenêtre en question et s’efforce vainement d’atteindre le rebord.

Ô désolation ! Geneviève est trop petite.

« Pst ! Pst ! Valentine… » fait-elle à demi-voix.

Nul ne lui répond.

Un effort encore. Elle glisse, elle a la paume des mains toute égratignée, mais elle ne se lasse point. Cette fois, elle s’accroche désespérément au rebord de la fenêtre et s’y maintient en équilibre. Elle se hausse un peu plus, arrive enfin à se tenir à la barre d’appui, et, jetant les yeux sur la prison de Valentine, pousse un cri perçant…