Depuis que j’ai touché le faîte
Et du luxe et de la grandeur,
J’ai perdu ma joyeuse humeur !
Adieu bonheur ! (bis.)
Je bâille comme un grand seigneur.
Adieu bonheur !
Ma fortune est faite.
Le jour, la nuit, je m’inquiète :
La chicane et tous ses suppôts
Chez, moi fondent à tous propos ;
Adieux repos !
Et je suis surchargé d’impôts…
Adieu repos !
Ma fortune est faite.
Toi dont la grâce gentillette,
En me ravissant la raison,
Sut charmer ma jeune saison
Adieu Suzon !
Je dois te fermer ma maison…
Adieu Suzon !
Ma fortune est faite.
Plus d’appétit, plus de goguette ;
Dans un carrosse empaqueté,
Je promène ma dignité.
Plus de gaîté !
Et par bon ton je prends du thé…
Adieu gaîté !
Ma fortune est faite.
Pour le plus léger mal de tête,
Au poids de l’or je suis traité.
J’entretiens seul la Faculté,
Adieu santé !
Hier trois docteurs m’ont visité…
Adieu santé !
Ma fortune est faite.
Vous, qui veniez dans ma chambrette
Rire et boire avec vos tendrons,
Qui souvent en sortiez si ronds,
Adieu lurons !
Quand je serai gueux nous rirons…
Adieu lurons !
Ma fortune est faite.
Mais je vois, en grande étiquette,
Chez moi venir ducs et barons.
Lyre, il faut suspendre tes sons.
Adieu chansons !
Mon suisse annonce, finissons…
Adieu chansons !
Ma fortune est faite.
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