Les noms indiens de mon pays/CABONGA-JUPITAGAN

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Texte établi par Rayonnement (1p. 27-51).

CABONGA — CABONKA

C’est le nom abrégé d’un lac, puis d’un barrage qui a réuni trois grands lacs : Rapides, Barrière et Kakibongang (Voir ce nom).

CACOUNA
Cacouna pour Kakonang (au pays des porcs-épics) Algonquin.
Racines : kak : porc-épic ; nang : locatif régional.

Plusieurs tribus indiennes ont le même mot pour désigner ce mammifère rongeur dont le corps est armé de piquants. Cacouna fut visité par les premiers missionnaires, dont le P. Jean-Baptiste de La Brosse, s.j. (1771), que les Indiens appelaient Tchitchisahigan « le balai » (des consciences).

Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870, p. 47.

J.A. Cuoq, Lexique de la langue algonquine.

CANADA

Canada est une altération du mot iroquois Kanata (village, bourgade, groupe de tentes) (kanatakon : dans le village). On a voulu, sans fondement solide, assigner à ce nom une toute autre étymologie : « konata » mot Cris signifiant « sans propos, sans raison, sans dessein, gratis. »

Le Canada est un immense pays de l’Amérique septentrionale, arrosé par une multitude de lacs, de rivières, borné au nord, à l’est et à l’ouest par trois océans et au sud par les États-Unis. Il est divisé en dix provinces : Île du Prince-Edouard, Nouvelle-Écosse, Nouveau-Brunswick, Québec, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie et Terre-Neuve ; plus deux territoires : Yukon et Nord-Ouest. Jacques Cartier, navigateur de St-Malo, découvrit le Canada en 1534 et donna à l’un de ses grands fleuves le nom de St-Laurent, lors de son second voyage en 1535.

Lexique iroquois : J.A. Cuog, P.S.S.

CANSO
Canso pour camsog (rocher de l’autre rive) Micmac.
Racines : Kam, au-delà ; sok : rocher, falaise.

Vu du Cap Breton, Canso a l’aspect d’une terre nivelée, d’une plaine. C’est une pointe avancée à l’extrémité est de la Nouvelle-Écosse, formant avec l’île Cap-Breton un détroit en même temps qu’un port de mer.

À Canso, pour l’orientation des navires, est installé un poste de télégraphie sans fil. C’est le terminus de plusieurs câbles sous-marins entre l’Europe et l’Amérique. Les navires venant de l’étranger y font escale ; il y a des bureaux de douane et un hôpital pour les marins.

En 1629, l’année de la prise de Québec par les Kirke, les PP. Vimont et de Vieuxpont firent naufrage l’un après l’autre sur les côtes de Canso et s’y établirent en fondant une mission au service des Micmacs.

Études hist. et géolg. du P. Pacifique, Cap. p. 270.

Encyclopédie Grolier.

CAPITACHUANE
Capitachuane pour Ka pitchatchiwan (le long courant) Algonquin. Cris.
Racines : Pitcha, long ; djiwan : courant.

C’est ainsi que les algonquins appellent un affluent de la rivière Ottawa.

CASCAPÉDIA
Cascapédia (rivière large) Micmac.
Racines : kaska : large ; En cris : anakaskaw : large ; pegiag : rivière.

Cascapédia, province de Québec, comté Bonaventure, est le nom d’une baie, d’une paroisse et d’une rivière qui prend sa source dans un lac près des monts Shickshock et qui se jette dans la Baie des Chaleurs. À son embouchure, elle atteint une largeur de 1 500 pieds. La pêche et l’exploitation des forêts y sont florissantes.

La Gaspésie au soleil par Antoine Bernard, C.S.V.

Études hist. et géog. p. 182 par le P. Pacifique, Cap.

CATARACOUI

Selon le Père Michel Jacobs, s.j., iroquois de Caughnawaga et spécialiste en langue iroquoise, Cataracoui vient de « otara » (glaise) et ce mot signifie « où il y a des dépôts de glaise ».

Cataracoui est le nom d’une rivière faisant partie du canal Rideau, qui se jette, à Kingston, dans le fleuve St-Laurent. C’est aussi le nom d’un fort bâti en 1673 par Monsieur de Frontenac et détruit par le Colonel Bradstreet en 1758. Sur son emplacement s’élève aujourd’hui la ville de Kingston à l’extrémité nord-est du lac Ontario, où il y a une école militaire et une université.

Dict. général du Canada. R.P. L. Lejeune, O.M.I.
Larousse (Supplément canadien).
CAUGHNAWAGA
Caughnawaga pour Kahnawaké (au rapide) Iroquois.
Racines : ohnawa, rapide ; ké : localité, lieu.

Caughnawaga est un village et une réserve iroquoise d’une superficie de 12,327 acres, en face de Lachine, à la tête du Sault Saint-Louis.

Les missions iroquoises furent toujours difficiles par le fait que les colons anglais attisaient des haines, Même le gouverneur de New-York, Dongan, un irlandais catholique, se distingua entre tous par son hostilité contre les Jésuites. En face de telles vicissitudes, ils durent faire émigrer les Iroquois catholiques au cœur de la Nouvelle-France. En 1669, on organisa la mission de la Prairie sur le Saint-Laurent qui, en 1676, fut transférée au Sault Saint-Louis. C’est le Caughnawaga d’aujourd’hui. Un essaim de convertis et de néophytes vint s’installer dans ce refuge, où arriva un jour la petite iroquoise surnommée « Le lis mohwaha » Kateri Tekakwita. Elle fut baptisée à l’âge de vingt ans et mourut en odeur de sainteté le 17 avril 1680.

Caughnawaga fut desservi d’abord par les Jésuites, puis par les prêtres séculiers et par les Oblats, pour retourner finalement aux Pères Jésuites.

On y garde de précieux souvenirs : le pupitre de Champlain, les dictionnaires de Charlevoix, un retable d’autel donné par la cour de Louis XIV et surtout les reliques vénérées de Catherine Tekakwita.

Caughnawaga ou Sault Saint-Louis, dans le Québec, est considéré comme le chef-lieu de la nation iroquoise. C’est là que se tient le grand feu, où se réunissent les députés des autres villages iroquois et même quelquefois des autres nations.

Les Iroquois de Caughnawaga sont divisés en sept bandes, ayant chacune son emblème : Tortue (anowara), Ours (okwari), Loup (okwaho), Calumet (kanonnawen), Rocher (onenhia), Alouette (tawistawis), Tourtre (orite).

Les Saints Martyrs canadiens, p. 45 — A. Fortin, chanoine
Dictionnaire général du Canada, L. Lejeune, O.M.I.
Lexique iroquois, p. 154 — J.A. Cuoq, P.S.S.
CAUSAPSCAL
Causapscal (courant de la pointe rocheuse) Micmac.

Causapscal, sur le chemin de fer du Canadien National, est le nom d’une paroisse du diocèse de Rimouski, fondée en 1870 et située au confluent des rivières Matapédia et Causapscal, d’où lui est venu son nom.

Études historiques et géographiques, p. 190. Père Pacifique, Cap.

CAYAMANT
Cayamant pour Kakgamaw (le lac porc-épic) Cris, Algonquin.
Racines : Kak : porc-épic ; gamaw : lac, étendue d’eau.

Cayamant est le nom d’un lac et d’une paroisse du diocèse de Pembroke, comté de Pontiac, province de Québec. Le nom de cette paroisse est mal écrit. Les paroissiens et leur curé disent Kakgaman, de même que les indiens.

CHABOMINISIPI
Chabominisipi (la rivière des groseilles) Cris, Tête de Boule.
Racines : Chabo : au travers, de bord en bord ; min, airelle, petit fruit ; sipi : rivière.

Cette rivière coule dans la Baie d’Hudson, versant ouest. Les groseilles y sont transparentes, rouges et blanches.

CHEEMAAWIN
Cheemaawin pour tchimahawin (pêche à la seine) Cris.

Cheemaawin est le nom d’une paroisse dans l’est du Manitoba.

Un lac, au nord de cette province, portait autrefois le même nom. Dans les relations de voyage de La Vérendrye, il est appelé Lac Bourbon. De nos jours, les cartes le nomment Cedar Lake.

CHIBOUGAMAU
Chibougamau pour Shabogamaw (lac traversé de bord en bord par une rivière) Cris, Tête de Boule.
Racines : Shabo : au travers, de bord en bord ; gamaw, lac, étendue d’eau.

Plusieurs lacs portent ce nom. Il y en a un sur la rivière Natowé, à une trentaine de milles en bas de Senneterre, et un autre plus remarquable, vers le Lac St-Jean. De récentes découvertes minières y ont été faites, notamment l’or filonien. Sur la rive nord de ce lac, la Cie de la Baie d’Hudson avait un poste pour les indiens et les chercheurs de mines. Aujourd’hui, Chibougamau est considérable et deux voies ferrées y ont leur terminus. Ce lac se déverse dans la rivière qui porte son nom, laquelle se jette dans la rivière Waswanipi.

CHICAGO
Chicago pour chikakong (chez les mouffettes) Algonquin.
Racines : Chikak : mouffette

Les Iroquois appellent ce mammifère carnassier anitas, enfant du diable.

Cet animal répand à volonté une odeur infecte qui lui a valu le nom de bête puante. Cette odeur est tellement insupportable qu’elle suffit à sa défense. Personne, ni homme ni bête, n’osent en approcher dès qu’elle a jeté ce parfum liquide secrété par deux glandes anales.

Chicago sur la rivière du même nom, à l’extrémité du lac Michigan, est la deuxième ville des États-Unis par la population, le commerce et l’industrie. Cette ville est le plus grand marché mondial pour la viande, le grain, les bestiaux, les fruits. Ses abattoirs et ses salaisons emploient plus de 25,000 personnes. Les produits de ses 8,500 industries se chiffrent par milliards.

La bibliothèque publique contient 1,400,000 volumes. L’Université de Chicago, en style gothique anglais, comprend 85 édifices et forme un immense quadrilatère. L’enregistrement annuel atteint environ 12,000 élèves. La bibliothèque de cette institution contient 1,300,000 volumes.

Le Geographic Magazine de décembre 1953 dit que le mot Chicago est une coupure de Chigagomich qui en algonquin signifie « oignon »; avec le temps on aurait laissé tomber mich.

CHICOPEE FALL
Chicopee Fall (la chute des sapins ou des branches de sapin) Cris, algonquin.
Racines : Chinkop : sapin ou branches de sapin en sous-entendant otikwan : branches.

Chicopee Fall est une ville du Massachusetts, États-Unis. Les Indiens qui, à cause de la chute, avaient à portager leurs canots et leur contenu, campaient souvent à cet endroit. Pour bien dormir, ils se faisaient des lits de branches de sapin, d’où le nom de Chicopee.

Les Algonquins et les Têtes de Boule appellent le dimanche des Rameaux : « Chinkopi Manadjitagan » ou encore « Chinlopitakonindwa » ; quand on tient des branches de sapin.

CHICOUTIMI
Chicoutimi pour chekotimiw (c’est profond parce que ça engouffre) Cris, Tête de Boule.
Racines : Cheko : engouffre ; timiw : profond.

Je donne ici une opinion personnelle. Généralement, pour ne pas dire toujours, on a traduit Chicoutimi par « jusqu’ici c’est profond » ; iskotimiw. Racines : Isko : jusqu’ici ; timiw : profond. Cette traduction est exacte, à condition qu’on change le mot. Malheureusement ça n’est pas iskotimiw, mais chekotimiw qui est écrit et prononcé. Par contre, les langues crises de l’ouest n’ont aucune racine CHEKO qui signifierait « engouffrer ». En cris de l’Ouest, Chicoutimi voudrait nécessairement dire « Jusqu’où c’est profond ». (voir Saguenay)

Chicoutimi est le nom d’un diocèse, d’un comté, d’une ville et d’une rivière de Québec.

En 1676, le Sieur Charles Bazire, marchand de Québec procureur d’une nouvelle compagnie française, voyant que les Indiens se rendaient en petit nombre à Tadoussac et traitaient plutôt à la Baie James, voulut s’approcher d’eux. Il fit construire à Chicoutimi un magasin et une maison pour servir d’habitation au commis et au missionnaire. En même temps, de concert avec le Père de Crespieul, il y bâtit une église de 35 pieds de long par 25 de large. 166 ans plus tard, (1842) Peter McLeod fit bâtir deux moulins à scie coup sur coup, le premier à deux milles de l’ancien poste de Chicoutimi et le second à la chute de la rivière Chicoutimi, au Bassin. Les chantiers commencèrent peu après dans la pinière explorée en 1725 par le Gardeur de Tilly. Dès le printemps de 1843 partirent des chargements de madriers. Un village surgit bientôt autour de la scierie. McLeod ouvrit un magasin et c’est ainsi qu’il est devenu le fondateur de Chicoutimi. Il était métis, fils d’une mère montagnaise et d’un père écossais, dont la famille était depuis plus d’un siècle à l’emploi de la Cie de la Baie d’Hudson.

La première chapelle des blancs à Chicoutimi fut bâtie en 1844 par le Père Honorat, O.M.I. et bénite par lui le 17 février de l’année suivante, sous le vocable du Saint Nom de Jésus.

Les Oblats au Saguenay, par Mgr Victor Tremblay.
Histoire du Saguenay depuis l’origine jusqu’à 1870 : pp. 87, 178.
CHIGNECTOU
Chignectou, nom probablement très mal écrit (grand marécage) Micmac.

Chignectou est le nom d’un isthme unissant la Nouvelle-Écosse au Nouveau-Brunswick et d’une baie entre ces deux provinces. La Baie de Chignectou fait partie de la baie de Fundy ; d’une longueur de 30 milles et d’une largeur moyenne de 15 milles. Elle est reconnue par ses fameuses marées qui atteignent parfois 50 pieds de hauteur.

Études hist. et géog. Rév. P. Pacifique, Cap.
Dictionnaire illustré (canadien) Larousse.
CHILLTWACK

Chilliwack pour chillukweuk (vallée de plusieurs courants) Déné.

Chilliwack, sur la rivière Fraser en Colombie canadienne, est un centre agricole desservi par le Canadien National et rallié par une voie maritime à New-Westminster.

En 1901 Chilliwak fut le théâtre de grandes cérémonies religieuses : 2,000 Indiens denés s’étaient rendus à l’appel du Père Chirousse, O.M.I. Madame F.E. Herring, protestante, écrit : « La présence de Mgr Dontenwill et d’une demi-douzaine de prêtres est tout ce qu’il faut pour assurer l’ordre et la paix. Ils ont sur ces sauvages une influence merveilleuse. La religion qu’ils enseignent est pleine de réalité, car personne ne sait mieux que les Indiens le sacrifice du confort personnel et des aises auxquels les prêtres se soumettent pour élever leurs âmes du côté du ciel. » Elle décrit l’état déplorable où se trouvaient les Indiens avant leur conversion, la brillante réception faite à l’Évêque à son arrivée au village de Chilliwack, la nouvelle église construite et achevée par les indiens eux-mêmes sous la direction d’un nain difforme. Elle continue : « Des centaines de tentes blanches, où chaque tribu et chaque groupe sont campés séparément et désignés, comme ils le seraient dans une procession, par leur propre étendard. » Vient ensuite la description des exercices de la mission : sermons, catéchisme, service solennel pour les défunts, procession au cimetière, tableaux vivants représentant les stations du chemin de la Croix. « Scènes devant lesquelles s’extasient les étrangers présents venus de Spokane et de Tacoma, États-Unis, pour en être témoins. »

Hist. de l’Église catho. dans l’Ouest canadien p. 400 — A.S. Morice, O.M.I.
Among the People of British Colombia, p. 140 — Londres 1903, Mrs Herring.
CHIMAGAN
Chimagan (lance, dard) Algonquin, cris.

Chimagan, nom d’un Indien remarquable par sa piété qui vivait sur la réserve à la tête du lac Témiscamingue, près des Rapides des Quinze, sur la rivière Ottawa.

Chimagan disait : « Les Indiens, moins pauvres que Jésus-Christ, ont été placés çà et là dans la forêt afin que le Grand Esprit soit prié et servi par eux, et que partout dans les bois, comme sur les eaux des lacs et rivières, il entende leurs cantiques avec le chant des oiseaux en nombre incalculable. Les Indiens sont imprévoyants, ils ne pensent pas au lendemain, mais dans leur solitude, à l’ombre des grands arbres, ils se préoccupent de leur avenir éternel, afin d’entrer un jour dans le grand nuage (le ciel) ».

CHIMO
Chimo pour saimo, saimut (bonjour, grâce) Esquimau.

C’est le salut des Esquimaux. À force d’entendre les blancs prononcer « chimo » (à l’anglaise) les gens de la tribu se saluent maintenant par chimo au lieu de saimo.

Chimo est un poste de traite de la compagnie de la Baie d’Hudson, situé sur la rivière Koksoak, au fond de la Baie d’Ungava. C’est aussi une base stratégique appelée à se développer, semble-t-il. Le P. Stanislas A. Larochelle, O.M.I., y visitant en 1949 les missions oblates, écrit : « Par suite du mauvais temps, nous devions être retardés cinq jours à Chimo. Cela nous permit de goûter à la vie militaire du camp américain, d’en observer même la discipline pour le lever et les repas à la queue leu leu, et de faire un peu de ministère. Il y a ici des chrétiens qui ont des idées assez surprenantes. Ainsi d’aucuns ont cru bon, à l’occasion d’une réunion protestante, de tourner le crucifix de bord, afin de cacher le Christ en croix. »

Chimo est aussi le nom d’un club sur le lac Manawan, région du haut Saint-Maurice. Sur une plaque de bronze appendue au mur de la pièce principale on peut lire : « Je ne passerai qu’une fois dans ce monde. Qu’on me laisse faire maintenant tout le bien que je puis faire au prochain, et tous les actes de bonté à son égard. C’est une chose que je ne peux ni différer ni négliger, car je ne repasserai plus par ce chemin. » John Menche, propriétaire du Club.

CHINKWOK SAKAIGAN
Chinkwok sakaigan (le lac des pins) Algonquin.
Racines : Chinkwok : pins ; sakaigan : lac.

Ce lac se trouve aux sources de la rivière du Lièvre, dans le Québec.

Le pin, est un genre de conifères à feuillage vert. Ses aiguilles longues, étroites et attachées en pinceau, font un bruit mystérieux lorsqu’elles sont agitées par le vent. Bien que poussant en terre sablonneuse et aride, le pin est le géant de nos forêts et dépasse de beaucoup la cime des autres arbres.

Le pin de la Colombie canadienne mesure des brasses en circonférence ; il faut un outillage spécial pour le scier, et on doit l’abattre par tronçons pour ne pas le briser dans sa chute.

Le pin des forêts du Québec et d’Ontario porte ses branches dans la partie élevée de son tronc, parfois à quelque trente pieds de la souche. Au début du 20ième siècle, dans les chantiers, on n’abattait que les pins, car c’était le seul bois marchand. J’ai vu plus d’une fois des lacs entièrement recouverts de billots de pins et dégageant une gomme qui teintait l’eau de diverses couleurs. Les bois de pin sont recherchés pour la mature des navires, la sculpture et plusieurs ouvrages de menuiserie.

La piété des fidèles voulut savoir de quel bois était faite la Sainte Croix sur laquelle Jésus notre Sauveur fut crucifié. On fit mille expertises, on examina au microscope les fragments de la vraie Croix conservés à travers le monde. L’examen révéla qu’elle était de bois de pin.

Rohaut de Fleury. Mémoires sur les instruments de la Passion.
Paris 1870, p. 63. Cité par Dragio Marucchi dans The Catholic Encyclopedia, V. IV, colonne 520.
CHINOUK

Chinouk est le nom d’une tribu indienne de la Colombie canadienne, d’un jargon, d’un vent et d’un village d’Alberta desservi par le Canadien National et situé à mi-chemin entre Calgary et Saskatoon.

En 1838-39, Mgr Demers, évêque de Vancouver, avait compilé un vocabulaire de jargon, ramassis de termes français ou anglais mal prononcés et de mots aborigènes empruntés pour la plupart à la langue indienne chinouk, et assez dénaturés dans la bouche de ceux qui s’en servaient. Ce curieux mélange était alors, et devait rester jusqu’à nos jours, le moyen presque universel de communication entre Blancs et Indiens, aussi bien qu’entre les tribus hétérogènes qui peuplent la côte du Pacifique depuis la Californie jusqu’à l’Alaska. Le R.P. Le Jeune, O.M.I., inventa de toute pièce un système d’écriture pour la langue chinouk en s’inspirant de la sténographie Duployé.

Chinouk désigne encore un vent très chaud qui monte de l’océan Pacifique et rafale sur le Canada par les passes des montagnes Rocheuses. Assez souvent, en hiver, pendant les périodes de grand froid, le chinouk s’annonce en brodant sur l’horizon un magistral arc-en-ciel, puis il se met à souffler sur les prairies. Alors le froid cède la place à une chaleur qui fait dégoutter les toits et ruisseler l’eau le long des routes. Le phénomène se produit en quelques heures. La chaleur du vent est si intense que son haleine ressemble au souffle enflammé d’un four.

En été, le chinouk est désastreux ; sous sa brise desséchante, une magnifique plaine de grain en croissance peut devenir soudainement un champ dévasté. C’est dans le sud de la province albertaine que l’effet du chinouk se fait le plus sentir.

A.G. Morice, O.M.I. Histoire de l’Église Catholique dans l’Ouest Canadien, V. III. pp. 288 et 351.
Mgr Gabriel Breynat, O.M.I., 50 ans au pays des neiges, V. I.
CHIPEWEYAN
Chipeweyan et tchipeweyan (peau pointue, capot pointu) Cris.
Racines : Tshipe, pointu ; weyan, peau avec son poil, capot.

Mgr J.L. Coudert, O.M.I. ancien missionnaire à Chipeweyan écrit : « Le mot chipeweyan est un mot cris qui signifie « capot pointu » parce que les Montagnais, qui rencontrèrent les premiers Cris, portaient, paraît-il, des capots se terminant en pointe à l’arrière, comme il est encore en usage chez certaines tribus esquimaudes du Nord. »

Chipeweyan est le nom d’une tribu indienne, d’une mission appartenant au MacKenzie et d’un poste de traite situé sur une pointe sud du lac Athabaska. C’était un poste stratégique de la fameuse Compagnie du Nord-Ouest.

En 1789, Alexandre MacKenzie avait chargé son cousin Roderick d’y établir un petit fort. À Chipeweyan, une stèle commémore le fait qu’en juin 1789, Alexandre MacKenzie partit de ce poste, avec un équipage de métis canadiens français, dans l’espoir d’atteindre l’océan Pacifique. Il descendit la rivière des Esclaves jusqu’au lac du même nom, puis faisant voile à gauche, il navigua 100 milles sur ses eaux et rentra dans le grand fleuve qui immortalise son nom, le fleuve MacKenzie. Il toucha l’océan Arctique, au 136e degré de longitude ouest, aujourd’hui frontière nationale entre l’Alaska et le Canada. Sur ce rivage lointain et désolé, MacKenzie éprouva un sentiment de déception à la vue de cet océan chargé de glaces et de banquises. Revenu à Chipeweyan vers la mi-septembre, il en repartit avec les mêmes hommes en 1792 et traversa cette fois les montagnes Rocheuses, par le 52e degré de latitude nord, pour atteindre l’année suivante la nappe bleue de l’océan Pacifique, en dépit des hostilités opiniâtres des peuplades aborigènes. Ils revinrent après avoir goûté l’eau salée et après que MacKenzie eut peint sur un rocher horizontal, à Bras Bentinok, cette fière inscription : « Alexander MacKenzie, venant du Canada par terre, le vingt-deux juillet mil sept cent quatre-vingt-treize, latitude 52e, 20, 48 nord. »

P.L. Lejeune, O.M.I., Dict. du Canada.
Encyclopédie de la Jeunesse, T. 5, p. 1804.
CHOCHOKWAN
Chochokwan (glace vive, glissante) Algonquin.
Racines : Chocho : glissant, lisse ; mikwam : glace, verglas.

Chochokwan est un affluent de la rivière Ottawa supérieure.

CHOCHOTÉSI
Chochotesi (c’est glissant) ou (la glissoire de l’oiseau — l’oiseau glisse) Algonquin.
Racines : chocho : glissant, lisse ; si, oiseau.

Chochotési désigne un lac de la rivière Manawan, affluent du St-Maurice. Sur son rivage, on remarque un rocher haut de plusieurs dizaines de pieds, où s’est formé une glissoire très lisse, du sommet jusqu’au pied.

Sur les rochers escarpés des alentours, des guerriers iroquois ont peint en vermillon de grands canots chargés de soldats, aux mains tendues et menaçantes. J’ai vu ces peintures, que le temps effaçait et qui tomberont un jour dans l’oubli.

CHOLIABAN
Choliaban — choniagan (case d’argent) Montagnais.
Racines : Cholia, chonia : argent ; onagan, olagan : vase, tasse, plat.

Choliaban est un nom géographique de la côte nord du golfe St-Laurent.

Je crois que Choliagan doit son origine à des Indiens en vaine de rire à l’occasion d’un ustensile nouvellement acheté, peut-être un plat ou une tasse en fer blanc. Les vases ne se trouvent pas dans les wigwams indiens. La batterie de cuisine se résume à un poêlon à frire et deux chaudières : une pour le thé l’autre pour la viande et le poisson. Très rares sont les familles qui ont une demi-douzaine de couteaux, de fourchettes, de tasses et d’assiettes. Que de fois j’ai vu boire à même les chaudières ou leur couvercle, et, à la fin du repas, fabriquer des cuillères en écorce pour avaler la graisse du bouillon. Faute d’assiettes, ils servent la nourriture sur des écorces, des feuilles ou des copeaux de bois. S’ils ont du sucre, ils le prennent du bout des doigts et le jettent dans leur breuvage qu’ils agitent avec une branche.

CHOMINIS
Chominis pour chominich (petit raisin) Cris.
Racines : Chomin : raisin ; ich : diminutif. Chominako : eau de raisin, vin.

Chominis, qu’on écrit à tort Chemilis, est un hameau situé sur la ligne de division entre les provinces d’Ontario et de Québec. Cette appellation indienne vient de petits graviers qui ressemblent à des raisins et forment deux grosses collines. Ce gravier est employé pour les chemins ou soufflé par air comprimé dans les mines qu’on abandonne.

À Chominis, du côté québécois, il existe une montagne cylindrique qu’on appelle le « chaudron » ou le « pain de sucre ». Elle est boisée, les racines des arbres trouvent moyen de se nourrir à même les fissures du roc. Cet énorme chaudron peut avoir 400 pieds de hauteur.

CHU CHUA
Chu chua (petits courants, ruisseaux) Déné.

Chu chua, sur la rivière Thompson, est une des nombreuses missions desservies par les Pères Oblats de Kamloops en Colombie canadienne.

CINGOPIK
Cingopik, pluriel de cingop (sapin) Algonquin.
Cingopik sakaigan (le lac des sapins)

Cingopik est le nom d’un lac poissonneux du comté d’Abitibi, qui a la forme d’un 8.

Les Indiens emploient également cingopik pour désigner les branches de sapin qui servent de plancher à leur wigwam, à leurs tentes, à leurs lits.

COACOACHOU
Coacoachou (carcajou) Montagnais.

Coacoachou est le nom d’un lac et d’une baie du comté de Saguenay, non loin de la rivière Olamane, dans la province de Québec. Le carcajou est un animal bas sur pattes et à odeur infecte. Il creuse des terriers à plusieurs ouvertures. Il ne sort que la nuit pour chasser, détruit nombre de petites bêtes et commet mille dégâts. On le considère comme un animal plutôt nuisible qui ne répare pas ses bévues par les services qu’il peut rendre.

COATICOOK

Coaticook est une ville des cantons de l’est, elle se détacha de Barnston en 1883. Elle compte trois paroisses : Saint-Jean-l’Évangéliste, Saint-Marc et Saint-Edmond ; la dernière ainsi nommée en l’honneur du P. Edmond Gendreau, O.M.I., qui y célébra sa première messe. Coaticook du diocèse de Sherbrooke, province de Québec, fut colonisé par les loyalistes en 1825 et 1850. La population, exclusivement anglaise en 1864, est aujourd’hui en majorité française.

D’après Along Quebec Highways, le mot coaticook serait abénaquis et signifierait « rivière des pins ». Dans le mot coaticook, il y a sûrement le mot bois, arbres : atk, atiwok au pluriel.

Les cascades de la rivière sont harnachées et actionnent plusieurs manufactures où l’on tissent les cotons et lainages.

Encyclopédie Grolier.

COCOTSHOU
Cocotshou pour kokotchiw (être fabuleux et méchant).

Les femmes de la Baie James et du haut Saint-Maurice calment leurs enfants en disant : « Le kokotchiw va venir ». Aussitôt l’enfant se blottit dans les bras de sa mère.

Cocotshou, nom géographique de la côte nord du Golfe St-Laurent.

COOCOOCACHE
Coocoocache pour kôkôkachi, (oiseau rapace) Tête de Boule.

C’est le nom d’une réserve indienne sur la rivière Saint-Maurice, presqu’entièrement inondée par le barrage du Rapide-Blanc.

C’est encore le nom d’un poste de la Compagnie de la Baie d’Hudson, aujourd’hui abandonné. De ce poste dépendaient Weymontachique, Kikandatc et Manawan. Autrefois, quand on descendait en canot la rivière Saint-Maurice, c’est à Coocoocache qu’on quittait la rivière pour éviter les longs et dangereux rapides blancs. Un portage conduisait vers un ruisseau affluent de la rivière Vermillon, laquelle était descendue jusqu’à son embouchure, en amont de la Tuque.

Dans le portage de Coocoocache, un combat eut lieu entre Iroquois et Têtes de Boule. Ces derniers étant prévenus qu’une quarantaine de guerriers ennemis voulaient les surprendre, placèrent une sentinelle sur une haute montagne. Quand la sentinelle aperçut les canots iroquois, elle donna l’alarme en imitant le cri du kôkôkachi. Aussitôt les Indiens, qui s’étaient concertés, prennent position le long du portage. Les Iroquois arrivent lentement et sans bruit, fouillant la rive de leurs yeux scrutateurs. Ne voyant rien d’anormal, pas même de pistes sur les sables du rivage, ils débarquent, se chargent des canots et bagages et s’engagent dans le sentier sinueux à travers les arbres. Soudain les Têtes de Boule font irruption, armes en main, et se jettent sur les Iroquois. La flèche et le tomahawk tuent sans pitié. En quelques minutes les Iroquois gisent sur le sol. Cependant trois d’entre eux réussissent à s’échapper et s’enfuient en canot sur la rivière Vermillon. De forts rameurs les poursuivent. Les fuyards se voyant en danger d’être faits prisonniers et dans l’impossibilité d’atteindre un portage, se lancèrent dans une chute où tous trouvèrent la mort. Depuis ce jour cette chute est appelée « chute des Iroquois ».

Thomas Raynold, ancien gérant à Coocoocache, raconte ce fait dans un livre.

COOTCHICHING
Cootchichine pour kotchitching, (à la décharge) Algonquin.
Racines : Kotchichi : décharge, embouchure ; ing un locatif.

Kotchitching est le nom d’une école et d’une mission indienne de l’archidiocèse de St-Boniface.

DAKOTA
Dakota ((territoire) Sioux.

Dakota désigne deux états de la grande République voisine ; arrosés par la rivière Rouge et le Missouri. On y trouve de riches mines d’or et de lignite, un peu de culture et d’élevage des bestiaux.

N.B. La signification des mots Dakota, Minnesota, Missouri et Nébraska m’a été fournie par une religieuse de la tribu des Sioux, Sr Mary Agnes, oblate du St-Sacrement.

DELIBANISIPI
Delibanisipi (la rivière du ruban) Tête de boule.
Racines : Deliban : ruban ; sipi : rivière. Déliban est le mot ruban indianisé.

La rivière Ruban est un affluent de la manawan. Par sa largeur, par la régularité de ses rives et la tranquillité de ses eaux, elle ressemble à un ruban. À son embouchure on voit un immense rocher qui surplombe. Sur ce rocher montaient les employés des Compagnies de la Baie d’Hudson et du Nord-Ouest, au temps de leur rivalité, afin de voir venir au loin les Indiens descendant au printemps avec leurs fourrures les rivières St-Maurice, Manawan et Ruban. Ce rocher dût entendre beaucoup de jurons et voir plusieurs rixes ; car on se haïssait au point de se tirer des balles et de s’entre-tuer.

D’après les vieux Indiens, ce rocher est le vrai Wemontaching contrairement à l’endroit qu’on appelle de ce nom. (Voir Wemontaching).

DÉNÉ

Déné est le nom commun donné à cinq tribus indiennes de la Colombie canadienne. Il signifie homme.

DONNACONA

Donnacona, petite ville du Québec, sise à l’embouchure de la rivière Jacques Cartier.

On ignore la signification de Donnacona. Le mot a beaucoup de ressemblance avec « anakona » qui signifie « biscuit ».

Donnacona rappelle la mémoire du grand chef huron de Stadaconé. Jacques Cartier l’emmena en France lors de son deuxième voyage au Canada en 1535. Il fut présenté au roi et baptisé avec pompe à Rouen. Cartier ne pouvant revenir au Canada qu’en 1541, Donnacona mourut en Bretagne, avec tous les Indiens emmenés avec lui.

ECHOAM
Echoam pour echohamok (ils se préparent à partir par eau) Algonquin.
Racines : Echo : idée de préparation ; am : eau, suffixe verbal.

Echoam est un affluent de la rivière Gatineau, branche de l’ouest. Les Indiens de la Barrière (Mistikonabikong) descendaient très souvent le cours de cette rivière au temps où ils allaient à Michomis et à Oskalaneo vendre leurs fourrures.

ÉRIÉ

Érié nom d’une tribu indienne aussi appelée « nation des chats ». Cette tribu habitait la rive méridionale du lac qui porte son nom. Elle fut détruite par les Iroquois en 1655.

Le lac Érié est l’un des cinq grands lacs qui alimentent le fleuve St-Laurent. Sa longueur est de 240 milles, largeur moyenne 50 milles, profondeur maximale 210 pieds. Une ligne imaginaire, passant au centre du lac, délimite la frontière du Canada et des États-Unis.

ESCOUMAINS
Escoumains pour ichkomin (jusqu’ici il y a des graines, bleuets, airelles) Cris, montagnais, tête de Boule.
Racines ichko : jusqu’ici ; min, graines, bleuets, arielles, fruits.

On sait qu’à certain degré de latitude nord, il n’y a pas ou presque pas de fruits, les fleurs gèlent. Certaines cartes géographiques indiquent ces limites.

Escoumains est le nom d’une rivière et d’un village sur la côte nord du Golfe St-Laurent, comté de Saguenay.

En 1852, les Pères Oblats se fixèrent aux Escoumains, qui déjà avaient une population blanche de 300 âmes. Le 10 octobre 1862, ils établirent leur résidence plus loin à Betsiamites, où ils avaient fondé une mission en 1852.

Hist. du Saguenay depuis son origine jusqu’à 1870. p. 179.

ESCOUMINAC — ESCUMINAC
Escouminac pour ichkominach (jusqu’ici il y a de petits fruits) Montagnais, tête de boule.
Racines : ichko : jusqu’ici ; min : graine, fruit. A est le pluriel, ch le diminutif.

Along Quebec Highways traduit escouminac par « Poste d’observation » À mon sens, c’est une traduction tout à fait fantaisiste.

Escouminac est un village de pêcheurs situé à l’embouchure de la rivière du même nom, qui se décharge dans la Baie des Chaleurs, au Nouveau-Brunswick. Dans la province de Québec, comté de Bonaventure, un autre village porte également le nom de Escuminac.

Les bleuets mûrissent en grappes sur un humble arbuste qui pousse dans les brûlés, en terre sablonneuse où la charrue n’a point passé.

À cause de leur saveur, les bleuets sont en grande demande. On en cueille des chars et de lourds camions ? Mangés, même sans sucre, ils sont excellents. Ils flottent sur le lait, éclatent et crèvent sous la dent et fournissent les meilleurs desserts. On dit qu’ils originent du Canada.

Les Indiens les font cuire en les brassant d’une palette ; la cuisson les diminue d’une bonne moitié. Durcis en refroidissant, ils forment un épais gâteau noir, facile à conserver et très nourrissant. En faisant bouillir dans l’eau avec du sucre une tranche de ce gâteau, ils obtiennent une excellente confiture. Les indiennes en font des tartes et des tartines pour leurs chers petits qui eux ne craignent point de se noircir les dents.

ESIPAN
Esipan (chat sauvage) Cris, Tête de Boule.

Les chasseurs appellent ainsi cet animal grimpeur et sauteur au pelage colorié, qui fournit une si remarquable fourrure.

Les Anglais l’appellent racoon. Les Algonquins et autres tribus de langue algique lui donnent le nom de mangeur d’huîtres, car certains prétendent que cet animal lave sa nourriture.

Plusieurs lacs et portages de nos forêts portent le nom d’esipan. C’est aussi le nom d’une longue baie en amont du barrage « A », sur la rivière Manawan, région du haut St-Maurice.

ESQUIMAU
Esquimau pour askimow — askipow (il mange cru, du cru) Cris.
Racines : ask : cru, vert ; mow, pow : manger. (En cris de l’Ouest on décomposerait : ayesk : cru ; mew ou pweou : finale verbale pour manger.)

Les Esquimaux sont des Indiens qui ont mangé du cru d’abord par nécessité, ne trouvant pas de combustible pour cuire leurs aliments, puis, avec le temps, ils s’habituèrent à ce régime alimentaire. Les Esquimaux habitent le Groenland, les côtes du détroit d’Hudson et le pôle arctique canadien. Ils sont considérés comme les plus pauvres habitants du globe terrestre. Les terres glacées qu’ils habitent sont presque sans végétation ; elles ne produisent que des mousses, du lichen et des arbustes nains ou rachitiques. L’hiver est d’un froid boréal intense et de rudes tempêtes, la nuit polaire se prolonge jusqu’à trois mois. La nature esquimaude s’est adaptée aux conditions climatériques. En été, ils habitent des tentes de peau, en hiver des ruches de neige, appelées igloos. Ils s’éclairent avec une lampe en pierre, alimentée de lard de baleine ou de phoque. Ils ont un costume spécial à l’épreuve du vent avec des bottes imperméables. Ils se servent du kayak, canot léger et rapide fait en peau d’animal marin ; leurs instruments de chasse et de pêche atteignent un haut degré de perfection. L’Esquimau est intelligent et d’une étonnante force de volonté. Il croit à l’immortalité de l’âme et à la sanction d’outre-tombe.

Chose étonnante et peut-être unique, l’Esquimau n’a pas dans son langage un mot pour dire « maman », qui permette au petit enfant, dès son premier balbutiement, d’appeler sa mère. Dès qu’il apparaît, si on le laisse vivre, il est coulé dans quelques lambeaux de peaux, peaux de lièvres préférablement. Dès le lendemain, sa mère le coule dans son dos, sous la poche de fourrure où il se débrouillera ; il y sera en sûreté.

Les Pères Oblats de Marie-Immaculée ont entrepris la conversion et la civilisation des peuplades de ces régions quasi inaccessibles, considérées comme les missions les plus pénibles du monde. C’est au Fort Peel que le Père Grollier baptisa les premiers Esquimaux, en 1869, le jour de l’Exaltation de la Sainte-Croix (14 septembre). Ce jour-là, le grand missionnaire eut également la joie de réconcilier solennellement les deux chefs Esquimaux et Loucheux au moyen d’une cérémonie significative. Il leur prit les mains qu’il réunit autour de sa croix de missionnaire, et leur fit promettre de garder la paix entre eux.

Mgr Grouard, soixante ans d’apostolat p. 237.
L. Le Jeune, O.M.I., Dict. général de biographie.
A.G. Morice, Hist. de l’Église catho. V, II, p. 21.
Roger Buliard, O.M.I., Inuk, p. 90.
ESS-O-SIPI
Ess-O-Sipi (la rivière des huîtres) Cris.
Racines : es : huître ; sipi : rivière.

Cette rivière, à l’embouchure graveleuse, se jette dans la Baie d’Hudson à une trentaine de milles au sud du fleuve Severn. À l’entrée de cette rivière et dans les eaux salées de la mer, on trouve un champ d’huîtres de plusieurs milles de longueur, où, parmi les graviers, pierres et rocs poussent des algues marines. Ces algues, à feuilles épaisses, sont sensibles à la température ; elles annoncent la pluie en s’amollissant.

HOCHELAGA
Hochelaga (à la chaussée des castors) Iroquois — Manuel indien.
Hochelaga pour hochlayé (chaussée des castors) Mgr Cuoq.

Hochelaga désigne l’ancien emplacement de la bourgade indienne visitée par Jacques Cartier en 1535. Cette bourgade d’une cinquantaine de cabanes, longues de 50 pieds, larges de 12 à 15 pieds, était enfermée dans une triple enceinte de pieux entrelacés à la partie supérieure. Cartier se rendit sur la montagne qu’il nomma Mont-Royal. Historiquement le récit de Jacques Cartier assure que les deux compagnons indigènes ramenés de France appelaient « royaume d’Achelay » les terres de la rive nord, à partir de Portneuf jusqu’à l’île de Montréal où il visita « le village d’Hochelaga ». Les Indiens lui firent un accueil si bienveillant, que le chef Agouhama déposa sur sa tête le bandeau rouge, signe distinctif de son autorité. Ce village palissadé était situé à quelque distance du Mont-Royal. Un monument commémoratif y fut élevé en 1925. Le haut St-Laurent ou l’Ottawa s’appelaient « rivière d’Hochelaga. »

Hand Book of Indian.

L. LE JEUNE, O.M.I., Dict. général de biographie.
FRÈRES DES ÉCOLES CHRÉTIENNES, Histoire du Canada.
Cuoq Lexique iroquois p. 188.
ICPANAMATINAW OU ICPAMATINAW
Icpanamatinaw ou Icpamatina (montagne haute) Cris.
Racines : icpa : haut : amatin : montagne.

Plusieurs montagnes sont ainsi dénommées.

Nos montagnes canadiennes sont soit à l’est soit à l’ouest du continent, car le centre de notre pays est une plaine unie et infinie.

Les montagnes de l’est du Canada sont basses, les plus hautes cimes n’outrepassant pas 4,000 pieds. La Nouvelle-Écosse compte à elle seule trois petites chaînes de montagnes, dont la principale, les Cobequids s’étend de l’isthme de Chinectou à l’île du Cap Breton.

Au Nouveau Brunswick l’altitude des montagnes n’excède pas 2,000 pieds.

La partie est de la province de Québec a, comme montagnes, les Alléghanies qui naissent dans le voisinage du lac Champlain, suivent la frontière jusqu’au Nouveau-Brunswick, se plient vers le Golfe Saint-Laurent et couvrent la péninsule de Gaspé. Le mont Logan, le plus imposant de cette chaîne, atteint 3,800 pieds.

La chaîne des Laurentides commence au Labrador, borde le nord du fleuve Saint-Laurent jusqu’à Québec, pousse une pointe vers le Lac Supérieur, puis incline vers le nord pour atteindre les rivages de la Baie d’Hudson et finalement l’Océan Arctique.

Dans l’Ouest canadien, en Colombie, s’élèvent deux rangées de montagnes géantes aux sommets couverts de neiges éternelles. La première appelée Cascades, parce que les cimes descendent par degrés, longe la côte de l’océan Pacifique. L’autre se nomme les Montagnes Rocheuses et borde la province d’Alberta ainsi que les Territoires du Nord-Ouest. Les Indiens appellent les Rocheuses « l’épine dorsale du monde ».

MARIST BROTHERS, Atlas-Geography.

IGLOOLICARDJUK
Igloolicardjuk (il y a des petites maisons) Esquimau.
Racines : Igloo : maison ; lik : il y a ; ardjuk : peu nombreux. Iglooligardjuk est le diminutif de igloolik.

Iglooligardjuk est Chesterfield Inlet. La Maison Notre-Dame de la Délivrance de Chesterfield Inlet est située à l’entrée du passage qui conduit de la Baie d’Hudson à Baker Lake, 400 milles au nord de Churchill, Manitoba, sur la côte ouest de la Baie d’Hudson. Poste central qui donne accès aux autres missions de la baie : Baker Lake, Repusle Bay, Ranken Inlest, Ager Inlet, etc.

Iglooligardjuk, « il y a de petites maisons ». En fait on y voit encore les vestiges de ces petites maisons qui servaient autrefois aux Esquimaux.

C’est la plus ancienne mission permanente chez les Esquimaux. En 1912, les PP. Turquetil et Leblanc y arrivent par le Nascopie, vaisseau parti de Montréal, avec tout le matériel pour fonder la mission. Après cinq années de patients efforts, en 1917, grâce à l’intervention toute spéciale de la petite Thérèse de l’Enfant-Jésus, compatriote du P. Turquetil, les premières conversions commencent et forment le noyau de cette belle chrétienté. C’est la mission de Chesterfield qui occasionna la proclamation de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus patronne de toutes les missions du monde. Son Excellence Mgr Ovide Charlebois, vivement ému des conversions opérées là par sainte Thérèse, fit signer une pétition aux évêques missionnaires du Canada pour demander au Saint-Siège que Thérèse de l’Enfant-Jésus fut proclamée patronne spéciale de nos missions canadiennes. Rome répondit : « Pourquoi ne pas consulter les évêques missionnaires du monde entier » ? Tous furent unanimes à demander cette faveur et Rome l’accorda volontiers.

Outre la mission et l’hôpital (confié aux Sœurs Grises de Nicolet), Chesterfield possède un poste de traite, un médecin résident, un détachement de la Police Montée, une station de radio, etc. C’est la capitale du nord et la mission-mère du Vicariat de la Baie d’Hudson, Plus de 90% de la population esquimaude de Chesterfield sont des catholiques fervents.

Arthur Thibert, O.M.I. ancien missionnaire chez les esquimaux.

IGLOOLIK
Igloolik (il y a des maisons) Esquimaux.
Racines : Igloo : maison ; lik : il y a.

Igloolik est une petite île du bassin de Foxe, au nord-ouest de l’île Southampton. On peut l’atteindre en passant entre Southampton et la terre ferme ou encore en faisant le tour de l’île. Par le nord on ne peut y arriver qu’en traîneau à chiens et c’est par là que les premiers missionnaires pénétrèrent. La population y est plus dense qu’ailleurs en pays esquimau ; environ 300 âmes dans un rayon de 100 milles. L’abondance du morse compte pour quelque chose. C’est également une jonction naturelle entre les tribus de l’ouest et de l’est, c’est-à-dire de la terre de Baffin et de la terre ferme. Cette mission fut fondée dans des conditions particulièrement difficiles : on transporta tout le matériel en traînes à chiens. Les premiers Esquimaux avaient transcrit les prières sur des peaux de phoque, les ayant copiées à Chesterfield, à 800 milles de là. La Compagnie de la Baie d’Hudson y a établi un poste de traite qu’elle a dû discontinuer à cause des difficultés de ravitaillement.

Arthur Thibert, O.M.I. ancien missionnaire chez les esquimaux.

ILLINOIS
Illinois pour iliniwok (homme) Cris. ilinut Montagnais.
Racines : ilin : être supérieur.

(On rencontre plusieurs épellations et différentes prononciations de ce même mot, qui signifie toujours L’HOMME. En voici divers exemples : Illilou : Cris de Moose Factory — Ininou : Cris de la Côte ouest de la Baie James — Iyiyou : Cris de la Côte est de la Baie James).

Les Indiens s’appellent « iliniwok », les hommes, non pas qu’ils se prétendent être les premiers des hommes, mais des hommes à l’état naturel. L’Iroquois s’appelle onkwe onwe, « l’homme vrai », c’est-à-dire l’homme à l’état nature.

Illinois est le nom d’un État américain. C’est aussi le nom d’une rivière et d’une tribu indienne de l’Ouest américain, sur les terres de laquelle La Salle bâtit les forts Miamis et Crèvecœur (1679).

R.P. Albert Lacombe, O.M.I., Dictionnaire de la langue des cris.
Encyclopédie Grolier.
INUVIK

Nouvel emplacement de la ville d’Aklavik, sur le fleuve Mackenzie. (voir ce mot)

IVUYIVIK
Ivuyivik (lieu où les glaces, les pierres et le sable s’amoncellent sous l’effet des vagues) Esquimau.
Racines : Ivuyiyok : bourrelet, amoncellement des glaces, des pierres ; vik : lieu, endroit.

Ivuyivik désigne la mission Saint-Louis fondée en 1938 par le Père Aloysius Cartier, O.M.I. Elle est située sur la côte ouest de l’Ungava, à peu de distance du détroit d’Hudson. Cette mission est à une bonne distance des postes de traites. Elle fait partie, du Vicariat apostolique du Labrador, dont S. Exc. Mgr Scheffer, O.M.I., est le premier évêque. De cette mission, les Oblats ont rayonné à Harrison.

Arthur Thibert, O.M.I., ancien missionnaire chez les Esquimaux.

JUPITAGAN
Jupitagan pour chiwitagan (sel) Cris, montagnais.

Poste de pêcheurs du comté Saguenay situé à l’embouchure de la rivière du même nom, province de Québec.

Le sel que l’on trouve dans toutes les demeures, excepté chez les Esquimaux, employé comme assaisonnement et dans la préservation des viandes, se trouve en cristaux dans la terre et dans l’eau de mer évaporée. On le tire aussi des eaux de sources salines,

Les cris et les têtes-de-boule ont le même mot (chiwaw) pour dire salé et sucré.

Un de mes guides, indien de Waswanipi, voyant un gros pourceau au bord d’une rivière, arrêta d’avironner et, le montrant à son compagnon, il dit : « Tiens, regarde le salé ». Il n’avait mangé que du cochon salé.