Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Elle marche à lents pas

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LXXXI.



Elle marche à pas lents pour de moy s'approcher
Et en me saluant d'une façon honneste,
Veit bien que j'estois fait sa prochaine conqueste,
Et que desja mon corps devenoit un rocher.

De son double arc vouté se meit à descocher
Mille foudroyans traitz : & pompeuse s'appreste,
A fouler brusquement d'un pied vainqueur ma teste :
Et de mon jeune front la franchise arracher.

Puis l'archerot vainqueur artisan de mes peines,
Se glissa dans mon œil, & de l'œil dans mes veines,
Et au mileiu du cueur me ficha son brandon :

Alors tout bouillonnant & transporté de rage,
Je cuiday, recerchant de venger cest outrage,
Me poignarder le sein pour tuer Cupidon.