Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Luth fidelle confort

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XLII.


Luth fidelle confort en mes aigres douleurs,
Seul fidelle tesmoing de mes peines souffertes,
Que pour mes passions tristement descouvertes,
J'ay fait en soupirant accompagner mes pleurs.

Plaignons ore à l'enuy le cours de mes mal-heurs,
Perennisant l'ardeur de mes flames couvertes,
Par qui du Laurier saint les fueilles tousjours vertes
Pourront ceindre mon front sous tes douces faveurs.

Le Thebain des rochers sceut esbranler la masse,
L'autre eprit les poissons, & la harpe de Trace
Charma des creux enfers le pallissant troupeau.

De l'immortalité faisons donc un trophee,
Affin que dedaignant la Parque & le tombeau,
Je sois tel qu'Amphion, qu'Arion, & qu'Orphee.