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Les travaux d’Hercule, ou la rocambole de la fouterie/Autre préface

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AUTRE PRÉFACE.

Et pourquoi n’écrirais-je point mes fredaines ainsi qu’un autre ? Sont-elles d’un ordre inférieur ? et n’ai-je pas donné mille preuves de vigueur et de talent dans mes exercices libertins ? Qu’en penses-tu toi, comtesse ? As-tu trouvé quelque athelète qui m’aie surpassé ? As-tu connu quelque ribaud qui portât le raffinement de la luxure aussi loin que moi ? J’ai foutu depuis la laveuse d’écuelles jusqu’à l’impératrice, et depuis la muzette des Champs-Elisées jusqu’à la pourpre. Oui, foutre de dieu, je veux faire l’historique de mes tours de force, dont ceux du fils Dalemene n’approchent point ; on peut couper la tête à un lézard, balayer une écurie immonde, raser un brigand désolateur, et arracher les cornes à un taureau percé de flèches, et en faire porter à vingt maris en un jour, enculer trois moines et un vieux prélat, faire un enfant à une chèvre, et dépuceler un coq d’inde, voilà des prouesses dignes de la postérité. Je veux donc les lui transmettre, et si personne ne veux les lire, personne peut aller se faire foutre ; je n’irois point lui demander pardon de l’irrégularité de mes principes, ni de grace pour celle de ma manière de peindre. Lorsqu’un livre m’ennuie, je m’en torche le trou du cul, et je dis, merde !