Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes/Fra BARTOLOMMEO di SAN MARCO

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Traduction par Weiss, Charles (18...-19...; commandant).
DORBON-AINÉ (2p. 96-103).
Fra BARTOLOMMEO di SAN MARCO
Peintre florentin, né en 1457, mort en 1511

Bartolommeo, ou Baccio[1], suivant le diminutif toscan, naquit à la villa Savignano, près de Prato, qui est à dix milles de Florence. Ayant dans son enfance montré non seulement du goût, mais de l’aptitude pour le dessin, il fut placé, par l’entremise de Benedetto da Maiano, dans l’atelier de Cosimo Rosselli. Il demeura longtemps chez des parents[2] qui habitaient à la porta a San Piero Gattolini, d’où lui vint le nom de Baccio dalla Porta. Après avoir quitté Cosimo Rosselli, il étudia avec beaucoup d’ardeur les ouvrages de Léonard de Vinci, et en peu de temps il fit tant de progrès dans le coloris qu’il s’acquit la réputation d’être un des meilleurs jeunes artistes, tant dans le coloris que dans le dessin. Il s’associa avec Mariotto Albertinelli[3], qui en peu de temps prit très bien sa manière ; ils exécutèrent ensemble quantité de tableaux représentant des Madones répandues dans Florence, que nous ne citerons pas toutes. Pier del Pugliese avait une petite Madone en marbre, de très faible relief, par Donatello, œuvre très remarquable ; pour la rehausser, il fit faire un tabernacle en bois, fermé par deux volets, à l’intérieur desquels Baccio dalla Porta représenta la Nativité du Christ et la Circoncision, si bien peintes dans le genre de la miniature, qu’en peinture à l’huile on ne saurait faire mieux. Quand les volets sont fermés, ils représentent en clair-obscur et à l’huile l’Annonciation de la Vierge[4].

Baccio était aimé à Florence pour son mérite ; assidu au travail, bon, paisible de nature et craignant Dieu, il aimait la vie tranquille, fuyait les mauvaises compagnies et se plaisait à entendre les prédications, ainsi qu’à rechercher la société des personnes savantes et réfléchies. Aussi sa réputation grandissante lui fit demander par Gerozzo, fils de Mona Venna Dini, de peindre une chapelle dans le cimetière de l’hôpital de Santa Maria Nuova. Il y commença une fresque du Jugement dernier[5], qui lui acquit une grande renommée, mais qui resta inachevée, Baccio ayant résolu de se consacrer à Dieu plutôt qu’à la peinture.

À cette époque Fra Girolamo Savonarola de Ferrare, célèbre théologien de l’Ordre des Frères prêcheurs, se trouvant à San Marco, Baccio, qui allait assidûment à ses prédications, en arriva à se lier étroitement avec lui et à demeurer presque continuellement dans le couvent où il avait contracté une grande amitié avec les autres frères. Savonarola s’écriait chaque jour dans ses prêches que les peintures lascives, la musique, les poésies amoureuses induisent les âmes à mal faire, et persuadait qu’il était indigne de voir, dans les maisons où se trouvent des jeunes filles, des tableaux représentant des nudités. Le peuple s’étant échaufie à ses discours, survint le carnaval, pendant lequel suivant un ancien usage, on allumait, le soir du mardi, un grand feu de joie sur la place publique, et les hommes et les femmes dansaient autour, se tenant par la main en chantant des rondes amoureuses. Fra Girolamo fitsi bien que, ce jour-là, au lieu déformer le bûcher de bois et de broussailles, on brûla des livres, des instruments de musique, des recueils de poésie et une énorme quantité de tableaux et de sculptures représentant des nudités, mais venant des meilleurs maîtres, ce qui fut une perte irréparable pour les arts et surtout pour la peinture. Baccio apporta toutes les études qu’il avait faites d’après le nu, et fut imité par Lorenzo di Credi et plusieurs autres appelés I Piagnoni.

Peu de temps après, par suite de l’affection que Baccio portait à Fra Girolamo, il fit un très beau tableau de lui[6], qui, envoyé d’abord à Ferrare, est revenu dernièrement à Florence, dans la maison de Filippo Alamano Salviati, qui en fait grand cas, comme étant de la main de Baccio.

Il arriva ensuite que le parti contraire à Fra Girolamo se souleva, un jour, pour s’emparer de lui et le livrer à la justice, à cause des séditions qu’il avait excitées à Florence. Ses amis se réunirent de leur côté, au nombre de plus de cinq cents, et se renfermèrent dans San Marco, Baccio étant avec eux. À la vérité, timide et peu courageux, quand il entendit donner l’assaut au couvent, et qu’il y eut des morts et des blessés, il eut une grande frayeur et fit le vœu d’entrer immédiatement en religion dans cet ordre s’il échappait à cette bagarre, serment qu’il observa scrupuleusement. Le tumulte terminé, le frère pris et condamné à mort[7], comme le racontent les historiens, Baccio se rendit à Prato, et, suivant les chroniques du couvent, prit l’habit de saint Dominique, le 26 juillet de l’an 1500, au grand déplaisir de tous ses amis qui s’affligeaient de l’avoir perdu et se plaignaient surtout de la résolution qu’il avait prise de ne plus se livrer à la peinture. Mariotto Albertinelli termina alors la fresque de Santa Maria Nuova, laissée inachevée par Fra Bartolommeo [nom que Baccio avait reçu du prieur, en prenant l’habit religieux]. Celui-ci, étant resté plusieurs mois à Prato, fut ensuite placé par ses supérieurs dans le couvent de San Marco, à Florence, dont les religieux l’accueillirent avec beaucoup de caresses.

Bernardo del Bianco avait fait construire, à cette époque, dans la Badia de Florence, une chapelle en pierre de macigno, richement sculptée, sur les dessins de Benedetto da Rovezzano. Désireux d’y placer un tableau qui fut digne de cette ornementation, et persuadé que Fra Bartolommeo était tout désigné pour cette œuvre, il essaya de l’y décider par l’entremise de ses amis. Fra Bartolommeo, cependant, était au couvent, ne s’occupant plus qu’à suivre les offices divins et à observer les règles de son ordre ; bien qu’il fût sollicité, par le prieur et par ses amis les plus chers, de produire quelque peinture, depuis quatre ans il s’y refusait, quand, se rendant aux prières de Bernardo del Bianco[8], il consentit à commencer le tableau représentant saint Bernard qui écrit et aperçoit la Vierge soutenue par des anges et portant dans ses bras l’Enfant Jésus[9]. Il est plongé dans une extase si admirablement exprimée que celui qui considère attentivement cette peinture y découvre quelque chose de vraiment céleste, et Fra Bartolommeo y consacra autant d’ardeur que d’amour, ainsi qu’à l’arc peint à fresque qui est au-dessus. Il fit encore plusieurs tableaux pour le cardinal Jean de Médicis ; il peignit pour Agnolo Doni une Madone d’une beauté extraordinaire, qui décore l’autel d’une chapelle, dans la maison de ce gentilhomme[10].

Dans ce temps, Raphaël d’Urbin vint à Florence pour se perfectionner dans son art ; il enseigna les vraies principes de la perspective à Fra Bartolommeo, avec qui il s’était intimement lié, et dont il étudiait le coloris. À cette époque. Fra Bartolommeo fit un tableau, avec une quantité de figures pour San Marco[11]; après avoir été exposé plusieurs mois dans cette église, ce tableau fut envoyé, en présent, au roi de France. Il le remplaça à San Marco par un autre, également rempli de figures, et représentant le Mariage du Christ enfant avec sainte Catherine, religieuse[12]. Il s’efforça d’y imiter le coloris de Léonard, surtout dans les teintes obscures, pour lesquelles il employa le noir de fumée des imprimeurs et l’ivoire brûlé ; c’est pourquoi ce tableau pousse beaucoup au noir aujourd’hui. Peu de temps après, il fit un autre tableau, placé vis-à-vis, et qui représente la Vierge entourée de saints[13]. Il mérita de grands éloges pour avoir introduit dans la peinture une manière d’envelopper ses figures, en sorte qu’elles présentent une harmonie merveilleuse de couleurs, qu’elles paraissent en relief et vraiment vivantes.

Fra Bartolommeo, entendant vanter sans cesse les œuvres admirables de Michel-Ange faites à Rome, ainsi que celles du gracieux Raphaël, enthousiasmé par les récits des merveilles enfantées par ces divins artistes, se rendit, avec la permission du prieur, à Rome, où il fut hébergé par Fra Mariano Fetti, frère du Plomb, au couvent de San Silvestro. Il peignit pour lui deux tableaux de saint Pierre et de saint Paul[14], mais il ne réussit pas aussi bien dans ce milieu qu’à Florence. Frappé d’étonnement à la vue de tant de chefs-d’œuvre anciens et modernes, il prit une si grande défiance de son talent, qu’il se hâta de partir, confiant à Raphaël le soin de terminer le tableau de saint Pierre, qui fut donné à Fra Mariano lorsqu’il eut été entièrement retouché par l’incomparable Sanzio.

Il revint à Florence où, souvent, il avait été critiqué comme ne sachant pas peindre le nu. Il voulut donc montrer qu’il était apte à toute partie de son art autant que n’importe qui, et fit, comme preuve, un tableau représentant saint Sébastien nu[15], avec un coloris semblable à celui des chairs, une douceur de figure et une beauté correspondant à celle de la personne, en un mot si bien réussi que tous les artistes s’accordèrent à le louer. On raconte que, tandis que ce tableau était exposé dans l’église les frères, ayant appris dans leurs confessionnaux que plusieurs femmes avaient été induites en tentation par la vue de la trop séduisante imitation de la nature, retirèrent le tableau de leur église et le mirent dans le chapitre où il ne resta pas longtemps, car il fut acheté par Giovan Batista della Palla, et envoyé au roi de France. Fra Bartolommeo s’était fâché un jour contre les menuisiers qui faisaient les cadres de ses tableaux, parce que, de même que nos ouvriers d aujourd’hui, ils couvraient avec les montants à peu près un huitième de la toile. Il chercha donc un moyen de ne plus mettre d’ornements à ses tableaux, fit cintrer le panneau de son saint Sébastien, y figura une niche en perspective que l’on croirait creusée dans le bois et plaça ensuite tout autour des corniches peintes. Il se servit du même procédé pour notre saint Vincent et le saint Marc. Le saint Vincent prêchant sur le Jugement dernier est peint à l’huile et sur bois, au-dessus de l’arc d’une porte qui conduit à la sacristie du couvent de San Marco[16]. Dans son attitude et particufièrement dans la tête, on remarque la ferveur et l’exaltation des prédicateurs qui, pour ramener à la vertu les hommes plongés dans le vice, les menacent de la justice de Dieu.

Ayant entendu dire que sa manière était mesquine, il voulut prouver qu’il savait faire les grandes figures, en exécutant, sur la façade de la porte du chœur, une figure de saint Marc l’évangéliste[17] de cinq brasses de proportion, peinte sur bois, remarquable par la perfection du dessin et la beauté du travail. Salvador Billi, marchand florentin, ayant appris à son retour de Naples la renommée de Fra Bartolommeo et ayant vu ses œuvres, lui fit faire un tableau représentant le Christ Sauveur, allusion à son nom, entouré de quatre Évangélistes[18]. Dans le bas, deux enfants, d’un coloris frais et gracieux, tiennent le globe du monde ; on y voit encore deux prophètes très estimés.

Après tous ces travaux, éprouvant le besoin de changer d’air, il fut envoyé par le prieur, qui était son ami, dans un de leurs monastères[19], où il exécuta, pour le salut de son âme et le profit de l’ordre plusieurs peintures de piété relatives à la contemplation de la mort. À San Martino de Lucques, il fit une Madone ayant à ses côtés saint Etienne et saint Jean et à ses pieds un petit ange qui joue du luth, d’un dessin et d’un coloris parfaits[20]. Pareillement, à San Romano, il fit une peinture sur toile représentant une Madone de la Miséricorde, placée sur un piédestal, avec des anges soutenant son manteau[21]. Cette œuvre est regardée comme la plus parfaite qu’il ait produite. Dans la même église, il y a de lui une toile où sont figurés le Christ, sainte Catherine martyre et une sainte Catherine de Sienne en extase, dont la beauté est inimitable[22].

À Prato, vis-à vis des prisons, il fit un tableau de l’Assomption[23] et d’autres peintures qui sont dans la maison des Médicis ou ailleurs. Dans celle de Pier del Pugliese, appartenant aujourd’hui à Matteo Bottit citoyen et marchand florentin, il fit, au sommet d’un escalier, dans un vestibule, saint Georges à cheval terrassant le serpent[24]. Cette peinture est à l’huile et en clair-obscur ; il préparait ainsi ses ouvrages en guise de cartons et les ombrait aussi à l’encre ou avec du bitume. Nous en avons la preuve dans plusieurs de ses tableaux restés inachevés à sa mort, et dans quantité de dessins faits de la même manière, dont la plus grande partie se trouve dans le monastère de Santa Caterina[25], sur la place San Marco chez une religieuse qui s’occupe de peinture[26]. Il avait l’habitude, quand il travaillait, d’avoir l’objet vivant sous les yeux ; pour reproduire les draperies, les armes et autres choses semblables, il fit faire un mannequin de grandeur naturelle, dont les jointures étaient flexibles et qu’il recouvrait d’étoffes. Il pouvait ainsi conserver ses plis jusqu’à ce qu’il eût amené son œuvre à toute sa perfection ; ce mannequin, tout gâté et vermoulu qu’il est, se voit dans notre atelier, en souvenir de ce grand peintre[27].

À Arezzo, dans l’abbaye des moines noirs, il fit en clair-obscur la tête d’un Christ qui est une œuvre admirable, ainsi que le tableau de la Compagnia de’ Contemplani, qui est actuellement chez Messer Alessandro, fils d’Ottaviano de’ Medici[28].

Dans la chapelle du noviciat de San Marco, il y a de sa main un tableau de la Purification[29], d’une couleur et d’un dessin charmants. Tandis que, pour son agrément, il demeurait à Santa Maria Maddalena, dans la maison de campagne des frères, il fit un Christ et une Madeleine[30] et quelques ouvrages à fresque pour le couvent. Il exécuta, pareillement à fresque, dans la salle des étrangers, à San Marco, un arc dans lequel il représenta le Sauveur, accompagné de Cléophas et de Luc[31]. Il commença à San Gallo un tableau que termina Giuliano Bugiardini, et qui est aujourd’hui sur le maître-autel de San Jacopo tra Fossi[32]. Pareillement, un tableau du Rapt de Dinah[33], qui est chez Messer Cristofano Rinieri, fut mis en couleur par Giuliano ; on y voit des édifices et des inventions très estimés.

Piero Soderini lui avait donné à faire le tableau de la salle du Conseil, qu’il dessina en clair-obscur, de manière à se faire grand honneur[34]. Il représente tous les protecteurs de la ville et les saints, dont les jours de fête correspondent à ceux des victoires remportées par Florence ; on y voit le propre portrait du peintre, fait à l’aide d’un miroir[35]. Il l’avait commencé et dessiné en entier quand il lui arriva, à force de travailler sous une fenêtre ouverte, d’être frappé d’une paralysie du côté, au point de ne pouvoir plus se mouvoir. Les médecins lui ordonnèrent d’aller prendre les eaux à San Filippo, où il demeura longtemps mais sa santé s’y améliora peu. Il était très avide de fruits, quoiqu’ils lui fussent contraires ; aussi, ayant un matin mangé beaucoup de figues, une fièvre violente vint aggraver ses autres maux et l’emporta en quatre jours, à l’âge de 48 ans[36] ; il avait toute sa connaissance lorsqu’il rendit son âme à Dieu. Sa mort affligea profondément ses amis et surtout les moines, qui l’enterrèrent dans leur sépulture, à San Marco, le 8 octobre de l’an 1517.

Il était dispensé d’assister aux offices et abandonnait le gain de ses ouvrages à son couvent, ne se réservant que ce qui était nécessaire pour l’achat de ses couleurs et les autres frais qu’entraîne la peinture. Il donna tant de charme à ses figures par son coloris, et inventa tant de choses nouvelles, qu’il mérite d’être compté parmi les bienfaiteurs de l’art.



  1. Né à Florence, fils de Paolo di Jacopo del Fattorino et de Bartolomea di Salirnbene. Inscrit de cette façon sur le vieux livre des peintres de Florence.
  2. Son père habitait San Felice in Piazza.
  3. En 1509. L’association fut rompue le 5 janvier 1512.
  4. Ces volets sont actuellement aux Offices.
  5. Conservée actuellement aux Offices, 1499-1500. En mauvais état.
  6. Actuellement à Florence, au musée de Saint-Marc. Un portrait de Savonarole, également dû à Fra Bartolommeo, est à l’Académie des Beaux-Arts.
  7. Le supplice de Savonarole eut lieu le 23 mai 1498.
  8. L’allocation du tableau est du 18 novembre 1504.
  9. Actuellement à l’Académie des Beaux-Arts : peinte en 1506-1507.
  10. Actuellement Galerie Corsini, à Rome : peinte en 1516.
  11. C’est une Vierge entourée de saints : au Louvre, datée MDXI.
  12. Actuellement au Palais Pitti.
  13. En place.
  14. Les cartons sont à l’Académie des Beaux-Arts à Florence ; les tableaux au Quirinal.
  15. Actuellement chez M. Alaffre, à Pézenas ; peint en 1515.
  16. Actuellement à l’Académie des Beaux-Arts.
  17. Actuellement au palais Pitti.
  18. Tableau payé 100 ducats d’or. Le milieu est au palais Pitti, les deux prophètes sont aux Offices. 1516. Signé, daté MDXVI.
  19. À la Maddalena in pian di Mugnone.
  20. En place, signé : FRIS. BARTHOL. FLORENTINI. OPVS. 1509.
  21. Peinte en 1515.
  22. Les deux tableaux de San Romano sont à la Pinacothèque de Lucques.
  23. Au Musée de Naples, 1516.
  24. N’existe plus.
  25. Actuellement Académie des Beaux-Arts.
  26. Sœur Plautina Nelli.
  27. Conservé à l’Académie des Beaux-Arts.
  28. Ces deux peintures ont disparu.
  29. Au Musée de Vienne, 1516.
  30. En place, fresque de 1517.
  31. Existe encore.
  32. C’est une Pietà, actuellement au palais Pitti.
  33. Au Musée de Vienne, peint par Bugiardini.
  34. Commandé le 26 novembre 1510.
  35. Actuellement aux Offices ; tableau resté inachevé en 1517.
  36. Le 6 octobre 1517, à l’âge de 42 ans, d’après le Nécrologe du couvent.