Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes/Fra Filippo LIPPI

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Traduction par Weiss, Charles (18...-19...; commandant).
DORBON-AINÉ (1p. 394-402).

chose que barbouiller ses livres et ceux de ses camarades ; ce que voyant, le prieur[1] se résolut à lui donner toute facilité pour apprendre la peinture. À ce moment, au Carmine, la chapelle de Masaccio[2] venait d’être terminée ; comme elle était très belle, elle plaisait infiniment à Fra Filippo qui, chaque jour, s’y rendait pour se distraire, et, s’y exerçant avec plusieurs jeunes gens qui y dessinaient, il les surpassait de beaucoup en adresse et en savoir, de manière qu’il était admis qu’avec le temps il produirait quelque œuvre merveilleuse. À peu de temps de là, il peignit en camaïeu, dans le cloître et à côté de la Procession de Masaccio, un Pape confirmant la règle des Carmes[3]; il fit encore des peintures à fresques sur différentes parois, à l’intérieur de l’église[4], en particulier un saint Jean-Baptiste et quelques épisodes de sa vie, en sorte que, faisant chaque jour plus de progrès, il avait si bien pris la manière de Masaccio que l’on disait que l’esprit de celui-ci était entré dans le corps de Fra Filippo. Il fit, sur un pilastre de l’église, près de l’orgue, un saint Martial qui lui attira une grande renommée, car il pouvait aller de pair avec les œuvres de Masaccio ; aussi, s’entendant louer par tout le monde, Filippo quitta hardiment l’habit à l’âge de dix-sept ans[5].

Se trouvant après dans la Marche d’Ancone, un jour qu’il se promenait en barque avec quelques-uns de ses amis, sur la mer, ils furent tous pris par des corsaires mauresques qui couraient par ces parages et emmenés en Barbarie[6]. Là, on les mit à la chaîne et on les retint esclaves ; Filippo y resta dix-huit mois en endurant de grandes souffrances. Mais comme il avait les traits de son maître gravés dans l’esprit, il lui prit fantaisie, un jour, de les reproduire. Tirant donc du feu un charbon éteint, il le dessina en entier, avec ses vêtements mauresques, sur un mur blanc. Les autres esclaves rapportèrent le fait à leur maître, ce portrait paraissant miraculeux à tous, car ni le dessin ni la peinture n’étaient pratiqués dans ces régions ; et ce fait fut cause qu’on le délivra de la chaîne où il avait été retenu si longtemps. Filippo fit ensuite d’autres œuvres de peinture pour son maître qui le fit reconduire en toute sécurité à Naples, où il peignit pour le roi Alphonse, alors duc de Calabre, un tableau en détrempe dans la chapelle du château[7]. Il éprouva ensuite le désir de revenir à Florence, où il demeura plusieurs mois, et peignit pour le maître-autel des religieuses de Sant’Ambrogio un très beau tableau[8] qui lui valut l’intime amitié de Cosme de Médicis. Il fit encore un autre tableau[9] dans le chapitre de Santa Croce et une Nativité du Christ[10] qui fut placée dans la chapelle du palais Médicis. Pour la femme de Cosme il peignit un tableau représentant de même la Nativité du Christ et saint Jean-Baptiste[11], destiné à être placé dans l’ermitage des Camaldules : quelques petits sujets[12] qu’il peignit encore furent envoyés en don par Cosme au pape Eugène IV, Vénitien. Aussi Fra Filippo en retira-t-il une grande faveur auprès du pape.

On dit qu’il était si porté pour l’amour que, dès qu’il rencontrait une femme qui lui plaisait, il lui aurait donné tout son argent pour avoir ses faveurs et, s’il ne réussissait pas, il la peignait et cherchait ainsi à éteindre son ardeur. Cet appétit désordonné le possédait au point que, quand il en était saisi, il s’occupait peu ou point des travaux qu’il avait entrepris. Une fois entre autres, Cosme de Médicis, le faisant peindre dans son palais, l’enferma à clef afin qu’il n’allât pas perdre son temps au dehors. Filippo, s’étant tenu coi pendant deux jours, saisi de fureur amoureuse pour ne pas dire bestiale, prit un jour des ciseaux et découpa les draps de son lit en bandes qu’il attacha à la fenêtre et au moyen desquelles il put descendre dans la rue et se livrer pendant plusieurs jours à ses plaisirs. Cosme, ne le trouvant pas et l’ayant fait rechercher, parvint à le ramener au travail. Puis il lui donna toute liberté, regrettant de l’avoir enfermé et songeant à sa folie et au danger qui pouvait en résulter. Il n’eut plus recours qu’aux caresses pour le retenir et ainsi il fut bien mieux servi. Il disait, d’ailleurs, que les génies rares sont de formes célestes et qu’on ne doit pas les traiter comme des ânes de voitures.

Filippo peignit une Annonciation[13] pour l’église de Santa Maria Primerana, sur la place de Fiesole ; ce tableau est fini avec un soin extrême et la figure de l’ange est si belle qu’elle paraît une œuvre vraiment céleste. Pour les religieuses delle Murate[14], il fit deux tableaux : une Annonciation[15] placée au maître-autel et l’autre, représentant différents épisodes de la vie de saint Benoît et de saint Bernard[16], placé à un autel de la même église. Dans le palais de la Seigneurie, au-dessus d’une porte, il fit un tableau représentant une Annonciation[17] et, sur une autre porte, un saint Bernard[18]. On a de lui pareillement, dans la sacristie de Santo Spirito, une Vierge entourée d’anges et de saints[19], œuvre rare et tenue en grande estime par les maîtres de notre époque. À San Lorenzo il laissa une Annonciation[20] sur un tableau placé dans la chapelle des fabriciens, et, dans celle de la famille Stufa, un tableau qui n’est pas terminé[21]. Dans une chapelle de Sant’Apostolo, il peignit un tableau renfermant quelques figures qui entourent une Vierge[22].

À Arezzo, il exécuta, pour Messer Carlo Marzuppini, le tableau de la chapelle Saint-Bernard, dans le couvent des moines de Monte Oliveto[23]. Il représente le Couronnement de la Vierge, entourée de saints[24], et il s’est conservé si frais que l’on croirait qu’il vient de sortir des mains de Fra Filippo. Messer Carlo, qui y est représenté, lui ayant dit de faire attention aux mains, parce qu’on trouvait ses peintures défectueuses, Filippo, afin d’éviter de semblables reproches, prit dès lors le parti de les cacher presque toujours sous des draperies ou de toute autre manière.

À Florence il exécuta, pour les religieuses d’Annalena[25], un tableau de la Crèche[26], et, à Padoue, on voit de lui quelques peintures[27]. Il envoya à Rome, au cardinal Barbo, deux tableaux remplis de petites figures qui étaient excellemment travaillées et terminées avec grand soin[28]. Ses œuvres se distinguent par un fini extrême et une grâce merveilleuse. Aussi, tant que le temps ne les aura pas détruites, son nom sera-t-il dignement célébré par tous les maîtres de l’art.

À Prato, près de Florence, où il avait quelques parents, il resta plusieurs mois, en compagnie de Fra Diamante del Carmine, qui avait été novice en même temps que lui, et il exécuta nombre d’œuvres dans cette ville. Ayant été ensuite chargé par les religieuses de Santa Margherita de peindre le tableau du maître-autel[29], pendant qu’il y travaillait, il vit un jour la fille de Francesco Buti[30], citoyen florentin, qui l’avait confiée aux sœurs, soit pour veiller sur elle, soit pour la faire entrer en religion. Filippo, ayant jeté ses regards sur Lucrezia [tel était le nom de la jeune fille], qui avait belle mine et une grâce merveilleuse, fit tant auprès des sœurs qu’il obtint de la faire poser pour une figure de la Vierge, dans son tableau. À cette occasion, s’étant enflammé d’amour pour elle, il fit si bien qu’il enleva Lucrezia, et la fit sortir du couvent, le jour où elle allait voir exposer la Ceinture de la Vierge, précieuse relique de cette cité[31]. Cet événement couvrit de honte les religieuses, et Francesco, son père, ne fut plus jamais joyeux[32], ayant fait tout ce qu’il put pour la ramener ; mais elle, soit par peur, soit pour tout autre cause, ne voulut jamais revenir, et se séparer de Filippo, dont elle eut un fils, nommé Filippo[33], comme son père, et qui devint, comme lui, un peintre habile et célèbre. À San Domenico de Prato, on voit de Fra Filippo deux tableaux[34], et, à San Francesco, une Vierge peinte sur le mur du transept, que l’on scia plus tard pour l’entourer de bois et la transporter sur une autre paroi de l’église, où on la voit à présent[35]. Au Ceppo de Francesco di Marco, au-dessus d’un puits dans une cour, se trouve un petit tableau de sa main, avec le portrait dudit Francesco, fondateur de cette pieuse maison[36]. Dans l’église paroissiale de la même ville, il représenta, sur un petit tableau placé au-dessus de l’entrée latérale, saint Bernard mort et faisant des miracles[37]. Une foule d’estropiés recouvrent la santé en touchant son cercueil, et on remarque des Frères qui pleurent la mort de leur maître. C’est une chose admirable à voir que leurs belles figures, pleines de tristesse, rendues avec un grand art et beaucoup de vérité. Plusieurs frocs de moines ont de beaux plis et méritent des louanges infinies pour le dessin, le coloris, ainsi que pour la composition, la grâce et les bonnes proportions qu’on voit dans toute cette œuvre exécutée avec le plus grand soin par la main délicate de Fra Filippo.

Il lui fut ensuite commandé par les fabriciens de ladite église[38], qui voulaient avoir une œuvre de lui, de peindre la chapelle du maître-autel. Il y mit tant de preuves de son savoir-faire, qu’outre la beauté et le grand art répandus dans cette œuvre, on y voit des têtes et des draperies admirables. Il fit ses figures plus grandes que nature, ce qui inspira à nos artistes modernes le goût de donner de la grandeur à la manière actuelle. On y remarque quelques figures couvertes de vêtements peu en usage à cette époque, et il a encouragé ainsi les esprits à sortir de cette rusticité que l’on peut appeler plutôt vieillotte qu’antique. Du côté droit de la chapelle, il représenta l’histoire de saint Étienne, à qui l’église est dédiée, à savoir : la Dispute, la Lapidation et la Mort de ce protomartyr. Dans la scène où il est représenté disputant contre les Hébreux, il montre tant de zèle et de ferveur, que c’est une chose difficile à imaginer, à plus forte raison à représenter. Les visages et les attitudes des Juifs témoignent la haine et la fureur de se voir vaincus par lui. Leur rage et leur bestialité se manifestent encore plus ouvertement dans ceux qui l’accablent de pierres, qui en jetant de grosses, qui en jetant de petites, avec un horrible grincement de dents et des gestes pleins de fureur et de cruauté. Dans un si terrible assaut, saint Étienne, avec un visage serein et levé vers le ciel, supplie avec charité et ferveur l’Éternel de pardonner à ceux qui le tuent ; toutes considérations fort belles et capables de montrer ce que vaut l’invention et le pouvoir d’exprimer les différentes passions en peinture ; c’est ce que l’on observe également dans ceux qui ensevelissent saint Étienne, dont les visages et les attitudes sont tellement remplis de douleur qu’il est impossible de les regarder, sans en ressentir une profonde émotion.

De l’autre côté de la chapelle, Filippo plaça la Nativité, la Prédication dans le désert, le Baptême dans le Jourdain, le Festin d’Hérode et la Décollation de saint Jean-Baptiste. Dans la face du prédicateur se reconnaît l’esprit divin, et dans la foule de ceux qui l’écoutent on distingue les mouvements divers, l’allégresse et la joie, tant chez les femmes que chez les hommes, attirés et suspendus aux lèvres de saint Jean. Le Baptême reflète la beauté et la bonté ; dans le Festin d’Hérode, on remarque la majesté de la fête, l’agilité d’Hérodiade, la stupeur et la tristesse des convives, en voyant la tête coupée présentée dans un bassin. On voit autour du festin quantité de figures dans de belles attitudes, remarquablement drapées, parmi lesquelles il se représenta lui-même, à l’aide d’un miroir, vêtu de noir sous les habits d’un prélat, ainsi que son élève Fra Diamante est peint dans la scène des funérailles de saint Étienne. Il représenta également dans cette œuvre Messer Carlo, fils naturel de Cosme, et prévôt de l’église paroissiale[39], laquelle lui est redevable, ainsi qu’à sa famille, de nombreux bienfaits.

Cette œuvre terminée l’an 1463, il peignit en détrempe, pour l’église San Jacopo de Pistoia, une Annonciation fort belle[40], que lui demanda Messer Jacopo Bellucci, et où celui-ci est représenté au naturel. Dans la maison de Polidoro Bracciolini, on voit de sa main un tableau représentant la Nativité de la Vierge[41]; une Vierge tenant l’Enfant Jésus[42], en détrempe et dans un cadre demi-circulaire, est dans le Tribunal des Huit, à Florence. Citons encore, dans la maison de Lodovico Capponi, une Vierge très belle[43], et chez Bernardo Vecchietti, gentilhomme florentin du plus haut mérite, un saint Augustin qui étudie, dans un petit cadre, très beau[44]. Une plus belle peinture encore est le saint Jérôme pénitent[45], de la même grandeur que l’on voit dans la garde-robe du duc Cosme. S’il est vrai que Fra Filippo déploya une rare habileté dans toutes ses œuvres, il se surpassa dans celles de petites proportions, entre autres dans les prédelles de ses tableaux. Michel-Ange l’a toujours célébré, et même imité en beaucoup de choses.

Il fit encore pour la vieille église de San Domenico, à Pérouse, une Vierge entourée de Saints, à savoir : saint Pierre, saint Paul, saint Louis et saint Antoine abbé[46], qu’on a placée au maître-autel. Messer Alessandro degli Alessandri, alors chevalier et son ami, lui fit faire, pour la chapelle de sa villa de Vincigliata, sur la colline de Fiesole, un tableau représentant saint Laurent et d’autres saints, où il le reproduisit, lui et ses deux fils[47].

Il fut toujours ami des personnes joyeuses, et vécut constamment dans la gaîté. Il fit apprendre l’art de la peinture à Fra Diamante, qui imita sa manière et s’attira une grande renommée. Sandro Botticello, dans sa jeunesse, étudia également avec Filippo, ainsi que Pesello, et une foule d’autres auxquels il enseigna avec beaucoup d’amitié.

Il vécut honorablement du fruit de ses travaux, mais il dépensa extraordinairement pour ses goûts amoureux, qui le tinrent jusqu’à sa mort. Cosme de Médicis lui fit obtenir[48] de la commune de Spolète la décoration de la chapelle de l’église Notre-Dame, dans cette ville[49] ; il y travaillait avec Fra Diamante et l’aurait conduite à bonne fin s’il n’avait été arrêté par la mort. On dit que, tandis qu’il était plongé dans ses amours, des parents de la dame qu’il aimait le firent empoisonner. Il mourut l’an 1438, à l’âge de cinquante-sept ans[50], et laissa par testament la direction de son fils Filippo, âgé de dix ans, à Fra Diamante qui lui apprit la peinture et l’emmena avec lui à Florence, quand il y retourna, rapportant trois cents ducats, restant dus par la commune de Spolète, et avec lesquels il acheta des biens, n’en réservant presque rien à son pupille. Filippo entra ensuite dans l’atelier de Sandro Botticello, qui était alors en grande réputation.

Le corps de Filippo fut renfermé dans un tombeau en marbre blanc et rouge, que les habitants de Spolète placèrent dans l’église qu’il avait décorée. Sa mort causa de vifs regrets à ses amis, et principalement à Cosme et au pape Eugène IV[51], qui aurait voulu lui donner les dispenses nécessaires pour épouser Lucrezia, mais Filippo ne voulut jamais, pour avoir la liberté de satisfaire ses appétits.

Laurent de Médicis voulut plus tard ramener son corps à Santa Maria del Fiore, mais les habitants de Spolète refusèrent de s’en dessaisir, en disant que, à Spolète, il y avait disette d’hommes célèbres, tandis que Florence en regorgeait. Filippino, plus tard, envoyé par Laurent à Rome pour peindre une chapelle, a la demande du cardinal de Naples, passa par Spolète, et éleva à son père, par ordre de Laurent, sous l’orgue de l’église, un tombeau qui coûta cent ducats d’or, et pour lequel Agnolo Poliziano composa une inscription[52].


  1. Fra Pietro da Prato.
  2. Masaccio ne la commença qu’en 1427 et mourut en 1428. Filippo est noté comme peintre dans les livres de dépense del Carmine en 1480 et 1481.
  3. Détruit en même temps que la Procession de Masaccio.
  4. Les peintures de Filippo au Carmine furent détruites soit par le temps, soit par l’incendie de 1771.
  5. En 1431. Ayant rempli différentes dignités ecclésiastiques, il fut nommé, après 1456, chapelain de Santa Margherita, à Prato.
  6. Toute cette histoire paraît être de la fantaisie, Filippo resta en Toscane de 1432 à 1439.
  7. Ce tableau, dont le sujet est inconnu, fut peint à Florence en 1456.
  8. C’est le Couronnement de la Vierge, à l’Académie des Beaux-Arts. Commandé en 1484 et payé 1.200 livres en 1447.
  9. Une Vierge, à l’Académie des Beaux-Arts.
  10. Aux Offices, avec le dessin original.
  11. Ibid.
  12. Peintures inconnues.
  13. Au musée de Munich.
  14. Couvent supprimé en 1812 et transformé en prison.
  15. Musée de Munich.
  16. Tableau perdu.
  17. Ibid.
  18. Galerie nationale de Londres ; peint en 1446.
  19. Au Musée du Louvre ; commandée en 1487 par les capitaines d’Or San Michele, pour 40 florins d’or.
  20. En place.
  21. Peinture perdue.
  22. Ibid.
  23. Supprimé en 1785.
  24. Peint en 1488. — À la Pinacothèque du Vatican.
  25. Couvent supprimé.
  26. Aux Offices.
  27. N’existent plus.
  28. Peintures inconnues.
  29. C’est la Nativité du Christ, au Musée du Louvre.
  30. Voir la note à la fin de cette vie.
  31. Le 1er mai 1456.
  32. Il était mort en 1450.
  33. Filippino Lippi, né en 1457.
  34. Il reste de lui une Nativité du Christ placée dans le réfectoire et, depuis, transportée dans la Galerie communale de Prato.
  35. Peinture disparue, l’église ayant été remaniée au XVIIe siècle.
  36. C’est une Vierge, actuellement à la Galerie communale de Prato, peinte en 1453.
  37. Tableau en place, commandé par Geminiano Inghirami, prévôt de l’église, mort en 1460, et qui y est représenté.
  38. Commandé par le même Inghirami, en 1456. Fresques signées FRATER FILIPPVS OP. Pourtant, dans un document du 11 août 1462, Lippi est appelé dipintore della capella Maggiore della Pieve di Prato. Ces peintures, qui existent encore, n’étaient pas terminées en 1464.
  39. Qui remplaça Inghirami.
  40. Peinture perdue.
  41. Au Musée de Berlin.
  42. Peinture perdue.
  43. Ibid.
  44. Aux Offices.
  45. Peinture perdue.
  46. Actuellement dans la salle du chapitre ; commandée le 16 février 1451 par Antonio del Branca, pour 70 florins d’or. — Tableau attribué par Cavalcasene à Bonfigli, qui l’aurait exécuté, Filippo n’ayant pas rempli ses engagements.
  47. Actuellement casa Alessandri, Borgo degli Albizzi.
  48. En 1467.
  49. Ces fresques existent encore ; terminées en 1470 par Fra Diamante. Elles représentent la Vie de la Vierge.
  50. Mort à Spolète le 9 octobre 1469, d’après le Nécrologe del Carmine, actuellement à la Bibliothèque Magliabecchiana.
  51. Cosme était mort vingt-deux ans auparavant et Eugène IV cinq ans avant.
  52. Ce tombeau, qui fut élevé aux frais de Laurent le Magnifique, en 1488, existe encore. D’après les recherches de M. Milanesi, au moment où Fra Filippo Lippi était chapelain des religieuses de Santa Margherita, à Prato, c’est-à-dire en 1456, se trouvaient dans ce couvent les deux filles de Francesco Buti, citoyen florentin, et courtier de l’Art de la Soie, mort en 1450, Spinetta née en 1484, et Lucrezia plus jeune d’un an. On peut supposer que les deux sœurs avaient été mises en religion par leur frère aîné, Antonio, avec la dot exigée de 50 florins d’or, pour n’avoir pas à les marier, à cause de la situation précaire de sa fortune. L’abbesse, sœur Bartolommea de’ Bovacchiesi, d’une vieille famille de Prato, autorisa Lucrezia à poser pour le tableau que Filippo peignait. Suivent l’enlèvement, le 1er mai 1456, et la naissance de Filippino en 1457. Non seulement Spinetta suivit l’exemple de sa sœur, mais trois autres religieuses s’enfuirent également. L’année suivante, nous voyons les cinq fugitives rentrer au couvent et, le 23 décembre 1459, prononcer de nouveau leurs vœux. On a conservé leurs noms : Piera d’Antonio di Vanni Sensi de Prato, Spinetta et Lucrezia, sœurs Buti, Simona di Michele Lottieri, et Brigida d’Antonio Peruzzi de Florence. Sont présents à la cérémonie Donato de’ Medici, évéque de Pistoia, et sœur Jacopa de’ Bovacchiesi, vicaire depuis la mort de l’abbesse Bartolommea, sa sœur. L’acte notarié nous donne la formule que les sœurs repenties prononcèrent : Et solepniter promiserunt — habentes in manibus et legentes quandam cedulam — stabilitatem conversionem suorum morum et castitatem et obedientiam debilam, secundum regulam et ordinem dicti monasterii — facere et observare. Mais ces vœux ne devaient pas être bien sincères, car nous savons par une accusation secrète lancée en mai 1461, que les deux sœurs Buti avaient de nouveau rejoint leurs amants, Ser Piero d’Antonio Rocchi, notaire de Prato, et Filippo Lippi. Grâce à l’entremise de Cosme de Médicis, le pape Pie II, la même année, autorisa Filippo à garder Lucrezia comme femme légitime. Elle continua de vivre avec lui, et lui donna en 1465 une fille, Alessandra, que Filippino, son frère, maria, en 1487, à un certain Ciardo di Giuliano Ciardi, de Tavola, petite localité proche de Prato.