Lettres à une autre inconnue/XV
XV
J’ai beaucoup pensé à vous hier et à votre folle journée. J’ai peur que vous ne vous y soyez enrhumée ; je suis, pour ma part, horriblement accablé par ce temps déplorable. Comment avez-vous passé vos douze heures de pluie au cap d’Antibes ? Veuillez m’envoyer, je vous prie, d’abord un bulletin de votre santé, puis un récit de ce qui s’est passé de mémorable à l’hôtel de M. Plechtcheief ; vous ferez grand plaisir à un pauvre malade qui aime encore le monde et qui n’en peut rien savoir par lui-même à présent.
Après votre départ, nous avons été tous très-affligés par une idée qui nous est venue, un peu tard, direz-vous : c’est que, peut-être, vous n’aviez pas déjeuné. Mais alors pourquoi ne pas nous le dire ? Notre garde-manger n’était pas en très-brillant état ; cependant nous avions probablement mieux qu’une tasse de thé à vous offrir.
Adieu, chère Présidente ; veuillez agréer l’expression de tous mes respectueux hommages.