Lettres choisies du révérend père De Smet/ 8

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Victor Devaux et Cie ; H. Repos et Cie (p. 71-85).
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VIII


Université de Saint-Louis, 18 janvier 1852.

L’embouchure de la rivière Platte ou Nébraska est le point de division entre le haut et le bas Missouri. Elle fut pour les premiers explorateurs du fleuve Missouri une espèce de ligne équinoxiale où le tribut neptunien était exigé de tous les mangeurs de lard, sobriquet des individus qui se rendent au désert pour la première fois  ; personne n’échappait à ce tribut.

Le pays plat, ou la vallée du bas Missouri, est couvert d’épaisses forêts : elles s’étendent depuis le fleuve jusqu’aux coteaux élevés et abrupts qui le bordent sur chaque rive à une distance de quatre à six milles. Ça et là, les forêts ont fait place à des villes florissantes, à de riants villages et à des milliers de grosses fermes. Ce sol alluvial n’a probablement pas son pareil sur le globe pour la richesse de certains produits. Le bois en est fort recherché  ; à mesure que le pays se peuple et que le commerce devient plus important, les moulins à vapeur s’y multiplient et préparent toutes les poutres de construction ou de charpente  ; en outre, les steamers consomment une grande quantité de bûches dans leurs fourneaux.

Entre la Nébraska et la rivière Wasécha ou Vermillon, sur une étendue de pays d’environ quatre cents milles, les forêts sont également vastes et épaisses, entrecoupées d’immenses prairies riches en verdure. Ce contraste est très-agréable pour le voyageur  ; chaque fois qu’on pénètre dans le désert, on ne peut s’empêcher d’admirer cette succession de forêts et de plaines, cette suite de coteaux et de collines, dont l’aspect est si varié, et qui sont couverts d’arbres et de broussailles de différentes espèces  ; tantôt on voit des rochers escarpés qui s’élèvent à une hauteur de cent à deux cents pieds, tantôt de vertes plaines montant en pente douce, avec des bocages épars, si agréables à la vue qu’on les supposerait l’œuvre de l’art mêlée à la nature. On s’étonne de n’y pas trouver la ferme avec ses granges et ses clôtures. Assurément un nouveau venu de l’Europe se croirait sur le domaine de quelque grand seigneur, et s’attendrait à y rencontrer le château avec ses dépendances.

La nature a été prodigue de ses dons envers cette contrée et, sans être prophète, on peut prédire qu’un avenir florissant se prépare pour ce désert. Le texte du Psalmiste lui sera bientôt appliqué : «  La terre a été créée pour servir d’habitation à l’homme et pour être le théâtre où la gloire du Seigneur et ses perfections seront manifestées.  » Ces plaines, naturellement si attrayantes et si fécondes, semblent inviter le laboureur à y tracer des sillons et promettent une ample récompense à ses moindres travaux. Les chênes antiques attendent le bûcheron, et les rochers, le tailleur de pierre  ; les bruits de la hache et du marteau retentiront un jour dans ces solitudes  ; des fermes étendues, environnées de vergers et de vignobles, des troupeaux nombreux d’animaux domestiques sont destinés à couvrir ces plages inhabitées, et à pourvoir aux besoins des villes qui viendront s’y élever comme par enchantement, avec leurs dômes, leurs tours, leurs chapelles, leurs maisons, leurs collèges, leurs écoles, leurs hôpitaux et leurs asiles.

Je parle ici principalement de la région qui s’étend de l’embouchure de la rivière Kansas à celle de Niobrarah ou l’Eau qui coule, et se prolonge au delà des Côtes-Noires, jusqu’aux monts Rocheux  ; de là elle suit, vers le sud, les limites déjà tracées des territoires d’Utah, du Nouveau-Mexique et du Texas.[1] Tout ce pays renferme plusieurs grandes rivières avec leurs nombreux tributaires : les principales sont la Platte, les deux rivières déjà nommées, les têtes ou sources de l’Arkansas, de l’Osage et de la Rivière-Rouge  ; elles présentent les plus grandes ressources pour la civilisation.

Le général Pierce, président de la république, n’essayera-t-il pas, comme ses devanciers, d’arracher, lui aussi, quelques plumes de l’aigle indien, pour les placer dans la couronne qui doit orner les trophées de son administration  ? Dans les limites que je trace, il trouvera une étendue de pays assez vaste pour être représentée par trois ou quatre étoiles de la première grandeur, qui augmenteront le lustre de la galaxie du drapeau de l’Union. Ce grand territoire pourra contenir une population immense, destinée à former plusieurs États, qui seront un jour des plus prospères.

Mais alors, que deviendront les Indiens qui habitent aujourd’hui ce territoire  ? Que deviendront les aborigènes, eux qui l’ont possédé de temps immémorial  ? C’est une question bien sérieuse et qui fait naître des idées fort sombres dans l’esprit d’un observateur qui a suivi la politique envahissante des États-Unis. J’ai remarqué avec plaisir qu’il y a un rayon d’espoir pour l’avenir de ces pauvres et malheureuses tribus. Les sauvages envoient volontiers leurs enfants aux écoles  ; ils font de grands progrès dans l’agriculture et même dans plusieurs arts mécaniques de première nécessité ; ils élèvent avec soin des bestiaux et des volailles… Espérons que les tristes restes de ces nombreuses nations qui couvraient jadis le sol de l’Amérique, réduits aujourd’hui à gagner leur vie à la sueur de leur front (car la chasse ne peut plus les nourrir), trouveront une demeure permanente, et qu’ils seront incorporés dans l’Union avec tous les droits de citoyens. C’est l’unique espoir qui leur reste  ; l’humanité et la justice semblent exiger qu’il ne soit point frustré. S’ils étaient repoussés de nouveau et relégués plus avant dans les terres, ils périraient infailliblement  ! Quant aux Indiens qui refuseraient de se soumettre ou d’accepter l’arrangement définitif et le seul qui leur soit favorable, ils reprendraient la vie nomade des plaines et termineraient leur malheureuse existence à mesure que les buffles et les autres animaux qui les nourrissent viendraient à disparaître.[2]

Dans les environs de la Mankizitah ou rivière Terre-Blanche, les coteaux sont noirâtres et doivent probablement cette apparence à des feux souterrains  ; le sol y est très-léger et stérile sur une étendue d’environ cent milles  ; les hautes terres y ont peu de verdure, et le pays plat, ou la vallée du fleuve, y est très-étroit. Quelques plateaux s’y élèvent presque à la hauteur des montagnes.

Les îles du Missouri sont en général bien boisées et présentent des vues très-agréables  ; on se procure dans quelques-unes une quantité de cèdres rouges, le bois le plus durable de ces parages et qui résiste le mieux à l’action du temps, quand il est plongé dans l’eau ou enfoncé dans la terre. Si l’on excepte l’étendue de pays entre la Niobrarah et la Mankizitah, où les prairies basses sont rares et où les terrains élevés sont presque entièrement dépourvus de bois, on trouve dans ces îles plusieurs sites magnifiques qui semblent inviter le pionnier et lui dire : «  Le temps n’est pas éloigné  ; vous aussi vous élèverez ici votre cabane et cultiverez votre champ.  » Le charbon est partout très-abondant et suppléera au manque de bois.

Depuis la Mankizitah jusqu’au grand détour du Missouri, et depuis ce détour jusqu’au fort Mandan, et même jusqu’au-dessus de l’embouchure de la Roche-Jaune, sur les deux bords du fleuve, l’aspect du pays est superbe  ; le sol y est très-fertile et donne les récoltes les plus abondantes. Çà et là le long des grands cours d’eau, les forêts sont assez touffues, tandis que dans les plaines supérieures et à mesure qu’on s’éloigne des rivières, le pays est dépourvu d’arbres et même d’arbrisseaux.

Dans mes excursions auprès des tribus indiennes, j’ai traversé plusieurs fois les immenses plaines de l’Ouest, et visité différents endroits dans les régions de la mer Pacifique  ; je suis allé du territoire de la baie d’Hudson, le long des rivières Saskatschewan et Athabasca, jusqu’au grand lac Salé, où se trouve aujourd’hui la capitale des Mormons. Chaque fois que j’ai revu ces plaines, je me suis trouvé péniblement impressionné  ; des milliers de pauvres européens qui demandent du pain et errent sans abri se présentaient à ma pensée. Souvent je m’écriais : «  O malheureux, que n’êtes-vous ici  ! Votre travail et votre industrie mettraient fin à vos misères. Vous élèveriez ici une demeure agréable, et recueilleriez avec abondance les fruits de vos travaux.  » Oui, des populations laborieuses et persévérantes dans leurs entreprises pourraient ici trouver une honnête existence.

Un silence de mort règne dans ce vaste désert. On peut y passer des semaines entières dans de longues courses, sans apercevoir une seule personne. Et cependant on se familiarise avec la solitude  ; on finit même par s’y plaire. Elle donne de l’essor aux facultés de l’homme  ; l’intelligence y devient plus vigoureuse, les pensées y naissent plus rapides et plus claires. Il m’a toujours paru que lorsqu’on voyage dans ces plaines, on se sent plus porté à la prière, à la méditation, à la confiance en Dieu  ; on songe davantage à Celui qui seul est notre refuge et pourvoit à tous nos besoins. Sans doute l’isolement absolu où l’on se trouve, les dangers auxquels on est exposé de la part des animaux féroces qu’on peut rencontrer à chaque pas, contribuent à faire surgir ces sentiments dans l’âme.

On m’a fait observer plusieurs fois que le chant des oiseaux est plus doux et plus agréable à l’oreille dans le désert qu’au milieu des forêts ; et on attribue ce phénomène aux effets de la société, si l’on peut s’exprimer ainsi, dans laquelle ces volatiles sont forcés de vivre. Faute de rencontrer des arbres nombreux et variés, ils vont se percher sur le même arbrisseau ou chercher le même bocage ; ils s’instruisent ainsi les uns les autres. Cette explication vaut peut-être quelque chose.

Pour vous faire une idée de l’étendue de nos plaines de l’Ouest, imaginez-vous la France, l’Allemagne, la Belgique changées en une seule prairie entrecoupée çà et là par des cours d’eau et des bois de moyenne grandeur. La vue s’y perd et l’imagination aussi.

Nous nous trouvions enfin au bas du grand détour où le bateau avait pris terre vis-à-vis d’un camp de Yanktons, tribu puissante de la nation des Sioux. Dès que ces sauvages nous aperçurent, ils éclatèrent en cris de joie et saluèrent notre arrivée de plusieurs décharges de fusils. Leurs femmes avaient préparé une grande quantité de bois sec qui nous fut offerte ; on l’accepta avec plaisir, et elles reçurent en retour un cadeau de tabac, de poudre, de plomb, de farine, de café, de sucre. C’est ce qu’elles apprécient le plus.

Les Indiens nous donnèrent la triste nouvelle des ravages que la petite vérole causait en ce moment au fort Sully, situé près de la petite rivière la Médecine, qui se jette dans le Missouri à l’anse supérieure du grand détour. Ce détour ou circuit est de trente-six milles, tandis que la distance par terre n’est que de quatre milles. À ma demande, le capitaine me mit à terre, et deux heures après, je me trouvai au milieu des malades. J’administrai le baptême à tous les petits enfants qui n’avaient pas encore eu le bonheur de recevoir ce sacrement. Je passai la nuit avec eux, leur prodiguant tous les soins qu’il était en mon pouvoir de leur donner. La maladie ressemblait au terrible fléau qui ravagea Londres en 1665.[3]. Ceux qui y échappèrent retinrent longtemps des taches noirâtres sur tout le corps. Même pendant cette épidémie, les sauvages, suivant leur ancienne coutume de donner une singulière sépulture aux défunts, plaçaient les cadavres de leurs parents, enveloppés seulement dans une couverture ou dans une peau de buffle, sur des tréteaux dressés dans la plaine. Ils les laissaient ainsi exposés aux chaleurs brûlantes d’un soleil de juillet, le plus ardent de l’année. Il en résultait nécessairement des exhalaisons pestilentielles qui infectaient toute l’atmosphère à plusieurs milles de distance.

On m’indiqua dans le camp un jeune orphelin qui, attaqué par la maladie et réduit à l’extrémité, avait été jeté hors de sa loge, au milieu de la nuit et pendant une pluie affreuse, par son père adoptif, homme cruel et impitoyable. Le lendemain matin, il était encore en vie lorsqu’un Canadien l’aperçut et l’emporta dans sa hutte ; ce bon samaritain prodigua au petit malheureux les soins les plus assidus. J’ai eu le bonheur de voir l’orphelin convalescent et de le baptiser.

Quelques jours plus tard, je me trouvais au fort Pierre,[4] situé sur la rive sud du Missouri, à quinze cents milles au-dessus de Saint-Louis, et près de l’embouchure de Bad River, ou la Mauvaise-Rivière. Une grippe assez maligne avait régné quelque temps dans le fort ; une terreur panique s’empara des esprits à la nouvelle que la petite vérole venait d’éclater dans le voisinage et que le choléra avait été à notre bord. En effet, immédiatement après le départ du bateau, cette dernière maladie se mit à sévir avec fureur et enleva beaucoup de monde. Les sauvages des alentours, effrayés du danger, se réjouirent de ma présence ; leurs enfants, et ceux des blancs me furent présentés au nombre de cent quatre-vingt-deux, et régénérés dans les eaux du saint baptême.

La même inquiétude régnait au fort des Arickaras. Quelques coureurs y avaient annoncé l’arrivée prochaine de notre bateau et porté l’alarme en disant que des maladies contagieuses existaient à bord. Mais lorsque les habitants apprirent que tout le monde se portait bien, leur crainte disparut et ils accueillirent le bateau avec toutes les démonstrations usitées en pareille circonstance. Des cris de réjouissance partaient de deux mille bouches à la fois  ; les décharges de fusils et de canons faisaient solennellement retentir les plaines.

La vue de cette scène était belle et imposante : le fort est posté sur la hauteur, à près de cent pieds au-dessus du niveau du fleuve. Une longue rangée de sauvages, dans leurs plus riches accoutrements, le visage barbouillé de différentes couleurs, couvrait la rive.

Monté à cheval, j’avais devancé le bateau afin d’avoir le temps d’instruire les métis et les créoles et de baptiser leurs enfants. Je passai deux jours parmi eux. Beaucoup de sauvages, ayant appris mon arrivée au fort, se présentèrent pour me serrer la main et me souhaiter la bienvenue. Ils me prièrent avec ardeur d’accorder à leurs petits enfants la grâce du baptême que j’avais administré aux enfants métis. Je me rendis avec empressement à leurs désirs. Le nombre montait à près de deux cents. J’ai appris plus tard que le choléra a ravagé ce grand village des Arickaras et qu’un grand nombre d’enfants ont succombé à ce terrible fléau. Quelle consolation pour moi de les avoir baptisés  ! ils sont au ciel.

Nous fîmes enfin nos adieux aux messieurs du fort.

Bientôt nous passâmes le village des Mandans, composé de quelques grandes huttes couvertes de terre. Cette nation autrefois nombreuse est aujourd’hui réduite à un petit nombre de familles, qui seules ont échappé à la petite vérole en 1838. Ce village est situé à dix-huit cents milles au-dessus de l’embouchure du Missouri et à deux cents milles plus bas que la Roche-Jaune (Yellow Stone). Quelques jours après, nous nous arrêtâmes au fort Berthold, pour y décharger des marchandises au grand village des Minatarees ou Gens des Saules, surnommés les Gros Ventres du Missouri. Leurs cabanes sont de la même construction que celles des Arickaras et des Mandans. Quatre pieux ou arbres fourchus plantés en terre, à vingt pieds à peu près de distance, forment un carré. Ces pieux sont surmontés de soliveaux, qui soutiennent d’autres pièces de charpente obliquement placées et laissent une grande ouverture au centre, pour recevoir l’air et donner issue à la fumée  ; ces pièces sont entrelacées de saules  ; le tout est couvert de foin et de terre, sans toutefois être gazonné. Une ouverture faite d’un seul côté est destinée à recevoir la porte, qui consiste en une peau de buffle suspendue. Au devant de la porte est une espèce d’allée de dix à quinze pieds de long, entourée de piquets et facile à défendre en cas d’attaque. Au milieu de la loge, sous l’ouverture supérieure qui reçoit le jour, un trou pratiqué dans la terre, à la profondeur d’environ un pied, tient lieu de foyer. Autour de la loge, des lits sont élevés d’un, de deux ou de trois pieds au-dessus du sol, les rideaux sont des peaux de biches. Tout le village est entouré d’une haute et forte palissade de gros arbres équarris. La nation des Minatarees cultive le maïs, les citrouilles, les fèves et les patates.

Les autres villages établis sur le Missouri sont ceux des Osages, des Omahas, des Ponkahs, des Pawnees, des Arickaras et des Mandans. Les Minatarees sont de la même souche que les Corbeaux et parlent à peu près la même langue. Ils disent que leur séparation provient d’une dispute entre deux chefs qui ne purent s’accorder sur le partage d’un buffle, que l’un et l’autre prétendaient avoir tué à la chasse.

Le grand chef d’un de ces derniers villages, appelé Quatre-Ours, est l’Indien le plus poli et le plus affable que j’ai rencontré sur le Missouri. Il me pria de baptiser ses deux petits garçons et plusieurs membres de sa famille ; tous les enfants de cette tribu avaient été baptisés par M.  Belcourt, missionnaire infatigable du vicariat apostolique de la Rivière-Rouge, qui est sous la juridiction de Mgr  Provencher[5].M.  Belcourt a visité ces parages plusieurs fois et a obtenu beaucoup de succès parmi ces sauvages, en les disposant en faveur de notre sainte religion. J’ai appris que, selon toute probabilité, une mission y serait bientôt établie avec un ou deux prêtres résidents.

Ce lieu est admirablement choisi, et certes les lumières de la foi se répandront facilement de là chez les nations voisines, telles que les Mandans, les Arickaras et les Assiniboins. Ces tribus ont montré beaucoup d’empressement à entendre la parole de Dieu et à se faire instruire, chaque fois qu’un missionnaire catholique les a visitées. En Europe, les prédicateurs et les catéchistes doivent user de mille moyens pour attirer des auditeurs ; ici ce sont les païens qui appellent les prêtres à eux. Ils sont avides des enseignements religieux que tant d’autres méprisent ! Quel compte n’auront pas à rendre un jour à leur Père céleste, ces hommes de tout âge, ces jeunes gens surtout pour qui les moyens de salut abondent en Europe ! Que d’églises, de collèges, d’écoles ne trouvent-ils pas partout, en abondance !

Le 14 juillet, le bateau le Saint-Ange arriva au fort Union, terme du voyage. Ce poste est situé au 48° degré de latitude nord. J’eus alors à faire tous les préparatifs et à prendre toutes les précautions pour mes longues pérégrinations par terre. En attendant, j’instruisis et je baptisai vingt-neuf petits enfants métis qui se trouvaient aux forts Union et William, séparés de trois milles seulement ; tous les jours, j’offris le saint sacrifice de la messe et je donnai une instruction aux gens du fort. Agréez, etc.

P. J. De Smet, S. J.
  1. Le Texas est aujourd’hui un État de l’Union américaine et non un territoire. (Note de la présente édition.)
  2. L’extinction totale des Indiens de l’Amérique du Nord n’est évidemment plus qu’une question de temps : la petite vérole, les vexations iniques des blancs, et surtout les guerres injustes que leur font les États-Unis, sont les causes principales et infaillibles de leur destruction future. (Note de la présente édition.)
  3. Il y périt alors 100, 000 personnes. (Note de la présente édition.)
  4. Le fort Pierre est à 2,664 milles de distance, et à 1,456 pieds au-dessus du golfe du Mexique. Il se trouve par 44° 23'28" latitude nord, et 100° 12'30" (ou 6h 40m 50s) longitude ouest de Greenwich. (Note de la présente édition.)
  5. Mgr  Provencher, premier apôtre et premier évêque de Saint-Boniface (Amérique du Nord), est mort le 7 juin 1853. Il était né au Canada. Élevé de bonne heure au sacerdoce, il fut envoyé par l’évêque de Québec dans les régions lointaines qu’arrose la Rivière-Rouge. Cette vaste contrée, presque égale à la moitié de l’Europe, était habitée par de nombreuses tribus sauvages toutes infidèles. Quelques chrétiens, il est vrai, y étaient venus dresser leurs tentes ; mais leur présence, loin de faire du bien, causait au contraire beaucoup de mal, tant ils étaient la personnification du vice. En 1822, c’est-à-dire quatre ans après son arrivée à Saint-Boniface, Mgr  Proveucher en fut nommé vicaire apostolique. En 1848, le Saint-Siège érigea le vicariat de la Riviére-Rouge en diocèse de Saint-Boniface. Épuisé par les travaux, Mgr  Provencher sentit sa fin approcher. Il voulut se choisir un coadjuteur et jeta les yeux sur le R. P.  Taché, oblat de Marie Immaculée, qui fut nommé en 1852 vicaire apostolique de la baie d’Hudson et gouverne encore aujourd’hui cette immense mission. (Note de la présente édition.)