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Lettres de Pline le Jeune/Tome premier/Panckoucke 1826/L5 XI. À Tranquille

La bibliothèque libre.
Traduction par Louis de Sacy revue et corrigée par Jules Pierrot.
éditeur Panckoucke (p. 383-385).
XI.
Pline à Tranquille.

Acquittez enfin la promesse de mes vers, qui ont annoncé vos ouvrages à nos amis communs. On les souhaite, on les demande tous les jours avec tant d’empressement, que je crains qu’à la fin ils ne soient cités à comparaître. Vous savez que j’hésite autant qu’un autre, quand il s’agit de publier : mais ma lenteur n’est point comparable à la vôtre[1]|. Ne différez donc plus à nous satisfaire ; ou craignez que je n’arrache par des vers aigres et piquans[2], ce que des vers doux et flatteurs n’ont pu obtenir. Votre ouvrage est arrivé à son point de perfection ; la lime, au lieu de le polir, ne pourrait plus que le gâter. Donnez-moi le plaisir de voir votre nom à la tête d’un livre ; d’entendre dire[3] que l’on copie, qu’on lit, qu’on achète les œuvres de mon cher Suétone. Il est bien juste, dans notre mutuelle amitié, que vous me rendiez la joie que je vous ai donnée. Adieu.


  1. Mais ma lenteur n’est point comparable à la vôtre. D’après le texte de Schæfer, j’ai lu tu mora tamen meam quoque cunctationem.
  2. Que je n’arrache par des vers aigres, etc. Le texte dit, que je n’arrache par des scazons ce que les hendécasyllabes n’ont pu obtenir. D. S. — Les scazons étaient une espèce de vers consacrés à l’épigramme.
  3. D’entendre dire que l’on copie, qu’on lit, qu’on achète, etc. Je ne sais d’après quel texte De Sacy avait traduit ce passage. Il est presque inintelligible dans sa version, d’entendre dire que l’on copie, que l’on entende lire, qu’on lise, qu’on achète, etc. Le texte joint à cette traduction porte : patere audire describi, legi, venire volumina.