Lettres de la Vendée/I/15

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Treuttel et Würtz (Ip. 94-95).

LETTRE XV.

Du 4 vendémiaire, an 4 républicain.


Tout est préjugé, mon amie, un hôpital n’est point une si fâcheuse demeure. Je suis soignée, arrangée, gâtée ; des bonnes sœurs s’occupent de la jeune femme du gendarme ; on m’a fait un rempart avec des rideaux blancs, on m’a apporté un grand fauteuil pliant où je suis mieux que dans un lit ; si je pouvois boire deux pintes de bouillon et de caffé au lait, je les aurois tous les matins ; les confitures arrivent de toutes parts à mon malade ; nous recevons des visites des bonnes ames de la ville ; mon aventure chez la vieille loueuse de livres a fait du bruit ; les dames me regardent avec intérêt et admiration ; je crains seulement qu’il n’apprenne toute cette ridicule histoire. Sa blessure n’est pas dangereuse, à ce qu’ils disent ; c’est une balle dans le bras, mais qui n’a pas pénétré bien avant ; il a peu de fièvre, et l’on m’assure, qu’avant quinze jours, il sortira sain ; ma chère, c’est ce qu’il faut que tu souhaites à ta pauvre amie de l’hôpital.