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Lettres de la Vendée/I/20

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Treuttel et Würtz (Ip. 121-144).

LETTRE XX.

Mauléon, 14 vendémiaire an 4 républicain.


Si j’ai aujourd’hui un style, un ton de demoiselle, ne me méconnois pas ; je me suis crue dans le salon de ta mère, un jour d’assemblée ; oui, ma chère, et je suis encore dans l’habillement galant d’une jeune citadine ; il faut l’expliquer, cette énigme ; Maurice, qui est actuellement à-peu-près guéri, est descendu chez notre hôtesse ; nous y ayons passés ensemble la soirée d’hier, ses filles et elle nous reçurent avec toutes les grâces de la bonne honnêteté, et nous fûmes invités à un dîner pour aujourd’hui ; on devoit se trouver plusieurs dames, j’aurois bien désiré m’en dispenser ; mais il me fut impossible ; j’alleguois vainement tous les petits détails dont les femmes se servent toujours ; mon défaut de toilette sur-tout ; effectivement je ne suis pas recherchée de ce côté, car dans mes derniers arrangemens, tu juges bien que je ne me suis occupée que d’habits solides, qui puissent convenir à mon nouvel état ; c’est une jupe de drap dont j’ai fait le juste en habit de cheval, un chapeau de castor, car je perdis le mien dans la prison ; tu vois ton héroïne ; je représentai que mon habillement n’étoit pas décent ; l’aînée des filles alors me dit : — si j’osois, je vous proposerois une de mes robes, je suis sûre qu’elle vous iroit bien ; — la petite sœur se leva comme une folle, et fut chercher dans l’armoire, qu’elle défit toute une robe de mousseline blanche, elles me la firent essayer malgré moi ; la dévote s’extasioit comme elle alloit bien, et comme j’étois belle dans un vêtement léger ; car, ajoutoit-elle, tout ces vêtemens de drap ne vont pas bien aux femmes ; il fut décidé que je mettrois la robe blanche ; on parla toilette le reste de la soirée ; on me demanda si j’avois été à Rennes, je répondis que oui ; alors les jeunes personnes de me questionner sur les modes ; je vis que Maurice s’ennuyoit ; et pour changer de conversation, je proposai à l’aînée de chanter et de se faire accompagner de sa sœur ; la partie fut acceptée, et nous remontâmes dans notre chambre pour trouver le long clavecin ; la petite s’essaya un peu ; je ne pus me défendre d’y poser les doigts ; et dans un mouvement assez prompt, je lui dis, — ce n’est pas cela ; votre place un moment ; — je vis qu’elles étoient étonnées, et je me repentis presque de m’être avancée ; je pris la musique qu’elle tenoit ; et quoiqu’avec difficulté, ne connoissant pas aussi bien la touche d’un clavecin, je m’en tirai et méritai leur attention ; Maurice étoit tout yeux et toute oreille ; la maman me dit : — vous savez sûrement chanter ? ô ! que je me suis bien doutée que vous aviez tous les talens, c’est ce que je répète toujours à mes filles, il n’y a que cela pour être aimable ; la jeunesse passe, et les talens restent ; quand j’étois jeune, je ne pensois pas assez tout cela ; j’étois folle ; hé puis ! on m’a mariée que je n’avois pas encore de raison ; votre époux sait-il la musique aussi ? il doit vous accompagner sûrement ? ah ! le joli ménage, vous ne devez jamais vous ennuyer ; — Maurice, à qui elle s’adressoit, s’avança, et répondit avec un soupir, ce vers de Voltaire :
Je ne suis qu’un soldat, et je n’ai que du zèle.
Ses yeux s’arrêtèrent sur moi, avec une expression douloureuse ; je t’avoue, ma chère, que je suis souvent embarrassée et peinée avec cette bonne dame, qui nous parle toujours de notre prétendu bonheur. Je m’apperçois que ce jeune homme est plus triste encore ; il sembleroit que ces images d’une douce union, le rendent malheureux ? étonnée de sa réponse, je lui dis en riant : — vous citez juste ; — de souvenir, dit-il, mon oncle le curé aimoit les livres, et nous lisions ensemble. — Je me retirai du clavecin et j’invitai la jeune personne à recommencer ; elle prit une ariette pour accompagner sa sœur, dont je t’ai dit que la voix est agréable et très-étendue ; elles me prièrent, à mon tour, de chanter ; je ne sais si la musique douce que je venois d’entendre, après en avoir été privée si long-temps, ou plutôt les souvenirs heureux et charmans qu’elle faisoit naître dans mon ame, m’avoient attendris : mais je me sentois une émotion extraordinaire ; c’est ainsi, ma chère, que tout ce qui me ramène vers toi, m’affecte à-la-fois de plaisir et de peine. Alors, cette jolie romance de Clémence Isaure, que tu m’avois apprise, et que nous appellions notre Noël, me revint : les douces inflexions de ta voix, qu’elle me rappelle, plus qu’aucune autre, me remettent tout de suite au temps heureux où je te l’entendois chanter ; je respire l’air qui t’environne, et je crois qu’il me seroit pénible de l’entendre d’un autre, elle me sembleroit profanée ; je la chantai pourtant ; mon cœur étoit tout avec toi ; ce nom de Clémence, que je n’avois prononcé depuis si long-temps, donnoit, sans doute, à ma voix, une expression bien touchante, car je m’apperçus que tous ceux qui étoient autour de moi, partageoient mon attendrissement ; Maurice sur-tout me parut avoir les yeux mouillés ; il étoit appuyé sur le dos du fauteuil où étoit assise la plus jeune, à côté du clavecin ; il se trouvoit devant moi ; ses regards étoient fixes ; il sembloit craindre que le moindre mouvement ne lui fit perdre quelque chose ; lorsque j’eus finis, il resta long-temps dans la même attitude, comme un homme qui entend encore. La journée d’aujourd’hui a été très-agréable, c’étoit la fête de la maman ; nous l’ignorions ; mais la petite, en chiffonnant ce matin, ne pouvoit contenir sa joie. Maurice étoit sorti seul pour la première fois depuis sa blessure ; les deux jeunes filles passèrent la matinée avec moi ; elles firent à-peu-près leur toilette dans ma chambre, me demandant des avis sur ce qui alloit le mieux ; enfin, à midi, Maurice rentra ; nous étions sous les armes pour recevoir la société. Tu me revois, chère cousine, dans l’attitude que j’avois près de toi, que tu appelois, en riant, celle d’une vestale ; toutes les personnes invitées arrivèrent ; c’étoient des dames d’un certain âge, point de demoiselles, un seul jeune homme, qui me parut avoir la prétention de plaire à l’aînée de la maison ; je vis avec plaisir que Maurice étoit bien, et nullement embarrassé ; toutes les dames me saluèrent avec une considération qui m’avertit que l’on savoit mon histoire ; leurs maris sur-tout affectèrent pour Maurice, beaucoup d’honnêteté ; notre hôtesse s’empressoit autour de lui, demandant sans cesse, comment il se trouvoit, pourquoi il avoit osé sortir, et le grondant presque de ce qu’il ne s’étoit pas trouvé le matin au bouquet que ses filles lui avoient donné ; encore une année, disoit-elle, ce jour m’est toujours cher ; c’étoit aussi la fête de ma mère ; et jusqu’au moment où je fus assez heureuse pour l’être, depuis que je l’avois perdue, je ne la passois pas sans la pleurer ; bientôt, mes enfans, je vais la joindre ; la bonté de Dieu me fera sûrement retrouver ceux que j’aimois sur la terre ; à votre tour, vous garderez mon souvenir ; elle prononça ces derniers mots en pleurant, ses filles l’embrassèrent ; et je pensois à nous… En se dégageant de leurs bras, elle avoit un visage où se peignoit à-la-fois le sentiment d’une mère, fière de l’être, et la satisfaction d’être aimée de ses enfans ; — ô, dit-elle en regardant Maurice, vous avez bien perdu ? — Oui, Madame, je vois rarement du bonheur ; celui que vous donnez est bien pur, et ceux qui le partagent peuvent espérer de le conserver long-temps. — Elle le fit asseoir près d’elle ; et pendant le dîner, lui parla souvent à demi-voix, lui faisant partager les petits embarras du service ; sur la fin, la conversation devint générale ; le jeune homme que j’appellerai le prétendu, car je crois n’avoir jamais vu personne à qui ce rôle convienne aussi bien, parloit avec une assurance et un ton théâtral qui m’étonnoit toujours ; ajoute à cela, qu’il avoit un air satisfait qui le rendoit complettement ridicule ; je crus m’appercevoir que la jeune demoiselle pensoit comme moi ; il entreprit d’être galant ; et comme j’étois étrangère, ses attentions se dirigèrent vers moi ; il m’adressoit la parole lorsqu’il disoit quelque chose de scintillant, comme à la seule personne capable de l’entendre ; il en dit une si grande quantité, que je suis forcée de t’en faire grace ; il nous parla beaucoup des malheurs de la révolution ; du nombre, il contoit d’avoir été distrait de ses études ; il étoit près de prendre ses grades, et se destinoit au barreau ; Maurice, qui s’apperçut qu’il ennuyoit tout le monde, lui dit : — Citoyen, les grandes révolutions ne peuvent guères se faire sans qu’il en coûte à l’état ; — le jeune homme seul ne sentit pas la plaisanterie ; mais la dévote, craignant qu’il ne s’en apperçût, lui offrit quelque chose ; et, s’adressant à sa mère, lui demanda : — si elle avoit eu beaucoup de peine à soustraire son fils à la réquisition ; — c’est vraiment, disoit-elle, ce qui m’auroit le plus coûté, si j’en avois eu un. — Oh ! pour moi, je n’y aurois jamais consenti, reprit la dame ; bien heureusement, mon fils n’avoit pas l’âge, il s’en manquoit de quinze jours ; mais certainement, il ne seroit pas parti ; je n’aurois jamais sacrifié les espérances qu’il donnoit à sa famille ; un jeune homme pour qui, moi et mon mari, avions pris des soins extrêmes, donné une belle éducation, et qui avoit alors beaucoup acquis, nous n’eussions jamais pu nous y résoudre ; — un monsieur qui étoit à côté de moi, reprit : — mais, madame, cela n’étoit pas facile, et je doute que vous eussiez réussi ; d’ailleurs, je ne crois pas que ce soit un malheur pour les jeunes gens de sortir de leur pays, cela achève de les former ; l’état de soldat n’est pas bon pour toute la vie, mais pendant quelque temps il apprend à vivre ; et j’ai toujours remarqué que les hommes, en quittant une vie molle et efféminée, telle qu’ils l’ont dans leur famille, ne pouvoient qu’y gagner ; ce n’est pas dans nos cités que ce sont formés les génies et les talens. Le jeune homme ne dit plus rien : je ne pus m’empêcher de sourire en voyant l’impression que ce discours avoit fait sur sa mère ; elle regarda Maurice d’un air dédaigneux, comme si ce fut lui qui lui eût attiré ces réflexions ; mais un homme âgé fit cesser la scène ; — ho ! ça, dit-il, ne consacrons donc pas un beau jour comme celui-ci, à parler révolution, elle nous fait assez de mal, sans nous en occuper encore ; c’est un des grands motifs qui me fait regretter le temps passé ; on rioit, on s’amusoit plus qu’aujourd’hui ; on diroit que notre gaîté est autant en révolution que notre bon sens ; voilà des jeunes demoiselles qui s’ennuient ; et j’étois entièrement de son avis ; — he bien, dit le jeune homme, en faisant un effort sur lui-même, il faut nous amuser, ma chère mère, vous étiez si gaie autrefois, vous devriez nous chanter quelque chose ; — la bonne dame étoit de trop mauvaise humeur, et dit qu’elle n’avoit plus de goût pour le chant ; le prétendu s’occupoit de musique ; il commanda presque à la jeune demoiselle, de chanter un duo, celui de Blaise et Babet, dont il feroit l’autre partie ; — je suis enrhumée, lui dit-elle, assez sèchement ; — en ce cas, je chanterai donc seul ; — et de suite, sans se faire prier, il commença ou plutôt il recommença cinq ou six fois, en disant toujours, — ce n’est pas cela, j’ai pris trop haut ; — heureusement, il le prit assez bas mais, pas encore autant qu’il l’auroit fallu pour nos oreilles ; nos yeux étoient pour le moins aussi fatigués, car il faisoit des gestes comme un acteur ; ajoute à cela, qu’il chantoit en même temps un petit bout d’accompagnement, lorsqu’il pouvoit le placer ; c’est alors, ma chère, que je me retins de toutes mes forces, pour ne pas rire ; aussitôt qu’il eût fini, il se leva et fut se placer près de la cheminée, pour se rajuster, tournant le dos à tout le monde comme pour se dérober à l’effet qu’il avoit produit ; mais nous n’y étions pas encore ; il tira de sa poche un petit morceau de papier, qu’il lut à part lui ; puis, s’adressant d’un air gracieux, à notre chère hôtesse, il lui chanta des couplets de sa composition, dont le refrein étoit, un peu de tout, et rien de trop ; en çhantant ces derniers mots, il penchoit le corps en avant avec une satisfaction qui le sortoit de lui-même ; ses mains sur-tout sembloient vouloir atteindre ses auditeurs, pour mieux leur faire entendre toute la finesse de ce refrein : je vis que la jeune personne souffroit. Sa mère, pour détourner l’embarras et l’ennui que lui causoit les vers et les couplets, fit apporter des vins étrangers : on s’égaya un peu ; ils eurent plus de succès que la musique du prétendu ; on fit la guerre à Maurice, qui ne vouloit pas en boire : l’hôtesse l’exigea avec tant de graces, qu’il fut forcé de se rendre, et je m’apperçus qu’il devint très-animé ; c’étoit peut-être l’effet de la diète à laquelle on l’a obligé depuis qu’il est malade. Notre dévote, elle-même, s’anima, et m’appellant près d’elle, me fit mettre à côté de Maurice. — Allons, monsieur le Gendarme, dit-elle, il faut être galant, c’est aujourd’hui votre convalescence ; il faut remercier cette charmante femme de tous les soins qu’elle a pris de son mari ; comme elle est jolie dans ce moment. Sentez-vous bien tout votre bonheur : une jeune femme vertueuse, belle, et un ange ; heureux jeune homme ; remerciez le ciel du présent qu’il vous a fait ; rien n’est plus rare aujourd’hui que la vertu réunie aux graces. Que j’aime à voir une union aussi tendre ! c’est l’image de l’âge d’or. Oh ! je veux absolument que notre connoissance soit plus intime ; j’entends ne vous pas perdre de vue, et vous serez forcé, en sortant d’ici, de me promettre de vos nouvelles par-tout où vous irez. — Et prenant la main de Maurice et la mienne, elle les joignit ensemble, en ajoutant : — je suis votre amie. — Son visage exprimoit une bonté touchante ; en vérité, ma chère, cette femme a une ame extrêmement bonne et sensible, sa dévotion est angélique et lui sied à merveille ; soit que tout ce qu’elle venoit dire, l’accent qu’elle y avoit mis, la vraisemblance qui se trouvoit alors dans le tableau, eut fait illusion à Maurice, mais il étoit très-ému. Ses yeux nous parcouroit d’un air enchanté ; et regardant la dévote, ils sembloient la remercier de tout le bonheur qu’elle lui supposoit. Moi-même, ma Clémence, car il faut te l’avouer, j’étois sensible et attendrie de l’intérêt que je faisois naître. La plus jeune de ses filles vint derrière nous, et s’appuyant sur la chaise de sa mère : — comme vous êtes occupée, dit-elle, vous ne pensez plus à nous. Et vous, monsieur Maurice, ma sœur s’ennuie. — Je jettai les yeux sur elle, et je vis qu’elle étoit pensive ; elle se leva en rougissant, et vint embrasser sa mère avec un mouvement extraordinaire. Je lui pris la main, et je la sentis tremblante. — Qu’as-tu, mon enfant ? au bonheur ! — Maman, il est toujours près de vous. — Ses yeux étoient mouillés ; elle jeta un regard sur le prétendu, et je crois qu’il n’étoit pas à son avantage. On se leva de table pour prendre le caffé ; peu d’instans après, la dame sortit, et avec elle un gros homme qui n’avoit rien dit ; elle ne nous laissa que son fils. On se rassembla davantage ; la conversation fut plus intéressante ; et s’engageant insensiblement, revint à la révolution. Maurice s’exprima avec un feu, une énergie que je ne lui avois pas encore vu. Ma chère Clémence, je ne pouvois m’empêcher d’être de son avis, quoique je suis bien payée pour être du contraire. Hélas ! le maudit orgueil humain a fait bien du mal ; nous étions toutes quatre réunies, elle, ses filles et moi. Les hommes causoient debout devant la cheminée ; mais se rapprochant de nous, la dévote fit encore une place à Maurice. Chacun alors fit son petit groupe. Je causois avec les jeunes personnes, et je vis que l’hôtesse s’emparoit absolument de Maurice, et lui parloit avec action. En me regardant ensuite, elle m’appella, et me fit asseoir. Se trouvant placée entre nous, — je veux, dit-elle, que vous me contiez toute votre histoire ; je veux apprendre de vous tout ce qui vous intéresse. Il n’y a pas long-temps que vous êtes marié, vous êtes si jeunes. Vous devez vous aimer beaucoup, et c’est bien naturel ; un bon ménage c’est la plus grande grace que Dieu puisse vous faire en ce monde ; oh ! on voit bien que vous n’étiez pas nés pour le métier que vous faites. Je voudrois que ma fille vous ressemblât et que mon gendre fût comme vous. — Tu juges si j’étois à mon aise ; Maurice tâchoit de la remercier de la tête et des yeux. Il étoit vraiment au supplice ; les miens restoient baissés. — Il ne faut pas rougir, mon enfant ; aimer son mari, c’est un devoir, et vous devez le trouver doux, l’un et l’autre. Hélas ! je connus ce bonheur autrefois ; mes enfans aujourd’hui, me consolent de la perte de leur père. Aimable couple, lorsque vous en aurez, vous serez encore plus heureux : c’est la récompense que Dieu envoie sur la terre à ceux qui remplissent les devoirs qu’il leur a donné. — Elle alla nous chercher le portrait de son mari ; Maurice resta absorbé dans une profonde rêverie, et n’a presque plus parlé de la soirée ; et moi, pour me tirer de peine, je suis montée dans ma chambre, d’où je t’écris, avant la poste qui part ce soir. Honnêtement, je dois redescendre, et ne pas les laisser. Je te devois le récit d’une bonne journée ; je n’en aurois pas joui sans la partager avec toi. Hélas ! n’aurai-je peut-être plus que les tristes détails accoutumés à t’écrire ; reçois cet instant de paix, et que ton cœur me renvoie l’assurance que tu l’as ressenti avec moi ; ton cœur m’est toujours nécessaire.