Littérature italienne/Avant-propos de la huitième édition

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AVANT-PROPOS


DE LA HUITIÈME ÉDITION


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Vingt-cinq ans se sont écoulés depuis que ce tableau de la littérature italienne a été présenté au public. L’accueil qu’il a reçu a été tel que, de trois ans en trois ans environ, il a fallu en faire de nouveaux tirages, en vue desquels de menues retouches ont été introduites dans le texte. Mais l’insuffisance de ces retouches apparaissait de plus en plus, à mesure que passaient les années. Trop d’événements, politiques et littéraires, se sont produits en ce quart de siècle, et ma « Conclusion » de 1906 (p. 477-506) était devenue parfaitement archaïque ; il fallait la reprendre depuis la base et en faire une Cinquième Partie, sensiblement égale à chacune des quatre premières. L’éditeur, auquel est due, pour une large part, la faveur que n’a cessé d’obtenir ce livre, a bien voulu entrer dans cette vue, et c’est la réalisation de ce plan élargi que je me risque à publier aujourd’hui.

Le risque n’est pas mince. Il s’agit d’exposer l’état d’une littérature qu’on ne peut encore juger avec un recul suffisant, car elle s’enrichit, évolue, se modifie d’un jour à l’autre ; l’abondance même des volumes publiés annuellement est telle que beaucoup ne m’ont pas été accessibles ; enfin toute orientation claire fait défaut dans les courants d’idées, de modes et de goûts, car l’individualisme n’a jamais triomphé plus intrépidement que depuis les années qui ont suivi la grande guerre.

Pour se frayer un chemin dans ce dédale, et pour aboutir un dans délai assez court, – condition nécessaire, – il fallait renoncer à faire œuvre personnelle ; j’ai du me résigner, sauf pour les écrivains les plus en vue, pour les talents qui ont déjà pris leur plein essor, pour les œuvres dont le sens et le caractère ne sauraient plus être modifiés, à faire un classement rapide et provisoire. Travail infiniment ingrat, dont je n’attends qu’un profit : fournir au lecteur, désireux d’être vite renseigné sur tel ou tel écrivain italien moderne, quelques indications précises et, s’il se peut, exactes.

Il est parfaitement sûr que des erreurs m’ont échappé ; je désire qu’elles me soient signalées au plus tôt, afin d’y apporter remède dans les réimpressions prochaines, en attendant qu’un plus jeune réussisse à embrasser dans tout son développement la période dont nous n’apercevons encore que les premiers tâtonnements. Les indications bibliographiques très sommaires, que contenait l'Avant-Propos de 1906, exigent un minimum de complément.

La Storia letteraria d’Italia de l’éditeur Vallardi, de, Milan, est en voie de renouvellement complet, avec quelques anciens collaborateurs et plusieurs nouveaux. Le programme de cette troisième édition est le suivant: Le Origini, par Filippo Ermini; Il Duecento, par Giulio Bertoni (paru) ; Dante, par N. Zingarelli (en deux volumes: paru); Il Trecento, par le même ; Il Quattrocento, par V. Rossi ; Il Cinquecento, par G. Toffanin (paru); Il Seicento, par A. Belloni (paru) ; Il Settecento, par G. Natali (en deux volumes; paru); l'Ottocento, par Guido Mazzoni.

Chez le même éditeur, il faut signaler la tres utile collection intitulée Storia dei generi letterari italiani, dont la série n’est pas achevée, mais qui traite, par les plumes les plus autorisées, de l’Épopée, du Poème chevaleresque, de la Poésie pastorale, de la Tragédie, de la Comédie, de la Satire, de la Critique littéraire, de la Philosophie, du Roman, des Nouvelles, de l’Histoire, des Autobiographies et Correspondances, (tv., etc .....

Le Bollettino della Soeietd dantesca italiana a cessé de paraitre depuis la fin de 1921 ; il est continué par les Studi Dantecschi, dirigés par Michele Barbi, dont quinze volumes ont paru de 1920 à 1931 (Florence, Sansoni). La Rassegna bibliografica de Pise et la Rassegna critica de Naples ont disparu, la première continuée par La Rassegna, que dirige Achille Pellizzari (Florence, Perrella).

Le Giornale Storico della Letteratura ilaliana poursuit héroïquement sa carrière sous la direction de Vittorio Cian. Le quatre-vingt-seizième volume en a paru a la fin de 1930 ; c’est le répertoire indispensable de tout spécialiste de la littérature italienne.

En face de lui, dans le camp de la critique esthétique, la Critica, de B. Croce, affirme inlassablement le labeur ininterrompu du célèbre philosophe-critique ; avec 1930 s’est achevée sa vingt-huitième année d’existence.

En ce qui concerne le mouvement contemporain de la littérature, quelques ouvrages importants ont été publiés, qui seront utiles aux lecteurs désireux d’approfondir un sujet que j'ai du traiter fort superficiellement. Les deux plus récents, les plus nourris de faits et d’idées sont :

Camillo Pellizzi, Le lettere ilaliane del nostro secolo. Milan, 1929 (in-8°, 534 pages), et : Giuseppe Ravegnani, I contemporanei, Turin, 1930 (in-16, 438 pages).

HENRI HAUVETTE.

Paris, avril 1931.