Lois des Francs contenant la Loi salique et la Loi ripuaire/Prologue
Texte établi par Dutillet ; François-André Isambert (préface), Firmin Didot, (p. 3-7).
Loi salique.
Les Francs, peuples fameux, réunis en corps de
nation par la main de Dieu, puissants dans les combats,
sages dans les conseils, fidèles observateurs
de la foi des traités, distingués par la noblesse de
la stature, la blancheur du teint et l’élégance des
formes, de même que par leur courage, et par
l’audace et la rapidité de leurs entreprises guerrières,
ces peuples, dis-je, récemment convertis à
la foi catholique, dont jusqu’ici aucune hérésie n’a
troublé la pureté, étaient encore plongés dans les
ténèbres de l’idolâtrie, lorsque, par une secrète inspiration
de Dieu, ils sentirent le besoin de sortir de
l’ignorance où ils avaient été retenus jusqu’alors,
et de pratiquer la justice et les autres devoirs
sociaux. Ils firent, en conséquence, rédiger la loi
Salique par les plus anciens de la nation, qui
tenaient alors les rênes du gouvernement. Ils choisirent
quatre d’entre eux, nommés Wisogast, Bodogast,
Salogast et Widogast, habitant les pays de
Salehaim, Bodohaim, Widohaim, qui se réunirent pendant la durée de trois assises, discutèrent, avec
le plus grand soin, les sources de toutes les difficultés
qui pouvaient s’élever ; et, traitant de chacune
en particulier, rédigèrent la loi, telle que
nous la possédons maintenant.
À peine le puissant roi des Francs, Clovis, eut-il été appelé, par une faveur céleste, à jouir, le premier de sa nation, de la grace du baptême ; à peine Childebert et Clotaire eurent-ils été revêtus des marques distinctives de la royauté, qu’on les vit s’occuper à corriger les imperfections que l’expérience avait fait découvrir dans ces lois.
Gloire aux amis de la nation des Francs ! que Jésus-Christ, le souverain des rois, veille sur les destinées de cet empire ; qu’il prodigue à ses chefs les trésors de sa grace ; qu’il protége ses armées, et fortifie ses peuples dans la foi chrétienne ; qu’il leur accorde des jours de paix et de bonheur !
C’est en effet cette nation qui, forte par sa vaillance, plus que par le nombre de ses guerriers, secoua par la force des armes le joug que les Romains s’efforçaient d’appesantir sur elle ; ce sont ces mêmes Francs qui, après avoir reçu la faveur du baptême, recueillirent avec soin les corps des saints martyrs, que les Romains avaient livrés aux flammes, au fer et aux bêtes féroces ; et prodiguèrent l’or et les pierres précieuses, pour orner les châsses qui les contenaient.
PROLOGUE.
Les Francs et les chefs de la nation, voulant maintenir la concorde au milieu d’eux, convinrent de tarir dans leurs sources les rixes qui pouvaient s’élever entre eux ; et comme ils l’emportaient par la force des armes sur les nations voisines, ils voulurent exceller également par l’autorité de leurs lois, et établir une législation, dans laquelle l’intensité des peines fût en harmonie avec la grandeur des crimes. Ils choisirent donc quatre d’entre eux, nommés Wisogast, Bodogast, Salogast et Widogast, habitant les pays de Salehaim, Bodohaim et Widohaim, situés au-delà du Rhin, qui se réunirent pendant la durée de trois assises, discutèrent avec soin la source de toutes les difficultés, traitèrent de chacune en particulier, et rédigèrent le Code des lois que nous allons lire.
« L’an de grace 798, à la sixième indiction, moi
Charles, roi des Français, ai ordonné d’écrire
ce livre de la loi Salique.»