L’Encyclopédie/1re édition/CALENDES

La bibliothèque libre.
Texte établi par D’Alembert, Diderot (Tome 2p. 550-551).
◄  CALENDERS
CALENDRE  ►

CALENDES, s. f. pl. calenda, c’étoit dans la Chronologie Romaine, le premier jour de chaque mois. Voyez Mois.

Ce mot est formé du Latin calo, ou plûtôt du Grec καλέω, j’appelle ou je proclame, parce qu’avant la publication des fastes Romains, une des charges des pontifes étoit d’observer la nouvelle lune, & d’en donner connoissance au rex sacrificulus ; alors, après avoir offert un sacrifice, le pontife ajournoit le peuple au capitole, & là il publioit à haute voix le nombre des calendes, ou quel jour seroient les nones ; ce qu’il faisoit en répetant cette formule, calo juro novellæ, autant de fois qu’il y avoit de jours de calendes. C’est de-là qu’est venu le mot calendæ, de calo, calare, appeller ou publier. C’est la raison qu’en donne Varron. Plutarque, & après lui Gaza, dérivent ce mot de clam, quia luna calendis clam sit ; mais cela paroît cherché trop loin : d’autres font venir ce nom de ce que le peuple, étant assemblé ce jour-là, le pontife nommoit ou publioit les jours de fêtes qui devoient arriver dans le mois. Cette coûtume continua jusqu’à l’an de Rome 450, où Caius Flavius édile curule, ordonna que l’on affichât les fastes ou le calendrier dans les places publiques, afin que tout le monde pût connoître la différence des tems, & le retour des fêtes. Voyez Fastes.

Les calendes se comptoient à reculons, ou dans un ordre rétrograde : ainsi, par exemple, le premier de Mai étant les calendes de Mai, le dernier ou le trentieme d’Avril étoit le pridie calendas ou le second des calendes de Mai ; le vingt-neuf d’Avril, le troisieme des calendes, ou avant les calendes, & ainsi de suite en rétrogradant jusqu’au treizieme, où commençoient les ides que l’on comptoit pareillement en rétrogradant jusqu’au cinquieme qui étoit le commencement des nones ; elles se comptoient toûjours de même jusqu’au premier jour du mois, qui étoit les calendes d’Avril. Voyez Nones & Ides.

On a renfermé dans les vers suivans les regles du comput par calendes.

Prima dies mensis cujusque est dicta calendæ ;
Sex Maius nonas, October, Julius & Mars
Quatuor at reliqui : dabit idus quilibet octo.
Inde dies reliquos omnes dic esse calendas,
Quos retro numerans dices à mense sequente.

Pour trouver le jour des calendes qui répondent à chaque jour du mois où l’on est, voyez combien il y a encore de jours du mois qui restent, & ajoûtez deux à ce nombre. Par exemple, supposons que l’on soit au vingt-deux d’Avril, c’est donc le 10e des calendes de Mai : car Avril a 30 jours ; & 22 ôtés de 30, donnent 8 pour reste, auquel ajoûtant 2, la somme est 10. La raison pour laquelle on ajoûte 2, c’est que le dernier du mois s’appelle secundo calendas, d’où il s’ensuit que le penultieme ou le 29e doit s’appeller tertio calendas, l’antépenultieme ou le 28e quarto calendas, & ainsi de suite. Or si de 30 on ôte 29, il reste 1, auquel par conséquent il faut ajoûter 2 pour avoir le tertio calendas : de même si de 30 on ôte 28, il reste 2 auquel il faut ajoûter 2 pour avoir le quarto calendas, &c.

Les auteurs Romains ne savent pas trop eux-mêmes la raison de cette maniere absurde & bisarre de compter les jours du mois, néanmoins on s’en sert encore aujourd’hui dans la chancellerie Romaine ; & quelques auteurs, par une affectation frivole d’érudition, la préferent à la méthode commune qui est bien plus naturelle & plus aisée. Voyez An, Nones, Jour, Ides.

Cette maniere de compter par calendes étoit si particuliere aux Romains, qu’elle a donné lieu à une espece de proverbe encore en usage aujourd’hui : on dit qu’on fera une chose aux calendes greques, pour dire qu’on ne la fera jamais, parce que les Grecs ne comptoient point par calendes. Chambers.