Mélanges/Tome I/117
LA NOTE MAÇONNIQUE
Les exceptions, dit-on, prouvent la règle. Il fallait, pour prouver la sincérité des acclamations qui se sont élevées de toutes parts à l’occasion de la récente visite du général de Charette, une note discordante. Cette note, c’est l’organe de la franc-maçonnerie canadienne, la Patrie, qui s’est chargé de nous la donner.
Cyprien consacre sa chronique de samedi, le 1er juillet, à persifler tous ceux qui ont pris une part active à la réception faite au général, à Montréal.
Le barbouilleur de la Patrie trouve extravagant les louanges qu’on a adressées au général de Charette. D’abord, cet écrivain maçonneux et peu véridique serait fort en peine de prouver qu’on s’est réellement servi des épithètes qu’il prétend avoir été employées à l’adresse du général de Charette. Mais sied-il bien à Cyprien de parler de louanges extravagantes ? Est-ce que le public canadien ne se souvient pas encore du scandale que M. Fréchette a donné, en décembre 1880, lorsqu’une misérable comédienne est venue visiter notre pays ?
Croit-il qu’on a oublié l’aplatissement bête dont notre rimeur prétentieux a donné le navrant spectacle devant cette femme ? N’est-ce pas lui qui s’est écrié dans un élan de stupide enthousiasme :
Est-ce un frisson d’orgueil ou d’amour ! Je ne sais.
Mais nous sentons courir dans notre sang français
Quelque chose qui nous enivre.
N’est-ce pas lui qui a salué cette actrice comme une
N’est-ce pas lui qui a dit que devant « la majesté de son universel génie » chacun courbe le front, et que « la foule est à genoux ? »
Quand on s’est abaissé de la sorte devant une comédienne, quand on s’est traîné de cette façon dans la fange, quand on a oublié à ce point ce qu’un homme doit à sa propre dignité et à la dignité de ses compatriotes, on a perdu tout droit de critiquer la manière dont les catholiques du Canada ont reçu un héros catholique.
Si M. Fréchette et Cyprien ne comprennent point cela, nous sommes certain que les honnêtes gens le comprendront.