Mémoires (Cardinal de Retz)/Livre troisième/Section 9

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J’allai, au sortir de chez Monsieur, chez la palatine, d’où je ne sortis qu’un moment avant le jour. J’ai fait tous les efforts que j’ai pu sur ma mémoire, pour y rappeler les raisons qu’elle me dit de son mécontentement contre M. le prince. Je sais bien qu’il y en avoit trois ou quatre ; je ne me ressouviens que de deux, dont l’une, à mon sens, fut plus alléguée pour moi que pour la personne intéressée ; et l’autre étoit, en tous sens, très-solide et très-véritable. Elle prenoit part à l’outrage que mademoiselle de Chevreuse avoit reçu, parce que c’étoit elle qui avoit porté la première parole du mariage. M. le prince n’avoit pas fait ce qu’il avoit pu pour faire donner la surintendance des finances au bon homme La Vieuville, père du chevalier du même nom, qu’elle aimoit éperdument. Elle me dit que la Reine lui en avoit donné parole positive : elle y engagea la mienne ; j’engageai la sienne pour mon cardinalat. Nous nous tînmes fidèlement parole de part et d’autre, et je crois, dans la vérité, lui devoir le chapeau ; parce qu’elle ménagea si adroitement le cardinal, qu’il ne put enfin s’empêcher, avec les plus mauvaises intentions du monde, de le laisser tomber sur ma tête. Nous concertâmes, cette nuit-là et la suivante, tout ce qu’il y avoit à régler touchant le voyage de Bertet. La palatine écrivit pour lui une grande dépêche en chiffre au cardinal, qui est une des plus belles pièces qui se soit peut-être jamais faite. Elle lui parloit, entre autres, du refus que j’avois fait à la Reine de la servir, à l’égard de son retour en France, si délicatement et si habilement, qu’il me sembloit à moi-même que ce fût la chose du monde qui lui fût la plus avantageuse. Vous pouvez juger que je ne m’endormis pas du côté de Rome. Je préparai les esprits de celui de Paris à l’ouverture de la nouvelle scène que je méditois. L’importance des gouvernemens de Guienne et de Provence fut exagérée ; le voisinage d’Espagne et d’Italie fut figuré ; les Espagnols, qui n’étoient pas encore sortis de la ville de Stenay, quoique M. le prince en tînt la citadelle, ne furent pas oubliés. Après que j’eus un peu arrosé le public, je m’ouvris avec les particuliers : je leur dis que j’étois au désespoir que l’état où je voyois les affaires m’obligeât à sortir de la retraite où je m’étois résolu ; que j’avois espéré qu’après tant d’agitations et de troubles on pourroit jouir de quelque calme et d’une honnête tranquillité ; qu’il me paroissoit que nous tomberions dans une condition beaucoup plus mauvaise que celle dont nous venions de sortir, parce que les négociations que l’on faisoit continuellement avec le Mazarin faisoient bien plus de mal à l’État que son ministère ; qu’elles entretenoient la Reine dans l’espérance de son rétablissement, et qu’ainsi rien ne se faisoit que par lui ; et que comme les prétentions de M. le prince étoient immenses, nous courions fortune d’avoir une guerre civile pour préalable de son rétablissement, qui seroit le prix de l’accommodement ; que Monsieur en seroit la victime, mais que sa qualité le sauveroit du sacrifice, et que les pauvres frondeurs y demeureroient égorgés. Ce canevas beau et fort, comme vous voyez, qui fut mis et étendu sur le métier par Caumartin, fut brodé par moi de toutes les couleurs que je crus les plus revenantes à ceux à qui je les faisois voir. Je réussis. Je m’aperçus qu’en trois ou quatre jours j’avois fait mon effet ; et je mandai à la Reine, par madame la palatine, que le lendemain j’irois au Palais. Jugez, s’il vous plaît, de la joie qu’elle en eut, par un emportement qui ne mérite d’être remarqué que pour vous la faire voir ! Il me semble que je vous ai déjà dit que madame de Chevreuse avoit toujours assez gardé de mesures avec la Reine, et qu’elle avoit pris soin de lui faire croire qu’elle étoit beaucoup plus emportée par sa fille que par elle-même à tout ce qui se passoit. Je ne puis bien vous dire ce que la Reine en crut effectivement, parce que j’ai observé sur ce point beaucoup de pour et de contre. Ce qui s’ensuivit fut que madame de Chevreuse ne cessa point d’aller au Palais-Royal, dans le temps même que M. le prince s’y croyoit le maître ; ni de parler à la Reine avec beaucoup de familiarité dès que le traité qu’il croyoit avoir conclu avec Servien et Lyonne fut désavoué. Elle étoit dans le cabinet avec mademoiselle sa fille, le jour que la palatine venoit d’écrire à la Reine le jour que j’irois au Palais. La Reine appela mademoiselle de Chevreuse, et lui demanda si je continuois dans cette résolution. Mademoiselle de Chevreuse lui ayant répondu que j’irois, la Reine la baisa deux ou trois fois, en lui disant : « Friponne, tu me fais autant de bien que tu m’as fait de mal. »

Vous avez vu ci-devant que M. le prince égayoit de temps en temps le parlement, pour se rendre plus considérable à la cour. Quand il sut que le cardinal avoit rompu le traité de Servien et de Lyonne, il n’oublia rien pour l’enflammer, afin de se rendre plus redoutable à la Reine. Il y avoit tous les jours quelque nouvelle scène. Tantôt l’on envoyoit dans les provinces informer contre le cardinal ; tantôt l’on faisoit des recherches de ses effets dans Paris ; tantôt l’on déclamoit dans les chambres assemblées contre les Bertet, les Brachet et les Fouquet, qui alloient et venoient incessamment de Paris à Brulh. Et comme depuis ma retraite j’avois cessé d’aller au parlement, j’aperçus que l’on se servoit de mon absence pour faire croire que je mollissois à l’égard du Mazarin, et que j’appréhendois de me trouver dans les occasions où je pourrois être obligé de me déclarer sur son sujet. Un certain Montardé, méchant écrivain à qui de Vardes avoit fait couper le nez pour je ne sais quel libelle qu’il avoit fait contre madame la maréchale de Guébriant sa sœur, s’attacha, pour avoir du pain, à la misérable fortune du commandeur de Saint-Simon, chef des criailleurs du parti des princes ; et m’attaqua par douze ou quinze libelles, tous plus mauvais l’un que l’autre en douze ou quinze jours de temps. Je me les faisois apporter régulièrement sur l’heure de mon dîner, pour les lire publiquement au sortir de table, en présence de tous ceux qui se trouvoient chez moi ; et quand je crus avoir fait connoître suffisamment aux particuliers que je méprisois ces sortes d’invectives, je me résolus de faire voir au public que je les savois relever. Je travaillai pour cela avec soin à une réponse courte, mais générale, que, j’intitulai l’apologie de l’ancienne et légitime Fronde, dont la lettre paroissoit être contre le Mazarin, et dont le sens étoit proprement contre ceux qui se servoient de son nom pour abattre l’autorité royale. Je la fis crier et débiter dans Paris par cinquante colporteurs qui parurent en même temps dans différentes rues, et qui étoient soutenus dans toutes par des gens apostés pour cela. J’allai le même matin au Palais avec quatre cents hommes. Je pris ma place, après avoir fait une profonde révérence à M. le prince, que je trouvai devant le feu de la grand’chambre. Il me salua fort civilement. Il parla dans la séance avec beaucoup d’aigreur contre le transport d’argent hors du royaume par Cantarini, banquier du cardinal. Vous jugez bien que je ne l’épargnai pas non plus, et que tout ce qui étoit de la vieille Fronde se piqua de renchérir sur la nouvelle. Celle-ci en parut embarrassée et Croissy qui en étoit, et qui venoit de lire l’apologie de l’ancienne, dit à Caumartin : « La botte est belle, vous l’entendez mieux que nous. » J’avois bien dit à M. le prince qu’il falloit faire taire ce coquin de Montardé. Comme il ne se tut pourtant point, je continuai aussi de mon côté à écrire et faire écrire. Portail, avocat au parlement et habile homme, fit en ce temps-là la Défense du Coadjuteur, qui est d’une très-grande éloquence. Sarazin[1], secrétaire de M. le prince de Conti, fit contre moi la Lettre du Marguillier au Curé, qui est une fort belle pièce. Patru[2], bel esprit et fort poli, y répondit par une Lettre du Curé au Marguillier, qui est très-ingénieuse. Je composai ensuite le Vrai et le Faux du prince de Condé et du cardinal de Retz, le Vraisemblable, le Solitaire, les Intérêts du temps, les Contre-temps du sieur de Chavigny, le Manifeste[3] de M. de Beaufort en son jargon. Joly[4], qui étoit à moi, fit les Intrigues de la Paix. Le pauvre Montardé s’étoit épuisé en injures, et il est constant que la partie n’étoit pas égale pour l’écriture. Croissy s’entremit pour faire cesser cette escarmouche de plumes. M. le prince la défendit aux siens, même en des termes fort obligeans pour moi. Je fis la même chose, en la manière la plus respectueuse qu’il me fut possible. L’on n’écrivit plus ni de part ni d’autre, et les deux Frondes ne s’égayèrent plus qu’aux dépens de Mazarin. Cette suspension de plumes ne se fit qu’après trois ou quatre mois de guerre bien échauffée ; mais j’ai cru qu’il seroit bon de réduire en ce petit endroit tout ce qu’il y a de ces combats et de cette trêve, pour n’être pas obligé de rebattre une matière qui ne se peut tout-à-fait omettre, et qui, à mon sens, ne mérite pas d’être beaucoup traitée. Il y a plus de soixante volumes de pièces composées dans le cours de la guerre civile : je crois pouvoir dire avec vérité qu’il n’y a pas cent feuillets qui méritent que l’on les lise.

Mon apparition au Palais plut si fort à la Reine, qu’elle écrivit dès l’après-dînée à madame la palatine de me témoigner la satisfaction qu’elle en avoit, et de me commander de sa part de me trouver dès le lendemain, entre onze heures et minuit, à la porte du cloître Saint-Honoré. Gabouri m’y vint prendre, et me mena dans le petit oratoire dont je vous ai déjà parlé, où je trouvai la Reine, qui ne se sentoit pas de la joie qu’elle avoit de voir sur le pavé un parti déclaré contre M. le prince. Elle m’avoua qu’elle ne l’avoit pas cru possible : du moins qu’il pût être en état de paroître sitôt. Elle me dit que M. Le Tellier ne se le pouvoit encore persuader ; elle ajouta que Servien soutenoit qu’il falloit que j’eusse un concert secret avec M. le prince. « Mais je ne m’étonne pas de Servien, ajouta-t-elle : c’est un traître qui s’entend avec lui, et qui est au désespoir de ce que vous lui faites tête. Mais à propos de cela, continua-t-elle, il faut que je fasse réparation à Lyonne il a été trompé par Servien il n’y a point de sa faute en tout ce qui s’est passé et le pauvre homme est si fort affligé d’avoir été soupçonné, que je n’ai pu lui refuser la consolation qu’il m’a demandée, que ce soir il traite avec vous tout ce qu’il y aura à faire contre M. le prince. »

Je vous ennuierois si je vous racontois le détail qui avoit justifié M. de Lyonne dans l’esprit de la Reine : mais je me contenterai de vous dire, en général, que son absolution même ne me parut guère mieux fondée que les soupçons que l’on avoit pris de sa conduite au moins jusque là. Je dis jusque là, parce que vous allez voir que celle qu’il eut dans la suite marque un ménagement bien extraordinaire pour M. le prince. Mais de tout, ce que je vis en ce temps-là dans la plainte de la Reine contre Lyonne et Servien, sur le traité qu’ils avoient projeté pour le gouvernement de Provence, je ne puis encore ; à l’heure qu’il est, m’en former aucune idée dui aille à les condamner ou à les absoudre, parce que les faits mêmes qui ont été les plus éclaircis sur cette matière se trouvent dans une telle circonvolution de circonstances obscures et bizarres, que je me souviens qu’on s’y perdoit dans les momens qui en étoient les plus proches, Ce qui est constant, c’est que la Reine, qui m’avoit parlé, comme vous avez vu le dernier mai, de Servien et de Lyonne comme de deux traîtres, me parla du dernier, le 25 juin, comme d’un fort homme de bien ; et que le 28, elle me fit dire par la palatine que le premier n’avoit pas failli par malice ; que M. le cardinal étoit très-persuadé de son innocence. J’ai toujours oublié de parler de ce détail à M. le prince, qui seul le pouvoit éclaircir.

Je reviens à ma conférence avec la Reine elle : dura jusqu’à deux heures après minuit, et je crus voir clairement, dans son cœur et dans son esprit, qu’elle craignoit le raccommodement avec M. le prince ; qu’elle souhaitoit, avec une extrême passion, que M. le cardinal en quittât la pensée, à laquelle il donnoit, disoit-elle, par excès de bonté, comme un innocent ; et qu’elle ne comptoit pas pour un grand malheur la guerre civile. Comme elle convenoit pourtant que le plus court seroit d’arrêter, s’il étoit possible, M. le prince, elle me commanda de lui en expliquer les moyens. Je n’ai jamais pu savoir la raison pour laquelle elle n’approuva pas celui que je lut proposai, qui étoit d’obliger Monsieur d’exécuter la chose chez lui. J’y avois trouvé du jour, et je savois bien que je ne serois pas désavoué ; mais elle n’y voulut jamais entendre, sous prétexte que Monsieur ne seroit jamais capable de cette résolution, et qu’il y auroit même trop de péril à la lui communiquer. Je ne sais non plus si elle ne craignit point que Monsieur, ayant fait un coup de cet éclat, ne s’en servît ensuite contre elle-même. Je ne sais non plus si ce que d’Hocquincourt me dit de l’offre qu’il lui avoit faite de tuer M. le prince en l’attaquant dans une rue, ne lui avoit pas fait croire que cette voie étoit encore plus décisive. Enfin elle rejeta absolument celle de Monsieur, qui étoit infaillible, et elle me commanda de conférer avec d’Hocquincourt, « qui vous dira, ajouta-t-elle, qu’il y a des moyens plus sûrs que celui que vous proposez. »

Je vis d’Hocquincourt le lendemain à l’hôtel de Chevreuse, qui me conta familièrement tout le particulier de l’offre qu’il avoit faite à la Reine. J’en eus horreur ; et je suis obligé de dire, pour la vérité, que madame de Chevreuse n’en eut pas moins que moi. Ce qui est d’admirable, c’est que la Reine, qui m’avoit renvoyé à lui la veille comme à un homme qui lui avoit fait une proposition raisonnable, nous témoigna, à madame de Chevreuse et à moi, qu’elle approuvoit fort nos sentimens, qui étoient assurément bien éloignés d’une action de cette nature. Elle nous nia même absolument qu’Hocquincourt la lui eût expliquée ainsi. Voilà le fait sur lequel vous pouvez fonder vos conjectures. M. de Lyonne m’a dit depuis qu’un quart-d’heure après que madame de Chevreuse eut dit à la Reine que j’avois rejeté avec horreur la proposition d’Hocquincourt, la Reine dit à Senneterre, à propos de rien : « Le coadjuteur n’est pas si hardi que je le croyois. » Et le maréchal Du Plessis me dit dans le même moment, à propos de rien aussi, que le scrupule étoit indigne d’un grand homme. Je n’appliquai pas cette parole en ce temps-là ; mais ce qui me l’a fait observer depuis, et ce qui m’a toujours fait croire que le maréchal savoit et approuvoit même l’entreprise d’Hocquincourt, est que M. le duc de Vitry m’a dit plus d’une fois que madame d’Ormail, parente et intime amie du maréchal, l’avoit envoyé querir en ce temps-là, lui M. de Vitry, à Aigreville ; et qu’elle lui avoit proposé à Picpus, où il étoit venu à sa prière, d’entrer avec le maréchal dans une entreprise contre la personne de M. le prince. Elle s’adressoit bien mal : car je n’ai jamais connu personne plus, incapable d’une action noire que M. le duc de Vitry.

Le lendemain du jour dans lequel ce que je viens de vous dire se passa, je reçus ce billet de Montrésor à quatre heures du matin, qui me prioit d’aller chez lui sans perdre un moment. J’y trouvai M. de Lyonne, qui me dit que la Reine ne pouvoit plus souffrir M. le prince, et qu’elle avoit des avis certains qu’il formoit une entreprise pour se rendre maître de la personne du Roi ; qu’il avoit envoyé en Flandre pour faire un traité avec les Espagnols ; qu’il falloit que lui où elle pérît ; qu’elle ne vouloit pas se servir des voies du sang ; mais que ce qui avoit été proposé par d’Hocquincourt ne pouvoit avoir ce nom, puisqu’il l’avoit assuré la veille qu’il prendrait M. le prince sans coup férir, pourvu que je l’assurasse du peuple. Enfin je connus clairement ; par tout ce que Lyonne me dit, qu’il falloit que la Reine eût été encore nouvellement échauffée ; et je trouvai, un moment après, que ma conjecture avoit été bien fondée car Lyonne m’apprit qu’Ondedei étoit arrivé avec un mémoire sanglant contre M. le prince, et qui devoit convaincre la Reine qu’elle n’avoit pas lieu d’appréhender la trop grande douceur de M. le cardinal. Lyonne me parut en son particulier très-animé, et au delà même de ce que la bienséance le pouvoit permettre. Vous verrez par la suite, que l’animosité de celui-ci étoit aussi affectée que celle de la Reine étoit naturelle.

Tout contribua ces jours-là à aigrir son esprit. Le parlement continua avec aigreur sa procédure criminelle contre le Mazarin, qui se, trouvoit convaincu, par les registres de Cantarini, d’avoir volé neuf millions. M. le prince avoit obligé les chambres de s’assembler malgré toute la résistance du premier président, et de donner un nouvel arrêt contre le commerce que les gens de la cour entretenoient avec lui. Les ordres de Brulh arrivèrent dans ces conjonctures, et enflammèrent aisément la bile de la Reine, qui étoit naturellement susceptible d’un grand feu ; et Lyonne, qui croyoit, à mon sens, que M. le prince demeureroit maître du champ de bataille, soit par la faction, soit par la négociation, et qui par cette raison le vouloit ménager, n’oublia rien pour m’obliger à porter les choses à l’extrémité, apparemment pour découvrir tout mon jeu, et pour tirer, mérite de la connoissance qu’il lui en pourroit donner lui-même. Il me pressa, à un point dont je suis encore surpris à l’heure qu’il est, de concourir à l’entreprise d’Hocquincourt, qui aboutissoit, toujours en termes un peu déguisés, à assassiner M. le prince. Il me somma vingt fois, au nom de la Reine, de ce que je l’avois assurée que je lui ferois quitter la partie les instances allèrent jusqu’à l’emportement et il ne me parut que médiocrement satisfait de sa négociation avec moi, quoique je lui offrisse de faire arrêter M. le prince au palais d’Orléans ; ou, en cas que la Reine continuât à ne pas vouloir prendre ce parti, à continuer moi-même d’aller au Palais fort accompagné, et en état de m’opposer à ce que M. le prince voudroit entreprendre contre son service. Montrésor, qui étoit présent à cette conférence, a toujours cru que Lyonne me parloit sincèrement ; que son intention véritable étoit de perdre M. le prince ; et qu’il ne prit le parti de le ménager qu’après qu’il eut vu que je ne voulois pas le sang, et qu’il crut par cette raison qu’il demeureroit à la fin maître ; et il est vrai qu’il me répéta deux ou trois fois, dans le discours, la parole de Machiavel, qui dit que la plupart des hommes périssent, parce qu’ils ne sont qu’à demi méchans. Je suis encore convaincu que Montrésor se trompoit ; que Lyonne n’avoit d’autre intention, dès qu’il commença à me parler, que de tirer de moi tout ce qui pouvoit être de la mienne, pour en faire l’usage qu’il en fit ; et ce qui me l’a toujours persuadé, c’est un certain air que je remarquai dans son visage et dans ses paroles qui ne se peut exprimer, mais qui prouve souvent beaucoup mieux que tout ce qui se peut exprimer. C’est une remarque que j’ai faite peut-être plus de mille fois dans ma vie. J’observai aussi dans cette rencontre qu’il y a des points inexplicables dans les affaires, et inexplicables même dans leur instant. La conversation que j’eus avec Lyonne chez Montrésor commença à cinq heures du matin, et finit à sept. Lyonne en avertit à huit M. le maréchal de Gramont, qui la fit savoir à dix par Chavigny à M. le prince. Il y a apparence que Lyonne étoit bien intentionné pour lui. Il est constant toutefois qu’il ne lui découvrit rien du détail ; qu’il ne nomma pas Hocquincourt, qui étoit cependant le plus dangereux ; et qu’il se contenta de lui faire dire que la Reine traitoit avec le coadjuteur pour le faire arrêter. Je n’ai jamais osé entamer avec M. de Lyonne cette affaire, qui, comme vous voyez, n’est pas le plus bel endroit de sa vie. M. le prince, à qui j’en ai parlé, n’est pas plus informé que moi, à ce qu’il m’a paru, de l’inégalité de cette conduite. La Reine, avec laquelle j’ai eu une fort longue conversation deux jours après sur le même sujet, en étoit aussi étonnée de même que vous le pouvez être. Ne doit-on pas admirer après cela l’insolence des historiens vulgaires, qui croiroient se faire tort s’ils laissoient un seul événement dans leurs ouvrages dont ils ne démêlassent pas tous les ressorts, qu’ils montent et qu’ils relâchent presque toujours sur des cadrans de colléges ?

L’avis que Lyonne fit donner à M. le prince ne demeura pas secret : je l’appris le même jour à huit heures du soir par madame de Pommereux, à qui Flamarin l’avoit dit, et qui l’avoit aussi informée par quel canal il avoit été porté. J’allai en même temps chez madame la palatine, qui en avoit déjà été instruite d’ailleurs, et qui me dit une circonstance que j’ai oubliée, mais qui étoit toutefois très-considérable, autant que je m’en puis ressouvenir, à propos de la faute que la Reine avoit faite de se confier à Lyonne. Je sais bien que madame la palatine ajouta que la première pensée de la Reine, après avoir reçu la dépêche de Brulh, dont je vous ai déjà parlé, fut de m’envoyer querir dans le petit oratoire à l’heure ordinaire ; mais qu’elle n’avoit osé, de peur de déplaire à Ondedei, qui lui avoit témoigné quelque ombrage de ces conférences particulières. La trahison de Lyonne étourdit tellement ce même Ondedei, qu’il ne fut plus si délicat, et qu’il pressa lui-même la Reine de me commander de l’aller trouver la nuit suivante.

J’attendis Gabouri devant les Jacobins, le rendez-vous du cloître, qui étoit connu de Lyonne, n’ayant pas été jugé sûr. Il me mena donc dans la petite galerie, qui, par la même raison fut choisie au lieu de l’oratoire. Je trouvai la Reine dans un emportement extraordinaire contre Lyonne mais qui ne diminuoit néanmoins rien de celui qu’elle avoit contre M. le prince. Elle revint encore à la proposition d’Hocquincourt, à laquelle elle donnoit toujours un air innocent. Je la combattis avec fermeté, en lui soutenant que le succès ne pouvoit l’être. Sa colère alla jusqu’aux reproches, et jusqu’à me témoigner de la défiance de ma sincérité. Je souffris ces défiances et ces reproches avec le respect et la soumission que je lui devois, et je lui répondis simplement ces propres paroles : « Votre Majesté, madame, ne veut pas le sang de M. le prince et je prends la liberté de lui dire qu’elle me remerciera de ce que je m’oppose à ce qu’il soit répandu contre son intention. Il le seroit, madame, avant qu’il soit deux jours, si l’on prenoit les moyens que M. d’Hocquincourt propose. » Imaginez-vous, je vous prie, que le plus doux auquel il s’étoit réduit, c’étoit de se rendre maître, à la petite pointe du jour du pavillon de l’hôtel de Condé, et de surprendre M. le prince au lit. Considérez, je vous prie si ce dessein étoit praticable sans massacre, dans une maison toute en défiance et contre l’homme du plus grand courage qui soit au monde. Après une contestation fort vive et fort longue, la Reine fut obligée de se contenter que je continuasse de jouer le personnage que je jouois dans Paris « avec lequel j’ose, lui dis-je, vous promettre, madame, que M. le prince quittera le pavé à Votre Majesté ou que je mourrai pour son service et ainsi mon sang effacera le soupçon qu’Ondedei vous donne de ma fidélité. La Reine, qui vit que, j’étois touché de ce qu’elle m’avoit dit, me fit mille honnêtetés : elle ajouta que je faisois injustice à Ondedei, et qu’elle vouloit que je le visse. Elle l’envoya quérir sur l’heure par Gabouri. Il vint habillé en vrai capitan de comédie, et chargé de plumes comme un mulet. Ses discours me parurent encore plus fous que sa mine : il ne parloit que de la facilité qu’il y avoit à terrasser M. le prince et à rétablir M. le cardinal. Il traita les instances que je faisois à la Reine, de permettre que Monsieur arrêtât M. le prince chez lui, de propositions ridicules et faites à dessein pour éluder les entreprises les plus faciles et les plus raisonnables que l’on pouvoit faire contre lui. Enfin tout ce que je vis ce soir-là de cet homme ne fut qu’un tissu d’impertinences et de fureur. Il se radoucit un peu sur la fin, à la très-humble supplication de la Reine, qui me paroissoit avoir une grande considération pour lui ; et madame la palatine me dit deux jours après que tout ce que j’avois vu de ce seigneur capitan n’étoit rien au prix de ce qui s’étoit passé le lendemain, et qu’il l’avoit traitée avec une insolence que l’on n’auroit pu s’imaginer. Elle fut un peu rabattue par le retour de Bertet, qui apportoit une grande dépêche du cardinal, qui blâmoit, même avec beaucoup d’aigreur, ceux qui avoient empêché la Reine de donner les mains à la proposition que je lui avois faite de faire arrêter M. le prince chez Monsieur, qui faisoit mes éloges sur cette proposition, qui traitoit Ondedei de fou, Le Tellier de poltron, Servien et Lyonne de dupes et qui contenoit même une instance très-pressante à la Reine de me faire expédier la nomination ; de faire M. de Châteauneuf chef du conseil, et de donner la surintendance des finances à M. de Le Vieuville. La Reine me fit commander, une heure après que la dépêche de Brulh fut déchiffrée, de l’aller trouver entre minuit et une heure. Elle me fit voir le déchiffrement, qui me parut être véritable ; elle me témoigna une joie sensible des sentimens où elle voyoit M. le cardinal ; elle me fit promettre de les mettre dans leur plus beau jour, en en rendant compte à Monsieur, et d’adoucir son esprit sur son sujet le plus qu’il me seroit possible. « Car je vois bien, ajouta-t-elle, qu’il n’y a que lui qui vous retienne ; et que si vous n’aviez pas cet engagement, vous seriez mazarin. Je fus très-aise d’en être quitte à si bon marché. Je lui répondis que j’étois au désespoir d’être engagé, et que je n’y trouvois de consolation que la croyance où j’étois que je serois par cet engagement moins inutile à son service que par ma liberté. La Reine me dit ensuite que l’avis du maréchal de Villeroy étoit qu’elle attendît la majorité du Roi, qui étoit fort proche, pour faire éclater le changement qu’elle avoit résolu pour les places du conseil, parce que ce nouvel établissement qui seroit très désagréable à M. le prince, tireroit encore de la dignité et de la force d’une action qui donne un nouvel éclat à l’autorité royale. « Mais, repartit-elle tout à coup, ilfandroit par la même raison remettre votre nomination ; M. de Châteauneuf est de ce sentiment. » Elle sourit à ce mot, et elle me dit : « Non, la voici en bonne forme il ne faut pas donner le temps à M. le prince de cabaler contre vous à Rome. » Je répondis ce que vous vous pouvez imaginer à la Reine, qui fit cette action avec la meilleure grâce du monde, parce que le cardinal l’avoit trompée la première, en lui mandant qu’il falloit agir de bonne foi avec moi. Bluet, avocat du conseil, et intime d’Ondedei, m’a dit plusieurs fois depuis que celui-ci lui avoit avoué, le soir qu’il arriva de Brulh Paris, que le cardinal ne lui avoit rien recommandé avec plus d’empressement que de faire croire à la Reine même que son intention pour ma promotion étoit très-sincère, parce que, dit-il à Ondedei, madame de Chevreuse la pénétreroit infailliblement, si elle savoit elle-même ce que nous avons dans l’ame. Vous ne serez pas assurément surprise de ce qu’il y avoit dans cette ame, et que c’étoit une résolution bien formée de me jouer, de se servir de moi contre M. le prince, de me traverser sous main à Rome, de traîner ma promotion, et de trouver dans le chapitre des accidens de quoi la révoquer.

La fortune sembla dans les commencemens favoriser ces projets car comme je m’étois enfermé le lendemain au soir chez M. l’abbé de Bernay, pour écrire à Rome avec plus de loisir, et pour dépêcher l’abbé Charier que j’y envoyois pour solliciter ma promotion, j’en reçus une lettre qui m’apprit la mort de Pancirole. Ce contre-temps, qui rompit en un instant les seules mesures qui m’y paroissoient certaines, m’embarrassa beaucoup, avec d’autant plus de raison que je ne pouvois pas ignorer que le commandeur de Valencay[5], qui étoit ambassadeur pour le Roi, et qui avoit pour lui-même de grandes prétentions au chapeau, ne fit contre-moi tout ce qui seroit en son pouvoir. Je ne laissai pas de faire partir l’abbé Charier, qui, comme vous verrez dans la suite, trouva fort peau d’obstacles à sa négociation, quoique le cardinal n’oubliât rien de tout ce qui pouvoit y en mettre.

Il est à remarquer que la Reine, dans toute la conversation que j’eus avec elle touchant cette dépêche de M. le cardinal, ne s’ouvrit en façon du monde de ce qu’il lui avoit écrit par un billet séparé, à ce que M. de Châteauneuf me dit le lendemain, touchant la proposition du mariage de mademoiselle d’Orléans qui est présentement madame de Toscane, avec le Roi. La grande Mademoiselle[6] y avoit beaucoup prétendu, le cardinal le lui avoit fait espérer et comme elle vit qu’il n’en avoit aucune intention dans le fond elle affecta de faire la frondeuse, même avec emportement. Elle témoigna une chaleur inconcevable pour la liberté de M. le prince. Monsieur la connoissoit si bien, et il avoit si peu de considération pour elle, que l’on ne faisoit presque aucune réflexion sur ses démarches, dans le temps même où elle eût dû, au moins par sa qualité, être de quelque considération. Vous me pardonnerez par cette raison le peu de soin que j’ai eu jusqu’ici de vous en rendre compte. Le cardinal, qui crut que Monsieur pouvoit se flatter plus facilement de faire épouser au Roi la cadette, dont l’âge étoit en effet plus sortable, manda à la Reine de lui donner toutes les ouvertures possibles pour cette alliance, mais de se garder sur toutes choses de les faire donner par moi, parce que, ajouta-t-il, le coadjuteur en serreroit les mesures plus brusquement et plus étroitement qu’il ne convient encore à Votre Majesté. M. de Châteauneuf me fit voir ces propres paroles dans un billet qu’il me jura avoir été copié sur l’original même de celui du cardinal. Il prioit la Reine de faire porter cette parole ou plutôt cette vue à Monsieur par Beloy : « Si toutefois, portoit le billet, l’on continue à être assuré de lui. » Monsieur m’a juré plus de dix fois depuis que l’on ne lui avoit jamais fait cette proposition, ni directement ni indirectement. Ces deux faits paroissent donc bien contraires : mais voici qui n’est pas moins inexplicable.

Je vous ai déjà dit que le cardinal blâmoit extrêmement par sa dépêche ceux qui avoient dissuadé la Reine d’accepter la proposition que je lui avois faite de faire arrêter M. le prince chez M. le duc d’Orléans, : je m’attendois par cette raison qu’elle en prendroit la pensée, et qu’elle me presserait même de lui tenir ma promesse en le lui proposant. Je fus surpris au dernier point, quand je trouvai qu’elle ne me parut pas seulement y avoir fait réflexion ; et je le suis encore quand je la fais moi-même. Le Tellier, Servien et madame la palatine, que j’ai mis depuis sur cette matière cent et cent fois, ne m’en ont pas paru plus savans que moi ; et ce qui m’étonne encore davantage est qu’ils ont tous convenu que la lettre du cardinal étoit véritable et sincère en ce point. Je me confirme donc en ce que j’ai dit ci-devant qu’il y a des points et des affaires qui échappent par des rencontres, même naturelles, aux plus clairvoyans, et que nous en rencontrerions bien plus fréquemment dans les histoires, si elles étoient toutes écrites par des gens qui eussent été eux-mêmes dans le secret des choses, et qui par conséquent eussent été supérieurs à la vanité ridicule de ces auteurs impertinens qui étant, pour ainsi dire, nés dans la basse-cour, et n’ayant jamais passé l’antichambre, se piquent de ne rien ignorer de ce qui s’est passé dans le cabinet. J’admire à ce propos l’insolence de ces gens de néant en tout sens, qui s’imaginent avoir pénétré dans tous les replis des cœurs de ceux qui ont eu le plus de part dans les affaires, et qui n’ont laissé aucuns événemens dont ils n’aient prétendu avoir développé et la suite et l’origine. Je trouvai un jour, sur la table du cabinet de M. le prince, deux ou trois ouvrages de ces ames serviles et vénales. M. le prince me dit, en voyant que j’y avois jeté les yeux : « Ces misérables nous ont fait vous et moi tels qu’ils auroient été, s’ils s’étoient trouvés dans nos places. » Cette parole est d’un grand sens.

Je reprends ce qui se passa sur la fin de cette conversation que j’eus cette nuit-là avec la Reine. Elle affecta de me faire promettre que je ne manquerois pas d’aller au Palais toutes les fois que M. le prince s’y trouveroit ; et madame la palatine, à qui je dis le lendemain que j’avois observé une application particulière de la Reine sur ce point, me répondit ces propres paroles : « J’en sais la raison ; Servien lui dit à toutes les heures du jour que vous êtes de concert avec M. le prince, et qu’il y aura des occasions où, par le même concert, vous ne vous trouverez pas aux assemblées du parlement. » Je n’en manquai aucune, et je tins une conduite qui dut, au moins par l’événement, faire honte au jugement de M. Servien. Je n’y eus de complaisance pour M. le prince que celle qui ne lui pouvoit plaire. J’applaudissois à tout ce qu’il disoit contre le cardinal, mais je n’oubliois rien de tout ce qui pouvoit éclairer et les négociations et les prétextes : conduite qui étoit d’un grand embarras à un parti dont l’intention n’étoit dans le fond que de s’accommoder avec la cour, par les frayeurs qu’il prétendoit donner au ministre. L’intention de M. le prince étoit très-éloignée de la guerre civile ; celle de La Rochefoucauld, qui gouvernoit madame de Longueville et M. le prince de Conti, étoit toujours portée à la négociation. Les conjonctures obligeoient les uns et les autres à des déclarations et à des déclamations qui eussent pu aller à leurs fins, si ces déclarations et ces déclamations n’eussent été soigneusement expliquées et commentées par les frondeurs, et du côté de la cour et du côté de la ville ; La Reine, qui étoit très-fière ne prit pas confiance à des avances qui étoient toujours précédées par des menaces. Le cardinal ne prit pas la peur, parce qu’il vit que M. le prince n’étoit plus dominant (au moins uniquement) dans Paris. Le peuple, instruit du dessous des cartes, ne prit plus pour bon tout ce qu’on vouloit lui persuader sous le prétexte du Mazarin, qu’il ne voyoit plus. Ces dispositions jointes à l’avis que M. le prince eut de ma conférence avec Lyonne, et à celui que Le Bouchet lui donna de la marche de deux compagnies des gardes, l’obligèrent de sortir le 6 juillet sur les deux heures du matin de l’hôtel de Condé, et de se retirer à Saint-Maur. Il est constant qu’il n’avoit point d’autre parti à prendre, et que la place n’étoit plus tenable dans Paris pour lui, à moins qu’il ne se fût résolu de faire dès ce temps-là ce qu’il y fit depuis, c’est-à-dire à moins qu’il ne s’y fût mis publiquement sur la défensive. Il ne le fit pas, parce qu’il ne s’étoit pas encore résolu à la guerre civile, pour laquelle il est constant qu’il avoit une aversion mortelle. On a voulu blâmer son irrésolution ; mais je crois que l’on en doit plutôt louer le principe et je méprise au dernier point ces âmes de boue, qui ont osé écrire et imprimer qu’un cœur aussi ferme, et aussi éprouvé que celui de César eût été capable dans cette occasion d’une alarme mal prise. Ces auteurs impertinens et ridicules mériteroient qu’on les fouettât dans les carrefours.

  1. Sarrazin : Jean-François, auteur de plusieurs poésies qui eurent dans le temps beaucoup de succès, et d’une Histoire de la conjuration de Walstein ; mort en 1654.
  2. Patru : Olivier. Il suivit long-temps le barreau, et se borna ensuite à cultiver les lettres, où il obtint des succès par la pureté de son style. Protégé par Richelieu, il fut l’un des premiers académiciens français. À sa réception, en 1640, il introduisit l’usage de prononcer un discours. Boileau et La Fontaine le consultoient sur leurs ouvrages. Mort très-âgé en 1681.
  3. Cette pièce, que l’on trouve parmi les Œuvres de Saint-Evremont, a pour titre : Apologie de M. de Beaufort. Girard, auteur de la Vie de M. le duc d’Epernon, l’est aussi de cette Apologie. (A. E.)
  4. Guy Joly, conseiller au châtelet auteur des Mémoires. (A. E.)
  5. Henri d’Etampes, grand’croix et bailli de Malte, grand prieur de France, alors ambassadeur à Rome ; mort à Malte en 1678, âge de soixante-quinze ans. (A. E.)
  6. La grande Mademoiselle : Anne-Marie-Louise, connue sous le nom de mademoiselle de Montpensier. Gaston l’avoit eue de sa première femme.