Mémoires de Miss Coote/03

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Traduction par Louis Perceau.
Bibliothèque des deux hémisphères (Jean Fort) Collection Cressida (p. 35-52).

LETTRE III

Ma chère Nelly,

Je vous ai dit, dans ma dernière lettre, comment je me tirai sans grand dommage de l’affaire des brugnons ; mais je n’avais reculé que pour mieux sauter, et le général s’était évidemment promis de m’accommoder de bonne façon à la première occasion favorable.

Chose bizarre, ma première punition, pourtant corsée, et la terrible fessée que j’avais vu administrer à Jemima ne m’avaient produit d’autre effet que de me rendre, si possible, plus audacieuse. J’aurais voulu me venger de Sir Eyre et de Mme Mansell, mais aucun de mes plans de vengeance ne me donnait satisfaction. Si j’avais pu arriver à mes fins, peu m’eût importé ce qui en serait résulté pour moi.

Jane ne pouvant me suggérer aucune idée, je résolus d’agir seule, tout en affectant d’y renoncer ; mais diverses mésaventures arrivèrent dès lors à tous les hôtes de la maison, y compris moi-même. Le général entra en fureur, lorsqu’un beau jour il trouva plusieurs de ses livres de flagellation abîmés ou déchirés, mais il ne put fixer ses soupçons sur personne, bien qu’il suspectât fort Jemima d’être, par vengeance, l’auteur de ce délit. Peu de temps après, Mme Mansell se piqua les pieds à des orties cachées dans ses draps. Sir Eyre et elle étaient surtout les victimes ; mais le méfait suivant fit déborder le vase. Quelques jours plus tard, en se mettant au lit, le général fut soudain cruellement piqué et égratigné par des branches de ronces habilement dissimulées dans son lit. Comme il avait l’habitude de rabattre complètement le drap de dessus avant d’entrer au lit, puis de le ramener sur lui après s’être allongé, les épines avaient été placées entre le matelas et le drap du dessous de sorte qu’il ne put les voir ; mais il les sentit bien vite. Le dos écorché, il fit un bond violent, se retourna à quatre pattes, et bondit de nouveau, affreusement piqué aux genoux et aux mains. Bref, lorsqu’il put s’échapper du lit il avait été écorché un peu partout, quelques épines étaient restées piquées dans ses chairs et je pus voir, le lendemain, des taches de sang sur ses draps.

Il fallut que Mme Mansell sauta de son lit en toute hâte, pour soigner le pauvre bonhomme. Cela lui prit une bonne heure, au bout de laquelle, elle se recoucha avec délices pensant rattraper le sommeil perdu. À peine était-elle remise au lit qu’elle poussa des « Aïe ! Aïe ! Hola ! » de souffrance, et s’écria : « Ah ! c’est trop fort ! les coquins sont venus dans ma chambre pendant mon absence ! » Jemima, Jane et moi étant accourues à ses cris, nous la trouvâmes affreusement écorchée, surtout aux genoux, nous réprimâmes un sourire de satisfaction ; Jemima surtout avait l’air radieuse.

Mme Mansell. — Vous n’avez pas honte de me traiter ainsi ; c’est une de vous trois et je soupçonne fortement Jemima.

Jemima. — Je n’ai pu m’empêcher de sourire en vous entendant crier, madame, mais je croyais que vous n’aviez pas grand’chose.

Mme Mansell. — Effrontée, coquine, je le dirai au général.

Jemima, Jane et moi protestâmes de notre innocence, mais en vain ; il devait évidemment en cuire à l’une de nous, peut-être à toutes les trois.

La gouvernante et le général se ressentirent plus d’une semaine de cette alerte, plusieurs épines leur étant restées dans les chairs, une entre autres dans le genou de Mme Mansell. Sir Eyre dût attendre en conséquence dix jours avant de mettre l’affaire sur le tapis.

L’heure fatale sonna enfin ; nous comparûmes toutes dans la salle de punition devant le général, trônant dans son fauteuil ; ce fut comme d’habitude après le dîner, et nous étions en tenue de soir.

Sir Eyre. — Vous n’ignorez pas pourquoi je vous ai fait venir ensemble. Un outrage comme celui que nous avons subi, Mme Mansell et moi, ne peut rester impuni ; donc, si aucune de vous trois n’avoue en être l’auteur, je suis décidé à vous punir toutes les trois et sévèrement pour que la coupable n’échappe pas à son sort. Allons Rosa, est-ce vous ? Si ce n’est vous, c’est une des deux autres.

Rosa. — Moi grand-père ! Vous savez bien du reste, qu’on m’a fait à moi-même toutes sortes de farces.

Sir Eyre. — Et vous, Jemima. Est-ce vous ?

Jemima. — Oh ! mon Dieu ! monsieur ! Mais je n’ai même jamais touché de ronces de ma vie !

Sir Eyre. — Jane, êtes-vous coupable ou non, ou soupçonnez-vous quelqu’un ?

Jane. — Oh ! non ! monsieur, je vous l’affirme.

Sir Eyre. — Donc il y a parmi vous une fieffée menteuse. Rosa, comme vous êtes la plus jeune, je vous punirai en premier, peut-être en attendant, déciderez-vous la coupable, si ce n’est vous, à se dénoncer.

Puis, se tournant vers Mme Mansell : « Préparez-la, dit-il, elle n’a pas reçu la fessée telle qu’elle la méritait, l’autre jour. Mais aujourd’hui, elles auront toutes les trois leur compte, quand je devrais y passer toute la nuit. Jane et Jemima aidez Mme Mansell. »

Mes idées étaient moins tournées vers ce que j’allais recevoir que vers le tableau qu’allaient m’offrir les autres et dont je me réjouissais par anticipation, j’escomptais les sensations que j’avais déjà éprouvées quand Jemima avait été si sévèrement punie. Elles m’eurent bientôt enlevé ma robe de soie bleue et elles m’attachaient sur le cheval, quand le général les arrêta, pris d’une autre idée.

— Halte ! Halte ! cria-t-il. Jemima va la mettre sur son dos.

Je fus alors relâchée, et, mes jupons ayant été bien retroussés par dessus mes épaules, je fus hissée à califourchon sur le large dos de Jemima ; mes bras entourant son cou furent solidement ficelés par les poignets et mes jambes attachées de même sous la taille ; j’étais ainsi splendidement exposée et ma posture faisait tendre ma peau. Comme Mme Mansell allait ouvrir mon pantalon, Sir Eyre s’écria : « Non ! Non ! Je vais me servir de ce fouet… Jemima, trottez tout autour de la chambre pour que je sois à bonne distance. »

Ces mots furent accompagnés d’un claquement sec du fouet, dont la lanière s’abattit sur ma croupe.

— Eh bien, mademoiselle ! allez-vous nous avouer quelque chose ? Je suis sûr que vous êtes bien au courant de ce qui s’est passé. Clac ! Clac ! Clac ! Clac ! le fouet me cinglait en même temps les fesses, et Jemima ravie trottait allègrement tandis que chaque coup causait à mon pauvre derrière un affreuse cuisson.

— Oh ! Oh ! Ah ! Grand-père ! criai-je, c’est indigne de me punir quand vous savez que je suis innocente. Oh ! Oh ! Ohhhr ! Sourd à mes cris, il me fouaillait sans pitié. Je sentais ma peau se boursouffler, mais la mince étoffe l’empêchait de s’écorcher.

À un moment, il interrompit la course en disant : « Mme Mansell, regardons un peu son impudent derrière pour voir ce que mon fouet y a marqué. »

Mme Mansell écarta soigneusement la fente de mon pantalon et s’écria : « Regardez, monsieur, comme vous l’avez bien cinglée ! Quelles belles zébrures et comme son cul est rouge ! »

Sir Eyre. — Peuh ! Cela n’est pas mal, en effet, mais je suis resté à moitié chemin ; Mme Mansell voulez-vous le mettre au point avec la verge ?

Je pouvais dès lors être sûre d’avoir une bonne mesure. Le général alluma un cigare et s’installa confortablement dans son fauteuil pour jouir du spectacle. Mme Mansell choisit une belle verge faite de brins longs et flexibles, et laissant mon pantalon largement ouvert, ordonna à Jemima de se poser devant elle.

Brandissant la verge, la gouvernante s’écria : « Je suis sûre que cette demoiselle est dans le secret, mais elle est si entêtée que nous ne tirerons sans doute rien d’elle. Néanmoins, Monsieur, je vais faire de mon mieux. Allons, Mlle Rosa, dites-nous la vérité si vous voulez préserver votre cul ; êtes-vous toujours aussi sûre de votre propre innocence ? Et elle me cingla méthodiquement et vigoureusement les fesses en tous sens ; les coups s’abattirent dans ma chair avec un son mat et mon derrière déjà brûlant des coups de fouet de tout à l’heure fut bientôt en proie à une intolérable cuisson.

— Oh ! Oh ! C’est une injustice ! hurlai-je pour me soulager le plus possible. Oh ! Ah ! Même si je savais quelque chose je ne le dirai pas ! On ne doit pas trahir un secret. Oh ! Pitié ! Pitié !

En parlant ainsi, j’avais un double but, d’abord, d’être traitée avec une indulgence relative en leur faisant croire qu’une des deux autres était la coupable, ensuite, faire dériver leur fureur sur celles-ci et corser, en même temps que leur punition, le plaisir que je m’en promettais.

Mme Mansell. — Ha ! Ha ! C’est curieux comme la verge vous a amendée, ma chère mademoiselle Rosa ; vous n’êtes plus, à beaucoup près, aussi obstinée qu’avant. Mais puisque vous ne voulez rien nous raconter, vous serez fouettée comme complice, j’en suis bien fâchée pour vous. Du reste, cela ne vous fait pas tant de mal que vous voudriez le faire croire. » Et vzz ! vzz ! vzz ! la verge s’abattait sans répit sur mon postérieur qui commençait à saigner.

— Arrêtez, Mme Mansell ! cria enfin le général, ce doit être cette drôlesse de Jemima. Rosa est assez punie. Au tour de Jane, maintenant ; si elle sait quelque chose il faudra bien qu’elle nous le dise, et alors nous aurons nos coudées franches avec Jemima. N’importe comment, Mme Mansell, nous saurons la vérité !

On me repose à terre et le général ordonne à Jane de prendre la place que je viens de quitter. Mes vêtements retombent et, frémissante d’une émotion anticipée, remerciant Sir Eyre de son indulgence, je m’occupe fébrilement pour ma part à disposer le postérieur de Jane pour l’exécution. J’épingle sa chemise à ses épaules, j’expose à nu son postérieur joufflu, ses cuisses et ses mollets, ceux-ci gainés de soie rose, maintenus par d’élégantes jarretières à boucles d’argent, et rehaussés par des pantoufles grenat.

Sir Eyre. — Comment, Jane, avez-vous l’impudence de vous présenter devant moi sans pantalon ? C’est une indécence inouïe ! Autant m’offrir tout de suite de me faire voir votre derrière ; tenez, effrontée, voilà pour la peine ! Il lui donna alors un coup si formidable que la verge sillonna la chair jusqu’à la fente ombragée. Autre chose est de faire voir son derrière lorsque l’on reçoit le fouet que de l’étaler cyniquement comme vous le faites. Et il continue à manifester sa feinte indignation par de solides coups de verges.

Jane. — Ah ! Ah ! Ahhhr ! Pitié ! Monsieur ! Pitié ! Mme Mansell ne nous a pas donné le temps de nous habiller, et dans ma précipitation, je n’ai pu trouver mon pantalon. Elle m’appelait immédiatement et je n’ai pas voulu la faire attendre. J’ai cru que l’obéissance était plus urgente que la décence. Oh ! Oh ! Oh ! Monsieur ! Grâce ! Pas si fort ! Quelle cruauté. Je suis bien innocente !

Sous le stimulant des cinglades furieuses qu’il lui applique sans répit de bas en haut et qui amènent le sang à la peau, elle se démène et bondit si fort que Jemima a grand peine à la maintenir à califourchon.

Sir Eyre. — C’est bon ! C’est bon ! Je suis assez disposé à vous pardonner pour le pantalon, car j’aime que l’on fasse passer le devoir avant tout, mais en ce qui concerne les épines qu’on a fourrées dans nos lits, vous devez savoir quelque chose et c’est votre devoir de nous le confesser.

Jane. — Oh ! Oh ! Hola ! Ah ! ! ! Je ne sais rien !… Je ne puis rien vous dire sinon que je suis innocente ; mais je ne peux pas en accuser une autre ! Hola ! Oh ! Vous allez me tuer, Monsieur ! J’en ai pour des semaines à rester au lit si vous me lacérez de cette façon !

Sir Eyre. — Des fesses en compote se rétablissent bien plus vite que cela, Jane, ne vous inquiétez pas ! Mais vous allez être fessée encore plus fort si vous n’avouez pas que c’est Jemima la coupable. Est-ce Jemima ? Parlerez-vous ? Est-ce Jemima ? Est-ce Jemima ?

Il hurle ces questions d’une voix de tonnerre et sa verge s’abat sans répit et avec fureur sur le derrière de la malheureuse. Le sang suinte et coule sur la chair à vif. Elle semble sur le point de s’évanouir, toutefois je crois distinguer sur son visage les indices habituels de la jouissance ; puis cessant de se débattre et de bondir, elle se laisse aller, inerte, comme si sa chair était devenue insensible aux coups ; ses hurlements cessent et comme dans un râle elle balbutie : Oui ! Oui ! Oh oui !

Sir Eyre pousse un éclat de rire de triomphe à l’idée de connaître enfin la vraie coupable. « Ah ! Ah ! Elle a enfin avoué ! Oui, oui, » crie-t-il, « descendez-la maintenant, la pauvre fille, cela a été dur pour la décider à parler, mais j’ai tout de même réussi. » Et il jette au loin le tronçon de verge qui lui restait en mains.

Tandis que la pauvre Jane descend de sa monture dans un état pitoyable, Jemima marmotte entre ses dents quelque chose comme « damnée menteuse ! » J’aide Mme Mansell à la ligotter sur le cheval, et, lui ayant retroussé ses jupes, j’écarte l’ouverture de son pantalon de façon à exposer dans toute leur ampleur les beautés laiteuses de son magnifique derrière.

Sir Eyre. — Écartez, écartez le plus que vous pourrez, Rosa. La gredine ! Laisser les autres souffrir pour son propre crime ! Elle prenait, je crois, plaisir à participer à leur correction !

Jemima. — Ce sont des mensonges, Sir Eyre, je ne suis nullement coupable et elles m’ont tout mis sur le dos pour se repaître au spectacle de ma punition. Oh ! Oh ! Quelle abominable maison ! Réglez-moi mes gages, je veux m’en aller de suite !

Sir Eyre ricanant. — Vous allez les avoir, vos gages, ou du moins, ce que vous avez mérité hypocrite, scélérate !

Jemima (pourpre de honte et de fureur). — Je ne suis pas aussi hypocrite qu’une autre que je connais bien ! Vous me couperez en morceaux avant de me faire avouer ce que je n’ai pas fait.

Sir Eyre. — Ne perdons pas notre temps avec cette tête de mulet. Essayons plutôt l’effet d’une bonne verge.

Joignant l’action à la parole, le général lui gratifie les fesses de quelques coups sévèrement appliqués qui changent en rose les lys de son énorme postérieur.

— Regardez comme son cul rougit pour elle, s’esclaffe le général, en attendant qu’il pleure des larmes de sang. Et il accentue la rigueur de ses coups, qui tracent dans la chair de larges boursouflures.

Jemima. — Oh ! Oh ! Sir Eyre comment pouvez-vous croire une menteuse comme Jane, Quelle raclée je lui flanquerai, quand je serai délivrée, à cette fieffée gredine, pour lui apprendre à m’accuser.

Sir Eyre. — C’est vous la gredine ! Vous lui donnerez des claques ? Dites ? Vous en avez l’intention ? Répondez, grosse bourrique ! La verge est trop bénigne pour vous ! Je m’en vais essayer autre chose de meilleur, mais, avant, vous allez demander pardon à Jane ! Vous avez beau être grosse et forte, nous vous maîtriserons quand même ! Qu’est-ce que vous dites de cela ? Je crois que vous ne sentez rien, Jemima, je le suppose ou vous seriez moins arrogante ! Je voudrais avoir une poignée de ronces sous la main pour vous déchirer les fesses ! Peut-être les sentiriez-vous mieux que la verge !

Et pendant ce discours, la verge continuait impitoyablement son travail.

Jemima. — Oh ! Non ! Pas cela ! Je ne suis pas coupable et n’aurais pas voulu faire pareille chose à mon plus grand ennemi ! Oh monsieur ! Monsieur ! Pitié ! Vous m’assassinez ! Vous me torturez ! Voyez ! le sang ruisselle le long de mes cuisses !

Sir Eyre. — On ne tue pas si aisément une graine de votre espèce. Pourquoi vous obstinez-vous à ne pas avouer, coquine !

Et se tournant vers Mme Mansell : « Ne trouvez-vous pas », lui dit-il, « qu’elle a trop de choses sur elle ; je ne suis pas enclin à la cruauté, mais ceci est un cas qui mérite plus de sévérité que d’habitude ?

Mme Mansell. — Si nous la réduisions à sa chemise et à son pantalon, vous pourriez ainsi lui appliquer l’extrême pénalité ?

Sir Eyre. — Parfaitement. Et cela me permettra de respirer un peu. Elle m’a mis à bout de force !

Nous dépouillons alors Jemima de sa jupe et de ses jupons, nous défaisons son corset, mettant en liberté les globes bien fermes de sa splendide poitrine, puis elle est ligotée de nouveau et reste avec les poignets ficelés bien au-dessus de sa tête. Elle a des gants de chevreau fauve qui font ressortir la nudité de ses bras. Elle n’a pour dissimuler ses formes opulentes que sa chemise et son pantalon, mais, avant de recommencer la danse, le Général donne l’ordre de lui retirer tout-à-fait celui-ci et d’épingler la chemise à ses épaules. Puis, se tournant vers moi, il me dit :

— Rosa, ma chérie, si vous avez été punie, c’est de la faute à cette méchante fille ; je ne conseille à personne de se charger lui-même de sa vengeance, mais comme Mme Mansell n’est pas très bien et que j’ai encore besoin d’un peu de repos, j’espère que vous voudrez bien prendre ce fouet ; vous savez comment l’on s’en sert, ne ménagez aucune parcelle de son cul et de ses cuisses.

Et il me tendit une jolie cravache de dame, qui se terminait en une lanière de cuir tressé.

Aucune proposition ne pouvait m’être plus agréable, bien que je n’aurais pas osé me proposer moi-même. Je jetai un coup d’œil triomphal à la pauvre Jane qui se remettait peu à peu de sa terrible correction et commençait à s’intéresser à ce qui se passait autour d’elle. Je pris la cravache et me mis en bonne posture pour commencer. Ma victime présentait un magnifique tableau : cambrées, ses fesses puissantes, boursouflées, meurtries, teintées de sang formaient un curieux contraste avec son ventre d’un blanc neigeux, couvert à l’endroit du mont de Vénus d’une forêt bouclée du plus joli blond vénitien, ses cuisses très écartées, permettant de voir le mignon trou de son derrière et un peu au-dessous le bord vermeil des lèvres de son conin. Un peu plus loin s’étalaient ses cuisses robustes aussi blanches que son ventre. Elle portait également de bas de soie rouge, de jolies jarretières et des pantoufles assorties à ses gants. Mon sang bouillait à la vue de ces jolies choses et j’avais hâte de lacérer à mon tour cette chair déjà meurtrie et tachée de sang.

Sir Eyre. — Eh bien, Rosa, qu’attendez-vous pour commencer ? Vous n’avez pas à ménager une pareille entêtée. Allez, et essayez de lui faire demander pardon à Jane.

Rosa. — J’ai peur, Grand Père, que la cravache ne lui déchire la peau ! Allons, Jemima, je commence. Est-ce que cela vous fait très mal ? Et je ponctuai ma question d’un léger coup entre les cuisses où la pointe de la cravache marqua son passage de rouge.

Jemima. — Oh ! Oh ! Miss Rosa, ayez compassion de moi ! Je n’ai jamais été malveillante pour vous ; je vous ai portée bien doucement sur mon dos quand vous avez été fouettée.

Rosa. — Oui ! Et cela vous a joliment amusée, gredine ! Vous saviez quelle fessée l’on m’appliquait et vous étiez ravie de me servir de monture.

Je lui appliquai trois ou quatre coups qui imprimèrent sur ses reins une belle marque rouge : Tenez ! Tenez ! Tenez ! Demandez-moi pardon, et à Jeanne aussi, pour vos menaces ? La souffletterez-vous ? Dites, dites, dites ? Chaque mot était accompagné d’un coup de cravache et jamais deux fois de suite au même endroit.

Jemima. — Ah ! Ahrr ! Grâce ! Pitié ! J’ai été bien peinée pour vous, miss Rosa ! Oh ! Oh ! vous êtes aussi cruelle que Sir Eyre. Vous me déchiquetez avec cette cravache, sanglote-t-elle, la figure cramoisie de souffrance, de rage et d’obstination.

Rosa. — Allons, Jemima, ce que vous avez de mieux à faire, c’est de nous demander pardon et de confesser votre crime, vous savez que vous êtes coupable, coupable, coupable, entêtée que vous êtes.

À coups multipliés, la cravache meurtrit les fesses en tous sens, tirant le sang qui coule sur les cuisses et sur les bas. La victime se démène et hurle de souffrance à chaque coup, mais refuse d’avouer sa faute et de demander pardon. La vue de ses tortures semble décupler ma vigueur et ma surexcitation ; je me délecte de la vue du sang et je me sens en proie à une étrange mais douce émotion. Épuisée, je laisse échapper la cravache, et m’affale sur un siège, en proie à une sorte d’abandon léthargique, tout en ne perdant rien de ce qui se passe autour de moi.

Sir Eyre. — Vraiment, Rosa, je vous croyais plus énergique que cela Pauvre petite, votre châtiment a été trop dur pour vous. Je vais en finir avec la coupable ; si elle ne veut pas avouer, je l’exécuterai, voilà tout.

Et il va chercher une autre cravache plus forte que celle dont je m’étais servie et avec trois lanières de cuir à l’extrémité : « Allez-vous enfin avouer ? Dites ! Misérable créature ! hurle-t-il. Le sang me bout quand je songe à la façon dont j’ai corrigé deux innocentes ! »

Cette fois, c’est sur les cuisses et les mollets qu’il frappe, lacérant les bas de soie et sillonnant les chairs de marques profondes. La victime ne peut se débattre, car ses chevilles sont attachées, mais la souffrance lui arrache des sanglots nerveux et des cris suraigus. Le Général semble fou de fureur, car il s’attaque maintenant aux épaules indemnes jusqu’alors et teinte la cravache du sang qu’il en fait couler.

Sir Eyre. — Ah ! Je vais la tuer ! C’est plus fort que moi ! Elle me rendra fou ! Et l’instrument s’enroulant autour de ses côtes vient atteindre jusqu’aux globes de sa superbe poitrine et en arrache des gouttes de sang qui tachent son ventre blanc.

Jemima. — Oh ! Pitié ! Laissez-moi mourir ! Ne torturez pas plus longtemps une pauvre fille innocente.

Elle ne peut en dire plus long et les mots ne sortent plus de ses lèvres. Mme Mansell s’interpose alors en disant : « Assez comme cela, davantage pourrait être dangereux. »

Sir Eyre suffoquant. — Vous avez raison de me retenir, je l’aurais tuée.

La pauvre victime est retirée du cheval dans un état pitoyable ; elle ne peut pas se tenir debout ; son sang a coulé jusqu’à ses pantoufles ; on la ranime tant bien que mal en lui faisant prendre un cordial et on la ramène à sa chambre où elle dût garder le lit pendant plusieurs jours.

J’avais eu la revanche que j’étais si anxieuse de prendre. Mais le grand vengeur, à mon profond chagrin, enleva bientôt de ce monde mon pauvre grand-père et je demeurai tout à fait orpheline. Comme j’étais encore bien jeune, mes gardiens, conformément au testament de mon grand-père, me placèrent à l’Académie de Miss Flaybum pour achever mon éducation ; le vieux foyer fut abandonné et ses hôtes dispersés.

Je vous enverrai, dans une prochaine lettre, quelques-uns de mes souvenirs de classe et je reste, ma chère Nelly,

Votre affectionnée,
Rosa Belinda Coote.

Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre
Mémoire de Miss Coote, vignette fin de chapitre