Mémoires extraits des recueils de l’Académie des sciences de Paris et de l’Institut de France/Lettre de Lagrange à Laplace, relative à la Théorie des inégalités séculaires des planètes

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LETTRE DE LAGRANGE À LAPLACE,
RELATIVE À LA
THÉORIE DES INÉGALITÉS SÉCULAIRES DES PLANÈTES[1].


(Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, année 1772.)


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Je prends la solution du Problème des trois Corps de M. Clairaut (Théorie de la Lune, p. 6), et j’observe que, puisque

si l’on fait

on a

en sorte que sera l’excentricité et le lieu de l’aphélie, et il est remarquable que les quantités et peuvent être regardées comme con-

stantes, pendant que les quantités et varient de et car, comme

il suffit de démontrer que la différentielle de cette équation est nulle, en ne faisant varier que les deux quantités c’est-à-dire, que

mais

donc, etc. Je fais donc

j’ai

et ensuite j’ai, en différentiant, les équations

si l’on substitue, dans ces équations et dans les autres semblables, les valeurs de et de en et et que l’on ne conserve que les termes où seront linéaires et multipliés par des coefficients constants, on aura les équations cherchées ; il faut seulement avoir soin de ne pas rejeter, dans la quantité les termes de la forme

et les autres semblables ; car ces termes, étant transformés en produiront, dans les équations différentielles, des termes de la forme demandée ; à l’égard des quantités on pourra les négliger entièrement, parce que est déjà très-petit de l’ordre des masses des planètes perturbatrices.


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  1. Laplace, en reproduisant cette Lettre, à la suite de ses Recherches sur les inégalités séculaires, insérées dans le volume de 1772, la fait précéder des lignes suivantes :

    « Ayant envoyé à M. de Lagrange mes Recherches sur les inégalités séculaires des planètes, lorsqu’elles furent imprimées, ce grand Géomètre me communiqua, dans une Lettre datée du 10 avril 1775, qu’il me fit l’honneur de m’écrire à ce sujet, une méthode très-élégante et que les Géomètres verront avec plaisir, pour trouver directement les équations différentielles de l’excentricité et de l’aphélie ; la voici telle qu’il me l’a envoyée. »