MÉMOIRE SUR LE PASSAGE DE VÉNUS DU 3 JUIN 1769[1].
(Mémoires de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin, t. XXII, 1766.)
Personne n’ignore les grands avantages que l’Astronomie peut retirer des observations des passages de Vénus sur le disque du Soleil. Non-seulement elles servent à rectifier les principaux éléments de la théorie de cette planète, elles sont encore très-utiles pour déterminer la parallaxe du Soleil, qui est, comme on sait, un des points fondamentaux de la Physique céleste. Le passage qui a été observé en 1761 a déjà beaucoup diminué l’incertitude où l’on était sur la vraie quantité de cette parallaxe ; mais c’est à celui que nous attendons, et qui sera le dernier qu’on puisse voir dans ce siècle, à la fixer d’une manière bien certaine et irrévocable. Cette considération m’a engagé à discuter dans ce Mémoire les moyens que l’observation de ce phénomène peut fournir de décider un point si important. On y verra : 1o comment on peut calculer l’effet que les parallaxes combinées de deux astres quelconques doivent produire sur la distance de ces deux astres ; 2o on y trouvera une méthode très-simple et très-commode pour déterminer en général, dans les passages des planètes sur le Soleil, les parallaxes d’entrée, de sortie et de durée pour tous les pays de la Terre ; 3o une méthode pour déduire la parallaxe du Soleil de trois observations d’un même passage faites dans trois endroits différents, indépendamment de la connaissance du mouvement de la planète ; 4o enfin \thetan y trouvera l’application de notre théorie au passage de Vénus qui doit arriver le 3 juin 1769 au soir, avec quelques remarques relatives au choix des lieux où il pourra être observé avec le plus de fruit.
§ I. — De la parallaxe de distance des astres en général.
1. Soient le centre de la Terre (fig. 1), le plan de l’équateur, une ligne qui passe par le premier méridien pris à volonté, un
Fig. 1.
astre quelconque, une perpendiculaire au plan de l’équateur, une perpendiculaire à la ligne une ligne qui joigne les deux points et et une autre ligne qui passe par les points et soient nommées ensuite
La distance de l’astre au centre de la Terre.
L’angle qui exprime la déclinaison de l’astre
L’angle qui représente la distance du même astre au premier méridien de la Terre ( cette distance n’est autre chose que l’angle horaire de l’astre par rapport au méridien donné)
Il est clair : 1o que les trois quantités pourront être regardées comme les coordonnées orthogonales qui déterminent la position du point relativement au point 2o qu’on aura
2. Soient maintenant un point quelconque de la surface de la Terre (fig. 2), une perpendiculaire au plan de l’équateur et une
Fig. 2.
perpendiculaire à la ligne et soient nommées
le rayon de la Terre
l’angle c’est-à-dire la latitude terrestre du lieu L
l’angle c’est-à-dire la longitude du même lieu
Les quantités seront les coordonnées rectangles du point par rapport au point et l’on aura, comme ci-dessus,
3. Ayant déterminé ainsi la position des points et par rapport au point il est facile de déterminer la position respective des points et
En effet, si l’on dénote par les coordonnées rectangles du point par rapport au point il est visible qu’on aura
et si l’on fait, comme ci-dessus,
on verra aisément que sera la distance de l’astre au lieu de la Terre, que exprimera la déclinaison apparente de cet astre vue du lieu de la Terre, et que exprimera la distance apparente du même astre au premier méridien de la Terre par rapport au même point
4. Donc, pour déterminer le lieu apparent de l’astre par son lieu vrai, on aura les trois équations suivantes
d’où l’on tire
ou bien en faisant, pour plus de simplicité, (c’est-à-dire la parallaxe horizontale de l’astre ) et divisant le haut et le bas de la seconde fraction par
5. Considérons maintenant un autre astre quelconque dont
la distance au centre de la Terre soit
la distance au premier méridien terrestre.
la déclinaison
et supposons que, par rapport au lieu de la Terre,
la distance apparente de l’astre au premier méridien soit
la déclinaison apparente
on aura, en nommant la parallaxe horizontale de cet astre, en sorte que
6. Or, soient le pôle de l’équateur (fig. 3), le cercle de déclinaison
Fig. 3.
de l’astre le cercle de déclinaison de l’astre et un grand arc de cercle qui passe par ces deux astres, on aura, dans le triangle
donc, nommant la distance de l’astre à l’astre on aura
De même, si l’on appelle la distance apparente de l’astre à l’astre par rapport au point de la Terre, on aura
Ainsi l’on trouvera les valeurs de et de dont la différence sera l’effet des parallaxes combinées des deux astres et
§ II — Simplification des formules précédentes en supposant les parallaxes des astres fort petites, et conséquences qui résultent de ces formules.
7. Supposons que les quantités et soient très-petites (ce qui est vrai en général à l’égard de tous les astres), et nous aurons, en négligeant les termes très-petits du second ordre et des ordres ultérieurs,
Donc, si l’on fait
ce qui donne
on aura
ou bien
et il est clair que les quantités et représenteront les parallaxes de déclinaison et d’ascension droite de l’astre
8. Si l’on fait de même
en sorte que et soient les parallaxes de déclinaison et d’ascension droite de l’astre on aura
et la valeur de deviendra
où l’on remarquera que
9. Si l’on substitue maintenant, à la place de et leurs valeurs, et qu’on fasse c’est-à-dire et
on aura la formule suivante
dans laquelle les quantités et ne dépendent que de la situation des astres, en sorte qu’elles sont les mêmes pour tous les lieux de la Terre.
10. J’observe présentement que la quantité
peut se ramener à cette forme
car en mettant à la place de et com-
parant les termes, on aura
par où il est aisé de déterminer les quantités et
Or, si par le pôle du globe terrestre et par le lieu (fig. 4), dont la
Fig. 4.
latitude est et la longitude on décrit un triangle sphérique tel, que la latitude du point soit et la longitude en sorte que l’on ait
il est clair qu’en nommant le côté c’est-à-dire la distance entre les lieux et on aura
et par conséquent
donc
11. De là on voit que, si du point comme pôle on décrit un cercle quelconque sur le globe terrestre, tous les lieux qui se trouveront sous la circonférence de ce cercle verront la même distance apparente des deux astres, et par conséquent seront sujets à la même parallaxe de distance.
Ainsi, nous appellerons dans la suite cercles de parallaxe ces cercles décrits sur le globe, et qui passent par tous les points où la parallaxe de distance est la même, et nous nommerons de même pôle de parallaxe le pôle de tous ces cercles, dont nous allons maintenant chercher la position.
12. Les trois équations du no 10 se réduisent aisément à celles-ci
lesquelles, par la substitution de et se changent en
ou bien, à cause de
en celles-ci
d’où il est facile de tirer les valeurs de et
13. En ajoutant ensemble les carrés de ces trois équations, on aura d’abord
et par conséquent
Or (9) ; donc
Mais, en considérant le triangle rectiligne (fig. 5), dans lequel
Fig. 5.
et
d’où il s’ensuit que, si l’on nomme la distance rectiligne de l’astre à l’astre on aura
Soit donc, pour abréger, et l’on aura et par conséquent
Donc, puisque est une quantité extrêmement petite, on aura à très-peu près
d’où
de sorte que sera la parallaxe de distance des deux astres pour tous les lieux de la Terre qui sont éloignés du pôle de l’arc
14. Supposons à présent que soit le pôle de l’équateur (fig. 6), le lieu vrai de l’astre
\mathrm V
celui de l’astre et le pôle des parallaxes, nous aurons, dans le triangle
Fig. 6.
et dans le triangle
par conséquent
et substituant pour et leurs valeurs tirées des équations du no 12,
c’est-à-dire, en faisant
De plus, on aura
et, en substituant la valeur de
ou bien, à cause de
mais
donc
par conséquent
d’où il s’ensuit que, pour trouver le pôle des parallaxes, il n’y a qu’à prolonger l’arc de grand cercle du côté de (fig. 7), et prendre sur
Fig. 7.
ce prolongement un arc dont le cosinus soit c’est-à-dire prendre un arc tel, que et faire ensuite l’arc
15. Si l’on voulait déterminer la position du pôle sur le globe par latitude et par longitude, il n’y aurait qu’à chercher d’abord l’angle c’est-à-dire l’angle que le cercle passant par les deux astres fait avec le cercle de déclinaison de l’astre Soit cet angle et l’on aura (comme nous l’avons trouvé ci-dessus)
Ainsi, dans le triangle connaissant le côté le côté et l’angle on trouvera le côté et l’angle de sorte qu’on aura
16. Imaginons maintenant que les astres et soient en mouvement, et qu’au bout d’un temps quelconque ils se retrouvent à la même distance l’un de l’autre ; et supposons que les quantités et deviennent alors et on aura les mêmes formules qu’auparavant, en marquant simplement ces lettres d’un trait.
Ainsi, la parallaxe de distance sera pour cette nouvelle position des astres
17. Si l’on nomme le mouvement horaire de l’astre pour s’approcher de l’astre lorsque ces deux astres se trouvent pour la première fois a la distance l’un de l’autre, et le mouvement horaire du même astre pour s’éloigner de l’astre lorsque ces astres se trouvent pour la seconde fois à la même distance, il est clair qu’on aura et pour les deux parallaxes de distance réduites en temps.
De sorte que si est le temps au bout duquel les astres et se trouvent pour la première fois à la distance et celui au bout duquel ils se retrouvent à la même distance par rapport au centre de la Terre, et que et soient les temps au bout desquels les mêmes apparences doivent avoir lieu pour un observateur placé en on aura
18. De là on pourra trouver le temps qui doit s’écouler entre les deux moments où les astres et paraissent à la même distance l’un de l’autre. Ce temps sera
mais est le temps par rapport au centre de la Terre ; donc l’effet de la parallaxe sera de
c’est-à-dire égal à la somme des deux parallaxes de distance.
Soient pour plus de simplicité
en sorte que l’effet de la somme des parallaxes soit exprimé par
substituons à la place de sa valeur trouvée (10)
et à la place de sa valeur correspondante
et la quantité deviendra, en ordonnant les termes,
Donc, si l’on suppose
on aura
Or, si l’on prend sur le globe terrestre un point dont la latitude soit et la longitude soit et qu’on nomme la distance d’un lieu quelconque de la Terre à ce point on aura en général
par conséquent la somme des deux parallaxes de distance par rapport au lieu sera exprimée par c’est-à-dire d’une manière analogue à celle dont nous avons représenté chacune des deux parallaxes en particulier.
D’où il suit que le point du globe terrestre pourra être regardé comme le pôle de la somme des parallaxes, de manière qu’en décrivant autour de ce pôle un cercle quelconque la somme des parallaxes sera la même pour tous les pays qui se trouveront sous la circonférence d’un tel cercle.
19. Les trois équations du numéro précédent donnent d’abord
Or, si est le pôle du globe terrestre (fig. 8), le pôle des parallaxes
Fig. 8.
pour la première situation des astres, le pôle des parallaxes pour la
seconde situation, en sorte que l’on ait
et qu’on nomme la distance des deux pôles, on aura
et par conséquent
Les mêmes équations donnent ensuite ces deux-ci
Or, en tirant (fig. 8, p. 349) des pôles et au pôle de la somme des parallaxes, les arcs de grand cercle et et nommant ces arcs et on aura
Donc
Ainsi, connaissant dans le triangle les trois côtés et on trouvera la position du pôle
Au reste, si l’on voulait connaître les valeurs de et de c’est-à-dire la latitude et la longitude même du pôle on trouverait immédiatement, par les équations du numéro précédent,
ou bien
20. Si l’on avait c’est-à-dire si la quantité était la même pour les deux situations des astres, on aurait
et ensuite
et par conséquent
ce qui montre que le point tombe au milieu de l’arc
21. Nous avons trouvé ci-dessus (13) pour un lieu quelconque de la Terre, dont la latitude est et la longitude l’équation
Donc, si l’on suppose que les astres et aient été observés en même temps dans le lieu et dans un autre lieu quelconque dont la latitude soit et la longitude et qu’on fasse la distance de ce dernier lieu au pôle des parallaxes égale à on aura aussi
étant le temps au bout duquel les astres et paraissent à la distance l’un de l’autre à un observateur placé en
Or, puisque ces deux quantités et sont données par l’observation, leur différence, que je nommerai le sera aussi, de sorte qu’on aura l’équation
Mais on a (10)
donc on aura aussi
d’où
Maintenant, il est visible que cette quantité peut se ramènera à la forme
en faisant
De plus, il est évident que si, dans le triangle (fig. 9), est le pôle
Fig. 9.
de l’équateur, celui des parallaxes et le lieu qui répond à la latitude terrestre et à la longitude en sorte que
on aura
de manière qu’en nommant la distance du pôle au point on aura
22. Pour trouver maintenant la valeur de la quantité et la position du point sur le globe, on traitera les trois équations du numéro précédent comme on a fait celles du no 17, auxquelles elles sont entièrement analogues, et l’on trouvera :
1o Que si l’on nomme la distance entre les deux lieux d’observation et on aura
2o Que si l’on prolonge l’arc de grand cercle du côté de (fig. 10),
Fig. 10.
et que du point du milieu on prenne on aura le point cherché
Si l’on voulait connaître la latitude et la longitude même de ce point on aurait sur-le-champ
Ayant déterminé ainsi la position du point on aura pour le temps qui s’écoule entre l’observation en et celle en la formule
étant la distance du point au pôle des parallaxes
23. S’il y avait trois observateurs placés en trois endroits différents de la surface de la Terre (fig. 11), et qu’ayant décrit par ces trois
Fig. 11.
points les arcs de grand cercle on y prît des points du milieu les arcs chacun de degrés ; qu’ensuite on menât, par les extrémités de ces arcs et par le pôle des parallaxes les arcs de grand cercle et qu’on nommât
on aurait
Donc, puisque ces différences sont données immédiatement par les observations, si on les suppose égales à on aura les trois équations
d’où l’on tire
Or, en supposant la position des lieux d’observation donnée, il est clair que le triangle sera donné, aussi bien que le rapport des cosinus des arcs qui aboutissent au même point de sorte qu’on pourra, à l’aide des équations précédentes, trouver la position du pôle des parallaxes
24. Pour cela nous nommerons les distances et nous aurons dans le triande
dans le triangle
et dans le triangle
Mais, comme la somme des angles qui sont autour de doit faire quatre droits, on aura
c’est-à-dire
ou bien, en carrant,
et réduisant,
Donc, substituant les valeurs trouvées ci-dessus et ôtant les dénomina-
teurs, on aura
ce qui se réduit à
Or, faisant pour plus de simplicité
en sorte que l’on ait et et substituant ces valeurs dans l’équation précédente, on en tirera
Ainsi l’on connaîtra et par conséquent aussi et ce qui suffit pour déterminer la position du point
25. À l’égard des arcs et il est facile de les déterminer par le moyen des arcs et qui sont supposés connus.
En effet, dans le triangle on a
donc, nommant l’angle en on aura
De plus, dans le triangle on a
donc on aura
ou bien
ou bien encore
et l’on trouvera de même
Ce que nous venons de démontrer touchant les différences des parallaxes observées en deux ou trois endroits différents doit s’appliquer de même aux différences des sommes des parallaxes, dont nous avons traité dans les nos 16 et suivants ; il faudra seulement substituer, dans ce cas, au pôle des parallaxes le pôle de la somme des parallaxes.
26. Avant de passer à l’application de la théorie que nous venons de donner, il est bon de remarquer que, comme dans la projection ordinaire des mappemondes, qui est la projection stéréographique de Ptolémée, tous les cercles du globe deviennent aussi des cercles, on pourra également transporter sur la mappemonde les différents cercles des parallaxes et des sommes des parallaxes que nous avons enseigné à tracer sur le globe.
Si l’on connaissait pour chacun de ces cercles la position de trois points quelconques, il n’y aurait qu’à chercher sur la mappemonde les points correspondants, et le cercle qui passerait par ces trois points serait nécessairement la projection du cercle décrit sur le globe ; mais, lorsqu’on ne connaît que la position du pôle avec l’ouverture, c’est-à-dire l’arc qui mesure la distance du pôle à la circonférence, il est plus court de chercher directement le centre et le rayon de la projection.
Pour résoudre ce Problème, soient le diamètre du cercle de projection (fig. 12), le lieu de l’œil, le pôle d’un cercle décrit sur le globe,
Fig. 12.
dont est le diamètre, un grand cercle de la sphère qui passe par les points et il est facile de voir qu’en menant les rayons visuels le cercle sera projeté par un autre cercle dont le diamètre sera de sorte qu’en divisant la ligne en deux également en le point sera le centre, et la ligne le rayon du cercle dont il s’agit.
De plus, si l’on suppose, comme dans les mappemondes ordinaires (fig. 13), que le cercle de projection est le premier méridien, et que soit le diamètre de l’équateur qui y est perpendiculaire, et le pôle du monde, il est clair qu’en menant par les points et l’arc de méridien on aura égal au complément de la latitude du point et l’angle égal à la longitude de ce même point.
Fig. 13.
Donc, si l’on nomme
on aura d’abord, dans le triangle rectangle en (fig. 13),
c’est-à-dire
Ensuite on aura (fig. 12)
et de même
Donc
ou bien
Au reste, la solution de ce Problème deviendrait beaucoup plus facile si, dans la projection de la mappemonde, au lieu de supposer l’œil dans l’équateur, comme on le fait ordinairement, on le supposait au pôle même ; car alors tous les méridiens étant des lignes droites, il est clair que le centre du cercle sur la mappemonde se trouverait dans le même méridien que sur le globe, de sorte qu’il n’y aurait qu’à marquer sur ce méridien les deux points par où doit passer le cercle, et la portion de méridien interceptée entre ces deux points en serait nécessairement le diamètre.
§ III. — Application de la théorie précédente aux passages des planètes sur le disque du Soleil.
27. Supposons maintenant que l’astre soit le Soleil et que l’astre soit une planète quelconque qui passe devant lui ; en faisant égal au demi-diamètre du Soleil, on aura (13) pour la parallaxe d’entrée et pour la parallaxe de sortie, c’est-à-dire pour les effets de la parallaxe sur le temps de l’entrée et de la sortie de la planète ; le signe marque l’accélération du contact, et le signe le retardement.
28. Soient (fig. 14) le centre du Soleil, son disque, la route de la planète sur ce disque, l’écliptique, le cercle de latitude du Soleil, le cercle de déclinaison ; en menant les rayons et la perpendiculaire on aura égal à la latitude de la planète au temps de la conjonction, égal à l’angle de la ligne avec la ligne c’est-à-dire à l’inclinaison de l’orbite relative de la planète sur l’écliptique, égal à l’angle de position du Soleil, et les angles et seront ceux que nous avons nommés et dans les nos 15 et 16.
Fig. 14.
Soient nommées donc
La latitude de la planète au temps de la conjonction
L’inclinaison de son orbite relative sur l’écliptique
L’angle de position au moment de l’entrée
L’angle de position au moment de la sortie
On trouvera d’abord la moindre distance de centre ensuite, faisant l’angle on aura
et par conséquent
Connaissant par ce moyen les angles et et connaissant aussi les déclinaisons du Soleil et pour les moments de l’entrée et de la sortie, on trouvera aisément (14) la position des pôles et que nous nommerons dorénavant pôles d’entrée et de sortie ; ainsi on connaîtra pour chaque lieu de la Terre les angles et
Nous remartperons seulement que, comme l’angle tombe de l’autre côté du cercle de déclinaison il faudra aussi, dans la fig. 7, p. 346, prendre l’arc de l’autre côté de ainsi, l’angle devra être regardé comme négatif, c’est-à-dire que cet angle, au lieu d’être supposé égal à devra être au contraire égal à
29. À l’égard des mouvements horaires et
\theta',
il est facile de voir que, si l’on nomme le mouvement horaire de la planète sur son orbite relative au moment de l’entrée et au moment de la sortie on aura
c’est-à-dire
Dans les passages de Mercure, les quantités ϑ et ϑ’ peuvent différer entre elles de quelques secondes, à cause de la grande excentricité de cette planète ; mais dans ceux de Vénus la différence de ces deux quantités est absolument insensible. Il en faut dire autant des quantités et qui expriment les rapports des distances de la planète au Soleil et à la Terre (13), de sorte que dans ces derniers passages on peut supposer
30. M. de Lisle est le premier qui ait eu l’idée de tracer sur le globe, aussi bien que sur la mappemonde, les différents cercles des parallaxes d’entrée et de sortie dans les passages des planètes sur le disque du Soleil. Il l’exécuta d’abord pour le passage de Mercure de 1753 et ensuite pour celui de Vénus de 1761, et M. de Lalande a rempli le même objet pour le passage de Vénus qui s’observera en 1769. Comme M. de Lisle n’a point donné les principes de sa méthode et que M. de Lalande n’a déduit la sienne que de la théorie des projections, j’ai cru qu’il n’était pas tout à fait inutile d’examiner cette matière par l’analyse ; d’ailleurs, suivant les méthodes dont nous venons de parler, pour trouver le pôle d’entrée ou de sortie, il faut prolonger l’arc de grand cercle en de manière que l’on ait (fig. 7, p. 346) au lieu que nous avons trouvé (14) que l’arc doit être égal à l’arc étant tel que Il est vrai que, comme demi-diamètre du Soleil n’est que d’environ minutes, et que la quantité rapport des distances de la planète et de la Terre au Soleil, est à peu près pour Mercure et pour Vénus, l’angle ne sera que d’environ minutes pour la première de ces deux planètes et de minutes pour la seconde, et qu’ainsi l’erreur sera toujours fort petite.
Cependant, comme on pourrait appliquer la même théorie à des cas où la distance ne serait plus très-petite, il m’a paru important de résoudre le Problème en toute rigueur.
31. Mais ce n’est pas là le seul avantage de notre méthode. On sait que la plus importante de toutes les observations que l’on puisse faire dans un passage de Vénus est celle de la durée du passage ; aussi, le principal objet des voyages qui ont été entrepris à l’occasion du passage de 1761 était de nous procurer des observations de la durée dans les lieux où les effets de la parallaxe devaient être les plus sensibles et les plus opposés, et tel est aussi, je crois, le but des voyages auxquels les Astronomes se disposent actuellement.
Or, suivant ce que nous avons démontré dans les nos 18 et suivants, la parallaxe de durée est exprimée en général par
étant la distance du lieu d’observation au pôle dont la position est donnée sur le globe ; de sorte que la parallaxe dont il s’agit sera absolument nulle dans les lieux placés sous la circonférence du grand cercle qui aurait le même point pour pôle, et qu’elle croîtra en raison des sinus des distances à ce même cercle. On pourrait donc aussi, si l’un voulait, tracer sur un globe ou sur une mappemonde différents cercles de durée, c’est-à-dire tels, que la durée du passage fût la même pour tous les pays qui se trouveraient dans la circonférence de chacun d’eux, l’opération serait absolument la même que pour les cercles d’entrée et de sortie de M. de Lisle, en prenant, au lieu du pôle ou le pôle (19).
32. Ma méthode donne de plus un moyen facile de comparer entre elles les observations, soit de l’entrée ou de la sortie, soit de la durée du passage, faites en plusieurs endroits ; car nous avons trouvé que la différence entre les moments de l’entrée ou de la sortie pour deux endroits quelconques est exprimée généralement par
les angles et dépendant de la position des lieux d’observation et de celle des pôles d’entrée ou de sortie (22).
Il en est de même des différences de durée, en prenant le pôle de durée à la place de celui d’entrée ou de sortie.
Ainsi, connaissant exactement la position des lieux d’observation, et ayant déterminé, soit par les tables, soit par l’observation même, les éléments d’où dépend la position des pôles (28), on trouvera immédiatement la valeur de c’est-à-dire la parallaxe du Soleil, qui est le principal objet des observations des passages de Vénus.
33. Si l’on avait trois observations faites en trois endroits différents, on n’aurait besoin que de connaître la position de ces trois lieux pour pouvoir déterminer la parallaxe du Soleil ; car, dans les formules des nos 23 et suivants, on aurait par observation les valeurs des quantités différences entre les temps, soit de l’entrée, soit de la sortie ou de la durée, observés dans les trois lieux donnés ; ensuite, les distances respectives de ces mêmes lieux donneraient les valeurs des angles et par conséquent aussi celles des angles (25) ; ainsi l’on trouverait la valeur de c (24), laquelle étant mise dans l’équation
on en tirerait la valeur de .
34. Cette méthode de connaître la parallaxe du Soleil par le moyen de trois observations me paraît la plus commode et la plus exacte de toutes ; il faut seulement remarquer que, si l’on veut se servir des observations de l’entrée ou de la sortie, il est nécessaire de connaître avec une très-grande précision les différences des méridiens des lieux d’observation pour avoir les valeurs exactes des différences des temps mais, si l’on emploie les durées observées, les différences des méridiens n’entreront plus que dans la détermination des quantités et par conséquent il suffira qu’elles soient connues à très-peu près, aussi bien que les latitudes des lieux.
35. Au reste, pour savoir si le passage sera visible dans un lieu quelconque donné il n’y aura qu’à chercher la hauteur du Soleil dans ce lieu aux moments de l’entrée et de la sortie.
Soient donc la hauteur du Soleil au-dessus de l’horizon du lieu au moment de l’entrée, et la hauteur au moment de la sortie ; il est clair que les distances du même lieu aux lieux de la Terre auxquels le Soleil sera perpendiculaire aux moments de l’entrée et de la sortie, et qui sont déterminées par les latitudes et et par les longitudes et il est clair, dis-je, que ces distances seront les compléments des angles et c’est pourquoi l’on aura
36. Remarque. — Lorsque l’angle est fort petit, on pourrait avoir quelque scrupule sur la réduction que nous avons faite (13) de l’équation
à
car, soit
on aura
donc
et par conséquent
d’où l’on tire
1o
2o
et ainsi de suite. Or, comme est une quantité fort petite, nous avons cru pouvoir nous en tenir à la première valeur approchée de savoir d’où résulte l’équation
cependant, lorsque l’angle est assez petit pour que la valeur de soit fort considérable, il est clair que le terme ne doit plus être négligé vis-à-vis du terme
Pour apprécier l’effet qui résulterait d’une telle négligence dans les passages des planètes sur le disque du Soleil, nous remarquerons que le rapport des termes dont il s’agit est exprimé en général par de sorte que sa plus grande valeur est de Or, on a environ pour Mercure, et pour Vénus, d’où l’on trouvera pour les passages de Mercure
et pour ceux de Vénus
Ainsi, l’erreur ne sera dans le premier cas que de du total, mais elle sera de dans le second, de sorte que si le plus grand effet de la parallaxe était de minutes, comme il le sera à très-peu près dans le passage de 1769, la plus grande erreur serait d’environ secondes.
Au reste, quelque petite que soit cette erreur, si quelque calculateur scrupuleux voulait absolument l’éviter, il le pourrait aisément. Pour cela, il suffirait de remarquer que
et, en faisant dans le second membre
de sorte qu’on aurait rigoureusement l’équation
ou bien, à cause que est un angle fort petit,
d’où l’on tire
ou bien, en substituant pour sa première valeur approchée
d’où l’on voit qu’il n’y aura qu’à augmenter la parallaxe d’entrée en raison de à et la parallaxe de sortie en celle de à
À l’égard de la parallaxe de durée, comme elle doit être égale à la somme des deux parallaxes d’entrée et de sortie (18), il n’y aura qu’à y ajouter ces deux corrections
Ainsi, lorsqu’on voudra faire usage de la méthode du no 23 pour déduire la parallaxe du Soleil de trois observations, il faudra ; pour plus d’exactitude, appliquer d’abord ces corrections aux observations mêmes ; mais je crois que cette précaution sera le plus souvent superflue.
§ IV. — Du passage de Vénus qui s’observera le 3 juin 1769 au soir.
37. Comme les circonstances de ce passage ont déjà été déterminées par différents Astronomes, et surtout par MM. Pingré et de Lalande, d’après les Tables de M. Halley, corrigées sur les observations du passage de 1761, et que leurs résultats s’accordent d’ailleurs à très-peu près, j’ai cru pouvoir me dispenser de les calculer de nouveau, et je me suis contenté d’emprunter de M. de Lalande les éléments suivants :
Temps vrai de la conjonction au méridien de Paris.
Longitude du Soleil
Latitude géocentrique de Vénus
Inclinaison de l’orbite relative de Vénus sur l’écliptique
Mouvement horaire de Vénus sur l’orbite relative
Mouvement horaire du Soleil
La distance du Soleil à la Terre (en supposant la moyenn )