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Mémoires secrets de Bachaumont/1769/Février

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Texte établi par M. J. Ravenel, Brissot-Thivars éditeurs & A. Sautelet et Compagnie (Tome II (1766-1769)p. 398-410).
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Février 1769

Ier Février. Il se répand une Lettre de M. de ***, conseiller au Parlement de Rouen, à M. de M***, premier président, en date du 26 octobre 1768. Elle roule sur la Lettre de la chambre des Vacations du Parlement de Normandie au roi, pour le supplier de pourvoir incessamment à l’approvisionnement de la ville. Elle la représente comme un assemblage de préjugés, d’assertions, de protestations et d’erreurs, fruit de l’imagination échauffée de quelques particuliers, et capable de déshonorer le corps entier, s’il ne le désavouait pas. L’auteur, qui est sans doute un économiste enthousiaste, relève, çà et là, quelques phrases de cette lettre, qu’il combat par des raisonnemens vagues, aussi aisés à réfuter que ceux qu’il veut détruire, et qui ne portent pas sur des faits plus certains. En un mot, on ne peut se persuader qu’une compagnie avance des choses aussi fausses et aussi absurdes qu’il le prétend ; et le lecteur, sans doute, n’en croira pas plus un déclamateur obscur et amer que peut faire parler son intérêt particulier, et plus aisé à corrompre, à séduire, plus susceptible de se tromper qu’une chambre entière des Vacations. Cet ouvrage très-répréhensible, qui mérite toute l’animadversion du ministère public, sera, sans doute, réprouvé par le chef respectable auquel il paraît adressé, et ne trouvera aucun membre de la compagnie qui ose l’avouer. Il attaque d’ailleurs indirectement la conduite du Parlement de Paris, et semble vouloir exciter une division entre les différentes classes, dont il oppose malignement les démarches contradictoires entre elles.

2. — M. de Sartines a établi, depuis quelques années, des écoles gratuites de dessin. Ce magistrat procure par ce moyen aux pères et mères indigens une ressource pour leurs enfans, et à ceux-ci les moyens d’acquérir les talens utiles dès l’âge le plus tendre. Ces vues pleines d’humanité entrent aussi dans la plus saine politique, en occupant une jeunesse oisive dont l’activité pourrait tourner au détriment de l’État, ou au moins à la corruption des mœurs, et d’ailleurs en faisant sortir le génie que des circonstances malheureuses étoufferaient. Plusieurs amateurs ont concouru à cet acte de bienfaisance ; il s’est trouvé des fonds destinés à exciter l’émulation de ces jeunes rivaux, par des prix distribués de temps en temps. Mais ces fonds, insuffisans pour cet établissement, ont fait imaginer de donner aux Tuileries deux concerts français, dont le produit servira de supplément. On ne doute pas que tous les princes, les grands seigneurs, les gens fastueux ne se distinguent en cette occasion, et l’on espère que ceux qui n’y contribueront pas par esprit patriotique le feront par amour-propre, et que leur vanité deviendra tributaire du bien public.

4. — Le Parlement, les chambres assemblées, a rendu hier matin un arrêt qui supprime un ouvrage qui a pour titre : Mélanges historiques et critiques, contenant diverses pièces relatives à l’Histoire de France, dans lequel l’auteur s’est permis des réflexions judicieuses et vraies sur les cours souveraines, et particulièrement sur la chambre des Comptes, mais que la magistrature n’aime pas à voir mettre au jour ; d’ailleurs le Parlement a été bien aise d’envelopper à cette occasion la chambre des Comptes dans son animadversion. On a parlé[1] d’un fameux réquisitoire de l’avocat-général de cette cour contre ce livre, et d’un arrêt de suppression qu’elle a rendu. En conséquence de la fermentation que cet acte de grande police, exercé par des juges étrangers, occasionait dans le Parlement, il a été long-temps à se déterminer : il a cru devoir enfin venger son autorité compromise. Dans son arrêt il déclare la chambre des Comptes absolument incompétente en matière de police, et celui de cette cour comme non avenu ; il fait défense de reconnaître sa jurisdiction hors sa ligne de compte. L’arrêt sera imprimé et envoyé aux bailliages.

4. — Les Singularités de la Nature, par un Académicien de Londres, de Bologne, de Pétersbourg, de Berlin. Tel est le titre d’une nouvelle production de M. de Voltaire, dans laquelle de poète devenu philosophe, physicien, métaphysicien, il combat nombre d’erreurs auxquelles il en substitue d’autres, suivant le propre de la faible humanité, quand elle veut traiter des matières au-dessus de sa portée : on sait d’ailleurs que ce genre n’est pas celui où cet auteur universel soit le plus fort, et malheureusement il comporte peu de plaisanterie. Aussi cette brochure est-elle très-médiocre, très-mince de raisonnemens, et ne compensant le défaut de logique et de véritable érudition que par une gaieté forcée et de mauvaises saillies.

5. — L’Académie royale de Musique a régalé aujourd’hui le public, pour son carnaval, du Mariage de Ragonde, comédie en trois actes, exécutée pour la première fois sur ce théâtre en 1742. Les paroles sont de Destouches, et la musique de Mouret. On conçoit, à la date de cette dernière, qu’elle n’est ni forte ni savante ; ce sont des airs faciles, à la portée de toutes les oreilles et de toutes les voix. Comme le drame est une gaieté folle, à la portée de tous les spectateurs, les grands harmoniphiles, la tête pleine des sublimes accords d’Ernelinde, n’ont point voulu se prêter à la simplicité de cet opéra, qu’ils appellent plat et trivial. Heureux pourtant ceux qui, le cœur encore serré de la triste Ernelinde, se sont laissé dilater par les bouffonneries de Ragonde. Il est vrai que l’exécution n’a pas répondu au burlesque du reste. Les ballets ont infiniment mieux accompagné cette farce lyrique. Ce genre, comme on sait, est le triomphe de Dauberval et des demoiselles Allard et Peslin, ses fidèles acolytes. La demoiselle Guimard a voulu se prêter à la folie du jour, mais sa danse toujours recherchée et sa figure minaudière sont trop opposées à la franchise de pareilles gambades, où il faut des contorsions, des dislocations, que ne comportent point la fragilité et les grâces apprêtées de cette Terpsichore.

9. — On a parlé plus d’une fois de l’ardeur du public pour courir aux tréteaux de Nicolet, des extases qu’occasionait son singe, et combien les femmes de la plus grande distinction raffolaient de ses indécentes parades. Les Comédiens Italiens se sont trouvés honteux d’une pareille préférence. Arlequin a souvent frondé ce mauvais goût ; la majesté du cothurne en a encore plus été blessée, et les Comédiens Français s’étant joints aux farceurs ultramontains, après différentes restrictions obtenues de la police contre l’histrion des Boulevards, ils viennent tout récemment de faire absolument interdire la parole au sieur Nicolet, ainsi qu’au sieur Taconet, auteur et acteur de cette troupe ; il est réduit à présent à la pantomime. Il a heureusement de quoi se moquer des deux troupes, et l’on assure qu’il a gagné plus de cent mille écus depuis très-peu d’années.

10. — Les curieux, les oisifs, et les gens de ce pays-ci, qui ne respirent que les fêtes et le plaisir, se plaignent de la lenteur avec laquelle le nouveau Wauxhall de Ruggieri se conduit et s’achève ; ils trouvent déjà bien des jours précieux de perdus. Mais la magnificence, le luxe et le goût avec lesquels ce spectacle doit être décoré, ne permettent pas d’avancer davantage les travaux. C’est le sieur Le Noir qui les conduit ; ce jeune architecte, déjà connu par le bâtiment de l’abbaye de Clairvaux, cherche à se distinguer dans cette occasion, et à étendre sa réputation sur un plus grand et plus brillant théâtre. On estime que cette salle coûtera quarante mille écus.

11. — Les mouvemens de M. le duc d’Aiguillon pour faire informer contre les auteurs des brochures que les presses ne cessent de vomir contre lui, ne paraissent pas avoir intimidé ces écrivains ténébreux. De leurs repaires ils viennent de lancer de nouveau contre lui la Troisième Lettre d’un Gentilhomme breton, pamphlet plus infernal que les autres, où l’on déchire ce commandant avec plus de fureur, s’il est possible, et où l’on révèle des intrigues de cour que la décence et le respect devraient laisser dans le silence. Cet ouvrage est encore excessivement rare.

12. — La querelle du sieur de Belloy avec les Comédiens Français s’est manifestée depuis peu avec le plus grand éclat. Cet auteur ayant lieu de présumer que ces acteurs ne voulaient pas reprendre son Siège de Calais, comme il le désirait, et qu’il s’était formé dans le tripot une cabale contre cette reprise, dont les détails seraient trop longs et tiennent à des jalousies obscures, très-peu importantes au public, a apostrophé les Comédiens en plein foyer, un jour de grande chambrée, et, devant tous les spectateurs, leur a déclaré, du ton le plus véhément et le plus emphatique, qu’il retirait son Gaston et Bayard, sa Gabrielle de Vergy, et même son Siège de Calais ; qu’il en prenait à témoin l’illustre assemblée, et que si les Comédiens, abusant de leur possession, osaient contre son gré remettre actuellement sur la scène ce même Siège de Calais, il protestait d’avance contre cette audace, et saurait bien en demander justice. Après ce discours, le sieur de Belloy est sorti et a laissé l’aréopage comique étourdi de ses menaces et de son flux oratoire. Le lendemain, la troupe des Comédiens assemblée a écrit, à l’instigation de l’un d’eux, une lettre honnête au poète courroucé, pour lui faire des excuses et justifier leur refus : il a riposté par une autre lettre de quatre pages, où il les traite avec beaucoup de dureté et de mépris. Ils ont été d’autant plus indignés de cette hauteur, qu’ils regardent le sieur de Belloy comme leur camarade, puisqu’il a été lui-même comédien en Russie. Ils ont pris le parti d’écrire à M. le duc de Richelieu, pour le prévenir de cette contestation ; ils lui ont envoyé un Mémoire détaillé. De son côté, le sieur de Belloy a porté ses plaintes à M. le maréchal, et l’on attend incessamment la décision de ce grand procès.

13. — Les économistes redoublent leurs efforts auprès du Gouvernement, qui les favorise en secret, mais n’ose lutter de front contre les parlemens et la nation entière. Ces messieurs ont été surtout humiliés de l’arrêt contre la Lettre de M. de ***, conseiller au Parlement, à M. de M***, premier président, dont on a parlé[2] : ils ne peuvent digérer que cet ouvrage, si patriotique suivant eux, ait été condamné comme séditieux, calomnieux, et tendant à soustraire les peuples à l’obéissance qu’ils doivent à l’autorité du roi. Du reste, ils prétendent que, malgré le nouvel arrêt du Parlement, celui du Conseil enregistré dans les juridictions inférieures n’a pas moins son effet ; qu’on n’osera pas exécuter le premier, et que toutes ces dispositions du premier tribunal ne sont qu’un vain appareil pour en imposer au peuple. Quant à eux, ils ne se lassent point de prêcher, fût-ce même dans le désert ; et ils viennent de répandre tout récemment une brochure où ils ressassent tout ce qu’ils ont déjà dit cent fois, sous prétexte que la vérité a besoin d’être souvent présentée pour se faire jour et pénétrer à travers la nuit de l’erreur et des préjugés.

14. — Un nommé Mouton, ci-devant élève de l’Académie d’Architecture à Rome, fit paraître l’année dernière[3] un Mémoire à consulter sur une contrainte à communier, dans lequel il attaquait fortement M. Natoire, directeur de ladite Académie. Ce dernier vient de publier un Mémoire dans lequel il réfute une partie des faits qui lui étaient imputés par son adversaire.

15. — Les débuts de madame Vestris aux Français avaient été interrompus, et l’on attendait avec impatience qu’elle parût dans Zaïre, où l’on prétend qu’elle excelle. Ce retard tenait à M. le duc de Choiseul, ce protecteur éclairé des arts et des talens, qui voulait absolument assister à ce spectacle, mais qui sait toujours subordonner ses plaisirs à ses devoirs et au bien de l’État. Ayant enfin trouvé le moment de se délasser de ses importantes occupations, le jour a été pris pour aujourd’hui, et il a fait présent à l’actrice de la robe avec laquelle elle doit jouer ce rôle brillant.

16. — M. Audinot, ancien acteur de l’Opéra-Comique, qui a joué quelque temps aux Italiens depuis la réunion de ces deux théâtres, mais obligé de se retirer par suite de mécontentemens, n’a pu pardonner cet affront à ses anciens camarades. Il a erré depuis ce temps à la tête de diverses troupes, et roulant beaucoup de projets. Il s’est établi cette année à la Foire Saint-Germain ; il y tient un spectacle de marionnettes, et donne une pièce pantomime, intitulée les Comédiens de bois, qui attire tout Paris. Il a trouvé le moyen de se venger des sublimes acteurs qui ont paru le dédaigner avec tant de hauteur : il les traduit aujourd’hui sur la scène, et les couvre du plus grand ridicule, par l’art avec lequel ces personnages factices contrefont au naturel tous ces histrions de l’un et l’autre sexe. Ceux-ci trouvent leur dignité très-compromise, et jettent les hauts cris. Il ne paraît pas que l’autorité ait encore eu égard à leurs plaintes, et leur parodiste gagne cependant beaucoup d’argent.

17. — Le concert au profit des élèves des écoles gratuites de dessin[4] a eu lieu avant-hier dans la galerie de la reine avec la plus grande affluence. Presque tous les princes du sang y ont assisté. L’affiche n’avait caractérisé aucun des morceaux qui devaient s’y exécuter. Elle faisait à M. Gaviniés, le premier violon de ce pays-ci, l’honneur de déclarer que c’était à son invitation que ses confrères s’étaient réunis pour cet acte de générosité. On ne peut que leur savoir gré de ces efforts, mais on n’a pas trouvé qu’ils eussent répondu à la circonstance et à la dignité de l’assemblée. Ce concert, plus instrumental que vocal, n’a rien produit de neuf ; il a été fort tumultueux, parce qu’on n’avait pas proportionné les billets au local, et que quantité d’hommes et de femmes ont été obligés de rester debout. On avait répandu le bruit que Jéliotte y chanterait, mais son amour-propre l’a emporté sur son humanité, et il a eu peur de compromettre sa réputation. On avait prétendu aussi qu’un caprice pourrait bien porter mademoiselle Lemaure à reparaître[5]. Tout cela n’a pas eu lieu, et le concert a été ce qu’on appelle très-commun. Le spectacle le plus beau, le plus touchant, était la décoration des murs de la salle, tous tapissés de divers dessins des jeunes élèves, entre autres de différens portraits de M. de Sartine, leur illustre protecteur. On remarquait avec un plaisir indicible l’envie que ces concurrens avaient eue d’exprimer la bienfaisance de sa physionomie, et plusieurs avaient très-bien réussi.

17. — Madame Vestris a reparu dans Zaïre avant-hier et n’a pas répondu aux merveilles qu’on en annonçait. On se rappelle trop avec quel naturel enchanteur mademoiselle Gaussin jouait ce rôle, et les accens attendrissans de sa voix retentissent trop récemment encore dans le cœur des spectateurs, pour goûter le grasseyement de celle-ci. En outre, le sieur Le Kain fait le personnage d’Orosmane avec tant de grandeur et d’énergie, qu’il écrase absolument son actrice. Le public, au reste, la suit avec la même fureur, et la salle ne désemplit point toutes les fois qu’elle est annoncée. Ses débuts dans le comique vont commencer incessamment ; elle jouera d’abord le rôle de la meunière dans les Trois cousines[6].

19. — Ce n’est que samedi que M. le duc de Choiseul a honoré de sa présence l’actrice nouvelle jouant le rôle de Zaïre ; des occupations imprévues ne lui avaient pas permis d’assister le mercredi au spectacle. Il a envoyé le lendemain au sieur Le Kain, par Corbie, un présent de cinquante louis, avec une lettre où ce ministre marque à l’acteur qu’il avait d’abord projeté de lui faire le cadeau d’un habit, mais qu’il a cru que de l’argent lui causerait plus de satisfaction ; qu’au surplus l’Orosmane ne recevrait jamais tant de plaisir qu’il en avait causé par la noblesse et l’énergie de son jeu.

22. — Il se répand un Mandement de M. l’archevêque de Lyon[7], en date du 1er janvier, contenant des instructions sur le carême et des dispenses pour celui de cette année, qui n’a dû être publié que le dimanche de la Quinquagésime, et parvenu depuis dans ce pays. Il y fait un bruit du diable, par le ridicule que les indévots R. aiment à jeter sur tout ce qui leur paraît outré en morale et en discipline, dans l’espoir qu’il en rejaillira quelque chose même sur les usages les plus reconnus et les plus respectés. Ils trouvent puéril que ce prélat descende dans tous les détails les plus minutieux de cette institution de l’Église ; ils plaisantent surtout sur la phrase où il invite, avec saint Augustin, « les époux chrétiens à se séparer pour un temps, afin de vaquer plus utilement à la prière. » Peut-être quelques anecdotes galantes, répandues sur le compte de ce pasteur austère, ont-elles donné lieu à relever avec plus d’affectation le rigorisme qu’il annonce. D’ailleurs les mortifications qu’il a données plusieurs fois[8] à M. l’archevêque de Paris, en vertu de sa suprématie prétendue, ont indisposé contre lui les amis de ce dernier, qui n’ont pas peu contribué à tympaniser ce Mandement capucinal.

23. — Il court des couplets très-délicats et très-ingénieux, où la Satire a pris le ton des Grâces, et paraît embellie de leur parure ; ils sont recherchés, et feront anecdote par le point historique qu’ils constatent.


Air : Vous qui vous moquez par vos ris.

Lisette ! ta beauté séduit
Et charme tout le monde.
En vain la duchesse en rougit
Et la princesse en gronde ;
Chacun sait que Vénus naquit
De l’écume de l’onde.

En vit-elle moins les dieux
Lui rendre un juste hommage,

Et Pâris, ce berger fameux,
Lui donner l’avantage
Même sur la reine des cieux,
Et Minerve la sage ?

Dans le sérail du grand seigneur
Quelle est la favorite ?
C’est la plus belle au gré du cœur
Du maître qui l’habite ;
C’est le seul titre en sa faveur,
Et c’est le vrai mérite[9].

25. — M. Dupin, ancien fermier-général, vient de mourir dans un âge fort avancé. Il laisse une veuve renommée autrefois pour sa beauté, et dont la maison est encore l’asile de plusieurs académiciens. Cette virtuose a vu sa cour composée des plus illustres personnages de la littérature. M. de Fontenelle y allait souvent. Le fameux Rousseau a été précepteur du fils[10] de ce M. Dupin, un des plus mauvais sujets qu’on puisse trouver, et qui a fait la douleur et la honte de toute sa famille. M. Le Mière est encore attaché à la bru de cette dame[11]. On ne finirait pas de détailler tous les hommes rares dont elle a fait les délices et l’admiration.

28. — On attendait depuis long-temps le poëme des Saisons, annoncé avec les plus hautes espérances : en effet le nom de l’auteur, M. de Saint-Lambert, ne pouvait qu’exciter une grande curiosité. Cet ouvrage paraît, et, comme il arrive souvent, il ne répond pas à la longue attente des amateurs : il est en quatre chants, suivant la division naturelle, et en grands vers. Les gens de goût préfèrent quelques pièces du même auteur, connues depuis long-temps, courtes, vives et légères, à ce fatras de poésie prodigué dans ce volume.

  1. V. 18 décembre 1768. — R.
  2. V. 1er février 1769. — R.
  3. V. 14 mai 1768. — R.
  4. V. 2 février 1769. — R.
  5. Elle avait quitté le théâtre de l’Opéra en 1750 ; Jéliotte s’était retiré en 1755. — R.
  6. Comédie en trois actes et en prose, de Dancourt. — R.
  7. Antoine de Malvin de Montazet.
  8. En 1758, en cassant, comme administrateur du siège de Lyon, une ordonnance de l’archevêque de Paris ; et en 1760, en adressant à ce prélat une Lettre à l’occasion de la même ordonnance. — R.
  9. Ces couplets sur madame Du Barry sont attribués au duc de Nivernois. — R.
  10. Rousseau n’a point été son précepteur, mais il fut chargé de le surveiller pendant huit ou dix jours parce qu’il changeait de gouverneur. Voyez les Confessions de Rousseau, livre VII. — R.
  11. Madame de Chenonceaux. — R.