Mémoires sur les contrées occidentales/Livre 1

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MÉMOIRES
DE
HIOUEN-THSANG.

LIVRE PREMIER.


ROYAUME DE ’O-KI-Nl.

(AKNI OU AGNI.)

Le royaume de ’O-ki-ni[1] a environ six cents li de l'est à l'ouest et quatre cents li du sud au nord. La capitale a de six à sept li de tour. De quatre (c'est-à-dire de tous) côtés, il s'appuie sur des montagnes ; les routes sont dangereuses et faciles à défendre. Une multitude de courants, qui viennent se joindre ensemble, l’entourent comme une ceinture. On amène leurs eaux pour arroser les champs. La nature du sol est favorable au millet rouge, au blé tardif, au jujubes odorantes, aux raisins, aux poires et aux prunes. Le climat est doux et tempéré ; les mœurs sont droites et honnêtes. L’écriture est empruntée à l’Inde et n’a éprouvé que peu de modifications[2]. Les vêtements sont faits de coton ou de laine ; les habitants coupent leurs cheveux ras et ne portent pas de bonnet. Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or et d’argent et de petites pièces de cuivre. Le roi est originaire de ce royaume. Il a du courage, mais peu de talents militaires ; il aime à se vanter. Ce royaume ne possède point de code ; l’ordre et la paix se maintiennent sans le secours des lois. Il y a une dizaine de couvents où l’on compte environ deux mille religieux de l’école Choue-i-tsie-yeou-pou (ou des Sarvâstivâdas), qui se rattache au petit Véhicule. La doctrine des livres sacrés et les règles de la discipline étant précisément celles des Indiens, c’est dans leurs livres mêmes que les étudiants les apprennent. Les religieux s’acquittent de leurs devoirs et observent les règles de la discipline avec une pureté sévère et un zèle persévérant. Ils se nourrissent de trois sortes[3] d’aliments purs, et s’attachent surtout à la doctrine graduelle[4].

En partant de ce pays, il fit environ deux cents li au sud-ouest, franchit une petite montagne, et passa deux grands fleuves. À l’ouest, il rencontra une vallée unie. Après avoir fait environ sept cents li. il arriva au royaume de K’iu-tchi[5].

ROYAUME DE K’IU-TCHI.

Le royaume de K’iu-tchi (Koutche) a environ mille li de l’est à l’ouest, et environ six cents li du midi au nord. La circonférence de la capitale est de dix-sept à dix-huit li. Le sol est favorable au millet rouge et au froment. Il produit, en outre, du riz de l’espèce appelée Keng-t’ao[6], des raisins, des grenades, et une grande quantité de poires, de prunes, de pêches et d’amandes. On y trouve des mines d’or, de cuivre, de fer, de plomb[7] et d'étain. Le climat est doux ; les mœurs sont pures et honnêtes ; l’écriture a été empruntée à l’Inde, mais avec quelques modifications. Les musiciens de ce pays effacent ceux des autres royaumes par leur talent sur la flûte et la guitare. Les habitants s’habillent d’étoffes de soie brochée ou de laine grossière. Ils coupent leurs cheveux ras et portent des bonnets. Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or et d’argent et de petites pièces de cuivre. Le roi actuel est de la race de K’iu-tchi[8]. Il a peu de prudence et de capacité, et se laisse dominer par des ministres puissants. Ordinairement, lorsqu’un enfant vient au monde, on lui aplatit la tête en la pressant avec une planchette[9].

Il y a une centaine de couvents où l’on compte environ cinq mille religieux de l’école Choue-i-tsie-yeou-pou (ou des Sarvâstivâdas), qui se rattache au petit Véhicule. Ils ont emprunté à l’Inde les instructions sacrées et les règles de la discipline, et les lisent dans les textes originaux. Ils estiment surtout la doctrine graduelle et se nourrissent des trois aliments purs[10]. Ils tiennent une conduite chaste et sévère, et se livrent, à l’envi, à la pratique des œuvres méritoires.

Au nord d’une ville qui est située sur les frontières orientales du royaume, il y avait jadis, devant un temple des dieux, un grand lac de dragons (Nâgahrada). Les dragons se métamorphosèrent et s’accouplèrent avec des juments. Elles mirent bas des poulains qui tenaient de la nature du dragon. Ils étaient méchants, emportés et difficiles à dompter ; mais les rejetons de ces poulains-dragons devinrent doux et dociles. C’est pourquoi ce royaume produit un grand nombre d’excellents chevaux. Si l’on consulte les anciennes descriptions de ce pays, on y lit ce qui suit : « Dans ces derniers temps, il y avait un roi surnommé Fleur d’or, qui montrait, dans ses lois, une rare pénétration. Il sut toucher les dragons et les atteler à son char. Quand il voulait se rendre invisible, il frappait leurs oreilles avec son fouet et disparaissait subitement. Depuis cette époque, jusqu’à ce jour, la ville ne possède point de puits, de sorte que les habitants vont prendre dans le lac l’eau dont ils ont besoin. Les dragons s’étant métamorphosés en hommes, s’unirent avec des femmes du pays, et ils en eurent des enfants forts et courageux, qui pouvaient atteindre, à la course, les chevaux les plus agiles. Ces relations s’étant étendues peu à peu, tous les hommes appartinrent bientôt à la race des dragons ; mais, fiers de leur force, ils se livraient à la violence et méprisaient les ordres du roi. Alors le roi, ayant appelé à son aide les Tou-kioue (Turcs), massacra tous les habitants de cette ville, depuis les enfants jusqu’aux vieillards, et n’y laissa pas un homme vivant. Maintenant, la ville est complètement déserte, et l’on n’y aperçoit nulle habitation. » À environ quarante li au nord de cette ville, sur les flancs de deux montagnes voisines que sépare une rivière, il y a deux couvents qu’on appelle également Tchao-hou-li et qu’on distingue par leur position à l’est et à l’ouest. (Dans chacun de ces couvents), on voit une statue du Bouddha, richement ornée, et dont l’exécution surpasse l’art des hommes. Les religieux ont des mœurs pures et sévères, et montrent un zèle infatigable. Dans la salle du Bouddha du couvent oriental de Tchao-hou-li, il y a une pierre de jade qui est large d’environ deux pieds et dont la couleur est d’un blanc jaunâtre ; elle a la forme d’une grande coquille marine. Sur sa face supérieure, on voit la trace du pied du Bouddha ; elle est longue de dix-huit pouces[11] et large d’environ huit pouces. Chaque jour de jeûne[12], elle répand une lumière éclatante.

En dehors de la porte occidentale de la capitale, on voit s’élever, à droite et à gauche de la route, deux statues du Bouddha, hautes chacune d’environ quatre-vingt-dix pieds. Devant ces statues, on a établi une place pour les grandes assemblées qui se tiennent une fois tous les cinq ans[13]. Chaque année, au milieu de l'automne, pendant plusieurs dizaines de jours, les religieux de tous les royaumes viennent en cet endroit et s’y rassemblent. Depuis le roi jusqu’aux hommes du peuple, tout le monde quitte ses affaires, et observe fidèlement le jeûne et l'abstinence. Ils reçoivent les instructions sacrées, et entendent l'explication de la loi. Ils passent ainsi des jours entiers sans songer à la fatigue.

Dans tous les couvents, on pare richement la statue du Bouddha, on l'orne de pierres précieuses, on la couvre de vêtements de brocard, et on la promène sur un char. Cela s’appelle faire marcher la statue. Les religieux, réunis par milliers, se rendent en foule au lieu de l’assemblée. Ordinairement, le quinzième et le dernier jour de la lune, le roi et ses ministres délibèrent sur les affaires de l’état; ils consultent des religieux éminents et publient ensuite leurs décisions.

Au nord-ouest du lieu de l’assemblée, on passe un fleuve et l'on arrive au couvent ’O-che-li-ni[14] (Açalini ? sañghârâma), dont les salles sont hautes et spacieuses. La statue du Bouddha est travaillée avec art et richement parée ; les religieux ont un maintien grave et respectueux, et s'acquittent de leurs devoirs avec un zèle infatigable. Tous sont des vieillards d’une vertu consommée, qui possèdent de vastes connaissances et des talents supérieurs. Les hommes les plus distingués des pays lointains, qu’attire leur mérite, se rendent à ce couvent et y fixent leur séjour. Le roi et ses ministres, les magistrats et les hommes puissants, les honorent en leur faisant les quatre offrandes. Le respect qu’on leur témoigne s’augmente de jour en jour.

Si l’on consulte les anciennes descriptions de ce pays, on y lit ce qui suit : « Jadis, le premier roi de ce royaume révérait les trois Précieux. Il voulut, un jour, voyager dans le monde pour voir et adorer les monuments sacrés. Il ordonna alors à son frère cadet du côté maternel de rester pour diriger à sa place les affaires du royaume.

« Dès que le frère cadet du roi eut reçu cet ordre, il se coupa lui-même les testicules pour prévenir tout soupçon, et les renferma dans une boîte d’or, soigneusement scellée, qu’il alla porter au roi.

« Le roi lui dit : « Que signifie ceci ? »

« Il répondit : « Ce n’est qu’au retour de Votre Majesté que cette boîte devra être ouverte. » Le roi la remit à son intendant qui en confia la garde aux soldats de la suite. Quand le roi fut revenu de son voyage, il y eut des artisans de malheur qui lui dirent : « Celui que Votre Majesté avait chargé de veiller sur les affaires du royaume a porté le désordre et la débauche dans le palais central[15]. » Le roi fui transporté de colère, et voulut lui faire subir un cruel supplice.

« Le frère cadet : « Je n'oserais fuir le châtiment ; mais je prie le roi d'ouvrir la boîte d'or. » Le roi l'ouvrit aussitôt et reconnut qu'elle contenait deux testicules que le fer avait retranchés. Le roi s'écria : « Quels sont ces objets extraordinaires ? Que voulez-vous me réveler par là ? » Il répondit : « Autrefois, lorsque le roi voulut voyager par le monde, il m’ordonna de rester pour gouverner à sa place le royaume. Craignant d’être en butte à la calomnie, je me suis coupé ces organes virils, pour me justifier d’avance. Maintenant, vous avez la preuve de mon innocence. Je désire que le roi daigne abaisser sur moi ses yeux éclairés. » Le roi fut pénétré pour lui de respect et d'admiration, et lui voua une affection qui ne fit que s’accroître de jour en jour. Il lui permit de fréquenter librement le palais intérieur[16]. « Dans la suite, le frère cadet du roi rencontra sur sa route un homme qui conduisait cinq cents taureaux et qui voulait leur faire subir la castration. Le prince réfléchit en lui-même ; il compara son état au sort qui les menaçait, et s’intéressa vivement à eux. « Maintenant, dit-il, mon corps se trouve mutilé ; n’est-ce point à cause des péchés de ma vie antérieure ? » Aussitôt, il employa ses richesses et ses bijoux pour racheter cette troupe de taureaux. Par la vertu de sa tendre pitié, peu à peu ses organes virils revinrent complétement, et, pour ce motif, il cessa de fréquenter le palais intérieur[17].

« Le roi fut rempli d’admiration et lui demanda la cause d’un tel changement. Après avoir appris tous les détails de son aventure, le roi regarda ce fait comme un prodige[18]. Il bâtit aussitôt un couvent pour honorer sa belle conduite et transmettre sa réputation aux siècles futurs. »

Après avoir quitté ce pays, il fit environ six cents li à l’ouest, traversa un petit désert sablonneux et arriva au royaume de Pa-lou-kia.

ROYAUME DE PA-LOU-KIA.

Le royaume de Pa-lou-kia (Bâloukâ ?) a six cents li de l’est à l’ouest, et trois cents li du midi au nord. La capitale a cinq ou six li de tour. Pour ce qui regarde les produits du sol, le climat, le caractère des hommes, les coutumes et le système d’écriture, ce pays ressemble au royaume de K’iu-tchi (aujourd’hui Koutche), mais il en diffère un peu par le langage. Il produit du coton et de la laine d’une finesse remarquable, qu’estiment beaucoup les royaumes voisins.

Il y a quelques dizaines de couvents, où l’on compte environ mille religieux de l’école Choue-i-tsie-yeou (ou des Sarvâstivâdas), qui se rattache au petit Véhicule.

Après avoir fait environ trois cents li au nord-ouest de ce royaume, il traversa un désert pierreux, et arriva à une montagne de glace[19], qui est située au nord des monts Tsong-ling[20]. Les eaux des plateaux coulent en général vers l’est. Les montagnes et les vallées sont couvertes de monceaux de neige ; on y voit de la glace au printemps et en été. Quoiqu’elle fonde de temps à autre, elle ne tarde pas à se reformer de nouveau. Les chemins que l’on traverse sont difficiles et dangereux ; un vent froid souffle avec violence, et l’on est souvent en butte à la férocité des dragons (sic) qui attaquent les voyageurs. Ceux qui suivent cette route ne doivent pas porter des vêtements rouges ou des calebasses, ni appeler à grands cris. Pour peu qu’on oublie cette précaution, on voit éclater les plus grands malheurs. Un vent violent s’élève tout à coup, fait voler des tourbillons de sable, et répand une pluie de pierres qui engloutissent les voyageurs. Il est bien difficile d’échapper à la mort. Après avoir fait environ quatre cents li à travers les montagnes, il arriva à un grand lac appelé Thsing-tchi[21]. Il a environ mille li de tour. Il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. De tous côtés, il est entouré de montagnes ; une multitude de rivières viennent s’y jeter et s’y confondre. La couleur de l’eau est d’un noir verdâtre, et sa saveur est à la fois salée et amère. Tantôt ses vastes flots s’étendent en nappes immenses, tantôt ils s’enflent et roulent avec impétuosité. Les dragons et les poissons y habitent ensemble, et, de temps en temps, on en voit surgir des monstres extraordinaires. C’est pourquoi les voyageurs qui vont et viennent, adressent des prières (au Ciel) pour obtenir le bonheur. Quoique les hôtes du lac soient fort nombreux, personne n’ose les pêcher.

Après avoir fait environ cinq cents li au nord-ouest du lac Thsing-tchi, il arriva à la ville de la rivière Sou-ye[22]. Cette ville a de six à sept li de tour ; c’est le rendez-vous des marchands des divers royaumes.

Le sol est favorable au millet rouge, au froment et aux raisins ; les arbres des forêts y sont clair-semés. Comme le climat est froid et qu’il y règne un vent glacial, les habitants portent des vêtements de laine feutrée.

À l’ouest de Sou-ye, on voit quelques dizaines de villes isolées. Dans chaque ville, on a établi des chefs, qui sont indépendants les uns des autres ; mais ils sont tous soumis aux Tou-kioue (Turcs). Depuis la ville de la rivière Sou-ye, jusqu’au royaume de Kie-choang-na (Kaçanna), le pays s’appelle Sou-li, et les habitants portent le même nom. Cette dénomination s’applique aussi à l’écriture et au langage. Les formes radicales des signes graphiques sont peu nombreuses ; elles se réduisent à trente-deux lettres, qui, en se combinant ensemble, ont, peu à peu, donné naissance à un grand nombre de mots. Les habitants possèdent à peine quelques mémoires historiques. Ils en lisent les textes de haut en bas, et se transmettent mutuellement l’intelligence des livres ; de cette manière, l’enseignement littéraire se continue sans interruption. Ils portent des habits de coton, de laine et de peau, qui sont étroits et serrés. Ils réunissent leurs cheveux et laissent découvert le sommet de leur tête ; quelquefois même ils les rasent complètement. Ils enveloppent leur front avec une pièce de soie. Ils ont une haute stature, mais leur caractère est mou et pusillanime. La fourberie et le mensonge dominent dans leurs mœurs, et la plupart d’entre eux se livrent au dol et à la fraude. En général, ils sont d’une cupidité extrême. Le père et le fils ne rêvent que le lucre ; les plus opulents sont les plus honorés ; mais rien ne distingue le riche du pauvre. Lors même qu’un homme possède une fortune immense, il porte de vieux habits et se nourrit d’aliments grossiers. La moitié de la population cultive les champs, et l’autre se livre au négoce.

Après avoir fait environ quatre cents li à l’ouest de la rivière Sou-ye, il arriva aux Mille sources[23]. Le pays des Mille sources a environ deux cents li en carré. Au sud, il est borné par des montagnes neigeuses, et, des trois autres côtés, par des plaines unies. La terre est abondamment arrosée, et les arbres des forêts offrent la plus belle végétation. Dans le dernier mois du printemps, les fleurs les plus variées brillent sur la terre, comme une riche broderie. Il y a mille[24] bassins d’eau vive ; de là est venu le nom de Mille sources. Le Khan des Tou-kioue (Turcs) vient, chaque année, dans ce lieu, pour éviter les chaleurs de l’été. On y voit une multitude de cerfs, ornés de petites clochettes et d’anneaux. Ils sont familiers avec les hommes, et ne fuient point à leur vue. Le Khan les aime et se plaît à les voir. Il a adressé à ses sujets un décret où il est dit que quiconque oserait en tuer un seul, serait puni de mort, sans rémission. C’est pourquoi tous ces cerfs peuvent finir tranquillement leurs jours.

Après avoir fait de cent quarante à cent cinquante li à l’ouest des Mille sources, il arriva à la ville de Ta-lo-sse (Taras), qui a de huit à neuf li de tour. Les marchands des différents pays y habitent pêle-mêle. Pour ce qui regarde les produits du sol et la nature du climat, ce pays ressemble à celui de Sou-ye.

Après avoir fait environ dix li au sud, il rencontra une ville isolée. Elle renfermait environ trois cents fa milles, qui étaient originaires de Chine. Anciennement, elles avaient été violemment enlevées par les Tou-kioue (Turcs). Dans la suite, ces Chinois réunirent un grand nombre de leurs compatriotes, pour veiller avec eux à la défense de cette ville, et finirent par s’y fixer. Ils ont promptement adopté le costume et les goûts des Tou-kioue (Turcs), mais ils ont conservé la langue et les usages de leur patrie.

En partant de ce royaume, il fit environ deux cents li au sud-ouest, et arriva à la ville de Pe-chouï, ou de l’Eau blanche[25]. Cette ville a six ou sept li de tour. Sous le rapport des produits du sol et de la nature du climat, ce pays l’emporte de beaucoup sur celui de Ta-lo-sse (Taras).

Après avoir fait environ deux cents li au sud-ouest, il arriva à la ville de Kong-yu, qui avait cinq ou six li de tour ; les plaines étaient grasses et fertiles ; les vergers et les forêts offraient une magnifique végétation.

De là, il fit de quarante à cinquante li au sud, et arriva au royaume de Nou-tch’i-kien[26].

ROYAUME DE NOU-TCH’I-KIEN.

Ce royaume a environ mille li de tour. La terre est fertile et donne de riches moissons ; les plantes et les arbres offrent la plus belle végétation, les fleurs et les fruits viennent en abondance. On recueille une grande quantité de raisins, qui sont fort estimés. Il y a une centaine de villes, qui obéissent chacune à un chef particulier. Ces chefs sont maîtres de leurs mouvements et de leurs actions, et complètement indépendants les uns des autres. Mais, quoique leurs domaines aient une démarcation distincte, on les comprend tous sous le nom général de Nou-tch’i-kien-koue.

En partant de ce pays, il fit environ deux cents li à l’ouest, et arriva au royaume de Tche-chi (Tchadj).

ROYAUME DE TCHE-CHI.

(TCHADJ.)

Le royaume de Tche-chi (Tchadj) a environ mille li de tour. À l’ouest, il est voisin de la rivière Ye[27]. Il est resserré de l’est à l’ouest, et allongé du sud au nord. Pour ce qui regarde les produits du sol et la nature du climat, il ressemble au royaume de Nou-tch’i-kien. Il y a plusieurs dizaines de villes grandes et petites, qui ont chacune un chef particulier. Comme il n’existe pas de roi qui ait l’administration générale, elles sont soumises aux Tou-kioue (Turcs).

À environ mille li au sud-est de ce pays, on arrive au royaume de Feï-han[28]

ROYAUME DE FEÏ-HAN.

Le royaume de Feï-han a quatre mille li de tour. De tous côtés, il est environné de montagnes. La terre est grasse et fertile ; elle produit d’abondantes moissons, et une grande quantité de fleurs et de fruits. Ce pays est propre à l’éducation des moutons et des chevaux. Le climat est venteux et froid. Les hommes sont d’un naturel ferme et courageux ; leur langage diffère de celui des autres peuples, leur figure est laide et ignoble. Depuis plusieurs dizaines d’années, ce pays n’a plus de chef suprême. Les hommes les plus puissants luttent entre eux à main armée, et restent indépendants les uns des autres. Se sentant protégés par des rivières et des obstacles naturels, ils ont tracé les limites de leur territoire, et occupent chacun une résidence séparée.

En partant de ce pays, dans la direction de l’ouest, il fit environ mille li, et arriva au royaume de Sou-tou-li-se-na (Soutrichna — Osrouchna).

ROYAUME DE SOU-TOU-LI-SE-NA.

SOUTRICHNA

Le royaume de Sou-tou-li-se-na (Soutrichna) a de quatorze à quinze cents li de tour. A l’est, il est voisin du fleuve Ye[29]. Le fleuve Ye sort du plateau septentrional des monts Tsong-ling, et coule au nord-ouest. Tantôt il promène lentement ses eaux limoneuses, tantôt il les roule avec bruit et impétuosité. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs, ce royaume ressemble à celui de Tche-chi (Tchadj). Depuis qu’il a un roi, il s’est mis sous la dépendance des Tou-kioue (Turcs).

En parlant de ce royaume, dans la direction du nord-ouest[30], on entre dans un grand désert sablonneux, où l’on ne voit ni eau, ni herbes. La route s’étend à perte de vue, et il est impossible d’en calculer les limites. Il faut regarder dans le lointain quelque haute montagne, et chercher des ossements abandonnés, pour savoir comment se diriger et reconnaître le chemin qu’on doit suivre.

Après avoir fait environ cinq cents li, il arriva au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

ROYAUME DE SA-MO-KIEN.

(SAMARKAND.)

Le royaume de Sa-mo-kien (Samarkand) a une circonférence de seize à dix-sept cents li. Il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. La capitale a environ vingt li de tour. Il est protégé par des obstacles naturels et possède une nombreuse population. Les marchandises les plus précieuses des pays étrangers se trouvent réunies en quantité dans ce royaume. Le sol est gras et fertile, et donne d’abondantes moissons. Les arbres des forêts offrent une magnifique végétation, et les fleurs et les fruits viennent en abondance. Ce pays fournit beaucoup d’excellents chevaux. Les habitants se distinguent de ceux des autres pays par une grande habileté dans les arts et métiers. Le climat est doux et tempéré, les mœurs respirent l'énergie et la bravoure. Ce royaume occupe le centre des pays barbares. Pour tout ce qui regarde la conduite morale et les règles de la bienséance, les peuples voisins et éloignés se modèlent sur lui. Le roi est plein de courage, et les royaumes voisins obéissent à ses ordres. Il a une forte armée et une nombreuse cavalerie. La plupart de ses soldats sont de la race des Tche-kie (Tchakas ?). Les Tche-kie (Tchakas?) sont d’un naturel brave et impétueux, et affrontent la mort avec joie. Quand ils combattent, nul ennemi ne saurait tenir devant eux.

En partant de ce pays, au sud-est, on arrive au royaume de Mi-mo-kia (Mimakha)[31].

ROYAUME DE MI-MO-KIA.

(MIMAKHA.)
Le royaume de Mi-mo-kia (Mimakha) a de quatre à cinq cents li de tour. Il est situé au milieu d’une vallée ; il est resserré de l’est à l’ouest, et allongé du sud au nord. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand). En partant de ce pays, dans la direction du nord[32], on arrive au royaume de K’io-pou-ta-na (Kapôtana ?)[33].

ROYAUME DE K’IO-POU-TA-NA.

(KAPÔTANA ?)

Le royaume de K’io-pou-ta-na (Kapôtana ?) a de quatorze à quinze cents li de tour ; il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. Sous le rapport des propriétés du sol et des mœurs, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

En partant de ce royaume, il fit environ trois cents li à l’ouest, et arriva au royaume de K’iu-choang-ni-kia (Kouçannika ?)[34].

ROYAUME DE K’IU-CHOANG-NI-KIA.

(KOUÇANNIKA ?)

Le royaume de K’iu-choang-ni-kia (Kouçannika ?) a de quatorze à quinze cents li de tour ; il est resserré de l’est à l’ouest et allongé du sud au nord. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

Quand on a quitté ce royaume, à une distance d’environ deux cents li à l’ouest, on arrive au royaume de Ho-han[35].

ROYAUME DE HO-HAN.

Le royaume de Ho-han (Gahan ?) a environ mille li de tour. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien.

Quand on a quitté ce royaume, à une distance d’environ quatre cents li à l’ouest, on arrive au royaume de Pou-ho[36].

ROYAUME DE POU-HO.

Le royaume de Pou-ho[37] (Pouga ?) a de seize à dix-sept cents li de tour. Il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs des habitants, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

Quand on a quitté ce royaume, à une distance d’environ quatre cents li à l’ouest, on arrive au royaume de Fa-ti (Vadi ou Vati)[38].

ROYAUME DE FA-TI.

Le royaume de Fa-ti (Vadi ou Vati) a environ quatre cents li de tour. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs des habitants, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

Quand on a quitté ce royaume, à une distance d’environ cinq cents li au sud-ouest[39], on arrive au royaume de Ho-li-si-mi-kia (Kharismiga — Kharizm).

ROYAUME DE HO-LI-SI-MI-KIA.

(KHARISMIGA — KHARIZM.)

Le royaume de Ho-li-si-mi-kia (Kharizm) est situé sur les deux rives du fleuve Po-tsou (Vatch — Oxus). Il a de vingt à trente li de l’est à l’ouest, et cinq cents li du sud au nord. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs des habitants, il ressemble au royaume de Fa-ti (Vadi ou Vati); mais la langue parlée est un peu différente.

Après avoir quitté le royaume de Sa-mo-kien (Samarkand), il fit environ trois cents li au sud-ouest et arriva au royaume de Kie-choang-na (Kaçanna)[40].

ROYAUME DE KIE-CHOANG-NA.

(KAÇANNA.)

Le royaume de Kie-choang-na (Kaçanna) a de quatorze à quinze cents li de tour. Sous le rapport des produits du sol et des mœurs des habitants, il ressemble au royaume de Sa-mo-kien (Samarkand).

En sortant de ce royaume, 11 fit environ deux cents fi au sud-ouest, et entra dans des (gorges de) montagnes. La route des montagnes était rude et raboteuse, et les sentiers des ravins étaient bordés de précipices; on ne rencontrait aucun village, et l’on ne voyait ni eau ni herbes.

Il fit environ trois cents li au sud-est, à travers les montagnes, et entra dans les Portes de fer. On appelle ainsi les gorges de deux montagnes parallèles, qui s’élèvent à droite et à gauche, et dont la hauteur est prodigieuse. Elles ne sont séparées que par un sentier qui est fort étroit, et, en outre, hérissé de précipices. Ces montagnes forment, des deux côtés, de grands murs de pierre dont la couleur ressemble à celle du fer. On y a établi des portes à deux battants, qu’on a consolidées avec du fer. On a suspendu aux battants une multitude de sonnettes en fer; et, comme ce passage est difficile et fortement défendu, on lui a donné le nom qu’il porte aujourd’hui.

Lorsqu’on est sorti des Portes de fer, on entre dans le royaume de Tou-ko-lo (Toukharâ). Le territoire de ce royaume a environ mille li du sud au nord, et trois mille li de l’est à l’ouest. A l’est, il est borné par les monts Tsong-ling ; à l’ouest, il touche à la Perse. Au sud, il regarde de grandes montagnes neigeuses ; au nord, il s’appuie sur les Portes de fer. Le grand fleuve Po-tchou (Vatch— Oxus) coule au milieu de ses frontières dans la direction de l’ouest. Depuis plusieurs centaines d’années, la race royale est éteinte. Des chefs puissants, après avoir lutté entre eux à main armée, se sont arrogé chacun le titre de prince ; et, se sentant protégés par des rivières et des obstacles naturels, ils ont partagé le royaume de Tou-ko-lo (Toukharâ) en vingt-sept états. Mais, quoique leurs domaines soient nettement divisés, ils sont soumis, dans leur ensemble, aux Tou-kioue (Turcs). La température étant constamment tiède, les épidémies y sont très-fréquentes.

À la fin de l’hiver et au commencement du printemps, il tombe des pluies continuelles. C’est pourquoi au sud de ce pays et au nord de Lan-po, il règne beaucoup d’épidémies[41]. De là vient que tous les religieux entrent dans des demeures fixes le seizième jour du douzième mois, et en sortent le quinzième jour du troisième. Cet usage est fondé sur l’abondance des pluies. Les instructions qu’on leur donne sont subordonnées aux saisons. Les habitants sont d’un caractère mou et pusillanime ; leur figure est commune et ignoble. Ils ont quelques notions de la bonne foi et de la justice, et ne se trompent guère les uns les autres. Quant à la langue parlée, elle diffère un peu de celle des autres royaumes. L’écriture se compose de vingt-cinq signes radicaux qui se combinent ensemble ; ils servent à exprimer toutes choses. Les livres sont écrits en travers et se lisent de gauche à droite. Les compositions littéraires et les mémoires historiques se sont augmentés peu à peu, et sont, aujourd’hui, plus nombreux que ceux du pays de Sou-li[42].

Le plus grand nombre des habitants se revêt de coton, et il en est peu qui portent des étoffes de laine. Dans le commerce, ils font usage de monnaies d’or, d’argent, etc., qui, par leur forme, diffèrent de celles des autres royaumes. En suivant le cours du fleuve Po-tsou (Vatch—Oxus), qui descend vers le nord, on arrive au royaume de Ta-mi (Termed).

Le royaume de Ta-mi (Termed) a environ six cents li de l’est à l’ouest, et quatre cents li du sud au nord. La circonférence de la capitale est d’une vingtaine de li, Il est allongé de l’est à l’ouest, et resserré du sud au nord. Il possède une dizaine de Kia-lan (Sañghârâmas) où l’on compte environ mille religieux. Près des Stoûpas et des statues vénérables des Bouddhas, on voit éclater une multitude de prodiges.

A l’est, il s’étend jusqu’au royaume de Tch’i-’go-yen-na[43].

ROYAUME DE TCH’I-’GO-YEN-NA.

Le royaume de Tch’i-’go-yen-na (Tchagayana) a environ quatre cents li de l’est à l’ouest, et environ cinq cents li du sud au nord. La capitale a une dizaine de li de circonférence. Il y a cinq couvents qui ne renferment qu’un petit nombre de religieux, A l’est, il s’étend jusqu’au royaume de Ho-lou-mo (Kolom)[44].

ROYAUME DE HO-LOU-MO.

Le royaume de Ho-lou-mo (Kolom) a environ cent li de l’est à l’ouest, et environ trois cents li du sud au nord. La circonférence de la capitale est d’une dizaine de li. Le roi de ce pays est de la race des Turcs appelés Hi-sou. Il y a deux couvents qui renferment environ cent religieux.

À l’est, il s’étend jusqu’au royaume de Sou-man (Chou-man)[45].

ROYAUME DE SOU-MAN.

Le royaume de Sou-man (Chouman) a environ quatre cents il de l’est à l’ouest, et environ cent li du sud au nord. La circonférence de la capitale est de six à sept li. Le roi est de la race des Turcs appelés Hi-sou. Il y a deux couvents qui ne renferment qu’un petit nombre de religieux.

Au sud-ouest, ce pays est voisin du fleuve Po-tsou {Vatch — Oxus) et s’étend jusqu’au royaume de Kio-ho-yen-na (Kouvayana)[46]. Il a environ deux cents li de l’est à l’ouest, et environ trois cents li du sud au nord. La circonférence de la capitale est d’environ dix li. Il y a trois couvents où l’on compte une centaine de religieux.

À l’est, le pays de Sou-man s’étend jusqu’au royaume de Hou-cha[47].

ROYAUME DE HOU-CHA.

Le royaume de Hou-cha a environ trois cents li de l’est à l’ouest, et cinq cents li du sud au nord. La circonférence de la capitale est de seize à dix-sept li.

A l’est, le pays de Hou-cha s’étend jusqu’au royaume de Kho-tou-lo[48].

ROYAUME DE KHO-TOU-LO.

Le royaume de Kho-tou-lo a environ mille li de l’est à l’ouest, et mille li du sud au nord. La circonférence de la capitale est d’environ vingt li. A l’est, il touche aux monts Tsong-ling, et s’étend jusqu’au royaume de Kiu-mi-tho (Koumidha)[49].

ROYAUME DE KIU-MI-THO.

Le royaume de Kiu-mi-tho (Koumidha) a environ deux mille li de l’est à l’ouest, et deux cents li du sud au nord. Il est situé au centre des grands Tsong-ling. La circonférence de la capitale est d’une vingtaine de li. Au sud-ouest, ce royaume est voisin du fleuve Po-tsou (Vatch—Oxus) ; au sud, il touche au royaume de Chi-khi-ni[50].

Au sud, on passe le fleuve Po-tsou (Vatch—Oxus), et l’on arrive aux royaumes de Ta-mo-si-t’ie-ti (Dhamasthieti ?), de Po-lo-tchoang-na (Paṭasthâna ?), de In-po-kien (Invakan), de K’iu-lang-na (Kouraṇa), de Hi-mo-to-lo[51] (Himatala), de Po-li-ho[52] (Priha ?), de Khi-li-se-mo (Kharisma ?), de Ho-lo-hou (Roh ?), de ’O-li-ni (Alni ou Arni), et de Moung-kien (Mounkan).

En partant du sud-est du royaume de Houo (Gour ?), on arrive aux royaumes de Hien-si-to[53], de ’An-ta-lo-po (Anderab) ; c’est ce qu’on peut voir dans l’histoire du retour (du voyageur)[54].

Au sud-ouest, le royaume de Houo (Gour ?) s’étend jusqu’au royaume de Po-kia-lang (Baglan).

ROYAUME DE PO-KIA-LANG.

Le royaume de Po-kia-lang a environ cinquante li de l’est à l’ouest, et deux cents li du sud au nord. La circonférence de la capitale est d’une dizaine de li.

Au sud, Le pays de Po-kia-lang s’étend jusqu’au royaume de He-lou-si-min-kien (Hrosminkan ?)[55]. Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/117 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/118 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/119 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/120 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/121 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/122 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/123 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/124 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/125 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/126 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/127 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/128 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/129 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/130 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/131 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/132 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/133 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/134 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/135 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/136 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/137 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/138 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/139 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/140 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/141 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/142 Page:Xuanzang, Julien - Mémoires sur les contrées occidentales, tome 1.djvu/143

  1. Comme les noms de deux syllabes et au-dessus ne peuvent presque jamais être confondus avec d'autres, on a supprimé dans cette première partie les signes chinois qui les représentent. Les sinologues que l'orthographe chinoise peut seuls intéresser, la trouveront, à l'aide de la prononciation, dans les Index alphabétiques qui termineront la seconde partie. Les monosyllabes pouvant quelquefois causer quelque difficulté, nous en avons donné la figure chinoise, surtout lorsqu'il s'agissait de signaler des fautes dans le texte original, ou d'indiquer de légères différences d'orthographe.

    Pour éviter des répétitions inutiles, nous donnerons à la fin du second volume, dans des tables spéciales consacrées aux mots indiens, chinois et français, tous les noms de lieux, de personnes et de choses, qui peuvent avoir besoin d'explication.

  2. Littéralement : elle a eu peu d’additions et de retranchements.
  3. Au lieu de trois aliments purs, on en trouve cinq dans le Dictionnaire San-thsang-fa-sou (liv.XXIV, fol. 24) : 1° (les fruits) qui ont été épurés par le feu ; 2° épurés avec le couteau, c’est-à-dire pelés et débarrassés des pepins ; 3° épurés avec l’ongle (qui a enlevé l’écorce, la pelure, la capsule des graines, etc.) ; 4° les fruits qui se sont séchés d’eux-mêmes et qui ne sont plus bons à fournir des graines ; 5o  les fruits qui ont été becquetés par les oiseaux.
  4. Lorsqu’en enseignant on passe du petit au grand, cela s’appelle thsien-kiao, la doctrine graduelle. (Dictionnaire San-thsang-fa-sou, liv. X, fol. 19.) C’est ce qu’a fait le Bouddha, depuis la forêt des cerfs (Bénarès) jusqu’aux deux arbres, c’est-à-dire depuis le commencement de son enseignement, jusqu’à l’époque où il entra dans le Nirvâṇa, entre deux arbres Sâlas.
  5. Anciennement, on écrivait Kieou-tse (aujourd’hui Koutche). D’après le Dictionnaire Si-yu-thong-wen-tchi, c’était le Bichbalik du temps des Ming.
  6. Riz qui n’est pas glutineux. (Dict. de Khang-hi.)
  7. Dans le texte, on lit 銘 ming « inscription » au lieu de 鉛 youen « plomb ».
  8. C'est-à-dire, est de la même race que les indigènes de K’iu-tchi.
  9. Voyez M. Reinaud, Relation des voyageurs arabes dans l'Inde et la Chine, L. I, p. 119, et L. II, p. 51.
  10. Voir plus haut, p. 2, note 2, et p. 3, note 1.
  11. Mot à mot : d’un pied huit pouces. J’ai écrit dix-huit pouces pour éviter la répétition du mot pied.
  12. On distingue neuf jours de jeûne, qui tombent : 1o  dans le premier mois ; 2o  dans le cinquième mois ; 3o  dans le neuvième mois ; 4o  le huitième jour de chaque mois ; 5o  le quatorzième jour de chaque mois ; 6o  le quinzième jour de chaque mois ; 7o  le vingt-troisième jour de chaque mois ; 8o  le vingt-neuvième jour de chaque mois ; 9o  le trentième jour de chaque mois. (Dict. San-thsang-fa-sou, liv. XXXV, fol. 1.)
  13. L’assemblée quinquennale s’appelait Pañtchavarcha, et Pañtchavarchika. Elle avait été fondée par le roi Açôka, cent ans après le Nirvâṇa du Bouddha. (Dict. King-tsie-in-i, liv. XVII, fol. 2 v°.
  14. En chinois, khi-te « extraordinaire ». Je ne trouve, en sanscrit, aucun mot du même sens qui réponde à l'épithète açalini, dont, au reste, la terminaison féminine ne saurait s'accorder avec le mot sañghârâma. Cette transcription a lieu de surprendre dans Hiouen-thsang, qui, d'ordinaire, écrit correctement les mots indiens dont il donne le sens.
  15. Tchong-kong, palais habité par les favorites du roi, qui répond au harem des musulmans.
  16. Il y a, en chinois, Heou-t-ing « la salle de derrière », expression qui a le même sens que Tchong-kong, p.8, note 1. Heou-t'ing s'emploie encore pour désigner les favorites du roi. (Peï-wen-yun-fou, liv. XXIV A, f. 100.)
  17. C'est-à-dire l'habitation des favorites du roi.
  18. En chinois, khi-te « extraordinaire ». C'est de cette idée qu'est venu le nom de Açalini (sic) donné par le roi au couvent qu'il bâtit à cette occasion. (Voyez page 7, note 1.)
  19. En chinois, Ling-chan ; c’est le Mousour-dabaghan d’aujourd’hui. Cf. Sin-kiang-tchi-lio, liv. I, fol. 10.
  20. Le nom étranger de ces montagnes est Tartachi daba, suivant les éditeurs du Pien-i-tien, liv. LV, art. K’iu-tchi (Koutche).
  21. C'est le lac Temourtou ou Issikoul. On l'appelle aussi Je-haï « mer chaude », et Hien-haï « mer salée ».
  22. Suivant Klaproth, cette rivière est la même que celle que les Chinois appellement Na-mi.
  23. En mongol, Ming boulak. Cf. Dict. Si-tu-thong-wen-tchi, l. V, f° 37.
  24. Ici mille est employé pour un nombre indéfini. Ce chiffre, dit le Si-yu-thong-wen-tchi, indique la grande multitude des sources.
  25. Suivant le Dictionnaire Si-yu-thong-wen-tchi (liv. VI, fol. 17), la rivière Pe-chouÏ ou de l’Eau blanche, correspondait à celle qu'on appelle aujourd'hui Aksou-gool. Aksou signifie « blanc », en turc oriental.
  26. En arabe, Nouchidjan, suivant M. Reinaud.
  27. Ye-ho la rivière Ye, aujourd'hui Sihoun (l'Iaxartes des anciens).
  28. Feï-han répond au pays des Fergana. Sous les Thang, dit le Dict. Si-yu-thong-wen-tchi, liv. I, fol. 37, le royaume de Feï-han comprenait le pays actuel de Bedelik.
  29. Le Sihoun actuel, l’Iaxartes des anciens.
  30. M. Vivien de Saint-Martin est d'avis qu'il faut « sud-ouest ».
  31. Mi-mo-kia ; en chinois, Mi-koue « le royaume du riz ».
  32. Suivant M. Vivien de Saint-Martin : « Dans la direction du nord-ouest de Samarkand. »
  33. En chinois, Tsao-koue « le royaume de la multitude ».
  34. En chinois, Ho-koue. Littéralement « quel royaume ? ».
  35. En chinois, Tong-’an « le repos de l'Orient ». Klaproth lit Gahan.
  36. Le Dict. Fan-i-ming-i-tsi (liv. VII, fol. 13) donne Pou-kie (Pouga ?).
  37. En chinois, Tchong-’an-koue « le royaume du repos du centre ».
  38. En chinois, Si-’an-koue « le royaume du repos de l'occident ».
  39. Suivant M. Vivien de Saint-Martin, il faut « au nord-ouest ».
  40. En chinois, Chi-koue « le royaume des historiens ».
  41. En chinois, ouen-tsi, littéralement « maladies tièdes », c’est-à-dire maladies causées par une température tiède.
  42. Sur le pays de Sou-li, voyez, page 12, ce que dit l’auteur dans la notice relative au royaume de Pa-lon-kia (Bâloukâ ?).
  43. Tchâgânian, suivant M. Alex. Cunningham.
  44. Le Kolom des Arabes, suivant M. Reinaud.
  45. Le Chouman d’Ibn-Haucal, suivant M. Reinaud ; le Souman d'’Edrisi (Alex. Cunningham).
  46. On écrit aussi Kio-li-yen-na (Kouriyana ?)
  47. Hou-cha, Och, suivant M. Reinaud.
  48. Le Kotol des Arabes, suivant M. Reinaud.
  49. Suivant le Thaï-thsing-i-tong-tchi (liv. CCCCXIX, art. Khotan), le royaume de Kiu-mi-tho (Koumidha) formait la partie orientale du Keldiya actuel.
  50. Aujourd'hui Sicknam, sur l'Oxus, au dessous de Badakchan. On trouve la description de ce royaume dans le Si-yu-ki, liv. XII, fol. 8.
  51. C’est à tort qu’en cet endroit une note de l’ouvrage donne à la première syllabe le son de ti ; car une autre note du même livre (fol. 24 recto), lui donne le son de hi (ce qui est conforme à la prononciation du Dictionnaire de Khang-hi) ; de plus, une troisième note du Si-yu-ki (liv. III, fol. 17), nous apprend que le mot entier signifie le royaume situé au bas des montagnes neigeuses (Sioue-chan-hia). En sanscrit, hima veut dire « neige », et tala « au bas ».
  52. Dans la Vie de Hiouen-thsang (Sou-kuo-seng-tch’ouen, liv. V, fol. 3), on lit : le royaume de Pi-li.
  53. D’après le liv. XII, fol. 3 ro, l. 3, au lieu de 閻 Hien, il faut lire 闊 K’ouo (K’ouo-si-to, Khousta).
  54. Cf. Si-yu-ki, liv. XII, fol. 3-9.
  55. Je trouve la première syllabe, 紇 he pour h, dans Hrĭdaya « cœur ».