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Méthode d’équitation basée sur de nouveaux principes/Ma méthode hors du manége

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XXVII

MA MÉTHODE HORS DU MANÉGE.





Quelques amateurs qui n’ont pratiqué ma méthode que superficiellement, bien que satisfaits des résultats obtenus au manège, sont surpris de ne plus trouver la première fois au dehors la même légèreté et le même calme. Aussitôt ils s’écrient : « La méthode bonne pour le manège est inefficace quand le cheval est en plein air. Des résistances inattendues surgissent, l’animal a peur, il s’éloigne des objets qu’il rencontre, son action est plus considérable et sa gaieté devient inquiétante pour le cavalier. » De conséquence en conséquence, ils trouvent dans la méthode une lacune à l’abri de laquelle ils masquent leur peu d’habileté ou de sang-froid équestre.

Il est évident qu’au milieu de bruits et d’objets nouveaux, avec de l’espace devant eux, tous les chevaux, quel que soit d’ailleurs le fini de leur éducation de manège, seront surpris les premières fois qu’on les montera en plein air. Leurs sens, leur instinct, surexcités par des sensations inconnues, seront en outre soumis à l’action enivrante de l’air libre. Les résistances instinctives, manifestées au commencement de l’éducation, surgiront en partie de nouveau, effrayeront le cavalier pusillanime qui, dans le cheval qu’il croyait soumis, ne trouve plus qu’un animal fantasque et sans légèreté. « Méthode impuissante ! » s’écrie-t-il.

Voyons donc si le reproche est fondé ; le raisonnement l’aura bientôt réduit à sa juste valeur.

Disons d’abord que nous avons vu des chevaux, très-francs d’allure dans les rues et sur les routes, devenir très-inquiets en entrant dans un manège et perdre subitement la grâce et la facilité de leurs mouvements. À plus forte raison, un cheval, dressé entre les quatre murs d’un manège, doit-il être plus ou moins impressionné quand on le conduit, sans transition, au milieu de mille objets inconnus. Mais, qu’est-ce à dire ?

Croyez-vous qu’il soit plus facile de porter un cheval sur un objet quelconque, de modérer sa frayeur ou sa fougue, quand il dispose librement de ses forces instinctives, que lorsque par une éducation bien dirigée le cavalier s’en est rendu maître ?

Dominerez-vous plus facilement le cheval qui n’a jamais été dompté que celui que l’exercice a déjà rendu souple et obéissant au manège ? Cette hypothèse est inadmissible.

L’influence de l’éducation peut bien faiblir dans ce premier moment, mais elle reprendra bien vite son empire et fera disparaître ces résistances d’un jour pour les remplacer désormais par la légèreté constante.

Car, excepté quelques rares chevaux qui nécessitent une attention continuelle de la part du cavalier pour réprimer leur impressionnabilité excessive, tous reviennent à leur degré d’éducation méthodique. Si quelques chevaux sortent de la règle générale, il faut reconnaître que, sans les effets de l’éducation, ils seraient demeurés tout à fait impossibles à monter.

On le voit donc, le cheval dressé ne demande qu’une attention soutenue du cavalier pour retrouver dehors son calme et sa soumission, tandis que, dans le cas contraire, il deviendrait non-seulement inutile, mais encore dangereux pour son maître. Rassurons donc les cavaliers timides, en leur certifiant qu’une éducation supplémentaire, mais très-courte, et fondée toujours sur les principes de la méthode, rendra au cheval monté soit dans les rues, soit dans les promenades, les qualités brillantes que l’on admirait au manège. À l’appui de mon assertion, je citerai pour exemple les chevaux d’artillerie qui, bien qu’impassibles au bruit du canon, s’effrayent de la crépitation du feu de l’infanterie et du bruit des tambours la première fois qu’ils les entendent, et reprennent leur calme au bout de quelques instants. Je crois avoir détruit les objections que l’on m’avait opposées : me sera-t-il permis de donner quelques conseils à tous les amateurs de chevaux ?

Je signalerai à MM. les sporstmen, dont je respecte infiniment les goûts, le danger d’une tendance malheureusement générale. On ne demande au cheval que d’avoir du sang. Toutes les qualités chevalines se résument dans ce mot : Vitesse. Sous prétexte d’obtenir cet idéal du beau, le physique du cheval est tout à fait sacrifié. On veut l’amener à la rapidité de la vapeur. Mais on ne remarque pas que la vapeur réclame une machine solide, et que la machine elle-même veut des freins. À votre cheval vapeur, donnez donc une machine solide en le douant d’un corps robuste, donnez des freins à votre machine en instruisant votre monture.

Que les personnes qui se trouvent si souvent exposées aux dangers de l’emportement des chevaux attelés évitent ces malheurs journaliers, en dressant ou faisant dresser à la selle leurs chevaux avant de les soumettre inconsidérément au harnais de la voiture. Par cette éducation préalable, non-seulement les chevaux deviendraient plus faciles à conduire, mais ils auraient sous le harnais la position et les allures brillantes qui conviennent à des chevaux de luxe.